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Les Communicants ou comment niquer !

Les communicants ou la publicité mensongère en politique !

LES COMMUNICANTS OU COMMENT NIQUER !

Jacques-Robert SIMON

 

 La « Société du spectacle » avait été décrite dès 1967 par Guy Debord bien qu’elle n’occupait pas encore toute la scène politique à l’époque. Une description saisissante de celle-ci est donnée par la citation mise en exergue de la préface du premier chapitre de son livre :

 « Et sans doute notre temps... préfère l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la réalité, l'apparence à l'être... Ce qui est sacré pour lui, ce n'est que l'illusion, mais ce qui est profane, c'est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l'illusion croît, si bien que le comble de l'illusion est aussi pour lui le comble du sacré. » 
( L'Essence du christianisme, L. Feuerbach).

 

 Les Hommes politiques s’entourent de nos jours d’une nuée de communicants en charge de parer de toutes les vertus les actions et les dires de leurs commanditaires. Il ne s’agit plus d’expliquer une situation à des citoyens, il s’agit de convaincre « des électeurs » : le peuple est mené de main de maître par beaucoup plus compétent que lui ; il ne lui reste alors plus qu’à s’ébaubir d’admiration devant des maîtres. Il n’y a plus de conviction à forger, de pensée à construire, de schéma de pensée à expliquer, il faut formater l’opinion pour conduire les « masses » vers son bonheur même si pour cela il faut mettre en avant de mauvaises raisons. Une « démocratie d’opinion » s’installe dans laquelle pulsions et faux-semblants tiennent lieu de raison.

 L’exemple de la circulation alternée est un exemple anodin mais très significatif de la façon d’opérer de notre classe dirigeante. Cet épisode montre clairement comment celle-ci « dresse » la population pour complaire à des objectifs politiques prétendument à long terme.

  Il est parfaitement inévitable que toute société du futur devra être sobre et faire appel à d’autres sources d’énergie que celles associées au pétrole ou aux autres ressources fossiles. Il serait possible d’expliquer clairement les enjeux tant politiques que sociétaux. Pourtant, pour promouvoir une transition énergétique, « on » ne s ‘y prend pas en faisant appel au bon sens. Des pics de pollution mettant en jeu des particules plus ou moins fines sont mis en avant : ils menacent la santé des citoyens. Statistiquement, c’est probablement exact mais toute déviance à une quelconque normalité fera de même : il est dangereux de monter sur un escabeau, par exemple. Alors, on impose une mesure qui n’a de sens que comme exercice de sécurité civile mais qui n’en a aucun pour lutter efficacement contre une quelconque pollution … mais un microcosme est ravi que l’on se range à ses arguments , ce qui le servira pour de futurs élections. Les communicants mettent en scène un spectacle afin que le « commun » se conforme aux attentes de dirigeants qui se dispensent ainsi d’expliquer le comment et le pourquoi des problèmes. C’est par l’obéissance et la peur que les mouvements collectifs sont créés et non pas par la Raison. Le « troupeau » pourra-t-il ainsi être mené à bon port ? Transformer une Démocratie, qui implique une compréhension éclairée de tous, en une démocratie d’opinion où le spectacle est omniprésent, permet-il des lendemains qui chantent ? Il est permis de s’interroger !

 L’exemple précédent ne concernait « que » le bien être d’une société et son futur mais des aspects dramatiques sont traités de la même manière en habillant une réalité complexe d’oripeaux de communication : guerres en Libye, en Syrie, en Afghanistan, au Mali, en Centrafrique … A chaque fois les mêmes mots : terroristes et barbares affrontent des démocrates civilisés : le problème se cantonne-t-il à cette présentation ? Peut-on s’interroger sur la nécessité de montrer sur des écrans géants et durant plusieurs heures des femmes, des hommes et des enfants en proie aux plus atroces souffrances ! De plus les victimes appartiennent toujours au même camp. Est-ce à dire que leurs adversaires peuvent être parés de toutes les vices ?

 Personne ne doute des atrocités commises mais peut-être devrait-on se demander comment faire pour éviter ces drames. Ces horreurs en cachent-elles d’autres qu’ « on » ne met pas en scène avec autant d’ostentation ? Il est à craindre que même la plus absolue des barbaries soit prise comme un spectacle dont « on » est si friand dans les fictions de tout type ! Ne s’agit-il pas que d’émouvoir pour imposer une idée préconçue ? Cette façon de faire serait-elle plus efficace que la compréhension pour parvenir à des solutions relevant du sensé, du raisonnable ?

 Une question ne tarde pas à tarauder les esprits : si les dirigeants déguisent sciemment la vérité pour arriver à leurs fins, n’utiliseront-ils pas les mêmes artifices pour atteindre des buts moins nobles que ceux qu’ils s’auto-attribuent ? Le but avoué est lié à leur vision du bien commun, mais si celui de gagner coûte que coûte les prochaines élections prenait sa place ?

 

 Une « opinion » est une manière de penser, une attitude qui tient pour vrai une assertion, généralement en admettant une possibilité d’erreur. La recherche inlassable de la Vérité (si tant est qu’elle existe), est d’expérience coûteuse en temps, en réflexion, en énergie elle n’a donc rien à voir avec le processus de formation d’une opinion. Une société démocratique ne peut pas s’accommoder de tromperies même institutionnalisées ! Les anciennes religions utilisaient bien cette sorte d’artifices, la résurrection, l’espoir d’une vie éternelle incitaient les fidèles à se conformer aux préceptes des mages. Doit-on encore suivre ce chemin ?

  Tous et chacun utilisent le mot« Démocratie » sans plus se préoccuper de ce qu’il recouvre.

 Démocratie : (de dêmos  : peuple), doctrine politique d’après laquelle la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens. Si l’on n’inclut pas dans cette notion l’impérieuse nécessité de développer l’entendement éclairé, un peuple peut parfaitement se ranger à une opinion mais pour des résultats terrifiants : le National-Socialisme fut issu d’élections. Certains préceptes peuvent envahir tous les esprits même au détriment de la plus élémentaire des morales, même en sacrifiant ses propres intérêts de classe. L’utilisation revendiquée des « communicants » n’est que la mise en œuvre pratique du formatage selon ses désirs du peuple non plus pétri de convictions mais anesthésié par les spectacles offerts. L’Histoire enseigne qu’une manipulation des images peut conduire n’importe quelle société aux plus atroces actes de barbarie.

 

 Mesdames, Messieurs les politiques, vous vous croyez habiles en détruisant, en annihilant nos capacités d’analyse et de critique ! Mais « les habiles finissent toujours par avoir tort » !

 


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8 réactions à cet article    


  • colere48 colere48 21 mars 2014 10:01

    Que peut-on esperer d’un système « légalement » corrompu ??
    La totalité de la presse, des news magazines, sont « aidés » subventionnés par l’état, donc les dirigeants au pouvoir....
    Une telle situation a été ciniquement créée pour « sauver » et maintenir la démocratie !!!!
    L’argent corromp tout et pourri tout, il ne faut pas s’étonner de tout les dérives qui en découlent !


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 21 mars 2014 11:15

      Je vois que vous aimez Coluche. C’était l’un des Hommes politiques les plus estimables ... vous connaissez la suite ! Merci de votre commentaire.


    • imprécateur 21 mars 2014 13:21

      Coluche, lui qui disait ;

      -« les études pour faire » homme politique« , c’est simple : 5 ans de Droit et tout le reste de travers !!! »


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 22 mars 2014 02:17

      L’argent n’est utile que comme moyen d’investissement pas comme moyen de domination.


    • Diogène diogène 21 mars 2014 15:04

      La communication politique utilise les mêmes outils que le marketing et la publicité.


      Les bases sont simples : on ne vend pas un produit pour son efficacité ou son utilité, mais en jouant sur l’envie des consommateurs de se l’approprier ou même en créant cette envie par toutes sortes de manipulations psychologiques (désir érotique, identification, sentiment de puissance, frustration, etc...)

      Un siège d’élu est devenu un produit commercial et le candidat, pour être élu, dit ce que les électeurs potentiels ont envie d’entendre et non pas ce qu’il pense ou ce qui serait bon pour les électeurs eux-mêmes, par exemple : « Mon ennemi, c’est la finance ».

      Le travail des communicants, c’est d’analyser les données sociologiques disponibles pour savoir ce que les électeurs ont envie d’entendre.

      On est au-delà de la corruption !
      Le jeu politique consiste aujourd’hui à occuper la scène en tenant un discours stupéfiant (au sens narcotique et hallucinogène) pendant que les ma^tres de l’économie gèrent discrètement leurs affaires.

      Cette fonction vaut bien un fromage, sans doute ?

      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 22 mars 2014 02:19

        Votre analyse est correcte.


      • macha macha 21 mars 2014 17:57

        Les puissances et les « puissants » pensent qu’il suffit de « vouloir pour pouvoir » comme disent les américains, mais non l’humain ne peut pas tout prévoir, tout contrôler. Et nous avons pu constater ces derniers temps que ceux qui manipulent et provoquent sont pris dans leur propre piège ...

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