Le principal de collège, l’imam de la république et les autruches du système
Il y a deux ans sortait en librairie un excellent essai intitulé Principal de collège ou imam de la république ? rédigé par un chef d'établissement fraichement retraité, Bernard Ravet. Curieusement, il n'a pas bénéficié d'une large publicité, contexte oblige : en période d'attentats et de tensions, les médias de masse ont la consigne d'éviter les débats qui irritent et qui posent les bonnes problématiques.
Idéaliste, républicain tendance "hussard noir", M.Ravet développe son vécu dans trois collèges marseillais. Il montre la lâcheté (en fait, plutôt de l'impuissance) des institutions, la démagogie et le clientélisme des politiques, le silence des syndicats. L'hypocrisie générale face à l'islamisation culturelle des quartiers populaires, par des associations et des lieux de vie encadrés. Une lutte permanente contre les intrusions d'une religion qui se veut universelle, à l'école. Le prosélytisme de certains surveillants barbus, en l'occurence souvent les plus compétents, les plus autoritaires et les plus écoutés. Ceux qui ne font pas la bise aux dames, et qui se révèlent parfois fichés par les renseignements généraux (les fameuses fiches "s" et autres).
Parmi les anecdotes les plus parlantes, le cas de cet élève juif à qui M.Ravet recommande un établissement privé israélite, présent à Marseille mais saturé, car sa scolarité au milieu d'élèves des cités s'avèrerait trop difficile. Celui de Mustapha, très bon élève, qui hélas pense mal et parle de punition contre les femmes adultères, ainsi que de couper la main des voleurs.
Si le déballage de faits au fil des trois cents pages du livre est probant, il pêche néanmoins par son manque de solutions. Que faire concrètement face au communautarisme, dans des secteurs où les musulmans représentent 90% de la population ?
Il est croustillant de parcourir les notes de lecture de ce bouquin sur le web. "Exagération", "caricatural" etc. On se croirait en plein été 1939, quand les autruches de l'époque préféraient éviter de regarder ce qui se passait à l'est de l'hexagone. La palme revient à ce directeur académique qui considère l'essai de M.Ravet comme... anachronique ! Car les attentats de 2015 auraient constitué un électrochoc (!) Affolant, affligeant de naïveté ou de refus de voir les réalités en face. On ne voit pas en quoi l'expulsion d'un ou deux imams radicaux auraient changé la situation marseillaise, ni pourquoi et comment des populations converties au salafisme et coupées de la république changeraient de mode de vie suite à quelques attentats à la bombe, qui d'ailleurs ne les visaient pas ?
Toutefois, l'aspect le plus tabou de la question est le refus d'admettre un fait, pourtant très ancien. Dans les quartiers populaires, les gens sont conservateurs et attachés aux traditions. C'était déjà le cas au XIXème siècle, et c'est toujours d'actualité, à la différence que les populations ont changé d'origine culturelle. On ne mange plus un cochon grillé en jouant à la pétanque le dimanche midi de nos jours, on déguste du kebab et on joue au football. Les choix politiques en matière de peuplement faits depuis cinquante ans l'ont voulu ainsi. Le trompe l'oeil vient des votes aux élections, très à gauche, en oubliant qu'à l'époque où le PCF tenait les quartiers, les communistes étaient sécuritaires, homophobes et même xénophobes. Le vote "prolétaire" n'est rien d'autre que du suivisme conditionné.
Qu'un surveillant refuse d'embrasser les femmes, que des élèves militent pour la tolérance zéro en matière de délinquance, que des familles désapprouvent l'adultère, ce n'est pas un problème. Rappelons que les musulmans furent nombreux à servir dans nos armées durant les deux guerres mondiales. Si l'intégration c'est vivre dans la débauche, la loi de la jungle et l'injustice, on peut comprendre que des populations qui ont encore le sens des valeurs morales préférent rester entre elles. Il ne faut pas confondre contre-valeurs d'ultra-gauche et principes républicains. On peut respecter les femmes et refuser de faire la bise : cela s'appelle la pudeur. On peut être ferme sur l'autorité et même favorable à la peine de mort sans être extrémiste : le général De Gaulle en fut l'exemple, ainsi que la droite républicaine il n'y a pas si longtemps. Le danger vient de la sécession de nombreux quartiers, coupés désormais de ce qui reste de la collectivité nationale, ainsi que de l'absence du sentiment patriotique commun pour fédérer la population.
Quand la gay pride devient la manifestation officielle de la république, devant le défilé du 1er mai et la fête du travail, il y a un souci de sérieux et de crédibilité de notre système social. Les minorités font la loi. Or c'est peut-être l'élément qui manque au récit de Bernard Ravet : on ne peut être à la fois musulman et libertaire.
Forme-t-on des citoyens ou des consommateurs ? Des patriotes ou des repentis du colonialisme ? De futurs pères et mères de famille ou des dépravés ? Toute la logique, en somme, de ce libéralisme-libertaire qui détruit à petit feu notre "vivre-ensemble". En absence d'un véritable programme d'intégration des populations extra-européennes conservatrices sur un fond de déchristianisation des consciences, avec les ravages du chômage, du logement coûteux et le désengagement des pouvoirs publics, comment pourrait-il en être autrement dans les quartiers populaires ?
Lire l'ouvrage de Bernard Ravet est utile pour se rappeler la situation de l'école des zones sensibles. Il est toutefois utile de comprendre les prolongements de sa trame : l'islamisation n'est pas le fruit du hasard...
Bernard Ravet, Principal de collège ou imam de la république ? , ed.Rageot, 2017
Source principale de l'article : https://www.lepoint.fr/societe/un-ex-principal-de-college-denonce-l-emprise-de-l-islamisme-03-09-2017-2154229_23.php
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