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Les élus inutiles (suite)

La France est un pays décentralisé, nous dit-on : c’est vrai, mais en partie seulement. A côté des compétences pour lesquelles les élus locaux exercent leurs pouvoirs pleinement, il y en a d’autres qui ne sont que des délégations de l’Etat pour lesquelles les élus ne décident de rien ou pas grand-chose. C’est le cas pour le social, compétence attribuée aux Conseils Départementaux où l’Etat décide des règles à appliquer ou bien encore du montant des allocations à attribuer. Les Conseils départementaux, assemblées d’élus, sont au mieux des opérateurs de l’Etat (comme la C.A.F.), et au pire de simples sous-traitants, avec cependant une nuance de taille, des coûts de fonctionnement plus élevés (indemnités, communication, véhicules de fonction, personnel de cabinet politique, …) que si l’Etat intervenait lui-même avec ses propres services.

Là où cela se corse, c’est lorsque le contrôle de ces compétences auprès des bénéficiaires ou des prestataires relève pour partie de l’Etat et pour une autre des Conseils départementaux. On peut être à peu près certains de l’existence de dérives, les contrôles étant lacunaires voire même non effectués.

Nous avons tous en mémoire le scandale ORPEA révélé par le livre « les fossoyeurs » de Victor Castanet. On peut ajouter un autre livre écrit par Claude Ardid « la fabrique du malheur » qui dénonce le scandale de l’Aide Sociale à l’Enfance, problème qui a fait récemment l’objet d’un rapport parlementaire édifiant mettant en cause les Conseils Départementaux et l’Etat qui cogèrent cette compétence comme celle des résidences pour personnes âgées.

Ça commence à faire beaucoup !

Là où mon propos (1) se contentait de faire état de dérives financières liées à l’enchevêtrement de compétences entre Etat et collectivités territoriales, on se trouve désormais à cause de transferts qui n’en sont pas, à mettre le doigt sur d’autres dérives qui touchent directement des populations en difficultés.

Comme l’écrit Claude ARDID dans son ouvrage, « Un pays qui ne protège pas ses enfants et ses plus anciens est un pays condamné » : tout est dit !

Et on voudrait s’abstenir de réformer le système !

« On » ce sont les élus, leurs associations, et les partis politiques influents (et le Sénat) qui voient dans les collectivités territoriales un moyen de s’autopromouvoir et de faire carrière. Pas de généralisation dans mon discours et surtout pas d’anathème envers les élus locaux, communaux essentiellement, qui sont en première ligne et prennent tout dans la figure au quotidien mais qui sont influencés par un discours ambiant qui consiste à dire que c’est l’Etat qui passe le rabot financier qui est le responsable : facile, lorsqu’on défend envers et contre tout le système coûteux d’empilement des collectivités territoriales susceptible de proposer des postes et des mandats pour ceux qui veulent surtout faire carrière dans la politique et qui jouent de leur influence au risque de raconter n’importe quoi, de tordre les chiffres et surtout de tromper et d’instrumentaliser les citoyens.

Rattrapés par la patrouille !

Oui, mais voilà, le « il faut que tout change pour que rien ne change » trouve actuellement ses limites dans le déficit chronique du budget et l’accumulation de la dette. De plus, les collectivités territoriales taxées à hauteur de 2 Md€ cette année, pourraient l’être à 8 en 2026 et le discours du « c’est pas moi c’est l’autre ! » n’est plus tenable.

On sait où se trouvent les économies à faire dans les collectivités territoriales ainsi qu’à l’Etat, alors n’écoutons plus ces bateleurs d’estrades qui font leur numéro de claquettes (devant des journalistes qui ne bossent pas du tout le sujet), et qui ne pensent qu’à leur propre avenir en nous proposant une réduction de notre système social et de retraite (pas de la leur) pour solde de tout compte.

 

PS : à l’heure où je termine cet article, je vois sur le site de France info une information concernant le budget 2026 dans laquelle la piste de la réforme du mille feuille territorial serait à l’examen

https://www.francetvinfo.fr/economie/budget/budget-2026-mille-feuille-territorial-abattement-fiscal-pour-les-retraites-ces-economies-qu-envisage-francois-bayrou_7192407.html

Pour ceux qui sont intéressés par le sujet, je rappelle mon livre « Décentralisation, il faut que tout change pour que rien ne change » publié aux éditions l’Harmattan, disponible chez l’éditeur, ou chez votre libraire.


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5 réactions à cet article    


  • Étirév 17 avril 07:38

    Le problème n’est pas de savoir s’il existe des élus inutiles, mais de comprendre que le régime « démocratique » au « suffrage universel » est une erreur (voir un leurre) issue de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et de son article 6 en particulier, que l’on doit à J.-J. Rousseau qui, méconnaissant la nature des choses a dit : « La loi est l’expression de la volonté générale ». Ce qu’on a entendu par « la volonté de tous les êtres du sexe mâle ». C’est l’origine de la démocratie masculine. Or, le nombre ne donne jamais le « Droit » parce qu’il ne donne jamais la juste compréhension des choses. Le nombre est, au contraire, la négation du Droit ; c’est une représentation de la Force.
    Enfin, rappelons avec René Guénon que : « L’argument le plus décisif contre la « démocratie » se résume en quelques mots : le supérieur ne peut émaner de l’inférieur, parce que le « plus » ne peut pas sortir du « moins » ; cela est d’une rigueur mathématique absolue, contre laquelle rien ne saurait prévaloir.  » (La Crise du Monde Moderne, Chapitre VI, Le Chaos social)
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    • Seth 17 avril 16:15

      @Étirév

      La citation tarabiscotée de Guénon est bien la démonstration du goût de certains pour les écrits définitifs des pseudo-philo abscons qui donnent des maux de tête. smiley


    • Michel DROUET Michel DROUET 17 avril 19:03

      @Étirév
      La loi n’est plus aujourd’hui l’expression des seuls être mâles, forts heureusement, maintenant dites nous quel serait le meilleur régime « démocratique »


    • Jean Keim Jean Keim 17 avril 08:21

      Le hic est que les gens sains d’esprit ne sont pas intéressés par le pouvoir quelle que soit la forme qu’il prend.

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