Le sort réservé au groupe houthi

Après la fin de la guerre de Gaza, l’attention s’est portée sur le groupe houthi, en particulier après que le président américain Donald Trump l’a réinscrit sur la liste américaine des terroristes. Les Houthis ont rejeté cette décision, la qualifiant de «  désinformation américaine et de tentative futile de ternir notre réputation et celle du peuple yéménite ». Ils se sont montrés peu inquiets, affirmant que cette classification n’avait aucune valeur réelle.

M. Trump a classé les Houthis dans la catégorie des «  organisations terroristes étrangères  » (FTO), une classification plus rigoureuse que celle de M. Biden, il y a environ un an, dans la catégorie des «  organisations terroristes mondiales spécialement désignées ». La désignation précédente mettait l’accent sur les sanctions économiques tout en autorisant l’assistance humanitaire au groupe en tant qu’«  autorité de facto ». La désignation FTO est plus complète, permettant le gel des avoirs, l’interdiction des transactions et des sanctions à l’encontre des contrevenants. Elle prive le groupe de sa légitimité politique, sape sa position dans l’avenir du Yémen et ouvre la voie à des poursuites contre ses dirigeants devant des tribunaux internationaux.

Le groupe est passé de la surveillance du département du Trésor à des sanctions économiques et diplomatiques du département d’État à l’encontre de ses dirigeants, de ses partisans et de ses partenaires internationaux.

Cette désignation s’aligne parfaitement sur l’opposition de Trump à fournir une aide humanitaire aux régions contrôlées par des groupes opposés, comme le Yémen. Elle envoie un message clair de détermination aux Houthis  : cessez d’attaquer les intérêts, les cibles et les navires américains.

Le groupe est désormais confronté à des choix difficiles. Continuer à cibler les intérêts américains pourrait conduire à un conflit militaire direct avec les États-Unis. Cela pourrait déclencher des frappes américaines plus sévères et forcer l’administration Trump à changer sa politique déclarée - jusqu’à présent - d’éviter un conflit direct avec les Houthis, comme le président Trump lui-même l’a déclaré à plusieurs reprises.

Il ne fait aucun doute que l’action de l’administration Trump est à la hauteur de la menace que représentent les Houthis. Depuis novembre 2023, ils ont mené plus de 100 attaques contre des navires de la mer Rouge. Ils ont également coulé deux navires, en ont saisi un autre et ont tué des marins, tout en prétendant que ces attaques témoignent de leur solidarité avec les Palestiniens.

Ces attaques ont gravement perturbé le commerce maritime mondial et endommagé les économies régionales, en particulier celle de l’Égypte, qui a supporté le fardeau économique de la baisse du trafic maritime en mer Rouge. Israël a également subi des pertes financières à cause de ces attaques.

Certains voient dans l’action américaine contre les Houthis un signal implicite adressé au régime iranien. Elle pourrait préfigurer l’autorisation donnée à Israël d’éliminer ce qu’il considère comme des menaces de la part du groupe Houthi. Israël pourrait bientôt cibler les Houthis de manière plus décisive afin d’éliminer définitivement les menaces de missiles et de drones qui ont atteint le territoire israélien à plusieurs reprises.

Il est très probable que ni Israël ni les États-Unis ne lancent d’attaques contre les Houthis dans un avenir proche, étant donné l’impact limité des frappes menées par les deux parties contre les bases des Houthis au cours des derniers mois. La raison principale en est le manque de renseignements fiables sur les zones et les emplacements critiques, ainsi que sur les mouvements des dirigeants. Les deux parties pourraient se concentrer sur la collecte de renseignements pendant un certain temps avant de lancer de nouvelles attaques. Elles chercheront à garantir l’efficacité et à éviter de gaspiller des ressources militaires dans de telles opérations.

L’accent devrait être mis sur la collecte de renseignements concernant l’emplacement des principaux dirigeants houthis et sur leur ciblage, à l’aune de l’effet significatif du ciblage du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et des dirigeants de haut niveau et de niveau intermédiaire du groupe. Cette approche a entraîné une dégradation rapide des capacités opérationnelles du Hezbollah et son incapacité à mener des opérations offensives efficaces malgré son arsenal de missiles.

Un autre point crucial est que les Houthis sont devenus le mandataire le plus efficace de l’Iran à l’heure actuelle, suite au déclin des capacités opérationnelles du Hezbollah libanais, à sa retraite forcée et à son acceptation des accords du gouvernement libanais.

La stratégie américaine peut soutenir tout effort militaire régional ou international visant à restreindre le mouvement des Houthis et à éliminer définitivement leurs menaces. Toutefois, il est peu probable que les États-Unis dirigent cette campagne, et encore moins qu’ils en soient le moteur.

M. Trump estime que son rôle se limite à faire preuve de fermeté et de discipline et à créer des conditions favorables au succès dans ce domaine. Cette approche sera renforcée après la conclusion de l’accord sur l’échange de prisonniers et d’otages et le cessez-le-feu à Gaza. Trump ne cesse d’affirmer que ses menaces ont été la raison principale et directe de la conclusion de cet accord après de longs mois de négociations marathon sans pression américaine forte - un point de vue partagé par de nombreux experts et observateurs.