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Les mollahs d’Iran et l’épouvantail des élections de juin

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Le tiraillement entre les États-Unis et l’Iran se poursuivra probablement jusqu’après l’élection présidentielle qui déterminera qui succédera au président Hassan Rouhani. Dernier indice en date  : la déclaration du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian.

Ce dernier a déclaré que «  Il y a un problème tactique et aussi interne à l’Iran. [Nous sommes] dans une situation particulière, parce que nous sommes assez proches des élections présidentielles qui ont lieu au mois de juin.  » Le Drian n’a cependant pas précisé la nature du problème tactique.

Toutefois, il a ajouté que bien qu’il y ait une volonté de reprendre les discussions, les tensions prévalaient et il était urgent d’apaiser la situation pour aller de l’avant.

«  Nous envoyons des signaux aux Iraniens afin que nous puissions avoir ce retour [à l’accord nucléaire],  » a-t-il dit. Ce «  serait le prélude à une discussion plus large au-delà du JCPOA [accord nucléaire] sur la déstabilisation régionale, mais aussi les capacités de missiles de l’Iran.  » Drian a ajouté. «  Le retour au JCPOA n’est que le point de départ.  »

Les propos ici semblent avoir du sens. Mais la réalité des choses est tout autre.

Les mollahs ont rejeté une offre européenne de s’asseoir à la table des négociations avec les États-Unis pour discuter du problème du retour à l’accord nucléaire. Ils misent sur la pression psychologique en raison des estimations successives et des rapports des services de renseignement qui avertissent qu’ils sont à deux doigts de la bombe nucléaire.

D’après certains rapports de renseignement, on s’attend à un accord basé sur des concessions mutuelles, ce qui signifie l’exclusion de tout retour complet des deux parties à la case départ.

Ce retour se fera par étapes parallèles de sorte que, par exemple, les mollahs reviennent à un engagement partiel envers leurs obligations dans l’accord nucléaire en échange d’une réduction partielle des sanctions américaines, et ainsi de suite. En prévision de cette formule, les mollahs se pressent maintenant de violer ces obligations.

Ils espèrent ainsi obtenir plus de gains pour chaque marche arrière dans ces violations croissantes. Cela suscite l’inquiétude des Occidentaux, l’Iran annonçant de nouvelles mesures dans un avenir proche.

Afin de brouiller les pistes des cercles politiques et de renseignement occidentaux, qui suivent de très près la scène iranienne et qui comprennent sûrement le jeu de rôles pratiqué par les mollahs, le régime iranien a récemment fait entendre ses positions par l’intermédiaire d’une «  source anonyme.  » Ceci, bien que cette méthode soit tout à fait hors norme pour les mollahs.

Cette source dite proche du Conseil suprême de sécurité nationale a récemment débarqué dans un média iranien pour menacer que si les sanctions américaines ne sont pas levées, Téhéran prendra des mesures plus fortes très bientôt. Toute offre qui ne correspond pas à la politique de Téhéran ne sera pas traitée, selon la source.

Qui plus est, les États-Unis ne peuvent pas tabler sur une offre qui ne répond pas aux conditions posées par le guide iranien Ali Khamenei. Signification, le guide refuse en principe la proposition du retour vers l’accord nucléaire sur une base «  step for step  » ou pas pour pas. Il semble y avoir des signes de division iranienne face aux démarches américaines pour revenir à l’accord.

L’administration du président Rouhani s’efforce de pousser à la levée des sanctions américaines avant l’élection présidentielle iranienne afin d’affaiblir les chances des partisans de la ligne dure de remporter l’élection.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, affirme que l’administration doit intervenir pour relancer l’accord nucléaire de 2015, faute de quoi elle pourrait se retrouver en négociation avec une nouvelle administration iranienne dans quelques mois.

D’autre part, nous trouvons de telles fuites qui parlent du rejet des compromis diplomatiques proposés par la partie européenne pour rencontrer les deux parties à mi-chemin. Ma conviction personnelle est qu’il n’y a pas de réelle division sur cette question dans les cercles supérieurs des mollahs. Le dernier mot est pour le guide.

Le président Rouhani ou d’autres responsables ne peuvent pas outrepasser ses instructions dans les dossiers de politique étrangère.

Mais ce qui se passe, c’est l’exportation continue de l’idée du «  bon flic, mauvais flic  » dans la politique iranienne, ou des réformistes et des partisans de la ligne dure, notion que les mollahs ont réussi à vendre au monde, et qu’ils utilisent pour obtenir les concessions qu’ils veulent. Le Président Rouhani ne peut faire aucune concession en cette période sans le feu vert du Guide suprême.

Ils simulent une scission et des conflits pour faire tomber le côté américain dans la tromperie. Le système craint une faible participation des électeurs. L’image que le régime donne au monde repose sur la participation populaire des électeurs iraniens.

Le guide n’est pas intéressé par qui gagne réellement. Aucun candidat ne peut se présenter sans un accord du Conseil des gardiens. La préoccupation de Khamenei est d’assurer la participation à ces élections malgré la baisse des taux de vote lors des dernières échéances électorales en raison des niveaux croissants de haine envers le régime parmi les différentes classes sociales iraniennes.

La question qui se pose maintenant est la suivante  : y aura-t-il vraiment du nouveau si un président pur et dur arrive au pouvoir dans le régime des mollahs  ? La réponse est que ce qui sera nouveau ne viendra pas du successeur de Rouhani, mais du guide lui-même. C’est lui qui détermine les politiques de chaque étape et en fixe les conditions et le plafond.

Toute différence ne relève pas de qui arrive et de qui part, mais des intentions et des orientations de Khamenei.


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2 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 15 avril 2021 09:31

    on va savoir de quelle trempe les mollahs sont !


    • amiaplacidus amiaplacidus 15 avril 2021 17:09

      @Gégène

      Pour moi, mollah, curé, iman, pasteur, pope, rabbin, bonze ... toute la même engeance qui veut vivre sans trop travailler en exploitant la crédulité des gens.

      Bon, je dois admettre qu’il y a parmi eux des naïf qui croient vraiment.

      Cela me rappelle un dessin de Reiser, on y voit un quelconque cardinal qui lit un journal au pape : « une enquête montre qu’une majorité des sondés sont croyants mais ne pratiquent pas », à cela le pape répond : « moi, c’est exactement le contraire, je pratique, mais je ne crois pas ».

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