Le Plavix : le groupe Sanofi accusé d’entraver la libre concurrence ?

Le Plavix, un médicament au cœur de tous les enjeux pour Sanofi

Il est recommandé chez les patients adultes souffrant d'un syndrome coronaire aigu. Le syndrome coronarien aigu (SCA) est une obstruction complète d'une ou de plusieurs artères coronaires. Il s’agit d’une urgence puisqu’au delà de 6 heures, le myocarde n’est plus correctement irrigué.

Le Plavix constitue sans doute l’un des exemples majeurs pour illustrer la menace du médicament générique pour une industrie souhaitant conserver « ses blockbusters ». Pharmaceutiques explique qu’entre 2006 et 2007, 7 médicaments sont tombés dans le domaine public, représentant pour Sanofi un chiffre d’un milliard d’euros. Entre 2007 et 2013, ce chiffre devrait représenter pour l’ensemble de l’industrie près de 80 milliards de dollars.

On comprend dès lors que deux stratégies sont offertes aux laboratoires pour combler ce manque à gagner :

- s’installer sur le domaine du générique, nouveau relai de croissance, en acceptant les règles de la libre concurrence.

- parasiter l’image du générique en communiquant sur les différences entre le médicament original, et celui générique, quitte à manipuler l’opinion publique.

Sanofi sévèrement taclé par l’Autorité de la concurrence

C’est bel et bien la deuxième piste qui semble avoir été suivie par Sanofi, et qui intéresse aujourd’hui de très près les autorités de régulation. Ainsi, l’Autorité de la concurrence a pris une décision sévère à l’égard du laboratoire, le sanctionnant à hauteur de 40 millions d’euros. Ce qui est concrètement reproché est une véritable « mise en place auprès des professionnels de la santé – les médecins et les pharmaciens d'officine – une stratégie de dénigrement à l'encontre des génériques de Plavix [un antiagrégant plaquettaire] afin de limiter leur entrée sur le marché et de favoriser ses propres produits, le princeps Plavix ainsi que son autogénérique Clopidogrel Winthrop", précise le communiqué de l'Autorité.

Un médicament générique est un médicament en général identique ou équivalent à celui d'une marque (appelé également médicament princeps). Cependant, celui-ci est produit et vendu sous une dénomination commune internationale (DCI, correspondant au nom chimique de la substance). Les seules différences possibles entre le médicament princeps et le générique sont les excipients, la substance active restant identique.

Pour l’Autorité de la concurrence, Sanofi-Aventis a «  planifié et organisé, juste avant et au moment de la sortie des génériques du Plavix, en octobre 2009, une stratégie complète de communication, utilisant à la fois la presse, notamment professionnelle, et ses propres forces commerciales ».

En France, le Plavix représentait plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaire et était le premier poste de remboursement de la Sécurité sociale. Sanofi n’a pas délaissé l’option de produire son propre générique, le Clopidogrel Winthrop mais Le Monde rapporte qu’il « était clairement recommandé aux médecins de "faire obstacle à la substitution générique en faisant usage de la mention 'non substituable' et pour les pharmaciens de se fournir en 'copie conforme' à savoir le Clopidogrel Winthrop". »

Il est également troublant de constater la méfiance croissante des Français à l’égard des génériques, au moment où ceux-ci sont en train de s’imposer, de nombreux brevets tombant dans le domaine public. Y aurait-il une vaste campagne de communication agressive, auprès des internautes et consommateurs français, afin d’aiguiser la méfiance à l’égard de médicaments à priori identiques ? En jouant ce jeu, Sanofi risque gros, et est plus que jamais dans le viseur de l’Autorité de la concurrence.