• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Les béninois (Ou apparent pamphlet superficiel d’un patriote (...)

Les béninois (Ou apparent pamphlet superficiel d’un patriote auto-raciste.) - Episode 1

Ecrire sur mes compatriotes présente deux risques : avoir trop à dire et du coup d’être pénible à lire et être taxé d’antipatriotisme si comme à l’accoutumée j’étais trop exhaustif sur mes pensée à ce sujet. Cette dernière remarque aurait pu donner le ton et l’orientation de cet article, toutefois les lecteurs béninois savent qu’il est difficile de nous décrire honnêtement sans médire un tantinet.

Les béninois ne forment en rien une unité sur laquelle on peut banalement généraliser. Toutefois ils vivent dans un système commun qui est tel, qu’il me sera permis par moment de ne pas faire dans le détail.

Subtilité

La première chose qui peut se dire d’un béninois est qu’on ne lit pas en lui comme dans un livre ouvert. Comprendre ce peuple demande la maitrise d’un mode d’emploi. Il existe des codes à traduire. Trop longtemps j’ai entendu des connaissances expatriées pensant avec aplomb avoir résolu le mystère en deux trois phrase approximatives et superficielles. Mais là est bien le problème : la mentalité du béninois se schématise en un enchevêtrement de couche et sous-couche recouverte par une interface qui exprime des mots, des mimiques et des attitudes que seul l’habitude et l’habileté d’esprit permettent de décoder. Le béninois est sombre selon certains. Ce qualificatif est selon moi réducteur et bien trop péjoratif pour exprimer la vérité dans son ensemble. Je lui préférerais le terme de subtil. Complexe. Sophistiqué.

Je prends pour exemple le mode d’expression orale du béninois. Il existe une très grande quantité d’expressions béninoises particulièrement trompeuses en raison de la différence entre leur sens littéral et leur réelle signification. Le béninois est tout sauf explicite. Un agent en charge du maintien de l’ordre ou de la sécurité routière vous dira qu’il « boirai bien de l’eau glacée » pour vous exprimer la possible disparition de l’infraction commise dans le cas ou vous consentiriez à effectuer une informelle transaction financière à son bénéfice. Voilà une phrase qu’il m’est également arrivé d’entendre lorsqu’aucune infraction n’était avéré, ou dans des cas tout autres tel qu’au guichet d’une administration, ou encore dans la bouche d’un jeune vanupied improvisé en agent chargé de la sécurité d’un quartier devant un barrage de fortune fait d’une corde tendue en travers de la chaussée.

Argent


Oui, la notion de « rétribution informelle » revient systématiquement dans les échanges avec autrui. Il existe un oppressant et omniprésent climat de « besoin à satisfaire », de patte à graisser. Et ce, à tous les niveaux de la société.

De la période coloniale et celle qui a suivie, nous avons hérité du système économico-administratif occidental, mais ce legs s’est tout simplement apposé sur un éternel système parallèle ou règne la systématique possibilité d’une voie informelle. Cela n’est en rien un trait exclusif du caractère béninois en comparaison aux autres africains. Ce qui frappe c’est que le béninois n’a aucune pudeur quant à la question.

Comme partout dans le monde, me dira-t-on, l’argent, même en petite quantité, ouvre toutes les portes. Ceux qui en ont ne demandent donc plus l’hospitalité avant d’entrer sans frapper. Au Bénin, l’Afrique des valeurs n’existe pas. En tout cas ces valeurs sont modulables sous le poids des liasses, parfois des piécettes.

Dans le monde des orateurs, médias et politique, ceux qui sans aucun égard pour leur honneur, sans orgueil et sans amour propre, tiennent des propos sur la simple bases de l’intérêt financier, forment la majorité. A l’instar du reste de la planète me répètera-t-on. Au Bénin, l’étique professionnelle est une chimère, les convictions politiques sont côtés en bourses. C’est partout de la sorte m’opposera-t-on à nouveau. Au Bénin c’est pire répondrais-je simplement.

En soit, le béninois ne fait pas que retourner sa veste. Le béninois est d’une loyauté en CDD défendant les intérêts de celui qui défend les siens. Du coup, à force d’amalgame et de simplification, il suffirait résumer ma pensée en cette certitude hâtive : « il suffit de payer ! » Et bien non, ce n’est pas si simple. J’emploie souvent une image qui me parle bien au sujet des distributeurs de boissons en occident. Il suffit de mettre une pièce et on est servi. L’occidental est conditionné par ce principe. Ce mécanisme symbolise très bien la vision de l’expatrié qui débarque au Bénin : il suppose que c’est parce qu’il a payé qu’il sera servi. Or au bénin, lorsque l’on a payé une fois, son menuisier, son domestique, son mécanicien, il s’agit parfois d’un acte unilatéral qui n’implique pas forcément le déclenchement d’un quelconque évènement en contrepartie. Par exemple, un artisan à qui l’on a payé, début décembre, une avance, est capable, après le délai convenu de livraison, de se pointer sans la commande et de réclamer le solde sous prétexte que les fêtes approchent ! Véridique !

Spiritualité

Sans transition, le vodou. S’il est craint par les autres africains pour sa « puissance » dans le domaine occulte, le béninois n’en est pas moins craintif quant à ces questions. La vie quotidienne du béninois est régie par ces croyances. Tous cultes conventionnels confondus, les béninois sont en majorité empreints d’une seconde croyance animiste. Celle-ci n’est pas forcément affichée ou revendiquée. On est implicitement adepte et nul besoin de faire des vagues sur le sujet. Peu expert en la matière, j’éviterai de développer. Mais ce qui est sûr, c’est que les décès pour motifs cardiaque, rupture d’anévrisme, et même de circulation routière, sont souvent associés à des raisons occultes. Et ce, aux plus hautes sphères sociales et intellectuelles.

Beaucoup disent que les croyances occultes sont un frein au développement. J’invite pour ma part à une lecture moins hâtive du contexte social béninois : Nous avons pris l’habitude de combiner schizophréniquement deux systèmes parallèles. Appelons cela le syndrome de la capoeira. Ce sport de combat inventé par les esclaves du Brésil consistait à feindre devant les maîtres blancs un rassemblement festif autour de danseurs. Soit disant faisant chemin vers le développement, nous singeons l’homme blanc depuis l’époque des colonies et demandons son aval pour la moindre initiative. A côté de ça, la vie occulte se poursuit dans l’ombre et dans la direction opposée. Peut-être aurait-il fallu que nous incorporions nos pratiques et croyances à notre quotidien civilisé. La journée du 10 janvier est consacrée à ces croyances au Bénin. Face à cela, le calendrier est riche en jours fériés correspondant aux traditions chrétiennes ou musulmanes. Et si notre parcours vers le développement se faisait plus en adéquation avec nos traditions ? Et si l’ont pouvait sans se cacher revendiquer la pratique des rites de nos ancêtres ? Les japonais ne sont-il pas aujourd’hui une nation à la pointe du développement sans pour autant avoir renié leurs traditions ? Certes ils n’ont pas été colonisés, mais cet argument tend à perdre de sa consistance.

Ceci constituera le premier jalon que je propose à chacun qui en a le temps, d’utiliser comme point de départ à une réflexion personnelle. A suivre donc…

Moyenne des avis sur cet article :  4.5/5   (8 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • saint_sebastien saint_sebastien 6 août 2010 16:58

    zetes quoi yoruba ?



    • antonio 7 août 2010 10:11

      Des aperçus intéressants sur la société béninoise que je ne connais pas.
      J’attends la suite...



      • François78 7 août 2010 12:31

        Oui, les japonais ont perdu une guerre, ils n’ont eu qu’une grande partie de leur jeunesse tuée au combat, n’ont eu que leur villes et leurs industries détruites, ils ont été occupés, et leur constitution a été promue par Mac Arthur.

        Ah ! relatvisme et réécriture de l’histoire ...


        • redacteurX 9 août 2010 10:39

          bien vu... Mais malgré les défaites et les occupations, en aucun cas le Japon n’a subit de remise en cause par la force de sa culture et ses tradition.



Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

redacteurX


Voir ses articles






Les thématiques de l'article


Palmarès