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Accueil du site > Tribune Libre > Les Communards de la Commune de Paris de 1871 ont été massacrés par le (...)

Les Communards de la Commune de Paris de 1871 ont été massacrés par le capital

Karl Marx disait : « la plus grande mesure sociale de la Commune de Paris fut son existence et son action ». Nous étions en 1871 et la colère ouvrière et populaire tonnait comme la foudre dans un ciel orageux. La bourgeoisie nationale se cachait, se lamentait, elle prit peur devant le soulèvement des exploités. Dès le départ, la classe ouvrière et populaire parisienne avait gagné devant ses exploiteurs et les grandes idées de la Commune s’étendait partout à travers la France. Les représentants du capital français et prussien organisèrent alors, de sang froid, le massacre de tous les Communards afin de conserver leurs privilèges. Les hommes, les femmes et les enfants furent massacrés au nom de la « démocratie ». En effet, les représentants du capital ne supportaient pas l’idée que des ouvriers en guenille puissent être élus, rendant ainsi non légitime les mandats expirés de Thiers et de ses sbires. La Commune avait démontré que l’émancipation de la classe ouvrière et populaire n’était pas une utopie, mais qu’elle était bien une possibilité, une nécessité qui trouverait toujours en face d’elle la barbarie et la violence que recèlent en eux-mêmes le capital et ses représentants.

 

1-Configuration sociale de la France de 1871

 

La France de 1871 est encore très agraire. La classe ouvrière et populaire représente à cette époque une force sociale très puissante. La paysannerie est l’un des éléments clefs de cette force sociale en mouvement. Léon Gambetta a proclamé la Troisième République le 4 septembre 1870, place de la Révolution à Paris (l’actuelle Place de la Concorde). Cette proclamation fut appuyée tout de même, par le peuple de France.

Mais si le peuple de France avait soutenu la proclamation de la troisième République, c’est parce que la « République Sociale » avait été une revendication ferme du prolétariat et de la paysannerie rassemblée, conscientisée et organisée : quelles allaient être les conséquences de cette proclamation sur la base de ces revendications ? Les contradictions entre le capital et le travail ne faisaient qu’émerger à l’horizon…

La France sortait des entrailles du Second Empire : Bonaparte avait échoué à Sedan. Du coup, la Prusse avait gagné et « le siège de Paris » fut une réussite pour les Prussiens qui envahirent alors une partie du pays. Le prolétariat parisien et la paysannerie poussaient à la réalisation d’une « République Sociale » ; leurs dirigeants furent enfermés dans les prisons bonapartistes (Blanqui fut incarcéré et la répression s’abattit sur Marx et Engels) tandis que les Prussiens marchaient sur Paris : les conditions objectives et subjectives s’aiguisaient…

De plus, le mode de production féodal avait laissé la place au mode de production capitaliste avec la grande Révolution Française de 1789 : le Tiers-État représentait alors la force révolutionnaire. Près d’un siècle après, en 1871, il y avait d’un côté les représentants du capital (Thiers, etc…) et de l’autre, les survivants de la monarchie qu’étaient « les monarchistes » ;. les « bonapartistes » étaient alors en voie de dépérissement depuis leur défaite à Sedan.

Les représentants du capital mirent en avant la vieille rengaine de « l’unité nationale » dans le cadre de la « défense nationale ». En réalité, il s’agissait d’un effet de dupe : susciter une illusion sociale afin d’orienter la classe ouvrière et la paysannerie dans une guerre qui n’était pas la leur et dans laquelle elles serviraient de « chair à canons ».

D’une manière générale, dans cette France de 1871, l’on pouvait assister à un développement fulgurant des idées révolutionnaires. Les représentants du capital avaient donc un objectif fondamental : éviter que les représentants du travail qu’étaient le prolétariat et la paysannerie prennent le pouvoir politique. Lors de cette séquence de l’histoire, la classe ouvrière et la paysannerie française avaient deux ennemis : 1- les envahisseurs prussiens 2- la bourgeoisie nationale.

De leur côté, les représentants du capital étaient confrontés à un dilemme fondamental à leurs yeux : comment défendre la classe ouvrière de Paris (car sans elle et sa force de travail il ne pouvait y avoir de plus-value), sans qu’elle soit armée et qu’elle puisse s’instruire par la guerre (expérience des masses) ? Bigre…réponse difficile…

Car pour Thiers et ses sbires un point était clair : la victoire du prolétariat français sur les capitalistes prussiens aurait été une victoire du prolétariat français contre les capitalistes français. Cette contradiction englobait deux aspects :

Le premier aspect était les partisans de l’idée d’une République sociale représentée par le prolétariat, les ouvriers, la paysannerie et une partie de la petite bourgeoisie parisienne. Le deuxième aspect était l’assemblée nationale qui avait été formée avec la participation des Prussiens. La spécificité du deuxième aspect résidait dans la composition de cette assemblée nationale. La majorité était alors monarchiste, mais les idées des républicains étaient minoritaires.

Une question se posait alors : qui des deux décrocherait la machine d’État ?

Mais il y avait cependant un consensus solide entre eux : il fallait en finir avec l’ennemi commun qu’était le prolétariat parisien. D’ailleurs, dans une lettre à Léon Gambetta, Jules Favre affirmait : « on ne se bat pas contre les soldats prussiens, mais contre les travailleurs de Paris ». L’unité nationale, dans le cadre de la défense nationale, avait été instaurée pour mieux contrer les idées révolutionnaires en progression.

Nous sommes en 1871 et l’AIT (Association Internationale des Travailleurs) dirigée par Marx et Engels est à l’avant-garde. L’analyse dialectique du mouvement de l’histoire est donc « en marche ». Cette illusion sociale qu’est l’unité nationale (conciliation de classe en réalité) avait été révélée par la non-réalisation de cette revendication portée par les ouvriers, les couches populaires et la paysannerie : vive la république sociale ! La lutte des classes s’était d’un coup transformée en « lutte des places » !

Adolphe Thiers était un grand représentant du capital français. Il avait été ministre dans la Monarchie de Juillet (1830/1848) sous Louis-Philippe. Lorsque la révolution de février de 1848 avait remplacé la Monarchie de Juillet, Thiers avait intégré « le parti de l’ordre ». Un parti très violent qui prônait l’écrasement de la classe ouvrière et populaire. D’ailleurs, lors de la révolution de 1848, Thiers et ses sbires organisèrent les massacres de plusieurs milliers de travailleurs qui manifestaient pour avoir du pain et des conditions d’existence meilleures.

Le complot s’organisa donc en 1871 entre Favre, Gambetta, Thiers, Trochu : comment repousser les idées révolutionnaires ? D’ailleurs, cette question avait été stipulée dans les clauses de la « capitulation » entre les dirigeants prussiens et français. La France était occupée ; toutes les communications étaient désorganisées et c’est dans ces conditions matérielles qu’il fallait élire une nouvelle Assemblée Nationale…

Thiers commençait alors son tour de France dans le cadre des « élections » pour l’Assemblée Nationale en espérant rassembler les orléanistes, légitimistes, monarchistes et bonapartistes. En effet, leurs mandats avaient expiré et ils risquaient d’être des mandants obsolètes si les Communards étaient élus plus tard.

En réalité, cette Assemblée Nationale devait être une forme de notariat qui aurait été convoqué pour consolider l’alliance de classe entre les représentants du capital français et les représentant du capital prussien. De plus, dans les clauses de la « capitulation », la Prusse exigeait l’entretien de ses soldats, une indemnité de 5 milliards avec des intérêts de 5% en cas de retard.

Qui aurait payé ? La classe capitaliste en France ou la classe ouvrière et populaire ? Ceux qui paieraient étaient évidemment les ouvriers, les couches populaires, la paysannerie qui vivaient déjà dans des conditions d’existence atroces. Et c’est alors qu’un choix s’imposa au prolétariat parisien :

1er choix : céder aux représentants du capital, faire une croix sur la République Sociale espérée par la révolution et battre retraite devant les Prussiens.

2ème choix : résister. La réponse ne faisait guère de doute…

Thiers et ses sbires décidèrent alors d’intervenir pour endiguer la révolution qui se profilait (leurs mandats étaient toujours obsolètes). Ils décidèrent d’envoyer des troupes (régiment de ligne) du coté de Montmartre pour récupérer les canons. En effet, Thiers paniquait à l’idée qu’il devrait répondre de ses crimes perpétrés en Juin 1848.

 

2-La guerre civile est déclenchée

Le prolétariat parisien dans les grandes villes de France étendait alors ses idées révolutionnaires qui prenaient forme à travers ses Communes, ses comités, ses élections avec leurs représentants élus, responsables, révocables : l’espoir d’une émancipation rendit furieux leurs exploiteurs.

Le 17 Mars 1871 Adolphe Thiers et ses sbires nommèrent deux généraux pour aller s’emparer des canons situés à Belleville, Ménilmontant et Montmartre : Clément-Thomas et Lecomte. Dans le même temps, Thiers fit arrêter Auguste Blanqui qui se cachait chez un ami du côté de Bretenoux dans le département du Lot.

Thiers et ses sbires firent signifier au prolétariat parisien que l’artillerie appartenait à la garde nationale et donc à l’État. Ces canons avaient été donnés au peuple pour qu’il puisse se défendre devant l’ennemi alors que la France était occupée. Les Parisiens refusaient. Mais Thiers et ses sbires voulaient en finir.

La dialectique est toutefois une arme qui échappe à la compréhension de beaucoup de représentants du capital et un élément n’avait pas été anticipé.

En effet, le 18 mars, l’armée du capital tenta de reprendre les canons, mais une majorité de l’armée fraternisa avec le prolétariat parisien.

Les forces de l’ordre ne sont-ils pas au service de l’intérêt général et non pas au service d’une classe particulière ? Voilà l’un des points centraux d’une révolution…

La population se met en mouvement et des barricades sont érigées. Les combats sont violents, car les bourgeois laissent libre cours à leur violence : le prolétariat se défend simplement. Dans le cadre d’une légitime défense les Généraux Lecomte et Clément-Thomas seront alors tués Rue des Rosiers. En effet, eux aussi, aux côtés de Thiers avaient participé aux massacres d’hommes, de femmes et d’enfants lors des révolutions de 1848 : œil pour œil…dent pour dent…main pour main…pied pour pied…non ?

En réalité, le prolétariat parisien n’était pas à l’origine de la mort de Lecomte et Clément-Thomas, mais leur propre régiment ! En effet, la 81ème infanterie de ligne sous les ordres de ces deux généraux, avait refusé un ordre provenant de celui-ci. Lecomte et Clément-Thomas avaient ordonné aux soldats de tirer sur les hommes, les femmes et les enfants désarmés : mais les soldats refusèrent et fraternisèrent avec les Communards.

Victor Hugo de s’écrier, je cite : « Thiers, en voulant reprendre les canons de Belleville, a été fin là ou il fallait être profond. Il a jeté l’étincelle sur la poudrière, c’est l’étourderie préméditée ».

Les représentants du capital voulurent alors greffer sur la guerre étrangère une guerre civile pour amorcer la dictature du capital (Thiers, Favre, Trochu, etc…). D’où l’utilité de la capitulation avec les Prussiens pour la conservation de leurs intérêts de classe contre la classe ouvrière et populaire de Paris.

Thiers et ses sbires décident d’organiser des manifestations violentes sous la bannière de leurs projets obscurs : décapitaliser Paris ! mort pour Blanqui, Marx, Engels, Flourens ! Suppression des journaux ! Pouyer-Quertier était alors Ministre des Finances et il avait organisé un accord avec l’autorisation de Thiers et ses sbires. En effet, plusieurs centaines de millions de francs devaient être versés par les Prussiens à Thiers, Favre, Picard, mais à une seule condition : ils devaient « pacifier » Paris.

Ces pots-de-vin et accords avec la Prusse s’apparentaient à un complot contre-révolutionnaire. Mais « la force du doute » s’était installée du côté des travailleurs, car lors de la révolution de 1870 les représentants du capital avaient affirmé aux prolétaires parisiens qu’ils laisseraient la place à une Commune librement élue : encore l’un des nombreux mensonges du capital.

Le 22 Mars 1871, Thiers et ses sbires fuyaient à Versailles. La bourgeoisie parisienne organisa des manifestations dites « pacifistes », mais qui, en réalité prônaient la violence : la classe ouvrière et populaire fut attaqué et lynchée par la Bourgeoisie nationale. Et lorsque la fin de chaque manifestation bourgeoise sonnait, on pouvait retrouver sur le sol des épées ou des revolvers que les bourgeois avaient utilisé lors de leurs manifestations « pacifistes ».

Le Comité Central de la Commune de Paris avait été trop passif devant cette violence « Versaillaise ». En effet, les « Versaillais » ne s’étaient pas encore organisés et les représentants du travail auraient pu prendre le contrôle de la France : les Communards ne poussèrent pas jusqu’à Versailles bien qu’ils eussent été en position de force.

Le 26 Mars 1871, des élections furent organisées afin d’élire les représentant de la Commune de Paris. Ces élections n’étaient pas biaisées, car des personnes issues de la bourgeoisie avaient présenté leur candidature à ces élections. D’ailleurs, les arrondissements de l’Est et du Nord (18ème, 19ème, 20ème, 10ème, 11ème, 12ème, 13ème) votèrent massivement pour les fédérés. Les candidats représentant « le parti de l’ordre », c’est-à-dire les représentants du capital, l’emportèrent d’environ 400.000 voix. Mais, dans le même temps, Blanqui, Marx, Engels et tous les guides de la révolution étaient absents. 

Lors de ces élections non biaisées et tandis que toutes les forces politiques étaient représentées, il arriva ce qui pouvait survenir de pire pour les forces du capital : habillés en guenilles, la famine leur dévorant le ventre, les Communards furent élus à la majorité ! Dans le conseil de la Commune, on comptait des blanquistes, des anarchistes, des marxistes. Les représentants du capital n’acceptèrent pas les résultats de ces élections et mirent en application leur savoir-faire habituel dans ce genre de situations : violence et barbarie.

Il faut souligner deux aspects dans ce conflit. Premièrement, le fait que les conditions d’existence matérielle (famines, maladies, fatigue) des Communards ne leur permettaient pas de concentrer leurs forces d’une manière cohérente. Dans le procès de production, la classe ouvrière et populaire mourait sous le joug du capital.

De plus, les conditions objectives et subjectives ne permettaient pas à l’AIT (dirigé par Marx et Engels) de développer une analyse conséquente de la marche à suivre pour les Communards : ils ne nationaliseraient pas la Banque de France par exemple. La spécificité du second aspect est le fait que les représentants du capital qu’étaient Thiers et ses sbires avaient concentré leurs forces via une entente avec les « ennemis envahisseurs » : la Prusse et Bismarck.

Des Communards faits prisonniers furent emmenés à Versailles, torturés et exécutés par la bourgeoisie parisienne. Les représentants du capital arborent des visages angéliques lorsque leur « paradis terrestre » est en place, mais se transforment en cannibales ayant faim de chair humaine lorsque leurs intérêts sont en danger.

Ce n’est que le 7 avril 1871 que la Commune De Paris fit passer un décret, dans lequel elle revendiquait de « protéger Paris contre les Versaillais ». La violence de la classe ouvrière et populaire parisienne était une violence purement défensive. D’ailleurs, les cannibales du capital allaient s’acharner contre des Communards sans défense du côté du Moulin-Saquet et de Clamart. En effet, les Communards furent massacrés à la baïonnette. Même « le Times », journal célèbre de Londres, avait pointé du doigt ces massacres inadmissibles : ces massacres avaient d’ailleurs été annoncés par Thiers avant même qu’ils ne se produisent.

 

3-Décret de la Commune de Paris et semaine sanglante

Dès leur accession au pouvoir la Commune de Paris avait validé plusieurs décrets.

  • Un décret consista en la suppression de l’armée et son remplacement par le peuple en armes.
  • Les élus de la Commune de Paris étaient élus, responsables et révocables à tout moment.
  • En qualité d’ouvrier ou reconnu comme tel par la classe ouvrière, la Commune devenait ainsi un corp parlementaire, législatif et exécutif à la fois.
  •  Mise en place de pensions pour les blessés et les veuves.
  • Réquisition des logements vacants.
  • Création d’orphelinats.
  • Les « Marmites de Varlin » fonctionnent à travers la distribution de repas, de cantines municipales et distribution de bon de pain : ce passage de la prière « Seigneur donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » fut alors réalisé.
  • La Commune adoptera le drapeau rouge.
  • La Commune confirmera par son existence la déclaration des droits de l’Homme de 1793 (article xxxv de la déclaration de 1793) qui faisait du droit à l’insurrection « le plus sacré des droits et le plus imprescriptible des devoirs ».
  • Réquisition des ateliers abandonnés.
  • Réduction de la journée de travail.
  • Élection des représentants des salariés.
  • Suppression du travail de nuit.
  • La Commune prônait l’émancipation des femmes et Louise Michel était à l’avant-garde de la lutte.
  • La liberté de la presse était affirmée.
  • La Commune s’étendait partout en France.

La « semaine sanglante » se déroula du 21 au 28 mai 1871. Les représentants du capital allaient massacrer les hommes, les femmes et les enfants à coup d’arme blanches et de mitrailleuse. La « semaine sanglante » fit plus de 20.000 morts du côté des Communards. Il y eut plus de 40.000 arrestations dont plus de 819 femmes et plus de 538 enfants. Ils furent déportés dans le camp de Satory dans lequel ils moururent dans des conditions atroces (calvaire, maladies, travaux forcés, etc…). Des « camps de la mort » existèrent en France en 1871 pour enfermer les représentants élus légitimes de la Commune de Paris.

Dans ses mémoires, la Communarde Louise Michel racontait : « On ne peut rien voir de plus horrible que les nuits de Satory. On pouvait entrevoir par une fenêtre à laquelle il était défendu de regarder, sous peine de mort des choses comme on n’en vit jamais. Sous la pluie intense, ou de temps à autre à la lueur d’une lanterne qu’on élevait, les corps couchés dans la boue, apparaissaient sous forme de sillons ou de flots immobiles s’il se produisait un mouvement dans l’épouvantable étendue sur laquelle ruisselait l’eau. On entendait le petit bruit sec des fusils, on voyait des lueurs et les balles s’égrenaient dans le tas, tuaient au hasard. D’autrefois, on appelait des noms, des hommes se levaient et suivaient une lanterne qu’on portait en avant, les prisonniers portant sur l’épaule la pelle et la pioche pour faire leurs fosses, qu’ils creusaient eux-mêmes, puis suivaient des soldats, le peloton d’exécution. Le cortège funèbre passait, on entendait des détonations, c’était fini pour cette nuit-là ».

Et Lissagaray lui aussi donna une description du camp de la mort de Satory : « Le camp de Satory devient, comme la route de Versailles, le but de promenade de la bonne compagnie. Les officiers en faisaient les honneurs aux dames, aux députés, aux fonctionnaires, leur montraient les sujets, au besoin les prêtaient à M. Dumas fils, pour qu’il put commencer in anima vili ses études sur la question sociale. En général, les prisonniers, avant d’être envoyés à Satory, séjournaient quelque temps dans l’orangerie de Versailles, entassés dans ces immenses serres, pêle-mêles, sans paille dans les premiers jours. Quand ils en eurent, elle fut bien vite réduite en fumier, on ne la renouvela plus. Pas d’eau pour se laver, nul linge, nul moyen de changer, ses guenilles. Deux fois par jours, dans une auge, un liquide jaunâtre : c’était la pâtée. Pas de médecin. Il y avait des blessés, la gangrène les rongea ; des ophtalmies se déclarèrent et les cas de folie furent nombreux. Derrière les grilles s’entassaient les femmes ; les filles des prisonniers, hébétées, affolées, s’efforçant de distinguer un être cher dans ce troupeau vaguement entrevu dans l’ombre, derrière les caisses d’orangers rangées en palissade. Ces malheureuses s’arrachaient les cheveux de désespoir, grondaient sourdement contre les soldats qui, le chassepot chargé regardaient menaçants. De temps en temps, une sorte de magistrat instructeur arrivait, faisait appeler les détenus, qui étaient conduits devant lui par escouades de dix, les menottes aux mains, et accompagnés tantôt par des Sergents de Ville, tantôt par un peloton de soldats. Instruction dérisoire ! Comment d’ailleurs, par quel témoignage arriver à constituer le dossier de quarante mille prisonniers ? On n’y songeait même pas. Bientôt le camp, quoiqu’immense, fut encombré et l’on dut évacuer les victimes. Dès le 26, on les dirigea sur les ports de mer. On les enfermait dans des wagons à bétail solidement cadenassés, sans autres ouvertures que quelques trous à l’air. Ils y restaient souvent trente-deux heures. Entre les différents wagons on en intercalait un, composé de sergents de ville, munis de chassepots et de revolvers ». 

Nous devons respecter la Commune de Paris et apprendre d’eux.

Vive la Commune de Paris ! Vive le Socialisme ! A bas le capital !

 


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16 réactions à cet article    


  • Hecetuye howahkan 24 mai 2018 09:40
    Salut, merci, sujet que je ne connais pas beaucoup, ..mais il est un des éléments sur la route du pouvoir qui se voudrait absolu qui se profile aujourd’hui, cette recherche d’un absolu à ce niveau est ce qui va le faire tomber, comment ? je n’en sais rien ..

    tout cela, la question du totalitarisme « moderne » tel que nous le vivons encore aujourd’hui et ce de + en +, commença un peu avant vers 1770 pour l’époque récente, avec Adam Weishaupt ami de amschel mayer Rotschild , fondateur des dits « illuminés de Bavière » considérés comme si dangereux qu’il furent interdit , mais survécurent bien sur

    Adam Weishaupt, nom de code dans l’organisation : Spartacus.


    Fasciné par la figure du démon, avide de rejoindre une conspiration luciférienne qui flatte son complexe de supériorité intellectuelle, il vit dans une instabilité spirituelle dur à l’ardente soif de recherche héritée de ses ancêtres enseignants de yetsivahs, dont il abandonne la foi en se convertissant provisoirement au catholicisme.

     

    Au sein de cette vénérable université contrôlée par les Jésuites de Bavière, dans ce royaume attaché à un catholicisme baroque et traditionnel, il se pose en trublion subversif et chicaneur, en dépit de ses soigneuses précautions et de ses dissimulations.

     

    S’il applique avec cynisme la restriction mentale et cette discipline digne des services de renseignement, telles que les préconise la Compagnie de Jésus, c’est pour en faire l’instrument d’une volonté extrémiste, imitée des philosophes français les plus matérialistes et athées.





    tout le monde peut rechercher sur le sujet...

    on peut aussi retrouver l’histoire réelle du Bolchevisme-trotskysme donc pas celle e wiki bien sur ..méthodes appliquées ici même sur avox...

    Pour moi Marx est , entre autres très nombreux personnages et ceci très clairement un des éléments intellectuel clés du sionisme qui allait être nommé ainsi plus tard..

    Là on est en phase ou cela « sent l’écurie » ...nous le sentons bien, quelque chose doit arriver...ceci est inconnu...au passage on peut remarquer que la pensée ne sait pas vivre avec l’inconnu, nos autres capacités le peuvent.

    Je vois deux choix, soit la même route avec son cortège prévisible de saloperies , la route ou il n’y a aucun ensemble mais juste une somme d’éléments individuels...comme si il y avait d’abord des atomes épars dont l’ addition aurait créé l’univers..c’est la route de l’esclave et du maître, du vol, de la guerre, de la torture , de la destruction, de la vulgarité, de la haine, du désespoir et surtout de la souffrance et du parfait non sens etc

    et il y a la route qui n’est pas cela..dont pour le moment encore nous la masse n’en voulons pas

    le pire va donc continuer....pour le moment..

    ce qui va arriver pour moi est parfaitement inconnu ...

    si aujourd’hui fut totalement prévisible ’ailleurs je l’ai vu en 1967 alors âgé de 12 ans et tout s’est mis en place...

    le futur est inconnu donc ouvert..il sera ce que nous serons..


    • Hecetuye howahkan 24 mai 2018 09:45

      @Hecetuye howahkan


      avant que un vomis bolchevo trotskiste ne vienne essayer de salir mon post ,je dois être faussement humble et exulter le fait que je le trouve très concis et passionnant et allant assez à l’essentiel superficiel, à condition de chercher beaucoup plus loin par soi même..

      et de cela je m’en félicité bien sur...

    • Blé 24 mai 2018 13:19
      Les Communards de la Commune de Paris de 1871 ont été massacrés par le capital

      Oui et la classe prolétarienne ne s’en est jamais relevée depuis. Comment des ouvriers, des paysans, des crèvent la faim ont-ils pu voter et peuvent encore voter pour un parti de droite ou d’extrême droite ??

      Cela reste un mystère jusqu’au moment où l’on comprend le rôle de la propagande, de la peur et du maintien des femmes dans un statut de mineure à vie jusqu’en 1974.

      Avec l’américanisation des esprits les français ont du mal à se représenter un autre monde que celui du Capital roi avec une monnaie commerciale qui ne serait pas le $.

      Deux siècles que la classe possédante en occident arrive à garder le pouvoir sans faille.

      La manière dont Macron a été élu devrait être un peu plus commenté (ce qui ne remet pas en cause son élection) et surtout en tiré des leçons pour l’avenir.


      • finael finael 24 mai 2018 15:47

        Analyse simpliste et en grande partie fausse.


        Mettre « dans le même sac » Gambetta Favre Trochu et Thiers n’a aucun sens. C’est méconnaitre leurs différences profondes. A ce moment Thiers était monarchiste (il n’est devenu républicain qu’ensuite et par opportunisme), Gambetta et Favre républicains et Trochu ... un imbécile (Trochu : participe passé du verbe trop choir comme l’a écrit Victor Hugo).

        La France profonde et paysanne n’était en rien révolutionnaire et si quelques communes ont existé de façon éphémère dans quelques grandes villes (Lyon et surtout Marseille), elles ont disparu aussi vite qu’elles étaient apparu. 

        Qui plus est le capital a beaucoup souffert de la répression versaillaise : les usines étaient à l’époque dans Paris intra-muros (ce qui explique que si la population parisienne a souffert de la faim durant le siège elle n’a jamais manqué d’armes ni de munitions). Alors que les communards n’ont représenté qu’au plus 1500 fusils le massacre de la répression à fait 20 000 à 30 000 morts et autant d’emprisonnés ou déportés. Il a fallu des années pour que Paris retrouve suffisamment d’ouvriers pour que ces usines retrouvent leur capacité de production.

        Au sein de la Commune, les membres de l’AIT étaient très peu nombreux, par contre il y avait quelques bourgeois (petits bourgeois) à côté des ouvriers, artisans, petits commerçants, et même petits patrons, pas de « lutte des classes » donc.

        Dans le contexte de l’époque, après l’échec militaire de la République (opérations mal coordonnées, mal dirigées par des incompétents à de rares exceptions près), le pays aspirait à la paix et la paix ne pouvait être signée que par une assemblée élue régulièrement (c’était une exigence de Bismarck).

        Mais Paris n’avait pas été pris ! Et c’est la volonté de désarmer Paris qui a déclenché la Commune fin Février 1871, alimentée par la peur de perdre les quelques mesures ayant permis à la population de survivre (suspension des loyers, ...).

        La Commune a duré trois mois mais les vraies violences n’ont eu lieu que fin mai lors de la Semaine Sanglante, elle ne s’est radicalisée que très progressivement et même s’il y a eu de grands discours et une grande violence verbale ce n’est que lors de la fameuse semaine que la violence physique s’est déchaînée (et encore, comme dit plus haut, au maximum 1500 insurgés armés). 

        La répression de la Semaine Sanglante a été le fait de certains généraux versaillais : de Galiffet, Vinoy, Lissagaray...ainsi que d’une troupe choisie parmi les paysans de province (les premières escarmouches ayant montré que « la ligne » de base avait tendance à « mettre la crosse en l’air » et même si Thiers a fermé les yeux sur ces horreurs (avait-il le choix ?) ce n’était pas de son fait ni de celui du gouvernement provisoire.

        L’un de mes arrières grand pères s’est engagé dans la Gerde Nationale durant le siège et a combattu dans le bataillon dirigé par Eugène Varlin, l’un des dirigeants de la Commune. Il a sans doute été communard au début mais a probablement quitté la ville avant la fin. Par la suite il a dû s’exiler en Algérie.

        - Karl Marx : La Guerre Civile en France 1871
        - Pierre Milza : l’Année Terrible tome 2 « La Commune »
        - Robert Tombs : La guerre contre Paris 1871.
        - Sophie Guichard : Paris 1871, la Commune


        • Dictature du peuple Dictature du peuple 27 mai 2018 08:50

          @finael
          La répression versaillaise est une répression bourgeoise, que tu le veuilles ou non. Les bourgeois étaient à l’époque monarchistes, ils ne voulaient pas du suffrage universel. La preuve ici

          85% des communards étaient des ouvriers, les reste des petits-bourgeois : commerçants, touts petits patrons. RIen à voir avec les industriels qui avaient fui la ville. La lutte de classes était donc féroce. C’était même une guerre de classes. Donc ta propagande, retourne la faire ailleurs. 


        • eddofr eddofr 24 mai 2018 16:26

          40000 victimes de plus à mettre au crédit du communisme !


          Logique : 
          Si un communard est exécuté pas les bourgeois c’est de la faute du communisme.
          Et si un bourgeois est exécuté par les communistes, c’est aussi de la faute du communisme.

          Il paraîtrait même que le communisme ne serait pas étranger à la disparition des dinosaures ...

           smiley

          • eddofr eddofr 24 mai 2018 16:28

            @eddofr

            A moins que ce ne soit le complot Judéomaçonique ...

            De toute façon c’est la même chose, on sait bien que les fondateurs du communisme étaient juifs.

          • Dictature du peuple Dictature du peuple 24 mai 2018 20:56

            Excellent article ! Vive la Commune !


            • titi titi 24 mai 2018 21:19
              « usion sociale afin d’orienter la classe ouvrière et la paysannerie dans une guerre qui n’était pas la leur et dans laquelle elles serviraient de « chair à canons ». »

              Napoléon III n’a pas voulu cette guerre, qui a été en grande partie déclenchée à cause des protestations de la rue, et donc du peuple parisien, suite à la dépêche d’Ems.

              De plus l’armée de Napoléon III était une armée de métier : pas de chair à canon.

              C’est a république qui a levé les « armées de la Loire » (j’inclus l’armée Bourbaki qui en était une émanation).

              • titi titi 24 mai 2018 21:22
                @L’auteur

                « Les « Marmites de Varlin » fonctionnent à travers la distribution de repas, de cantines municipales et distribution de bon de pain »

                Cette affirmation c’est vraiment risible quand on sait que le siège de Paris s’est accompagné d’une famine... « distribution de bon pain »... dans vos rêves... 

                • Jean Keim Jean Keim 24 mai 2018 23:02
                  Globalement merci pour ce bon article.

                  Chacun dit et écrit ce qu’il sait, ce que nous savons vient de nos lectures, de notre instruction etc., un parcours de vie est un savoir particulier qui s’accorde ou s’oppose à un autre itinéraire, nous sommes ainsi toujours dans la réaction, càd dans ce que notre pensée nous dicte et personne ou si peu ne prend conscience du poids des idées, c’est ce même processus qui est à l’origine de la commune, des révolutions, des guerres, des révoltes, ce qui meut chaque camp est peut-être des idées différentes qui s’affrontent mais c’est le même mouvement et c’est dérisoire... et c’est sans fin et sans issue.
                  Mourir sûrement... un jour c’est certain mais pas pour des idées, c’est trop stupide.

                  • Le Terrien Le Terrien 24 mai 2018 23:12

                    La Commune de Paris est un sujet d’histoire intéressant...


                    • eddofr eddofr 25 mai 2018 17:11

                      Tiens, ci-après un joli lien de pure propagande anticommuniste, concernant la commune de Paris.


                      On ne peut pas faire plus partial et moins étayé ...


                      Un truc pareil, ça me donnerait presque envie de devenir communiste ...

                      Mais bon, j’ai l’esprit de contradiction ... et les « bons esprits » me foutent en rogne ...

                      • SPQR audacieux complotiste chasseur de complot SPQR Sono Pazzi Questi Romani 26 mai 2018 09:14
                        Gambetta éminent Franc-maçon ........ !
                        Donc rien de surprenant qu’il participe au massacre des français ....

                        THIERS.... ! Cet incroyable « Adolphe » , qui souhaitait que l’armée emploi la baïonnette pour charger les révolutionnaires, cela fait moins de bruit........ ( Est-il la preuve d’une possible résurrection, des êtres humains ?)....

                         smiley 




                        • Moonlander Moonlander 26 mai 2018 11:27

                          Plus la fosse commune se remplit moins le peuple est en souffrance ou l’inverse ?


                          • UberAlice UberAlice 27 mai 2018 11:47
                            Heil,

                            La révolution ? Vous êtes sur ? 

                            Ok. Mais Donnez moi un instrument de musique, pas un fusil !

                            Mourir a la filoche, enrôle de force par la révolution, par la contre révolution, par les monarchiste !
                            Mourir a la guillotine, a la lanterne, par-ce-que tu étais au mauvais endroit, ou mal vêtu a l’occasion.
                            Ou survivre sous le gouvernement du plus fort a la sortie du chaos, dans un monde ruiné.

                            Toutes proportions gardé, je préférerai que vous prêtiez allégeance a un chef de parti d’opposition et commenciez une gréve générale (une vrai) Ou que vous procédiez tout simplement a des élection non truqués... Ou que vous refusiez de payez vos impôts et placiez tout en séquestre...

                            La révolution dans la mairie, dans le comissariat, au tribunal, dans l’entreprise !

                            Convoitez la victoire, pas la filoche !

                            ++

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Jimmy Dalleedoo

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