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Le ramolli mois de « mais ! »

La contestation, cru 2008, va tenter, vainement, de se hisser à la hauteur de son aînée quarantenaire. Non point qu’il faille, raisonnablement, trouver une quelconque filiation idéologique entre ces deux ires estudiantines, mais la comparaison instinctive s’imposera si l’ampleur des grognes printanières se dessine.

A ceux qui voulaient mettre à bas le système social des Trente Glorieuses, répondent aujourd’hui les adversaires de toute atteinte aux effectifs en charge de l’enseignement public. Pas d’envolées politico-lyriques dans cette défense du statu quo : juste le souci de l’immobilisme, à défaut de pouvoir obtenir un plus-de-dépenses non assuré d’engendrer de meilleures performances.

« Rétablissement des postes supprimés et [de] ceux transformés en heures supplémentaires ; pas plus de vingt-cinq élèves par classe ; maintien du BEP et de la carte scolaire ; rétablissement des filières, options et classes supprimé[e]s ; embauche des personnels nécessaire[s] ; régularisation des élèves sans-papiers ; non-application du rapport Pochard » : voilà l’appel de la coordination nationale lycéenne. Pour contribuer à leur mouvement, utile au regard d’acquis déficients, je leur ai signalé, entre crochets, trois belles fautes dans leurs revendications. Juste pour rire...

Un Etat de droite contraint de saisir l’opportunité d’un départ massif à la retraite de la génération qui voulait changer le monde, pour tenter de dompter l’irrépressible abysse budgétaire. Les grognes sourcilleuses de la Commission européenne et le sens de la responsabilité politique l’imposent. Comment insuffler une austérité financière sans toucher aux effectifs pléthoriques de l’Education nationale ? L’initiative reste homéopathique - 11 200 postes non renouvelés sur 1 153 705 personnes (chiffre de 2005), soit 0,97 % de la masse salariale - et pourtant : le « pas touche ! » lycéen émerge et voudrait mettre à profit l’avant-saison printanière pour enfler et s’offrir un joli (et bruyant) mois de mai.

Dates prises avec la sphère fonctionnaire pour défiler contre l’Etat politique, mais pour toujours plus de fonction publique d’Etat. Reste à dénicher le prétexte catalyseur : la malheureuse petite phrase désobligeante du ministre Darcos, la prestation intransigeante du Fillon de Matignon ou, délectable paroxysme à guetter, l’écart langagier d’un Elysée sarkozyé. Jubilation des immobilitionnaires, à coup sûr ! Les syndicats tenteront alors la jonction : contrairement aux indigestes pavés de leurs parents, les sages objectifs de la génération 2008 peuvent s’accorder avec les à-coups syndicaux pour un ‘tit gain social. Contrepouvoir nécessaire qui ne sortira pas des codes de l’Etat de droit.

A cette sonore et mouvante mobilisation se grefferont les féroces nihilistes, les révolutionnaires en manque de soirs sanguinaires, les casseurs aux barbaries urbaines : la frange saprophyte qui surgit à chaque déambulation estudiantine pour prélever de force son dû, selon le modèle primaire de la consommation sans entraves, et détruire à tout-va pour soulager ses poussées d’adrénaline. Souvenons-nous des fins de cortèges anti-CPE et de leurs déjections comportementales.

A l’ennui de la jeunesse soixante-huitarde, embarquée dans une frénétique reconstruction par des géniteurs tout en grisaille, obsédés par l’enfouissement des traumatismes de la Seconde Guerre, répond une envie diffuse des huitards du vingt-et-unième : pérenniser les avantages structurels établis par leurs parents et grands-parents, pour ne surtout pas hypothéquer leur chance d’attraper les petits bouts de gras offerts par une France pas encore tout à fait rance...

Quel grand écart, finalement, et même pas douloureux ! D’un côté, l’ardent désir d’ébranler les institutions et l’économie débridée, allant jusqu’à suggérer sur un mur de la vénérable Sorbonne : « Les avantages sociaux, c’est la mort ». De l’autre, la volonté de préserver, de garantir, de renforcer et d’agrandir un modèle branlant, mais rassurant. En somme, en quarante ans, nous voilà passés des arrhes d’une révolution avortée à l’art d’une dévolution sociale fissurée.

Se situer entre ces deux aspirations, cela semble plus facile pour « un qui balance entre deux âges », comme moi, pas encore né aux temps des barricades ensablées et plus au contact des pupitres depuis quelques lustres.

Une petite mise en garde à la génération lycéenne 2008, pour que ses desseins trouvent une voie politique ; je la puise dans les imaginatives prescriptions que le papy-boom avait inscrit dans ses vertes années, au cours d’un mai chahuteur : « Suppression du droit de vote avec la retraite » (Arcades, rue Corneille, Odéon). Sans quoi, aucune chance que la jeunesse actuelle, minoritaire dans la population française, puisse convaincre les dirigeants de l’exécutif d’aller à l’encontre du mastodonte soixante-huitard à l’aube de la quille.

« Il n’y aura plus désormais que deux catégories d’hommes : les veaux et les révolutionnaires. En cas de mariage, ça fera des réveaulutionnaires » : boutade relevée sur le mur de l’Education surveillée.

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13 réactions à cet article    


  • Djanel 25 avril 2008 16:33

     

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    Alors loïc decrauze

     

    Avec vous ce n’est pas la grande littérature.

    La première phrase de votre texte est défectueuse. Il y manque un complément d’objet car vous avez oublié de nous dire ce qu’ont répondu les adversaires qui s’opposaient à ceux qui voulaient mettre à bas le système social des 30 glorieuses.

    Votre phrase est inintelligible mais comme je suis plus intelligent que vous, j’ai pensé que vous faisiez allusion aux mécontentements actuels des lycéens. Mais vous ne l’aviez pas dit ce qui rend cette interprétation douteuse.

     

    Comme, je n’avais pas envie de lire du morse, j’ai arrêté ma lecture à cette phrase. Je ne suis pas le seul puisqu’à 15 H 30, il n’y avait encore aucun commentaire. Vous devriez me remercier d’avoir déposé cette crotte mais avant de vous quitter, sachez aussi que vous avez omis de nous dire dans cette phrase qui veut mettre à bas le système sociale. Est-ce un scoop ? Ou dois-je trouver de moi-même ces personnes en pensant au MEDEF qui veut rompre avec le pacte républicain contenu dans un préambule de la constitution.

     

    Pour vous comprendre, il faut déjà être pas mal informé. Conclusion, vous n’êtes pas utile comme journaliste dans un média citoyen dont la vocation est d’informer les usagers comme nous.

     

    Au plaisir de ne plus vous revoir.

     Djanel chasseur de trolls médiocres.


    • bb bb 20 mai 2008 13:09

      Je n’aime pas cette image de toi Lo. Es-tu content de cette réponse ? Vraiment oui je te le dis encore, ça ne peut pas être ta vraie personnalité cet homme là ! Bisous.


    • 5A3N5D 25 avril 2008 18:44

      Vous les avez trouvés où, les "1 153 705 personnes (chiffre de 2005)". 

      Je crois que vous confondez "personnel de l’Education nationale" et "enseignants". C’est regrettable : il va falloir refaire votre règle de trois !

      Je ne peux pas résister à la tentation de vous citer un extrait d’un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de l’Education nationale. J’espère que vous êtes assis :

      "Or, une des grandes difficultés à laquelle va être confrontée l’Education nationale au cours des prochaines années sera le remplacement de 50 % du corps enseignant. Pour ce faire, 25 % des étudiants qui rentrent aujourd’hui à l’université devraient se destiner à l’enseignement. Aujourd’hui, ce taux n’est que de 10 %."

      Rapport parlementaire rédigé en 2005. Alors, toujours pas convaincu qu’il va manquer des enseignants ?

       


      • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 25 avril 2008 18:58

        Il y a effectivement 900 000 enseignants, ce qui ne change pas grand chose à la démonstration.

        Je ne vois pas bien le rapport entre le problème souligné par la cour des comptes et l’objet de ma démonstration. A moins que vous suggériez ce qu’il faut répondre aux lycéens : désolé, nous ne pouvons remplacer tous les départs à la retraite des enseignants, car nous n’avons pas assez de candidats ! C’est une piste argumentative, en effet...

         


      • 5A3N5D 25 avril 2008 20:40

        Un Etat de droite contraint de saisir l’opportunité d’un départ massif à la retraite de la génération qui voulait changer le monde, pour tenter de dompter l’irrépressible abysse budgétaire.

        Vous admettez donc qu’un départ massif d’enseignants va se produire. Et, pourtant, que le gouvernement n’ait pas envisagé l’hypothèse d’une pénurie de profs, en raison de son incurie, ne vous gêne pas plus que ça.

        Finalement, vous ne voyez pas plus loin que le bout de votre nez et vous renvoyez les lycéens à leurs problèmes, que vous ne prenez même pas en considération, sinon pour les tourner en dérision.

        Il n’y a pas 900 000 enseignants en France à l’heure actuelle. Ils étaient 803 000 en 2005. Il sont évidemment moins nombreux à l’heure actuelle. Mais je sais que vous allez me répondre que ça ne change pas grand chose à votre démonstration. Donc, de 1 153 705 "personnes", on passe allègrement à pratiquement 800 000, soit 353 705 "personnes" en moins. Rien que ça !

        On est habitué à ce genre de situation dans notre pays : s’il manque des profs, on embauchera massivement des demandeurs d’emploi non formés, qui seront jetés quelques années plus tard, au moment où ils commenceront à être performants. L’enseignement va être, une fois de plus, dispensé par des gens dont ce n’est peut-être pas la vocation et on s’étonnera de voir le pays figurer en milieu de tableau des performances scolaires dans le classement de l’OCDE. 

        Sans compter toutes les options qui disparaîtront, les postes non pourvus et les classes surchargées. 

        En bref, je trouve votre article assez mesquin, mal documenté et argumenté uniquement "à charge". Il ne tient compte que d’un impératif : réduire le budjet l’éducation, le reste important peu.


      • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 25 avril 2008 21:53

        J’admets un départ massif d’enseignants à la retraite ? Mais bien sûr, je n’ai pas à l’admettre, c’est une évidence !

        Il est sûr que vous voyez très loin de votre nez. Quel sens politique : une embauche massive publique sans prise en compte des données démographiques et financières...

        Pour le reste, je passe...


      • Fred 28 avril 2008 12:03

        Au 31 janvier 2007, il y avait 1 209 828 personnes rénumérées par l’éducation nationale dont 928 678 enseignants.

         

        http://media.education.gouv.fr/file/03/6/7036.pdf


      • tvargentine.com lerma 25 avril 2008 20:07

        Non seulement j’affirme ce que tout le monde constate,car quand on fait grêve on ne part pas en vacances !

        Ensuite votre conception réductrice qui consiste à insulter les personnes qui ne partagent pas vos "idées" démontrent que "vos idées" sont intolérantes et anti démocratique

        Espérons que le gouvernement fera preuve de fermeté ,car ce type comportement qui consiste à pénaliser l’activité économique porte préjudice à l’emploi

        Le droit de grêve se respecte mais faire grêve et partir ensuite en vacances pour revenir faire grêve c’est vraiment pas crédible !

         

         


        • Gilles Mesnard Gilles Mesnard 26 avril 2008 12:13

          Quel est le rapport avec l’article ?


        • Blé 26 avril 2008 07:22

          Votre arcticle montre votre ignorance sur le sujet que vous abordez,brave monsieur.

          Une fois que le système scolaire public sera cassé et privatisé, il est évident que les smicards seront heureux de payer la scolarité de leurs enfants et d’admirer des gens comme vous.

          Les puissants ont besoin de brosses à reluire et de valets pour se maintenir en place (on ne les trouve pas chez les smicards), votre article est conforme pour répondre à leurs besoins. 

           


          • bb bb 20 mai 2008 13:20

            Nous dirons avec "humour" que pour Loïc c’est "le ramolli du Moi de Mi". Ca ne fait rire que moi ! Je ne trouve pas les mots... Rude est riche journée !...


          • bb bb 20 mai 2008 10:20

            Je viens de découvrir que l’on peut te lire ici Lo ! Et aussi que tu avais oublié de me dire que d’autres personnes que moi n’appréciaient pas forcément tous tes textes. Je ne suis pas une grande méchante soeur, juste une femme qui aime, qui a des enfants et qui a voulu te dire qu’écrire ce n’ai pas plaire à tous et c’est çà qui fait progresser un être humain. Savoir écouter et pas seulement livrer ce que l’on a à dire sur un écran et corriger textuellement ceux qui ose et on le courage de te laisser un com. Au moins ils te lisent ! Toute personne prenant du temps pour te lire est respectable, tu t’exposes, nous avons le droit de t’interpeller ! C’est ta liberté, et c’est notre liberté ! Et heureusement que ce n’est qu’avec les mots. Imagine si ta réaction était la même avec les gestes ?!!! Je t’embrasse tendrement Lo ! Je n’ai rien à gagner en te disant tout ça, sauf peut-être ta confiance et que tu es l’assurance que je t’aime tel que tu es et que c’est pour celà que je suis VRAI avec toi. Bisous de ta grande soeur qui se remettra toujours en question mais aussi ceux qu’elle aiment, pour ne jamais devenir vieille dans sa tête et aimer , simplement...


            • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 20 mai 2008 15:38

              On est dans le pathos là... je ne vois pas ce que ce genre de remarques vient faire ici, mais bon...

              Que j’admette le débat ? Ca me semble l’évidence puisque je publie ici. Mais cela n’inclut pas de ne pas réagir, de ne pas défendre ses convictions.

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