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Accueil du site > Tribune Libre > Les marquis de Bercy : fossoyeurs de l’économie française

Les marquis de Bercy : fossoyeurs de l’économie française

Depuis maintenant 3 semaines, nous avons un nouveau ministre de l’Economie. Emmanuel Macron, 36 ans, énarque, philosophe amateur, ancien secrétaire général adjoint du président de la République, jamais élu et, surtout, passé par la (très) lucrative banque Rothschild. En dix ans, voici un… dixième patron pour Bercy. De quoi laisser songeur tant on nous rabâche que l’économie est le nerf de la guerre. Pour une vision cohérente et de long terme, on repassera. Gageons néanmoins que la durée de vie de M. Macron sera plus longue que celle de son prédécesseur, le nationaliste et obsolète Arnaud Montebourg. En effet, l’ancien assistant de Paul Ricoeur, à l’image de Thierry Breton ou Christine Lagarde, a le grand avantage d’être un (ultra)libéral.

Dix ministres de l’Economie en dix ans donc. Et seulement trois à ne pas avoir été virés en moins d’un an. Parmi les comètes de Bercy, citons Nicolas Sarkozy qui, dans sa course à l’Elysée se sentait plus à l’aise Place Beauvau. 8 mois à Bercy. Hervé Gaymard et son appartement de fonction à 14 000€ par mois. 3 mois à Bercy. Jean-Louis Borloo, dépêché en urgence pour remplacer Alain Juppé à l’Ecologie après que le maire (à vie) de Bordeaux ait reçu l’affront d’une défaite aux législatives. 1 mois à Bercy, record d’Alain Madelin battu. François Baroin pour remplacer paisiblement Christine Largarde partie au FMI. Dix mois à Bercy, bel effort. Et donc Arnaud Montebourg, qu’on ne présente plus. 5 mois à Bercy.

Heureusement, quelques résistants ont réussi à marquer leur passage à l’Economie de leur empreinte. Toujours dans l’ordre chronologique, il s’agit d’abord de Thierry Breton. Issu du civil, grand patron, il avait été choisi par Jacques Chirac pour remplacer M. Gaymard. En un peu plus de deux ans à Bercy, M. Breton a survécu au « non » à la constitution européenne et surtout a jeté les bases de la future politique économique de Nicolas Sarkozy. Résolument libéral, l’ancien dirigeant de France Télécom s’est attelé à la « modernisation de l’économie » : privatisation des autoroutes au moment où elles devenaient rentables, création du bouclier fiscal (tiens tiens), ou encore manœuvre pour permettre à Noël Forgeard, alors président d’EADS d’obtenir un parachute doré de 8,5 millions d’euros alors que l’entreprise était au bord du gouffre.

Depuis, Thierry Breton continue son petit bonhomme de chemin à la tête d’Atos, entreprise de services du numérique. A priori son retour au civil se passe plutôt bien. Les stock-options de M. Breton s’élèveraient ainsi à quelque 21 millions d’euros. Une cagnotte appréciable venant s’ajouter à son 1,35 million de salaire fixe annuel, auquel il faudra encore additionner, le cas échéant, son salaire variable. Tout va bien, merci pour lui.

Le successeur de Thierry Breton à Bercy ne fut autre que Christine Lagarde – la parenthèse Borloo mise à part. Proche de Nicolas Sarkozy, l’ancienne avocate d’affaires, mondialement connue, a su se faire une place de choix au sein du gouvernement Fillon. Il faut dire que celle qui avait fait ses armes gouvernementales au Commerce extérieur sait parler, en anglais dans le texte, aux marchés. Aux manettes alors que la crise des subprimes éclate, si elle n’a pas tout à fait su prévoir sa durée et son ampleur, Nicolas Sarkozy ne lui en a pas tenu rigueur. Peut-être parce qu’il tenait là une ministre aussi populaire que malléable, à même d’être instrumentalisée dans l’affaire Tapie. Promue à la tête du FMI à la suite du séisme DSK, elle est aujourd’hui rattrapée par la justice. De témoin assisté, elle est maintenant mise en examen. Sachant que tout accable l’ancien patron de l’OM et son arbitrage fantoche, il est fort possible qu’un deuxième président français du FMI (de suite) ait à démissionner en raison d’une affaire judiciaire. Propre.

Enfin, autre personnalité à avoir réussi la prouesse de rester plus d’un exercice à Bercy : Pierre Moscovici. L’ancien lieutenant de Dominique Strauss-Kahn a obtenu, grâce au retour du PS au pouvoir, ce qu’il voulait. Sur ses deux années, finalement peu de choses à dire car beaucoup d’échecs. Le chômage n’a pas baissé. La croissance n’a pas vraiment repris. De quoi s’attirer les foudres des Français. Les impôts ont augmenté. Les entreprises ont été saignées à blanc. De quoi s’attirer les foudres des patrons avec qui il a pourtant copiné pendant 2 ans. Enfin, le déficit et la dette n’ont pas baissé au même rythme que les promesses de François Hollande et les demandes de délais. De quoi s’attirer les foudres de Bruxelles.

Beau palmarès donc pour celui à qui, en récompense de l’incompétence, on a offert le poste de commissaire européen. Sous la houlette du grand protecteur de la finance Jean-Claude Juncker, il devrait néanmoins se sentir à son aise à la Commission, où sa nature libérale pourra s’exprimer avec plus d’aise qu’au sein d’un gouvernement prétendument socialiste.

Bref, Emmanuel Macron a toutes les cartes en main pour poursuivre la voie tracée par ses illustres prédécesseurs. Grâce à sa sortie sur les 35 heures, il a d’ores et déjà été adoubé par Pierre Gattaz, le grand manitou du Medef. Suffisant pour tenir jusqu’en 2017 ?


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8 réactions à cet article    


  • amiaplacidus amiaplacidus 16 septembre 2014 16:35

    Emmanuel Macron, énarque. Tout est dit !


    • credohumanisme credohumanisme 16 septembre 2014 20:18


      Macron peut être la prochaine éjection gouvernementale. On attend avec impatience sa déclaration de patrimoine qui n’est toujours pas sur le site du gouvernement.

      Certains s’interrogent déjà sur la différence entre le niveau de ses revenus et le niveau du patrimoine du couple qui déclare pourtant ne pas être assujetti à l’ISF.

      http://www.lexpress.fr/actualite/politique/emmanuel-macron-revele-ses-revenus-de-banquier_1572230.html

      La première excuse avancée (il aurait dépensé une partie de l’argent pour rénover la résidence secondaire familiale) est bien sûr absurde. Une maison rénovée vaut plus après rénovation qu’avant. Un bien qui vaut 100 et qui est rénové pour 100 de plus doit être revalorisé pour au moins 150. L’argent de la rénovation ne s’est pas évaporé, il s’est transformé en valeur immobilière.


      • ETTORE ETTORE 17 septembre 2014 09:57

        MACRON.....encore un paravent, qui va partir soufflé par un pet de magouille.

        Avec tous ces hardis financiers qui connaissent toutes les ficelles pour planquer leurs biens et revenus, les Français découvrent inlassablement les rouages de la fiscalité de copinage.
        C’est certains, nous ne margeons pas tous au même guichet.

        • BA 17 septembre 2014 11:40

          La loi oblige chaque ministre à rendre publique une « déclaration d’intérêt et de patrimoine ».

          Problème : le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, est millionnaire, pourtant il ne paie pas l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF), et il ne rend pas publique sa « déclaration d’intérêt et de patrimoine ».

          http://www.gouvernement.fr/gouvernement/emmanuel-macron?p=declaration-interets

          C’est ça, la nouvelle aristocratie.

          La nouvelle aristocratie est très riche, et elle se croit tout permis.

          La nouvelle aristocratie finira comme l’ancienne aristocratie.

          A la guillotine.

          Lundi 15 septembre 2014 :

          EMMANUEL MACRON FRAUDE ÉGALEMENT LE FISC.

          Le nouveau ministre de l’Économie Emmanuel Macron réussit l’exploit de ne pas payer l’ISF alors même que :

          • il est marié à une femme (de 56 ans) héritière d’une des grandes familles bourgeoises d’Amiens,

          • il détient une villa huppée au Touquet (résidence secondaire ne bénéficiant pas d’un abattement de 30 % pour résidence principale),

          • il a été payé durant ses études à l’ENA,

          • il est inspecteur des Finances depuis 2004 (revenu minimal : 12 000 euros par mois)

          • il a été secrétaire général adjoint de l’Élysée de 2012 à 2014 (14 910 € par mois, plus tous les avantages évidents qui en découlent),

          • il a entre-temps rejoint la banque d’affaires Rothschild & Cie en 2008, successivement comme banquier d’affaires (2008-2011) puis associé gérant (2011-2012).

          • À ce titre, il a reconnu avoir touché 2 millions d’euros brut, soit au moins 1 million net, pour la seule période allant de décembre 2010 et mai 2012.

          Source : libertesinternets.wordpress.com

          Avec Emmanuel Macron, l’Elysée décroche le poupon.

          Cinq ans plus tard, après un passage par l’ENA et l’Inspection des finances, il entre chez Rothschild & compagnie comme banquier d’affaires. Début 2012, il est nommé gérant et se retrouve à piloter l’un des plus gros deals de l’année (le rachat par Nestlé d’une filiale de Pfizer). Un deal à 9 milliards d’euros qui lui permet de devenir illico millionnaire…

          http://www.liberation.fr/politiques/2012/09/17/avec-macron-l-elysee-decroche-le-poupon_847010


          • BA 17 septembre 2014 14:49
            Mercredi 17 septembre 2014 : "Femmes illettrées" de l’abattoir Gad : l’expression de Macron ne passe pas
            Selon le ministre, illettrisme et absence de permis de conduire empêchent les femmes employées à l’abattoir Gad de retrouver du travail ailleurs.


            Le nouveau ministre de l’Économie et de l’Industrie, qui vit sa première expérience dans un gouvernement, a été l’auteur d’une maladresse sémantique ce mercredi matin sur Europe 1. Pour appuyer son argumentation sur les réformes que le gouvernement souhaite engager et notamment celle du permis de conduire, il a évoqué la société d’abattoirs bretons Gad, en grande difficulté avec 850 emplois menacés.


            "Il y a dans cette société (Gad), une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées, pour beaucoup, on leur explique : vous n’avez plus d’avenir à Gad ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km ! Ces gens-là n’ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi ?" a déclaré le ministre au micro d’Europe 1, regrettant le coût et les délais nécessaires pour ce permis.


            "Il faut payer 1 500 euros, il faut attendre un an ? Voilà, ça, ce sont des réformes du quotidien, et ça, ce sont des réformes qui créent de la mobilité et de l’activité", a ajouté Emmanuel Macron pour illustrer le travail opéré par le gouvernement pour relancer l’emploi et la croissance.


            Cette affirmation n’est pas fausse : 20 % de l’effectif de l’entreprise souffre effectivement d’illettrisme, c’est-à-dire que les salariés maîtrisent mal l’écriture et la lecture. Par ailleurs, la société d’abattage de porcs et de transformation propose depuis 2010 une formation pour soutenir des salariés en lecture et en écriture.

            Pourtant, les mots utilisés par le ministre ont fait scandale, notamment chez les internautes. Le Télégramme de Brest a notamment reçu plus d’une centaine de messages sur sa page Facebook, relève Le Parisien.

            Et l’expression a enflammé la twittosphère. Certains posts reprochent au ministre un ton « condescendant », voire du « mépris », à raccrocher à la récente polémique sur les « sans-dents », d’autres faisant valoir l’honnêteté du ministre face à l’illettrisme dans les usines.

            « C’est clairement du mépris », a estimé pour sa part Jean Marc Detivelle, délégué FO chez Gad.

            Pour tenter de rattraper la maladresse, l’entourage d’Emmanuel Macron a appelé le Télegramme de Brest : "Il n’y avait aucun mépris envers les salariés", a expliqué le ministère, tout en reconnaissant un « mot malheureux », « extrêmement blessant ». Et d’ajouter : "On peut comprendre que cela suscite une certaine émotion, mais il n’y avait aucune volonté de stigmatiser qui que ce soit. Le souhait du ministre est plutôt d’illustrer la difficulté d’un certain nombre de salariés de se reclasser« après un plan social. »C’est un sujet sur lequel le ministère de l’Économie, comme tout le gouvernement, est mobilisé."

            http://www.lepoint.fr/politique/femmes-illettrees-de-gad-l-expression-de-macron-ne-passe-pas-17-09-2014-1864017_20.php


            • Diogène diogène 17 septembre 2014 15:00

              Que d’émotion !

              Ce n’est pourtant pas nouveau !

              Pompidou, fondé de pouvoir de la banque Rothschild est bien devenu Président de la République

              et c’est lui qui a fait voter la loi n°73-7 du 3 janvier 1973 sur la Banque de France qui oblige l’État à emprunter aux marchés financiers privés et creuser la dette publique pour consolider les grosses fortunes internationales.

              Macron assure l’après-vente.


              • dohc 17 septembre 2014 15:05

                Macron a quelques mois devant lui pour élargir son réseau, il est au bon endroit pour lier des amitiés, rendre des services et se faire de obligés là ou il faut.
                Le moment venu il viendra exploiter ces contacts pour la progression de sa carrière et il sera récompensé pour ses diligences.
                Je ne vois pas ce que l’économie française, ou quoi que ce soit proche de l’interêt du plus grand nombre vient faire là au milieu...


                • Ruut Ruut 22 septembre 2014 08:14

                  Par Gauche Normale, tu soulève un problème logique.

                  Comment un poste a responsabilité court dans le temps (avec statut et salaire a vie) peut il se faire pour le bien commun sachant que le candidat n’as que 5 ans pour s’assurer des lendemains dorés.

                  De plus il n’est tenus responsable de rien.

                  D’ailleurs le mépris des présidents Français envers le peuple de France est terrifiant.


                  Ce mépris est d’autant plus visible a gauche.
                  (Sûrement a cause de la trahison systématique de l’électorat de gauche par ses responsables)

                  Mais il est vrais qu’un programme comme les programmes de gauches qui ne font que reporter les fautes sur les autres n’aide pas a se sentir responsable. (c’est peut etre ce qu’il faut corriger)

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Etienne


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