Bonjour Rosemar,
Les « robots » qui n’ont pas conscience de leur état de « robots » ne souffrent donc pas de leur situation et n’en sont pas malheureux. D’une certaine façon, ils sont donc moins à plaindre que des personnes comme vous qui ont pris conscience de la société (de plus en plus) déshumanisante dans laquelle nous vivons, et qui souffrent avec une forte envie de se révolter, de changer le monde... et qui pourront effectivement le changer, mais je pense à leur échelle seulement.
Car finalement, chacun d’entre nous a le choix de ne pas céder aux sirènes de la consommation qui nous maintiennent dans ce cercle vicieux « je travaille parce que j’ai besoin de beaucoup d’argent pour assurer le train de vie auquel je suis habitué donc j’en bave donc je suis insatisfait donc je compense en claquant mon fric dans des trucs dont je n’ai aucun besoin donc du coup il ne me reste plus rien avant même la fin du mois et je suis frustré parce que j’ai sans cesse besoin de plus d’argent que je n’en ai donc je suis obligé de travailler comme un robot pour recommencer, encore et encore, mois après mois, année après année, à gagner de plus en plus d’argent, et comme j’en bave, je suis frustré... »
Je vois que nous avons le même rejet de la société de consommation.
Mon idéal, c’est : on travaille, et comme on claque pas son fric à acheter des choses inutiles, on en bave moins puisqu’on n’est pas en permanence à court d’argent, on a donc pas en permanence ce sentiment d’insécurité, de précarité, qui vous ronge. S’il reste de l’argent à la fin du mois on le met de côté ou je sais pas, on se paye un cinoche malgré les tarifs
, et si on a besoin d’un livre, si on veut un dvd, un cd... on peut toujours les emprunter à la biblio, si toutefois on a une biblio bien fournie, ou bien on les achète d’occas, (sur internet ou pas), mais surtout pas neuf ! (Personnellement, je n’ai jamais eu de problème avec les Cd, par exemple, achetés d’occasion, alors pourquoi acheter neuf ??) A part les chaussures, même les vêtements je les achète d’occas, dans les braderies, les dépôts ou autres, et là aussi aucun problème.
Les solutions sont là, mais on est entraînés dans une sorte de tourbillon dont il est difficile de s’extraire, et c’est pour tout le monde pareil. J’ai beau dire ce que je veux avec mes belles paroles, mais j’ai du mal à entrer dans une librairie sans avoir envie de la dévaliser, et si j’ai le malheur de mettre les pieds dans un magasin d’ordinateurs, c’est dur de ne pas tomber en extase devant le nouveau portable qui a x giga de disque dur et x truc de mémoire... sans me dire « zut, si seulement j’avais les sous pour l’acheter ». Puis j’entends toutes ces ombres qui me chuchotent à l’oreille : « vas-y, dépense, vas-y, t’en a aucun besoin puisque t’as déjà un ordi, mais nous on s’en fiche, on veut tes sous, tes sous, tes sous... » et je passe mon chemin. Et une fois dehors, je me rends compte que je me fiche totalement de cet ordinateur.
Si l’on se met à vivre différemment, à refuser la société de consommation, à adopter un mode de vie alternatif, même si on ne souffre pas de frustration on se place aux yeux des autres en marge de la société, ce qui est tout à fait exact finalement puisque c’est bien dans cette société là dans laquelle on nous demande de vivre, et qui fait notre quotidien.
Il ne s’agit pas d’une révolution à faire, mais d’une résistance au quotidien. Refuser au quotidien qu’on nous considère comme de simples porte-monnaies ambulants.
Révolution ou résistance, ça revient un peu au même, sauf qu’à défaut de vouloir changer le monde, on change au moins son monde, sauf que ça fait malgré tout moins de dégâts (citez moi une révolution qui a fonctionné...) et sauf que, au bout du compte, contrairement à une révolution qui détruit tout sans faire de détails, et ne sait ensuite jamais reconstruire, les bénéfices qu’on retire d’une vie alternative comme celle là sont solides et durables.
Très bonne fin de journée à vous, 