Le tir de riposte contre tireur(s) actif(s)
En France, plus de 600 000 personnes possèdent une arme de poing : policiers - gendarmes - officiers & sous-officiers - tireurs civils - policiers municipaux - douaniers, police ferroviaire, transporteurs de fonds, bijoutiers - armuriers - gardes du corps des personnalités politiques non gouvernementales. Le fichier AGRIPPA (Application nationale de gestion du répertoire informatisé des propriétaires d'armes) en recense 3 millions, et on estime à 10 millions d'armes en circulation dont 300 000 armes illégales.
Confronté à un tireur actif (qui tire ou se prépare à tirer sur une personne ou parmi la foule), il n'est plus question d'adopter la position statique des duellistes d'antan, position à laquelle eux mêmes finirent par renoncer à travers une évolution du duel au pistolet afin de pouvoir tirer en se déplaçant. Petits rappels historiques, dans le duel « de pied ferme », la distance séparant les duellistes placés face à face était de 15 pas, le témoin désigné par tirage au sort rappelait les règles du duel. Au commandement « armez », les protagonistes armaient leur pistolet et visaient leur adversaire, et au commandement « tirez », faisaient feu. Si les deux coups étaient partis et qu'aucun combattant ne fut blessé, les armes étaient rechargées et le déroulement renouvelé. Dans le duel « à volonté », les duellistes se tournaient le dos, et au commandement « tirez », ils se retournaient et faisaient « feu ».
Le duel « à marcher », les duellistes séparés d'une distance de 35 pas, au commandement " marchez », chaque duelliste se rapprochait de son adversaire en marchant sur une distance maximum de 10 pas en tenant leur pistolet canon vers le haut. Chaque duelliste pouvait s'arrêter et tirer quand il le désirait. S'il manquait son adversaire, il devait se tenir immobile après son tir, son adversaire disposait de 30 secondes pour terminer ses 10 pas et / ou tirer.
Le duel « à marche interrompue », les duellistes se faisaient face séparés d'une distance de 45 pas, à l'injonction « marchez » prononcée par le témoin désigné par tirage au sort, chaque duelliste s'avançait de 15 pas maximum en tenant son pistolet le canon dirigé vers le haut, la distance minimale séparant les tireurs ne pouvait donc être inférieure à 15 pas. Les duellistes pouvaient se déplacer en faisant des écarts latéraux sur le côté de deux pas maximum, et tirer sur leur adversaire à tout moment, soit en marchant, soit en s'arrêtant. Dès le premier coup parti, les deux duellistes s'immobilisaient, et celui qui n'avait pas encore tiré pouvait alors le faire, mais en restant sur place, tandis que le premier tireur devait attendre immobile le tir de son adversaire.
Le duel « à ligne parallèle », deux lignes parallèles chacune d'une longueur de 25 à 35 pas sont tracées sur le sol à 15 pas l'une de l'autre, chaque duelliste prenait place à l'extrémité de sa ligne, séparés par la plus grande distance. A l'injonction « marchez », chaque duelliste se rapprochait l'un de l'autre en suivant sa ligne et pouvait tirer quand il le souhaitait, mais le règlement lui imposait de cesser de marcher pour tirer. Si l'un des duellistes était blessé, il pouvait encore tirer sur son adversaire dans un délai de 30 secondes. Celui qui avait tiré en premier devait alors rester immobile.
Le duel « au signal », les duellistes se faisaient face séparés d'une distance de 25 à 35 pas en tenant leur pistolet, chien armé, canon pointé vers le sol. Le témoin de l'offensé frappait trois fois dans ses mains, et prononçait " Souvenez-vous, Messieurs, que l'Honneur exige que chacun de vous tire au troisième coup frappé, et ne lève pas l'arme avant le premier coup, et ne tire pas avant le troisième. Je vais donner le signal, qui sera de trois coups », puis il frappait trois fois, chaque claquement de main devait être séparé d'un délai de 3 secondes. Au premier claquement, les duellistes relevaient leur arme qu'ils pointaient en direction de leur adversaire, au deuxième ils ajustaient leur visée et au troisième ils tiraient simultanément. Si l'un des duellistes tirait avant le troisième claquement, il était un homme sans foi ni honneur. S'il manquait son adversaire, ce dernier pouvait alors prendre tout son temps, dès le troisième coup frappé, pour tirer.
Les policiers furent parmi les premiers à instaurer de nouveaux styles de tir et d’entraînement se rapprochant au maximum des situations réelles de combat. Fairbain, un policier britannique qui instrumentait pendant la première guerre mondiale dans la ville de Shanghai, s'interrogea sur le nombre incroyablement élevé des policiers britanniques tués. Il en arriva à la conclusion d’un manque de pratique réaliste dans l'entraînement au tir dispensé. Il créa en 1921 pour remédier à cette carence, la « Mystera house » dans laquelle les policiers se retrouvaient confrontés à des situations très proches de la réalité. Le tir de riposte venait de voir le jour.
En 1936, Sloan, un agent du FBI qui a suivi un stage chez les Marines, développe le tir « instinctif » à 7 mètres, tir à la hanche à une main d’une distance de 6 yards avec un revolver calibre .38 Special. La police française adopte le parcours Raymond Sassia (qui fut le garde du corps du général de Gaulle) de retour du FBI en 1962. Le parcours comprend cinq positions de tir visé à deux mains, distances 10 à 35 m, pistolet calibre 9 mm. Jeff Cooper popularise, l’année suivante, le Weaver stance à deux mains, distances de tir (visé) 10 à 50 m, calibre .45 ACP. Mc Thernam introduit le tir « Survival » en 1980 avec la position crouch, tir à deux mains, distances de 0 à 10 mètres. Chuck Taylor, de retour du Viet-Nam, imputa ses blessures à une méthode de tir inappropriée au combat réel « On ne peut se comporter au combat comme lors d'un parcours de compétition ».
La plupart des méthodes ne correspondent qu’imparfaitement aux réalités d’un combat.
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La distance est figée à des distances normalisées, ce qui est loin d'être le cas.
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L'arme réglementaire n'a pas subi des modifications : visée sophistiquée, frein de bouche, munitions sous-chargées pour réduire le recul, poignée anatomique, etc.
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Le tireur adopte une position de pré-riposte. En service, l’arme est dans un étui fermé non fortement échancré.
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Les cibles sont en deux dimensions, l’agresseur est en trois dimensions.
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Le tireur fait face aux cibles, en opération il sera peut être placé de trois-quarts, de côté, ou avec tous les azimuts intermédiaires et la déclivité du terrain.
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Les silhouettes sont éclairées correctement. Sur le terrain, le tireur pourra être aveuglé par le soleil ou des flashs, interviendra dans une pièce mal éclairée, etc.
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Le sol y est homogène, lors de l’engagement, le sol peut être en pente, glissant, boueux, pierreux, etc.
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L’espace du stand est généreux, il en va différemment dans un couloir.
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Le tir est déclenché sur ordre du moniteur, sur le terrain c’est l’inconnu. On ne sait ni quand on sera pris à partie, ni où, et si on le sera. Peut être ne pourrons-nous réagir qu'après avoir été touché !
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Le tireur en stand sait qu’il va devoir tirer, or la surprise fait perdre une partie de l’équilibre psychique.
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Les cibles ne se déplacent pas, les agresseurs eux tirent, se déplacent ou s'agitent.
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Les tireurs sont parfaitement alignés et séparés de leurs voisins, il en va tout autre dans un paysage urbain.
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L’intransigeance des règles sur un pas de tir n’a que peu de valeur au combat.
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Lors de tirs sur plusieurs cibles, le tireur peut se déplacer pour bénéficier d’une ligne de tir ouverte. Sur le terrain il faudra peut être bousculer un individu pour dégager une ligne de tir.
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Au stand, le tireur n’est pas soumis au stress du combat, au combat, le champ de vision du tireur est fortement réduit, l'effet tunnel n'est pas pour autant un handicap.
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Le tireur porte à l’entraînement des vêtements confortables. En mission il porte un gilet pare-balles, une veste, parfois un manteau ou un imperméable et peut avoir une main encombrée, être accompagné par un être qui lui est cher.
Le but du tir de défense de soi ou d'autrui n’est pas de s’engager dans un duel, mais de permettre : la neutralisation de(s) l'agresseur(s) - l’évacuation - la mise à couvert - rejoindre une position de repli - d'appeler des renforts & les secours - interpeller les agresseurs et les déférer devant la justice, tout cela dans le respect de la légitime défense !
Analysez les vidéos d'entraînement au tir des djihadistes, elles sont édifiantes ! Le Tango urbain est dangereux principalement pour une raison, il n'a pas besoin d'aligner le cran de mire avec le guidon sur une victime, il tire dans le « tas », ce qui le dispense : d'un apprentissage au tir - d'avoir à se procurer des munitions - et des risques d'être détecté prématurément. Pour les voyous des quartiers sensibles, l'arme est à la fois un sésame et le marqueur d'un statut, certains ne savent pas même recharger un magasin (chargeur) et encore moins procéder à un changement tactique ! Gérer un incident de tir ? n'en parlons pas... Le magasin épuisé, ils cessent de tirer et détalent.
Seule la riposte d'un homme déterminé sans attendre les renforts peut contribuer à : épargner des vies - s'opposer à une prise d'otages - au retranchement des agresseurs - à la pose de pièges (explosifs ou incendie). Chaque seconde écoulée représente une vie innocente perdue et vient compliquer la suite. En cas d'incendie, n'est-il pas préférable de combattre immédiatement le foyer ? Au début, un seau d'eau fait l'affaire, au-delà de plusieurs minutes il faut une citerne et une unité de SP. Avons-nous tiré l'enseignement de la tuerie du Bataclan ? Un commissaire de la BAC 75, courageux, est intervenu sans attendre les directives du CO et a ainsi contribué à sauver des vies en abattant, au pistolet, un terroriste à 30 mètres, tandis qu'un militaire qui aurait pu intervenir n'a pu légalement le faire. D'autre part, les militaires de l'opération Sentinelle sont tous loin de présenter les mêmes compétences tactiques. L'artilleur n'est pas un fantassin, et le témoin d'obstruction de chambre (TOC) empêche tout tir immédiat ! Former des tireurs capables de réagir seuls, sans une autorité supérieure autre que leur conscience est le garant de leur contribution à l'élimination d'une menace et à protéger leurs prochains. Nous voilà de retour à une forme de duel « ordalique ».
Un citoyen armé légalement, entraîné au tir de défense et préparé mentalement à l'acceptation du combat armé peut faire la différence. Il suffit de tirs sélectifs pour abattre un tireur actif et mettre un terme à une fusillade. Des associations œuvrent pour le port d'arme citoyen (sans proposer un programme de tir adapté, manuels, etc.), mais jamais un gouvernement ne reviendra sur le désarmement imposé par Vichy... Avant l'occupation allemande, tous les citoyens pouvaient acheter une arme chez un armurier ou par correspondance. Le Gouvernement entend bien réserver le monopole du port d'armes aux hommes et aux femmes chargé(e)s d'en défendre la légitimité. Un État démocratique, par nature neutre, ne se devrait-il pas de revoir sa copie dogmatique sur la privation d'un droit citoyen et reconsidérer le port d'arme (encadré) comme une valeur républicaine perdue ? Vaut-il mieux être spectateur de sa propre insécurité ou acteur de sa sûreté et de celle de son prochain ? Plusieurs vies prévalent sur une seule, et tomber l'arme à la main permet de rejoindre la walhalla...
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