Le sourire de Neptune
Les astrologues sérieux, consciencieux, minutieux, pointilleux me pardonneront ce petit texte facétieux, ( enfin je l'espère, facétieux !)
S'il est mal luné ce jour-là, à peine serez-vous né que Neptune aura déjà programmé que vous serez abandonné ! Net et définitif ou seulement temporaire, de cet abandon vous serez tributaire.
Neptune est le maître des abandons.
Neptune est le maître de l'exil, ce déchirement, cette fuite, cet éloignement. Mais Neptune fait les humbles, n'aime pas les fanfarons, se méfie du beau monde et reste, bon ou mauvais, dans la simplicité anonyme, de l'homosexuel, de l'exclu, du rejeté, du marginal ; or, toute l'humanité réside en ces gens-là.
Neptune nous casse les pieds, dès qu'il est en mauvais termes avec Mars !
Car il régit les pieds ! Il est le maître des bottiers mais des mauvaises chaussures, de celles qui prennent l'eau ou qui sont déformées.
Il est le maître des photographes aussi, ces illusionnistes mais de la télé qui lie l'illusion à l'envoûtement.
Mais d'une manière générale, que je trouve personnellement peu franche, il nous laisse errer dans un désert, nous ayant fait miroiter l'oasis ; il nous regarde dériver sur les mers, et rit de notre désir d'atteindre le port.
Nous laissant croire à un paradis, il s'allie à Jupiter pour créer une religion mortifère ; et nous voilà partis, le dos courbé, les jambes lourdes et tous ces espaces infinis qu'il nous fait espérer ne sont qu'une illusion : nous besognons à de petits rituels, organisons des petits rendez-vous et le jour au bout du tunnel ne nous éclaire pas du tout.
Parce que Neptune, ce n'est pas l'étoile du berger ! Il n'est pas la lampe tempête qui balance au dessus d'un seuil, pour guider le voyageur sur un Causse par temps de brouillard !
Non, sa lumière à lui, c'est plutôt le mirage des assoiffés perdus sous la canicule.
Il est l'horizon qui se taille quand on l'approche mais aussi l'hôpital et la prison qui nous tiennent enfermés.
Il nous nargue, nous tient la dragée haute, se joue de nous, exacerbe nos faiblesses pour nous faire tomber dans le trou ; il nous leurre, nous attire, nous illusionne et finit par nous perdre.
Il nous influence, nous fait croire en Jésus, Jéhovah ou Vishnou ; il nous gausse, nous moque, nous trahit.
L'atmosphère de la réelle planète, toute faite d'hydrogène avec du méthane congelé, le rend maître des gaz asphyxiants : il nous étouffe, nous enfume, nous empoisonne.
Et par la même occasion, nous fait boire pour oublier, ou priser ou fumer ou se piquer !
Il nous drogue !
Ainsi peut-il gouverner notre inconscient passif, tout ce qui nous taraude, qui nous tient la tête dans la boue de nos péchés, il nous culpabilise et relègue à plus tard qu'on puisse expier.
Il est notre karma .
C'est lui qui nous fait naître pécheurs .
Pécheresse oh combien !
Il est la condition humaine à lui tout seul mais se tient à l'écart, discret, loin, très loin de nous. Il ne veut pas se salir les mains : j'ai eu la sensation de sa jubilation.
Il exile les indésirables, il exclut les mal famés, et dans son axe avec la Vierge, il proscrit, enferme, bannit mais laisse rêver de fuite et d'évasion.
Les neptuniens sans recours (Charles de Foucault par exemple...) sont, soit des génies qui subliment, soit des fous, des mystiques, des drogués ...Les plus ordinaires n'ont pas de colonne vertébrale, leur structure est branlante mais leur souple adaptation, qui s'autorise... peut les faire survivre !
Le compagnon d'une neptunienne pourrait lui dire qu'il a le sentiment de tenir entre ses mains les ficelles auxquelles sont attachés des ballons de toutes les couleurs : s'il lâche, ces ballons s'envoleront, beaux, avant d'être explosés de trop d'air ! S'écraser au sol, en petits morceaux multicolores...
Poséidon déjà était un Dieu redoutable qui soulevait les mers et faisait tressaillir la Terre ; de ses amours multiples et volages ne naissaient que des monstres et des bandits et le secret est resté caché du nom de la fille qu'il eut de Déméter !
« Paul Diel, de son point de vue éthique jugera sévèrement le type de comportement symbolisé par Poséidon ; le dieu trahirait tout effort de spiritualisation, il légaliserait une forme de pervertissement, « il préside à la légalité qui gouverne la satisfaction perverse du désir, la banalisation, la perversion »... ».
Avant de constater que Neptune jubilait à nous voir errer tels des ectoplasmes, je l'avais ignoré ; ignorer comme on ignore sciemment quelque chose qui nous dérange, quelque chose qui recèle un danger ou plus exactement une vérité dont on n'est pas sûr de pouvoir l'assumer. Car il n'y avait rien de fortuit dans cet évitement-là !
Et puis, bravache, je m'y suis collée ; je n'ai pas été déçue : à lui tout seul il synthétisait tous mes maux. Je l'ai haï, détesté, je me suis mise en colère, j'ai pleuré sur moi, me suis découragée ; j'ai dormi, beaucoup et sans rêves ou alors je ne m'en souvenais plus ou ne les comprenais pas. Ce fut une traversée du désert, ma haine de Neptune !
Car Neptune, c'est les rêves aussi. Et le désert.
Je n'ai pas tout lu sur lui car tout ce que je lisais confirmait mon savoir.
J'ai douté d'un avenir possible, de pouvoir continuer, j'enrageais, j'étais très fatiguée.
Et puis, il n'y a pas si longtemps, par hasard, je me suis avisée qu'il rentrait en Poissons, c'est-à-dire dans son domaine, en 2012 !
J'avais un bon transit d'Uranus à cette époque, ma curiosité fut piquée au vif.
Alors, sans le savoir, épuisée, cassée, abattue, j'étais très proche du bout du tunnel !
Le jour de sa découverte par Le Verrier, le 23 septembre 1846, Neptune était dans le Verseau ; je voulus croire que deux ans plus tard il passait dans les Poissons, là, pour les révolutions à venir, révolutions populaires celles-là et réprimées durement.
Néanmoins son passage en Poissons apporta, du moins à notre Occident- et qui me concerne particulièrement- tout le mouvement anarchiste ; un mouvement de prise de conscience du peuple qui n'a que peu d'égal dans l'histoire des hommes.
Certes, avant qu'on le connût, je situai les guerres de religions ( qui ont été à l'origine de toute notre modernité) lors de son précédent passage, mais c'était pure spéculation, son passage en Poissons se fit un siècle plus tard !.
Mais peu importe ; je ne voulais rien prouver.
Sa conjonction avec Saturne à l'époque influence le déclenchement du socialisme ; cependant de cette union contre nature, naît le communisme : l'ennemi de l'anarchisme !
Rien n'est simple malheureusement.
N'empêche, dès 1848, la révolution introduit le fait ouvrier et toutes les insurrections qui s'ensuivent.
Neptune, planète invisible aux effets insidieux bien sûr n'agit pas seul ! Nous avons besoin d'Uranus et de mon ami Pluton.
Je me plus à voir en Neptune, que j'avais tenu jusque là pour mon ennemi personnel, la réalisation -ou sa tentative-, de l'anarchisme.
J'étais conquise.
C'est alors que Neptune me sourit.
Et le sourire de Neptune, c'est quelque chose ! Les murs de la prison qui s'effondrent ; une trouée sur le lointain...
Il me sourit : il me dit qu'il revenait et, quand il est chez lui, il est un peu comme nous autres : plus à l'aise. Il sera moins retors, moins hypocrite, moins menteur...
Pourtant, à peine de retour dans son océan symbolique, il se fâche avec Mars ( ça m'a cassé le pied, mais bon, ce n'est pas grave !), il rencontre Saturne, le perd mais le retrouvera en mai. Aurons-nous à cette occasion une résurrection du socialisme ?
En juillet, il s'acoquine avec Jupiter (qui soit dit en passant avance à toute vitesse en ce moment) : Aurons-nous à cette occasion une résurrection du Christ ?
Oui, vous avez raison, rien ne sert de faire des plans sur la planète.
Profitons de ses bons auspices pour nous bouger. Nous avons plus de vingt ans devant nous.
Quand Neptune sourit :
Il ne faut pas le louper.
Alors, Neptune comme quiconque n'a pas que des mauvais côtés.
Cependant et malgré mon désir initial, il n'est pas facile de faire la part des mauvais côtés pour en suite faire la part des bons ! Tout le monde sait que la dualité des hommes ne se démarie pas aussi aisément.
Aussi, si l'on observe Neptune en accointance avec Jupiter pour symboliser la religion dont nous sommes, en occident, issus et qui fait office de civilisation, on ne peut guère dénoncer d'abord tout le mal pour ensuite dire tout le bien.
En effet, l'égalité prônée par le christianisme est l'égalité des âmes ; peu importe ici bas que l'on soit jeune, beau, riche, intelligent et que l'on ait le pouvoir puisque dans l'au-delà, nous sommes égaux. Aux boiteux, souffreteux, pauvres et asservis de prendre leur mal en patience.
On peut, en toute logique, à cela, trouver à redire.
Mais si l'on observe Neptune en accointance ( et je le répète à priori contre nature - quoique, c'est à affiner-) avec Saturne, on a à faire au communisme.
D'aucuns ont vu à juste titre l'appartenance de ces deux « courants » au domaine religieux.
Le communisme, plus pragmatique, décrète l'égalité ici-bas, à tel point que l'individu devient un numéro et de fait, en chute accélérée, toute égalité nivelant par le bas.
Dans les deux cas, la volonté individuelle s'évanouit au profit soit de l'au-delà, soit du collectif.
Mais, pas pour tout le monde ! Car ces belles idées et ces belles promesses n'ont pas éliminé le pouvoir ni ceux qui en usent, en abusent ou en profitent !
Aussi, vouloir soudain parler de Neptune comme un maître bénéfique, positif n'est pas aisé.
Cependant, Neptune c'est aussi la foi ; non pas seulement le mauvais côté de la foi : la croyance, mais encore l'endroit, l'espoir, la générosité, et l'idéal. Une foi donc sans illusion, une foi sans attente, une foi sans leurre.
Et cette foi peut mener l'humanité très haut ; elle porte l'individu dans une communion avec ses semblables ; elle doit être une utopie qui guide l'homme toujours vers un mieux. Neptune n'étant pas guerroyant ( il ne vise pas, il dissout), supporterait une communion de clans, de groupes ou de sociétés, se côtoyant, se visitant, échangeant .
Pour l'individu, cela confine au mysticisme : une fusion entre soi et le hors-soi. Soi et le Tout en osmose. Neptune aime le recueillement et ne se plaît pas dans ce monde d'apparences, d'exhibition.
Pour une société, on peut la rêver écologique : non seulement respect des autres espèces, animales ou végétales, mais amour. On prend soin de ce qu'on aime ; Neptune peut donner à la Vierge un but cosmique à sa dévotion ; il pourrait unifier toutes les énergies, les desseins.
Le passé me donne tort : jusqu'ici les effets négatifs sont beaucoup plus flagrants cependant qu'on peut voir que la spiritualité était beaucoup plus prégnante dans notre société avant l'arrivée des Lumières, celles-ci ayant décrété que le Divin était obscur... mais je m'égare, Neptune encore me touche !
Neptune, c'est les espaces infinis de notre imaginaire, de nos aspirations. Il est source de notre inspiration.
En tout cas, s'il peut nous exiler, il peut briser les frontières, mais comme il n'est pas matérialiste pour un sou, il ne s'agira pas de frontières marchandes, mais les frontières de l'esprit, et celles du cœur !
Il est aussi le lieu de la commisération.
Ces espaces infinis sont positivement un lieu privilégié pour la méditation, ce qui fait le calme en nous, le vide qui efface toute crispation...
S'il peut nous illusionner, il peut tout aussi bien laisser libre libre cour à notre idéal ; certes, pour l'action, il faudra d'autres aides : pour l'exigence et la loyauté, il nous faudra Pluton ; pour le courage il nous faudra Mars ; pour l'imaginaire et un peu de douceur dans ces moments, nous aurons à attendre la Lune et Vénus, qui viennent, régulières ; pour la persévérance nous aurons besoin de Saturne, tandis que pour le génie de notre tactique, Uranus sera indispensable.
Nous sortirons de toutes façons de l'axe Poissons/Vierge ! Et quoi qu'il arrive. Il vaudrait mieux finir en beauté...
☺À vos éphémérides !
(En ce qui concerne Poséidon, j'ai tiré le portrait et la citation du « Dictionnaire des Symboles » de Jean Chevallier et Alain Gheerbrant).
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