Le sort de Notre Dame à l’image d’un président tout feu tout flammes !
Restaurer ou innover ?
C’est la question qui peut fâcher les meilleurs amis et gâcher les belles veillées familiales dans les chaumières depuis que la charpente et la flèche de la cathédrale Notre-Dame ont été dévastées par un incendie en Avril dernier.
Mais pour corser le goût acide de cette pomme de discorde, alors que la plupart des Français (enfin, à part ceux, nombreux en fait, qui n’en ont rien à cirer), la plupart donc semble souhaiter une restauration de la cathédrale à l’identique, fidèle à la dernière version signée Viollet-Leduc, leur président moderne et innovant affiche sur ce dossier la même intention de tout transformer que celle qui semble le guider dans la gestion des intérêts de ses amis, tout changer pour que rien ne change : « reconstruire la cathédrale Notre-Dame pour qu’elle soit encore plus belle qu’elle ne l’était ».
Plus fort que Trump ! Le président américain promet « America great again », Macron, lui, veut faire encore mieux qu’avant, fasciné qu’il est par la pyramide de la cour du Louvre qu’il avait choisie comme décor pour la mise en scène tragi-comique de son intronisation. " Nous avons tellement de choses à reconstruire." avait-il même déclaré après le sinistre, une allusion non pas au financement du site de Kheops où il envisage de se faire sacrer Pharaon pour son prochain mandat, mais aux dégâts causés par les ennemis des banques depuis le libération qui ont causé tant de tourments à ses amis Pinault et Arnault, mécènes providentiels pour ce chantier.
Pourquoi faudrait-il que le projet soit fédérateur alors que les premiers de cordée montrent la voie escarpée qui (les) mènera à la fortune ? Alors que la vision moderniste de la « jeune nation » voit plus loin que ceux qui ne sont rien et limitent leur horizon à celui que leur myopie leur impose ?
1 169 architectes, conservateurs et professeurs ont signé une lettre ouverte à Macron, lui conseillant d'attendre et de réfléchir à cette reconstruction. « Prenons le temps d’un diagnostic approprié », dit la lettre. « Écoutons les experts, reconnaissons leurs connaissances et fixons un échéancier ambitieux pour une restauration exemplaire. » Le Sénat a même adopté un projet de loi visant à rendre à Notre-Dame l’aspect qu’elle avait avant l’incendie. Peu importe ! Macron organise un concours international faisant appel à des conceptions architecturales innovantes.
Du coup, il a réussi à transformer en chœur des vierge le trio improbable Glucksmann, Le Pen et Berllamy qui ont entonné un couplet déchirant sur le fait que seule une restauration scrupuleuse préserverait « l'âme de Notre-Dame », fondant du coup un nouveau naturalisme dans lequel non seulement tous les êtres vivants ont une âme, mais également les objets inanimés, fussent-ils d’origine humaine !
Peu importe, il faut être plus fort que ces grincheux passéistes, les propositions transformistes sont déjà sorties. Alexandre Chassang a même proposé une flèche en verre ressemblant au gratte-ciel Shard du london-Bridge : « Il ne faut pas copier le passé par mimétisme. »
Quoi qu’il en soit, le monument fait partie du « patrimoine de l’UNESCO, et l’opération doit donc se conformer à une loi de 1913 sur les monuments qui interdit de nouveaux ajouts aux bâtiments. Mais ce dossier est révélateur des méthodes de Macron qui a décidé de caresser les Français à rebrousse-poil. La mission qu’il s’est donnée, en politique comme en architecture, n’est pas de consolider, mais de transformer. Il ne s’agit pas de préserver des acquis mais de redistribuer aux privés ce que les générations précédentes avaient construit et sécurisé sous la protection de l’état dont il a décidé de brader les biens : barrages, aéroports, services publics… cathédrales.
Reconstruire la cathédrale avec prudence aurait pu être l’occasion d’un projet fédérateur en reconstituant l’intérieur et l’extérieur grâce aux savoir-faire traditionnels des artisans. D’autres monuments besoin de travaux de restauration et Notre-Dame auraient pu être l’occasion pour mettre en place une politique concertée sur la protection des sites historiques fragilisés par l’absence de budgets dignes de ce nom. Macron préfère les grandes compétitions et les défis de délais impossibles à tenir, ce qui ne fait que mettre en évidence ses faibles capacités de gestion et son sens du spectacle.
La question est de savoir quel logo ornera le tympan du portait principal : l’Oréal ou Vuitton ?
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