Le pouvoir des « normies »
Le problème du monde, l’unique problème, car les autres ont une solution, c’est qu’un groupe de personnes n’attend plus rien de la vie, car il a déjà tout, et la seule chose qui peut encore lui déclencher une émotion, c’est la privation de ceux qui n’ont pas grand-chose, du peu qu’ils ont, et si possible de leur vie, avec l’espoir que par contraste, leur existence apparaisse moins vide de sens.
Dans l’ennui profond qui amène les élites oisives à détruire chaque jour davantage l’humanité dont elles avaient héritée à la naissance, le vertige que suscite l’abîme qui les sépare d’une plèbe chaque jours plus dépossédée est sans doute la seule chose qui leur procure encore des frissons. La richesse de la vie des honnêtes gens heurte le néant de celle de ces élites oisives, qui fuient le monde réel dans leurs yachts grotesques, leurs soirées dépravées ; des élites vulgaires, pourries par le fric, qui se déplacent à la vitesse de leurs jet privés vers un néant qui est à la fois leur passé, leur présent, leur futur et leur quotidien. Le nihilisme comme projet de vie. Si ces gens disposent d’autant de temps pour réfléchir à la meilleurs façon de pourrir la vie des autres, c’est qu’ils n’ont désormais plus à allouer la moindre seconde pour s’occuper de leur propre vie. L’oisiveté est la source de tous les vices dit le dicton populaire. La matrice du monde dans lequel nous vivons est celle du vice, mais un vice qui jouit de ressources financières illimitées. Les « normies », terme péjoratif désignant ceux qui s’estiment trop pauvrement dotés pour écouter autre chose que les sources officielles, et qui ne remettent jamais en cause ces sources même lorsqu’elles vont à l’encontre de leur expérience, contribuent à l’amplification du problème en retardant l’effet de masse, seul susceptible de remettre ces élites oisives à leur place.
L'effet de masse se produira, comme il s’est produit en URSS, comme il s’est produit en Grande Bretagne à la fin du XIXème siècle pour remettre de l’humanité au sein de la révolution industrielle. Il ne sera pas forcément violent. Il s’exprimera par une affirmation des droits fondamentaux, comme la liberté d’expression, la liberté de circulation, la propriété privée, l’inviolabilité du corps humain, etc. doublée d’une volonté de les faire respecter et de moyens pour poursuivre et réduire ceux qui tenteraient de s’y opposer. Il ne s’agit pas d'une révolution, ni même de changements, mais d’une poursuite de l’effort qui avait été entrepris à la fin des différentes boucheries qui ont émaillé l’histoire de l’humanité, pour que cela ne se reproduise plus jamais.
Tous ceux qui contribuent au rétablissement de l’inviolabilité de ces droits fondamentaux marchent dans le sens de l’histoire. Quant aux autres, ceux qui tordent ces droits fondamentaux à la manières d’un Big Brother dans 1984, ceux qui considèrent que la sécurité doit primer sur les libertés, quel qu'en soit le prix pour les libertés, ceux qui noircissent, sciemment, par bêtise ou par ignorance, le contexte sécuritaire pour instrumentaliser les peurs qu'ils génèrent à des fins sécuritaires, ceux qui créent de faux problèmes pour vendre des solutions ou pour aliéner la population, ceux là doivent répondre de leur trahison envers l’humanité. Le sort de l’humanité se joue désormais sur la consolidation des capacités cognitives des normies, afin qu’ils reprennent confiance dans leur autonomie intellectuelle face à la propagande qui les enferme dans un déni de la réalité, et qu'ils cessent de retarder la consolidation des droits fondamentaux, rempart contre la mise en esclavage souhaitée par les oisifs. Georges Orwell était très dur avec les normies : "une stupidité paralysante, une masse d'enthousiasme imbécile - l'un de ces abrutis totalement inconditionnels et dévoués dont dépendait la stabilité du parti, plus encore que de la police de la pensée". Leur bascule dans la réalité, leur sortie du monde dépeint par la propagande, leur refus du Metavers, est pourtant le dernier espoir de l'humanité.
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