Les militants
De quel bois sont-ils faits ?
Avant-hier à la Bastille, hier à Vierzon, des hommes et des femmes ont travaillé d'arrache-pied pour que les rendez-vous soient des succès. Ceux-là sont militants, ils défendent une cause, ont foi en un espoir. D'autres se mobilisent pour l'organisation d'un concert associatif, d'une marche sur nos chemins, d'un tournoi de sport.
Ceux-là sont bénévoles tout autant que les autres, ils sont également militants, même si beaucoup se plaisent à rabaisser ce terme, à le réduire par mépris, ignorant cette belle tâche politique, ou à considérer avec dédain celui qui fait action syndicale ou citoyenne, alors que dans le même temps, on met en avant le rôle des autres, comme si ce n'était pas les mêmes …
Bénévoles ou militants, ils sont au service des autres, se lèvent très tôt pour préparer une action dont ils ne profiteront même pas ou simplement au travers du plaisir d'avoir contribué à sa réussite. Ils sont de faction sur un parking, loin de l'action, petits humains habillés de jaune, ils guident, orientent, surveillent quand les autres iront sur les lieux d'une action dont ils ne verront rien.
Ils sont encore derrière une table de bois. Ils servent, ils répondent aux exigences d'une foule qui se pressent. Ils doivent manier la pompe à bière et la cafetière, rendre la monnaie, sourire et rester calmes. Ils ne verront rien non plus, ils sont pourtant ceux qui vont alimenter la pompe à financement, le nerf d'une guerre chaque jour plus compliquée, surtout pour les petites associations.
Ils portent brassard et font action de surveillance. Ils guident, surveillent, encadrent. Ils sont dans la foule, dans l'action et devront tout ranger comme ils avaient tout installé auparavant. Ils sont tous dévoués, ne vont pas compter leur temps, travailleront sans retour financier. Ce n'est pas l'argent qui est leur moteur, je sais que la chose parait incroyable aux adeptes d'un libéralisme outrancier, d'une rentabilité permanente de toute activité humaine.
D'autres feront du porte à porte pour sensibiliser, distribuer des tracts, convaincre, proposer des journaux. Certains passeront des nuits à coller des affiches à la gloire d'un candidat ou pour annoncer un évènement. Ils jouent du pinceau en épiant les alentours. Ils ont la foi chevillée au corps pour tenir le coup et agir ainsi.
Je les admire plus que je suis des leurs. Je suis à distance, surtout de la chose politique. J'envie leur conviction qui leur fait supporter les remarques, accepter les attaques, encaisser les coups bas. Je leur tire mon chapeau car sans eux, notre démocratie n'aurait pas cette vigueur qui ne doit presque rien à ceux qui, arrivés aux sommets, ont oublié le chemin parcouru.
De quel bois sont-ils faits ? Je ne cesse de me poser la question quand je les vois agir ainsi en dépit des propos d'un chef d'état qui vilipende ce qu'ils font, qui réduit en cendre leur action, qui pointe du doigt alors que lui, de sa tour d'ivoire, utilise des professionnels pour mener à bien les mêmes tâches.
On ne peut faire confiance à celui qui a oublié ou qui n'a jamais été un individu lambda, un pion de la base, une simple courroie de transmission d'un idéal partagé. Il est de ceux qui sont nés une cuillère d'argent dans la bouche, qui se contente d'aller chercher les enveloppes chez tatie Liliane ou bien de recevoir les ordres et les chèques des amis du Fouquet's.
Gloire aux bénévoles et aux militants. Puisse-t-il y en avoir longtemps encore dans cette nation pour croire à un idéal, rêver à des jours meilleurs, réaliser des rêves, embellir le quotidien. Qu'importe vraiment ce qui les anime et la nature de leur passion. Ils méritent des éloges et ce modeste billet n'a d'autres motifs que de leur tirer mon chapeau !
Admirativement leur.
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