Lecture sur le résultat de l’élection américaine
Le résultat de l’élection présidentielle américaine a été interprété sous différents angles selon les gouvernements et les observateurs. Les angles de vue varient en fonction des intérêts et des priorités de chaque parti en ce qui concerne les positions, les politiques et les stratégies des États-Unis.
Cela explique amplement le contraste frappant dans la réception des conclusions de ce scrutin. Il y a eu de la satisfaction, de l’anxiété, voire de la théâtralisation du processus électoral américain en disant que c’était une « pièce de théâtre » ou de tels qualificatifs qui ne s’appliquent pas au combat électoral le plus acharné de la planète.
Objectivement, les résultats de cette course électorale sans précédent en termes de circonstances et de nature du conflit politique qu’elle a connu sont révélateurs de quelques éléments.
Premièrement, le bilan de ce vote représente un coup dur pour l’industrie des sondages d’opinion dans un pays que beaucoup d’études et de recherches décrivent comme le plus démocratique du monde. Les sondages n’ont hélas pas permis de prédire l’issue des élections, bien qu’ils aient donné la préférence au président élu Joe Biden dans la plupart des cas.
La raison en est simple : la majorité des sondages ont donné à Joe Biden une avance remarquable de 512 points. Ceci signifie que la course serait décidée par une confortable majorité.
Cela ne s’est pas produit. Les résultats restaient serrés durant de nombreux jours en attendant le décompte des voix dans les « swing states, » où les deux candidats avaient des différences minimes, à l’exception de certains États où le président Trump a obtenu une majorité assez nette.
Ce n’est pas la première fois que les sondages se trompent sur le résultat de l’élection présidentielle américaine. Un grand échec s’est dessiné en 2016, lors du tour de scrutin d’Hillary Clinton contre Donald Trump.
Ce sont des indicateurs qui invitent à revoir les règles et les normes de conduite des sondages et à combler leurs lacunes. C’est particulièrement vrai pour l’électorat indécis, ainsi que pour la partialité des intentions de vote et les tendances réelles, car les nouveaux répondants donnent parfois des opinions différentes de leurs véritables orientations.
Une telle sorte de désinformation est difficile à détecter ou à éviter. Mais il faut un processus statistique et scientifique qui renforce la crédibilité des résultats des sondages, car cette grande industrie est l’un des chevilles ouvrières dont repose le processus démocratique en Occident.
Deuxième point : le statut du président Trump ; il est difficile de dire qu’il s’agit d’un phénomène passager dans la vie politique américaine. Environ la moitié des électeurs américains ont voté pour le président Trump. Autrement dit, ils soutiennent à la fois ses attitudes, ses positions et ses points de vue sur la politique intérieure et étrangère.
On peut donc parler d’une tendance croissante chez les électeurs américains qui, par la suite, chercheront un remplaçant au président Trump lors de toute élection future. Sa popularité a également contribué au score des républicains lors des élections sénatoriales. Voilà une question intéressante pour ceux qui estiment que le président Trump est un phénomène temporaire ou exceptionnel dans le paysage politique américain.
Toutes les analyses qui disent qu’il n’a pas su gérer les politiques intérieures et étrangères au point de subir une défaite écrasante ont été rejetées. Ce qui s’est passé, c’est qu’il est resté un concurrent solide et même un gagnant potentiel pendant cinq jours où tout le monde a retenu son souffle en attendant le verdict final de cette incroyable rencontre.
La leçon à en tirer est que le monde doit se préparer à une nouvelle Amérique dans les décennies à venir. Les positions de Trump sur les institutions et les accords internationaux pourraient se répéter.
L’approche isolationniste américaine n’a pas pu être prolongée par la perte de cette élection par le président Trump. Mais l’isolationnisme est ancrée dans la pensée politique américaine et a de nombreux partisans au sein de l’élite politique et parmi les Américains ordinaires. En effet, il y a maintenant ce que l’on peut décrire comme le courant trumpien au sein de la politique américaine, surtout au sein du parti républicain.
Le troisième point porte sur l’idée que le président élu Biden renoncerait à toutes les politiques du président Trump et reviendrait à une approche politique similaire à celle de l’ancien président Barack Obama, à qui il a servi de VP. L’idée est romanesque et renvoie à un vœu pieux et non à la réalité.
La raison est simple : chaque président a sa propre empreinte, même s’il est un ancien vice-président. Avant, Biden devait s’engager à respecter la ligne politique tracée par le président, et non par lui. Par ailleurs, de nombreux développements ont eu lieu et la question n’est pas aussi facile que certains l’imaginent.
Le nouveau président ne peut pas annuler toutes les décisions de l’ancien président d’un simple trait de plume. Il y a des intérêts stratégiques de la superpuissance et des institutions constitutionnelles qui contrôlent et influencent les politiques.
Ce serait compliqué pour un président d’aller au-delà des lignes rouges tracées par les institutions de sécurité nationale pour protéger les intérêts nationaux. On peut imaginer qu’il y a des stratégies définies par les institutions et des tactiques que chaque président adopte suivant son approche politique.
Par exemple, nous savons que Trump et Biden adoptent la même position sur la menace nucléaire iranienne. Cependant, leur tactique pour circonscrire cette menace diffère.
Trump a joué la politique des sanctions maximales et Biden a promis de retourner à l’accord nucléaire. Mais la certitude est que ce dernier ne reviendra qu’avec de nouvelles conditions et des négociations qui permettront de contenir ce danger.
Les tactiques divergent et la stratégie concorde. Cela n’empêche qu’un président puisse laisser des marques distinctives, comme le retrait du président Trump de certains accords et traités internationaux tels que l’accord de Paris.
Mais je suis sûr que de telles décisions sont prises en accord avec les institutions de sécurité nationale, dans le cadre de manœuvres politiques à long terme visant à obtenir des concessions ou à atteindre des objectifs stratégiques.
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