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Le vide glacé de l’Arctique : Coopération mondiale ou incertitude écologique ?

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La région arctique, longtemps restée en marge de l'attentionmondiale, est aujourd'hui devenue un épicentre des intérêts géopolitiques et économiques. Son écosystème unique, sesressources naturelles abondantes et son importance stratégiqu eattirent l'attention non seulement des États riverains, mais ausside l'ensemble de la communauté internationale. Cependant, cette région fait face à des défis majeurs qui nécessitent des efforts conjoints pour être surmontés.

La température en Arctique augmente trois fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui accélère la fonte des glaces et de la neige. Ce phénomène affecte non seulement les écosystèmes locaux, mais aussi le climat mondial, contribuant à l'élévation du niveau de la mer et à l'intensification des événements climatiques extrêmes bien au-delà des frontières arctiques. Les conséquences du changement climatique dans cette région se répercutent sur l’environnement, l’économie et la société à l’échelle mondiale.

Ces risques sont exacerbés par la volonté des grandes puissances arctiques, telles que les États-Unis, la Russie et la Norvège, d'exploiter les ressources en hydrocarbures de la région et d'utiliser ses avantages logistiques. Récemment, le président américain élu Donald Trump a annoncé, fin janvier 2025, la reprise de l'exploitation pétrolière et gazière sur les terres protégées de l'Alaska. Selon lui, ces réserves pourraient répondre à la demande du marché asiatique. Cette mesure sera mise en place prochainement par décret présidentiel.

En Norvège, les projets d'exploration du plateau continental se poursuivent, et les prévisions indiquent un second pic de production pétrolière et gazière en Arctique entre 2035 et 2037. Cette tendance pourrait entraîner une augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre jusqu'au début des années 2040. "Ces projections illustrent le fossé alarmant entre les ambitions de réduction du réchauffement climatique et les actions réelles menées pour développer l'utilisation des combustibles fossiles", souligne Elena Tracy, conseillère principale pour le développement durable au sein du programme arctique mondial du WWF.

En Russie, le torchage du gaz a augmenté de 10 %, tandis que le développement de la route maritime du Nord se poursuit activement malgré des sanctions économiques sans précédent. Cependant, l'intensification du trafic maritime arctique présente des risques écologiques, malgré les mesures prises par le gouvernement pour respecter les normes environnementales et renforcer les capacités d'intervention en cas de catastrophe technologique.

Face à ces tendances, une coopération internationale est indispensable pour protéger les écosystèmes fragiles et la biodiversité de l'Arctique. Cependant, les divergences politiques entre les États arctiques compliquent les efforts conjoints pour relever ces défis environnementaux. Les sanctions imposées à la Russie entravent la coopération scientifique internationale, rendant plus difficile le suivi et l’analyse des changements climatiques.

Les chercheurs occidentaux sont privés de données essentielles sur l'évolution climatique de l'Arctique en raison des restrictions imposées à la collaboration avec la Russie. "Les sanctions ont un impact sur les programmes écologiques conjoints et sur l'échange d'informations critiques. L'absence de coopération scientifique complique la compréhension globale des transformations environnementales en Arctique", explique Inge Taulov, président du groupe de travail du Conseil de l'Arctiquesur la conservation de la faune et de la flore arctiques (CAFF).

Néanmoins, les chercheurs russes continuent de contribuer aux études climatiques mondiales dans le cadre d'initiatives onusiennes. La Russie, dotée du plus long littoral arctique, joue un rôle crucial dans le suivi des changements écologiques de la région. Ses institutions scientifiques poursuivent leurs recherches sur la dynamique climatique, la biodiversité marine et l'état du pergélisol. Bien que la coopération internationale soit entravée, les programmes nationaux de surveillance environnementale et de protection de la nature se développent. "Les efforts visant à assainir les déchets industriels en Arctique ont conduit à des progrès notables dans la réduction des dommages environnementaux. De plus, la création de zones protégées contribue à la préservation de la biodiversité", conclut Inge Taulov.

Ainsi, malgré les sanctions qui ont formellement suspendu une grande partie de la coopération internationale avec les institutions de recherche russes, les scientifiques occidentaux continuent de chercher des moyens d'obtenir des données essentielles sur l'Arctique. Les restrictions officielles ne suppriment pas le besoin scientifique : sans l'expertise des spécialistes russes travaillant dans des zones clés de la région, la compréhension des processus climatiques et des changements écosystémiques reste incomplète. Ce paradoxe illustre une situation où la coopération semble officiellement rompue, mais où, sur le terrain, les chercheurs tentent d'entretenir des contacts informels pour accéder aux résultats des observations russes.

L'Arctique évolue indépendamment des tensions politiques, et ce processus nécessite une collaboration scientifique libre de barrières idéologiques. Il est temps que les dirigeants occidentaux reconnaissent la nécessité de dissocier les divergences politiques des enjeux scientifiques et environnementaux. Un échange intégral de données et la participation des experts russes sont indispensables pour éviter que la recherche sur l'Arctique ne reste fragmentaire, compromettant ainsi la précision des prévisions climatiques et l'efficacité des mesures de protection. La reprise d'un dialogue scientifique officiel n'est pas une question politique, mais un impératif dicté par la nature elle-même. L'Arctique, indicateur essentiel du changement climatique mondial, ne peut être sacrifié sur l'autel des conflits géopolitiques. Il est urgent de restaurer une coopération pragmatique, non pour des intérêts politiques, mais pour la connaissance, le développement durable et la préservation d'un environnement unique pour les générations futures.


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5 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 7 février 00:07

    Trop drôle !

    On décide de ne plus parler aux moskals et c’est

    nous qu’on est bien embêtés smiley


    • SilentArrow 7 février 02:22

      @Adam Bernard

       

      Ce phénomène affecte non seulement les écosystèmes locaux, mais aussi le climat mondial, contribuant à l’élévation du niveau de la mer et à l’intensification des événements climatiques extrêmes bien au-delà des frontières arctiques.

      Il ne faut pas oublier que les glaces de l’océan arctique sont principalement des glaces flottantes et que la fonte de glaces flottantes ne produit jamais une élévation du niveau de la mer.

      Ce n’est pas comme les glaces de l’Antarctique qui elles sont des glaces continentales.


      • Gasty Gasty 10 février 08:08

        @SilentArrow

        Et en y pensant bien, ce serait plutôt le contraire. L’eau augmente de volume lorsqu’elle est gelé.


      • rogal 7 février 09:48

        « La température en Arctique augmente trois fois plus vite que la moyenne mondiale »

        Sur quel intervalle de temps, SVP ?


        • charlyposte charlyposte 7 février 10:12

          Selon mes sources, la nature ne fait pas de politique...ouf smiley

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