Le système D pour fabrique une armée, ça marche (mais ça peut aussi mener en prison - III)

On n'en a pas encore terminé en effet avec l'affaire Habib Boukharouba, car si les Pilatus ont bien tous été cernés et répertoriés, notre homme, on l'a vu, c'est chargé de bien d'autres choses encore. Notamment de les armer. Pour cela nous dit le Nouvel Obs, il est allé s'approvisionner chez une de ses relations du temps des Mirage III, Henri de Waubert de Genlis, qui lui aurait trouvé les bombes destinées à orner le dessous des ailes de ses avions. Selon le magazine, elles auraient été achetées au Pakistan et en Algérie. Or, des passionnés qui ont examiné des clichés de ce genre de bombes montées notamment sur les racks d'un hélicoptère Mi-17 leur ont trouvé des airs de Denel Mk81, un fabricant sud-africain. Les tchadiens ont aussi utilisé des FAB-100, des bombes russes de 100 kg, note le bloggeur, qui remarque une chose étrange sur certains clichés : les bombes sont siglées en français, ce qui est en effet très nettement visible (on y distingue clairement "bombe acier" de marqué !). Imagine-t-on des sud-africains siglant autrement qu'en anglais leurs productions ? Un des bloggeurs ajoute : "est ce que ce ne serait pas plutôt une bombe de la série des Mark 80 produites sous licence en France ?" Ce faisant, on connait en effet le fabricant, aujourd'hui fermé d'ailleurs : la SAMP (Société des ateliers mécaniques de Pont Sur Sambre) qui produisait en effet des Mark 81 de 120 kg. Mais habituellement, les bombes ne sont pas marquées ainsi. Auraient-elles été marquées par l'armée française elle-même ? Des insciptions pas très éloignées en effet de celles figurant sur les bombes guidées du Rafale :

En tout cas, s'il y a quelque chose qui ne trompe pas, c'est bien le kérosène, fourni par l'armée française, pour le même hélicoptère en tout cas. Une photo le démontre, dont on retrouve assez vite la filiation. C'est bien un camion Saviem, modèle JN 90 à voir la cabine, qui est visible aussi ici à Dakar sur la base Belouga, un engin basé sur un Renault G300.19 Manager utilisé aussi en tracteur de semi-remorque par l'armée. visible à une répétition du 14 juillet ici : c'est bien le carburant de l'armée française qui a été utlisé ; alors que l'on reproche aujourd'hui à son bénéficiaire de ne pas avoir eu les autorisations pour l'utiliser, ce qui devient assez ubuesque.

Le Nouvel Obs ayant trouvé mieux encore comme implication avec la photo d'un pilote... blanc à bord du MI-17, que l'on imagine pas pour autant russe. Serait-ce effectivement un instructeur français de la DGSE à bord ? C'est ce que croit savoir le magazine qui n'a pas remarqué ce qu'il y avait sous l'hélicoptère, devant lequel posait Habib Boukharouba. Sous le Mi-17 a été installé en effet un drôle de "truc". Une boule foncée... qui n'est autre qu'une caméra de type FLIR, permettant la vision nocturne, et dont certains observateurs semblent avoir découvert la provenance : selon eux, ce n'est rien d'autre qu'une adaptation bricolée de la fameuse Chlio, de chez Thalès, qui équipe nos hélicoptères Caracal (elle y est montée à l'avant).  C’est une caméra infra rouge de 2ème génération travaillant dans l’IR lointain pouvant s’interfacer avec un radar et un GPS. Elle est destinée entre autres à l’observation longue portée de jour comme de nuit, la surveillance (frontière, maritime, côtière), le CSAR et le SAR, l’aide au pilotage et à la navigation." Voilà qui explique beaucoup mieux la redoutable efficacité de la petite troupe aéroportée de notre roi du système D : les caméras infrarouges des hélicos permettaient de repérer les cibles ayant bougé de nuit, les mêmes cibles déjà suivies par les caméras des Mirage F1 envoyés de jour en reconnaissance. Abéché, Am Timan, Am Zoir, Biltine, Birak, Goz-Beïda, que des objectifs réussis, égrène le magazine, grâce à la pleine coilaboration entre l'armée française, son aide logistique en carburant et munitions et la petite entreprise de guerre montée de toutes pièces par notre ancien pilote de Mirage III ! A la décharge de l'armée française, il faut savoir qu'Israël fabrique un appareil similaire, chez Tamam Division (IAI/Tama) une "minipop electro-stabilised" qui pourrait tout aussi bien être notre mystérieux engin, à vrai dire. Sachant que les engins sélectionnés par notre bricoleur de guerre ont vu une partie de leurs équipements modifiés par des techniciens israéliens, le doute est en effet permis.