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Accueil du site > Tribune Libre > Les huit compétences indispensables

Les huit compétences indispensables

La société industrielle décline inexorablement depuis la fin des années 70.
Elle avait l’énorme avantage d’intégrer et d’homogénéiser les habitants des pays développés en leur faisant intégrer (ou miroiter) une accession à la classe moyenne et à son standard de vie.

 Dans cette société née avec la révolution industrielle au XIX ème siècle tout le monde (ou presque) pouvait tracer sa place sociale. La société industrielle (ou fordienne) intégrait les travailleurs étrangers, les travailleurs peu qualifiés, elle permettait à l’ingénieur tout comme au manœuvre de développer leurs savoirs- faire et leur activité (avec un espoir pour les personnes non qualifiées de gravir grâce à la formation quelques échelons de l’échelle professionnelle).

Les grandes machineries sociales, politiques, syndicales et économiques sont désormais inopérantes et contrairement à l’expression habituellement consacrée, ce n’est pas seulement l’ascenseur (ou l’escalier) social qui est en panne mais toutes nos construction et édifices sociaux hérités des XIX et XX ième siècles qui menacent de s’effondrer un à un.

 Comment ce descenseur social s’est-il installé dans notre pays ?
Les réponses sont multiples :

  1. La France perd progressivement son statut de nation industrielle : il est de plus en plus difficile de produire dans une usine en France : les salaires et charges y sont très élevés, le droit du travail rigidifie les rapports sociaux et retire toute flexibilité au travail (lors de la dernière crise de 2008 c’est l’Etat qui a dû assurer la flexibilité du travail en rémunérant les personnels au chômage partiel), les contraintes environnementales, réglementaires, sociales… sont considérables. Il est aujourd’hui 10 fois plus rentable et simple d’importer de Chine (ou d’ailleurs) ce que nos concitoyens consomment plutôt que de fabriquer sur place avec tous les aléas d’une production nationale
  2. Les grands marchés de l’avenir ne sont plus guère dans nos contrées : pourquoi et comment produire en Europe quand les besoins et les marchés des autres continents sont immenses (après guerre nous avions besoin de tout pour reconstruire le pays, aujourd’hui la Chine a besoin de tout pour construire son économie). Nos marchés sont des marchés de remplacements, trop mûrs et peu porteurs, les marchés des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) sont eux neufs et en croissance perpétuelle.
  3. Nous sommes devenus allergiques au risque (et en partie au travail). Le capitalisme et le développement de l’économie impliquent la prise de risque. Mais plus un pays est développé moins il est capable de remettre en question son confort matériel et ses habitudes sclérosantes.
    Pour gagner de l’argent il faut pourtant remplir deux conditions dans une économie ouverte : prendre des risques et beaucoup travailler. Nous avons perdu ces deux notions de prise de risque (nous nous réfugions derrière l’ancien Etat providence plutôt que prendre notre sort en main) et de travailler beaucoup (le travail dans nos époques post-moderne est de moins en moins quantifiable en unité de temps car les neurones ne se mettent pas en route au coup de sifflet). Les 35 heures, la retraite à 60 ans, la cinquième semaine de congés payés, tous ces éléments ont rendu le travail couteux, rigide, parcellisé, peu efficace, trop concentré et bref pour être réparti équitablement.
    Un adulte n’a pourtant besoin physiologiquement que d’un jour de repos par semaine (préconisé par toutes les grandes religions), d’une ou deux semaines de congés et il devrait pouvoir travailler 8 heures par jour sans que cela nuise à sa santé. Nous empruntons des voies sans issues depuis des lustres estimant que le travail n’est pas vital (slogan de 68 : « ne pas perdre sa vie à la gagner ») mais une courte (et inintéressante ) parenthèse dans la vie.
  4. Nos grandes institutions apprenantes ne sont plus adaptées aux temps post-modernes et postindustriels : L’hôpital, la justice, l’école sont devenus inadaptés et dispendieux. L’école pense toujours former des ingénieurs et des employés pour les trente glorieuses. Elle s’est obstinément figée dans les schémas de Jules Ferry (et même de Charlemagne) avec un enseignant (clerc puis laïc) distribuant un savoir standardisé et labellisé à des apprenants soumis et sans moyen de s’informer. Ce modèle implose bien évidemment aujourd’hui et les principales victimes en sont évidemment les classes populaires qui fréquentent des établissements déclassés et qu’on ne prépare en rien aux nouveaux paradigmes du travail (intelligence émotionnelle, accueil du client, flexibilité, adaptabilité, capacité de prendre des initiatives, recherches de solutions, pragmatisme, capacité permanente d’apprentissage…).
    Dans la formation professionnelle des adultes également les apprentissages sont toujours aussi mal répartis : des efforts importants pour les cadres, ingénieurs ou techniciens mais peu pour les employés et ouvriers censés rester une main d’œuvre interchangeable et peu investie dans son travail.
  5. La concurrence sociale et professionnelle via Internet et les télécommunications est désormais ouverte entre des milliards de travailleurs. L’avantage dont disposait les pays développés avec leur passé ouvrier, leurs savoirs faire séculaires, leurs accès privilégiés aux marchés, leurs infrastructures … tous ces anciens atouts se transforment désormais en autant de pièges économiques et sociaux. L’avantage désormais est pour celui qui va très vite (à la vitesse de l’Internet). Les nouveaux acteurs, à l’innovation, aux entreprises flexibles et rapides : Une nation comme la Corée était par exemple un nain au niveau industrie automobile il y a 15 ans, aujourd’hui elle taille des croupières à tous les pays industriels (y compris aux japonais) en sortant des voitures fiables, sûres, bien dessinées et peu coûteuses. Ce qui fut patiemment élaboré durant un siècle dans nos pays peut désormais se déployer en quelques mois dans la plupart des pays émergents (qui n’ont pas à supporter les coûts élevés du passé social ou politiques des pays des vieux continents).
  6. Notre installation dans un cocon social (une bulle) nous empêche désormais de voir le monde tel qu’il est : 1 salarié sur 4 est fonctionnaire, donc très éloigné du marché du travail, protégé par un statut semblant éternel et en décalage avec la société, ¼ des salariés est sans activité, au chômage ou intégré dans des structures protégées. Toujours au niveau des salariés, encore ¼ de ceux-ci sont marginalisés dans leur emploi actuel, peu qualifiés et sans grand espoir s’ils perdent leur emploi actuel (ce qui est bien désormais leur risque). En cas de rupture professionnelle ils auront le plus grand mal à raccrocher le wagon du monde du travail avec ses exigences multiples (grandes capacités d’évolution, excellent culture générale, prise d’initiative, réactivité et flexibilité, maîtrise des nouvelles technologies, intelligence émotionnelle….
    Enfin nous arrivons au dernier quart des salariés, ceux qui sont censés porter avec leur activité tout le poids (ou presque) de la création de richesses du pays. Ce ratio (et nous omettons de parler des jeunes sans emploi durable avant 30 ou 35 ans, des seniors qui quittent les entreprises bien avant leur 60 ans et de tous ceux qui cassés par un travail de mauvaise qualité vivent de pensions ou des subsides de la collectivité.) est insupportable à terme, 65 millions de personnes ne pourrons vivre durablement du travail de 5 ou 7 millions de travailleurs investis et qualifiés.

Comment pouvons-nous sortir de ce mauvais pas ?

Cinq idées force devraient nous guider pour rattraper nos retards et permettre une entrée durable dans l’économie de la connaissance et de l’information

  • Oublier les anciennes schémas et schémas du passé. Ce que nous savions de la société, de la politique, du travail, nos anciennes valeurs et idéologies doivent être réinterrogés et reconstruits. L’opposition politique et syndicale doit comprendre que ses schémas mentaux sont devenus incompatibles avec la société nouvelle. A quoi sert encore le marxisme pour comprendre Google ou l’économie postindustrielle ? A rien sans doute et il importe que nous concitoyens ne s’appuient pas sur le passé pour refuser toute évolution, toute remise en question de certitudes devenus des conformismes et tabous idéologiques et sociaux.
  • Responsabiliser les citoyens des pays riches. Les habitants des nations riches doivent réapprendre à devenir autonomes (socialement) et intellectuellement. L’Etat demeure mais il ne peut pas accompagner et aider la moitié d’un pays. Il va donc falloir apprendre à se débrouiller seul. Quand Pôle emploi chiffre à un million les demandeurs d’emploi en fin de droits en 2010, il y a 2 solutions pour régler ce problème : a) rallonger (sans fin) la durée d’indemnisation du chômage (en croisant les doigts pour un retour à l’emploi en 2011…ou les années suivantes.
    b) la seconde solution consiste à donner les moyens à ce million de personnes de créer leur travail si elles ne peuvent trouver un travail. Le salariat à ce titre nous semble être un statut en déclin. Le travail indépendant et libéral va désormais pouvoir se redéployer. L’Etat ne pouvant plus garantir un emploi à tous, il doit par contre faciliter et sécuriser les passages entre salariat et travail indépendant (et vice versa)
  • Abandonner l’idée (et le discours) qu’on ne se réalise pas au travail. La société des loisirs étaient une utopie. Il faut désormais investir et s’investir beaucoup dans son travail. Sans ces efforts soutenus et continus pour se former, évoluer, construire sa route professionnelle, de nombreux travailleurs seront définitivement marginalisés
  • Cesser d’emprunter pour (r)assurer notre pouvoir d’achat. Le crédit a été durant les quarante dernières années notre premier moyen pour créer de la valeur. C’était souvent la capacité à emprunter pour un acteur économique qui créait de la richesse (pour les individus, les entreprises ou même les Etats). Ce crédit levier qu’on nous a tant vanté depuis des lustres est en passe de se transformer en crédit massue. Désormais c’est dans la capacité des pays, des entreprises et des individus à financer eux même leur développement dont dépendront les résultats économiques et sociaux futurs.
  • Etre capable de rebondir, de changer, de renaître de ses cendres sans jamais faiblir ou nous disperser. Autrefois les guerres mettaient à bas les économies européennes tous les 20 ou 30 ans. Ensuite il s’agissait de reconstruire les pays. Aujourd’hui les guerres entre pays développés ne se font plus à coup de canons ou de bombardements, les confrontations sont économiques, la production et la vente de biens ou de services sont les théâtres de confrontation des systèmes. Quand un pays présente des déficits durables (commerce mais aussi comptes sociaux et publics) c’est qu’il perd des batailles économiques, qu’il décline et qu’à terme il perdra son indépendance. La France qui crée de moins en moins de richesses pourra-t-elle longtemps penser et proclamer qu’elle est la cinquième économie mondiale, est-elle certaine de pouvoir tenir ce rang (hérité de notre passé industriel) ?

En guise de conclusion : la crise économique impose progressivement de nouvelles compétences et valeurs au travail. Pratiquer la nostalgie et rester sur les anciens schémas des trente glorieuses ne permettra pas à nos concitoyens de comprendre et de jouer leur rôle dans la nouvelle société.

Dans cette économie de la connaissance, huit compétences permettront aux individus de développer leurs capacités et savoir faire. La commission européenne les a listées fin 2005  :

    • Communication dans la langue maternelle
    • Communication dans une langue étrangère
    • Culture mathématique et compétences de base en sciences et technologies
    • Culture numérique (informatique)
    • Apprendre à apprendre
    •  Compétences interpersonnelles, interculturelles et compétences sociales et civiques
    • Esprit d’entreprise
    • Sensibilité culturelle
       

Il s’agit au final de réhabiliter les humanités pour tous, d’oublier un système obsolète de castes avec ses grande écoles, ses pseudo généraux pour réhabiliter, un projet qui était déjà celui de Condorcet durant la révolution française, permettre à tous d’être éduqué et former tout au long de la vie.

 Il nous reste désormais très peu de temps pour entrer dans la société de la connaissance et de l’information (Il y a 20 ans la chine était un nain économique, elle est en 2010 la deuxième puissance mondiale) et tout délai supplémentaire ruinerait notre horizon économique et social.

Didier Cozin

Ingénieur de formation professionnelle

Auteur des ouvrages Histoire de DIF et Reflex DIF.


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6 réactions à cet article    


  • Raymond SAMUEL paconform 2 février 2010 14:15

    Bonjour,

    Vos analyse sont tout à fait pertinentes, bravo.
    Cependant il n’est pas possible de vous suivre sur certains points.
    - Vous citez en exemple la Corée et la Chine. Comme vous le dites, ces deux pays avancent beaucoup plus vite que l’occident sur la voie de l’industrialisation. Laissez-moi vous dire qu’ils se casseront la figure encore plus vite que nous. Ils contribueront par ailleurs, encore plus que nous à détruire la planète Terre.
    Il n’y a pas de raisons de les envier.
    - Vous remettez les gens au travail. Ce serait très bien si nous étions en 1960. Même observation que pour Chine/Corée : la Terre n’en veut pas.
    Autre écueil de taille : même dans la situation actuelle le travail des deux parents sacrifie l’enfant. Que deviendra notre société avec des générations abîmées dans leur petite enfance ? Les maladies et autres handicaps psychiques sont hélas une réalité, faut-il favoriser les conditions qui les font naître ?

    Je crains que dans l’ensemble vous n’arriviez trop tard. La compétition industrielle est devenu une calamité.
    Sinon, je le répète, Bravo. Je vous comprends très bien.


    • Eloi Eloi 2 février 2010 20:48

      Pour quelqu’un qui veut combattre la sclérose, c’est un article fortement sclérosé


      • ddacoudre ddacoudre 2 février 2010 22:48

        bonjour didier

        j’avoue que ton article m’a assis sur le cul. en résumer l’intérêt de la vie est le travail, au 18 et 19 siècles les salariés travaillaient entre 14 et 18h. de fait il n’y avait pas d’activité onéreuse de loisirs, ni d’organisme de retraite et de santé qui sont si coûteux.

        diable, pourquoi ont-il abandonné ce confort, mais à y regardé de plus prêt ce ne sont pas eux, ils ne mangeaient pas assez, ils ne se reposer pas assez, il étaient en servitude, même pas capable de se rebeller. heureusement qu’il y a eu des bourgeois, des philosophes des penseurs pour les sortir de leur sort, et parce que les salariés de chine d’inde et autres pays acceptent le travail dans des condition similaire prendre des risques serait retrouver la condition de servitude. le risque à prendre serait de se mettre à dos la communauté mondiale pour exiger le refus des productions qui mettent des salariés en servitude, et définir un droit social international comme il y a celui du Commerce OMC

        j’avoue que depuis Mr Barre je n’avais pas lu un tel plaidoyer contre la prospérité. non la prospérité ne revient pas plus cher qu’autre chose, il suffit de la sortir de la notion de charge.

        la vie n’est pas une charge, on voit bien qu’il ne s’agit pas d’un problème de travail, mais de conception du monde, et le monde n’est pas une marchandise.

        il y a plus de travail que les machines et les hommes ne pourrait faire, tant la désidérabilité est intatiable. alors il faut rapporter le problème où il se trouve, dans la définition de la rareté qui donne une valeur aux choses et la circulation de la monnaie qui définit celui qui en bénéficiera pour que certains s’en enrichissent.

        un point sur lequel je suis d’accord c’est sur l’éducation permanente et rémunéré, alors là je serais prêt à convenir de réduire voir de supprimer les charges salariales.

        cordialement.


        • Eusèbe 3 février 2010 00:00

          J’ai l’étrange impression de lire un texte parodique en lisant cet article.
          Ce n’est pas un article d’analyse (où sont les sources ? Les chiffres ?), c’est
          un pamphlet néo-libéral truffé d’arguments d’autorité et de mots clés à caser à
          tout prix (« flexibilité », « coût social », « intelligence émotionnelle » : j’imagine que vous en vendez ?)

          La flexibilité. 35 ans qu’on flexibilise sans succès. Le fait que vous
          employiez le mot « charges » au lieu du terme correct « cotisations » en dit long sur votre
          grille de lecture.
          L’argument massue de la rentabilité chinoise. La chine est une semi dictature
          où les travailleurs sont exploités, faute de droit du travail et où
          l’environnement est saccagé, faute de lois. Votre conclusion est que c’est
          nous qui sommes sclérosés ? Etes vous sérieux ? 
          On dirait du Dassault dans le texte (« les chinois travaillent 45h, dorment
          à l’usine et font des produit pas chers »)

          Suit la vieille rengaine sur le travail en France, démentie par rapport à nos
          voisins européen par les dernières stats de l’insee.

          La rengaine sur les avancée sociales, vues comme des scléroses, des
          « charges », vieux discours néolibéral (35ans ?) usé jusqu’au trognon.
           L’attaque contre l’Etat, et plus spécialement les services publiques de base :
          l’hopital et l’école, ça coûte cher. Vraiment ? Croyez vous avoir épuisé le
          problème avec cette affirmation ?

          Selon vous, l’école doit préparer à l’« accueil du client », et il faut « être à la
          recherche de solutions » (sans rire ?).
          L’avantage est à celui qui va « à la vitesse de l’internet ». Le « passé social est
          une charge ». Il faut « Etre capable de renaître de ses cendres ».

          Sans vouloir vous offenser : mais quel brassage d’air ! pfiou !...

          On apprend aussi que les fonctionnaire ne produisent aucune richesse.
          Expliquez moi ce qu’est une richesse alors. J’ai un peu de mal a saisir en
          quoi un médecin à l’hopital, un chercheur à l’université ou en enseignant est
          improductif du point de vue richesse.

          Pas un mot sur la crise, pas un mot sur le capitalisme financiarisé,
          pas un mot sur l’exploitation des masses en chine, pas un
          mot sur le capitalisme du désastre, pas un mot sur le protectionisme des pays
          asiatiques constamment mis en exemples, pas un mot sur la chute du modèle anglo
          saxon proné depuis 35ans, pas un mot sur le transfert de point de PIB du
          salariat vers le capital depuis 25 ans...

          Bref pas une nuance dans le discours.

          Allez dites nous la vérité, cet article est un gigantesque troll et vous
          allez nous l’avouer dans les commentaires...En tous cas, je subodore que la
          modération l’a laissé passer dans ce but.

          Sinon, un conseil : c’est vous qui devriez sortir de votre cocon dans les RH et
          allez jeter un oeil chez les gens qui produisent de la « richesse »...


          • Vilain petit canard Vilain petit canard 3 février 2010 10:38

            Je suis assez épaté par votre article : autant de lieux communs libéraux entassés sous une forme aussi pédagogique, sous le sceau de l’indiscutable… Chapeau, quand on le lit un peu vite, on a vraiment l’impression d’être une feignasse irresponsable et risquophobe.

            Bon, soyons sérieux, je vous propose un rewriting un peu plus conforme à la réalité des faits : commençons par les 6 points qui expliquent la situation catastrophique, ou nos limaces de pseudo-travailleurs français se vautrent :

            La France perd progressivement son statut de nation industrielle : remplacer SVP par : les investisseurs, toujours courageux et risquophiles, ne veulent plus s’emmerder à créer des entreprises industrielles, vu qu’on est sans arrête persécuté par les méchants ouvriers syndiqués qui demandent des augmentations et en plus il faut payer des charges colossales. Il vaut mieux mettre son fric dans la spéculation, ou investir au Pakistan, où les ouvriers, là, au moins, ils savent se tenir : un bol de riz par semaine, et ils vous remercient.

            Les grands marchés de l’avenir ne sont plus guère dans nos contrées : remplacer SVP par : on ne peut plus vendre de grosses quantités de camelote à des gens riches qui ont déjà plein de choses, il sont déjà tous un portable et une bagnole, il vaut mieux les fourguer aux Chinois, ils y connaissent rien, d’ailleurs mon directeur marketing me l’a dit, et je ne vais pas me fatiguer à trouver de nouveaux produits, je suis bête comme mes pieds, on verra la suite dans dix ans. On vendra aux Martiens, je ne sais pas, on verra bien. En attendant, faisons toujours de la même chose, ça c’est créatif.

            Nous sommes devenus allergiques au risque (et en partie au travail) : remplacer SVP par : les salariés, traités comme des merdes par leurs employeurs, en ont marre de se faire dire que les augmentations, ça sera plus tard. Alors tout le monde préfère leur filer des RTT que de la paye en plus. En plus ça permet aux entreprises de brailler que les charges doivent être allégées, et on se dépêche de leur offrir des dégrèvements, payés par la collectivité. A noter que ceux qui clament leur volonté de prendre des risques (banquiers, par exemple) passent leur temps à s’entourer d’indicateurs, de ratios et de rapports leur permettant d’éviter justement les risques.

            Nos grandes institutions apprenantes ne sont plus adaptées aux temps post-modernes et postindustriels : avant de remplacer, laissez-moi rigoler un moment. Vous n’avez pas dû sortir de votre chambre depuis 1880, ou quoi ? Les matières du futur, c’est l’intelligence émotionnelle et l’accueil du client ? et prendre des initiatives, dites-moi où ça s’apprend ? En revanche je vous suis sur le constat que les ouvriers, et employés, personne ne pense à les former.

            La concurrence, etc.
             : remplacer par : ils est moins coûteux d’employer un Pakistanais à qui ont file un téléphone et un terminal, qu’un Français qui va vouloir se reposer au boulot, se syndiquer, et refuser d’aller à la messe, pour s’entendre dire qu’un jour de repos par semaine, c’est largement suffisant. Votre exemple sur la Corée est assez croquignolet : vous expliquez que ce pays a réussi en 15 ans à faire de chouettes voitures, nous, un siècle, et vous en concluez que ça va vachement plus vite chez eux. Evidement, si on calcule comme ça, mais c’est bidon : ils ont démarré plus tôt que ça, et nous, il a fallu presque un siècle pour les firmes automobiles française comprennent que les gens achetaient des moyens de transport, et pas un moteur plein de caractéristiques techniques. Les rares succès de vente n’avaient pas été prévus (l’Espace, la Clio pour les retraités, le Logan, etc.) par nos polytechniciens.

            Notre installation dans un cocon social… etc.  : remplacer par : évidemment, avec 15% de la population au chômage, aucun investisseur industriel, les salaires qui stagnent depuis quinze ans (enfin, pas tous), les gens ils rament un peu. On va donc leur expliquer que paradoxalement, tout ça c’est un confort incroyable, et qu’ils vraiment de la chance de ne pas vivre au Pakistan. Un Etat fort qui s’occupe de leur santé, de leur sécurité sociale, de leur police, tout ça c’est du luxe, on peut s’en passer, regardez au Pakistan et en Haïti.. D’ailleurs, les fonctionnaires sont tous des feignasses, ils servent à rien, faut tous les virer, le droit du travail ça gêne les patrons, et les banques qu’on renfloue, faut les aider avec votre fric, alors il en reste plus pour assurer le service public, cette bonne blague.

            Votre conclusion, c’est que les salariés (on n’ose les appeler travailleurs) doivent se prendre ne main, se secouer le cul, et se former ? Ce n’est pas tout à fait faux, mais se former à quoi ? Au contact client , à l’intelligence émotionnelle ? Profiter du Dif, d’accord, mais si le patron ne provisionne rien, et s’assoit sur le droit du travail (je suis dans ce cas, et mon patron c’est l’Etat, justement !). ? Il y a des limites à la « responsabilisation » du salarié, c’est en fait une culpabilisation, on lui dit en fait  : « si tu est dans la m..., c’est de faite, tu n’as pas appris par toi-même à prendre des risques ».

            Et vos huit compétences de base, c’est sûr, c’est difficile d’être contre. Uniquement quand on est cadre et qu’on a une formation technique qui assoit sa situation… Une formation provenant justement de ces institutions qui datent de Charlemagne, et que vous villipendez ci-dessus. mais vous croyez que les mecs de la raffinerie fermée par Total, ça va les aider ?

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