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Accueil du site > Tribune Libre > Libéralisme et socialisme : la guerre des mots

Libéralisme et socialisme : la guerre des mots

Depuis la sortie de Bertrand Delanoë à propos de son état de « socialiste et libéral », j’ai lu un tas de réactions, notamment (mais pas uniquement) celle de Ségolène Royal et je finissais par ne plus rien comprendre à toutes ces appellations, libéral, social-libéral et d’autres et leur inclusion au sein des partis politiques français. 

Pour bien comprendre, il a fallu que je remonte à la source, c’est-à-dire à ce qui distingue la droite et la gauche en termes d’orientations politiques et voici ce que j’en ai tiré :

A droite, on est plutôt conservateur : les traditions et valeurs culturelles doivent être protégées, tout autant que les valeurs morales issues de cette culture (rôle des religions « traditionnelles », pénalisation des « perversions » sexuelles, contrôle de l’opinion, etc.). Fiscalement, on considère que les dépenses de l’Etat ne doivent pas être importantes et on craint l’augmentation de la dette publique. Le travail est considéré comme un élément structurant et libérateur (travailler plus…). En termes de sécurité publique, on privilégie la sanction.

A gauche, on est plutôt progressiste : le travail est aliénant et facteur de domination d’une petite frange de la population sur la majorité. La société doit être réformée, modernisée ; il doit y avoir du progrès social, et les richesses doivent être redistribuées. En termes de sécurité, la prévention est privilégiée. L’Etat doit investir pour assurer le bien-être commun et l’augmentation de la dette publique sert dans ce cadre.

Donc, selon ces définitions, l’UMP et le FN sont à droite alors que le PS et le PC sont à gauche. Donc, j’ai bon… Mais où est donc passé mon libéralisme ? Est-il à droite ou à gauche, mon libéralisme ?

Et finalement, c’est quoi le libéralisme ?

Je vais tenter de résumer ce que j’ai compris en quelques phrases. Le libéralisme est une théorie politique (au sens large) qui met en avant la liberté individuelle comme principe constructeur de la société. Chaque être humain possède des droits fondamentaux dont personne, pas même l’Etat, ne doit le déposséder.
Par extension, le libéralisme considère l’intervention de l’Etat comme devant être limitée, et celui-ci ne devrait conserver que ces pouvoirs régaliens (défense, justice, police, monnaie), ne jamais intervenir dans la sphère privée et ne fournir de services publics que dans sa sphère de compétence.

Selon cette définition, la société « libérale » est donc fondée sur les principes de libre-échange des idées et/ou des marchandises, de liberté d’expression (de pensée, de religion), de liberté du travail, de liberté d’entreprendre ou, de manière plus large, de liberté de choix dans tous les domaines. Le rôle de l’Etat est réduit au minimum et conscrit à ses domaines d’intervention et c’est la société et le marché qui fournissent aux individus ce dont ils ont besoin ou envie et qui n’entre pas dans les compétences de l’Etat.
Il n’y a donc aucune différence théorique entre libéralisme « politique » et libéralisme « économique » puisque les mêmes principes s’appliquent : la liberté des individus (d’entreprendre, de commercer, de travailler) et l’intervention extrêmement limitée de l’Etat.

Au travers du libéralisme, on voit donc apparaître un nouvel élément, le rôle que doit tenir l’Etat dans la vie de la société. Doit-on, pour obtenir une société « idéale » avoir plus d’Etat ou moins d’Etat  ? Etat fort ou Etat faible ?
A droite comme à gauche, on trouve des tenants d’un Etat fort, prompt à intervenir dans la vie publique et à légiférer ou des tenants du « moins d’Etat » qui souhaiteraient le voir se tenir à l’écart de la vie publique et économique.

Dans la vie politique française, les principaux partis politiques sont également partagés. Ainsi, l’UMP est un parti conservateur dont les membres sont parfois libéraux, parfois non. En ce moment, c’est la frange libérale conservatrice qui détient le pouvoir, même si les conservateurs purs, partisans d’un rôle accru de l’Etat, savent faire entendre leurs voix.

Les lois présentées par le gouvernement Fillon sont toutes d’inspiration libérale, de la LME (qui débarrasse le commerce du contrôle de l’administration) à la future loi HADOPI (qui permettrait, si adoptée, à des sociétés privées de faire elles-mêmes leur police et leur justice sur internet). De même, les lois de finance ou les réformes de la Sécurité sociale « rendent » aux individus leur liberté de choix en les imposant moins et en introduisant une grosse part d’initiative privée dans la protection sociale, ceci dans un pur esprit libéral.

Le problème essentiel de l’UMP tient dans le fait que la partie libertés individuelles du libéralisme est constamment parasitée par les tenants d’un conservatisme pur et dur, ceux de la frange la plus à droite du parti, partisans d’un Etat fort (comme Philippe de Villiers, par exemple).

Le PS n’est pas exempt de ce genre de division. Si la plupart de ses membres s’entendent sur le rôle que doit tenir la collectivité dans le bien-être commun des individus, il existe néanmoins de grandes différences dans le rôle que doit tenir l’Etat et quelle doit être la puissance de son intervention.
Jusqu’à présent, les tenants du socialisme démocratique (qui se distingue du socialisme en ne prônant pas la prise du pouvoir par la force) dominaient les instances dirigeantes, mais les supporteurs de la social-démocratie sont de plus en plus nombreux à faire leur coming-out.
Le socialisme démocratique, c’est le « plus d’Etat ». C’était Mitterrand-Mauroy et les nationalisations, par exemple ; de même, Lionel Jospin (même s’il est plutôt social-démocrate) et les 35 heures de Mme Aubry.
La social-démocratie, c’est le « moins d’Etat ». Michel Rocard ou Dominique Strauss-Kahn en sont des partisans. Leur idéal serait un système à la scandinave, où la collectivité assure la redistribution des richesses par des impôts élevés pour tous, mais où l’Etat n’interviendrait que peu ou pas dans la vie économique du pays.

C’est compliqué, n’est-ce pas ? Alors, regardez ce tableau, inspiré d’un autre, trouvé sur Wikipédia.

Et là, oh divine surprise, ça devient un peu plus clair (n’oubliez pas de dire merci en sortant !). Et on voit même apparaître une position centrale entre la droite et la gauche, mais avec toujours cette séparation entre le moins d’Etat et le plus d’Etat.
Le social-libéralisme, c’est le moins d’Etat du centre. Aux Etats-Unis, ils sont simplement des « libérals » et sont représentés par le Parti démocrate. En Europe, ces partisans du désengagement de l’Etat et de l’économie de marché, mais aussi de la fourniture de services publics financés par l’impôt et d’une protection sociale minimale, mais universelle, sont représentés par le Parti travailliste de Tony Blair, le SPD de Gérard Schröder ou le MoDem de François Bayrou. La 3e voie, c’est eux.

Revenons maintenant sur la définition que Bertrand Delanoë donne de lui : « socialiste et libéral ». Est-il possible d’être l’un et l’autre en même temps ?
Eh bien, je ne répondrai pas à cette question, tout simplement parce qu’il faut, pour avoir une opinion claire, pouvoir se la forger soi-même. Et je vous ferais exactement la même réponse pour tous les autres membres du PS qui prétendent à diriger le parti et, à terme, la France. Il est évident que je vous laisse également vous faire une idée des positions de Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Le Pen et autres Olivier Besancenot.

En matière de réflexion politique, je prône la liberté individuelle… Cela fait-il de moi un libéral ?


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29 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 5 juin 2008 11:16

    Pourquoi rentrer dans un débat stérile qu’à lancer un représentant du marketing en politique ????

    Ce débat ne sert à rien.

    Regarder les mots que Mr DELANOE emploi et adaptez les à n’importent quel produit de consommation courante pour comprendre que pour lui,un électeur n’est qu’un produit.

    Quand on veut faire croire que Paris-Plage c’est la plage à Paris ??? ,excusez moi mes franchements ,il ne sert à rien de perdre du temps sur une personne qui n’a fait qu’enrichir les plus riches qui ont les moyens de rester habiter sur Paris.

    ROYAL + DELANOE + AUBRY = SARKOZY ELU EN 2012

    Voila une formule simple,car si vous considérez le "bilan" de Mr DELANOE comme positif,alors vous n’avez rien compris

     


    • JoëlP JoëlP 6 juin 2008 10:12

      Est-ce que lerma après avoir posée sa crotte après chaque note revient sur les lieux de sa défécation ?

      Sans doute pas. Où alors il ne lit pas les commentaires sur ses commentaires et ignore les moins. Sinon il aurait déjà disparu dans sa tanière.


    • Forest Ent Forest Ent 5 juin 2008 11:24

      "Libéral", 228 ème, on tourne.

      L’axe "plus ou moins d’état" peut se comprendre. L’axe "gauche-droite" n’est pas vraiment défini.

      Il manque des tas de critères importants, par exemple "plus ou moins de nation".


      • Didier B Didier B 5 juin 2008 11:34

        Euh... Ce texte n’est que le fruit de très petites recherches que j’ai faites, à mon attention et à celles d’eventuels lecteurs qui n’y comprenent rien non plus.

        Il n’a évidemment pas vocation à être parfaitement exact ni exhaustif. 


      • geko 5 juin 2008 11:57

        Une question : pourquoi ne mettre Anarchisme à la place de Libertarianisme ? Ca fait peur ? Mais bon cela suppose une autonomie et un minimum de conscience morale ! utopique cette vision ?


        • Tzecoatl Tzecoatl 5 juin 2008 12:01

          Cela exige énormément de conscience morale. Ceux qui défendent la propriété à tout crins en sont visiblement dénués.


        • Tzecoatl Tzecoatl 5 juin 2008 11:59

          Bon article pour débuter. Il faut approfondir.

          La liberté n’est que le chiffon qui cache le pouvoir systématique que procure la propriété dans un système libéral : la liberté découle de la propriété.

          Comment un individu circulerait librement si toutes les routes étaient privatisées ?

          La liberté s’exprime quantitativement par le nombre de choix qui nous sont offerts. Quelqu’un qui n’a absolument rien n’a pas de choix, le marché les lui refusera (son seul choix sera de mourir, ou de s’en remettre au choix d’un donateur). Quelqu’un qui n’a pas d’instruction en aura bien peu (puisque l’instruction n’est plus obligatoire en système libéral).

          Qui n’a pas restreint sa liberté d’expression devant un patron ?

          Citons Lacordaire, libéral-catholique  :

          « entre le riche et le pauvre c’est la loi qui affranchit, et la liberté qui opprime »

           


          • Jimd Jimd 5 juin 2008 15:47

             

            interessant....maisil y a quelque chose qui manque, sans que je puisse vraiment l’exprimer clairement :

            <Qui n’a pas restreint sa liberté d’expression devant un patron ?>

            mais aussi qui n’a pas restreint sa liberte devant un radar, un flic, dans la rue...

            la liberte est forcement restreinte par la cohabitation avec l’autre.

            Ensuite :

            <Quelqu’un qui n’a absolument rien n’a pas de choix, le marché les lui refusera (son seul choix sera de mourir, ou de s’en remettre au choix d’un donateur>

            c’est vrai... mais est ce que la liberte c’est de consommer ? vous parlez d’un aspect de la liberte uniquement. C’est la capacite qui est en cause, la liberte existe mais je ne peux pas car je n’ai pas assez d’argent.

            Dans un autre monde non liberal le probleme serait le meme. Imaginons que je dispose d’une dotation (egalitaire) de biens ou d’argent, cette dotation en elle meme me limite aussi... meme si elle permet d’assouvir des besoins essentiels.

            en dhors des problemes extreme de subsitance (qui sont essentiels et dramatiques), l’asservissement est dans la consommation. la vraie liberte est de se liberer de cela.

             


          • geko 5 juin 2008 16:45

            "en dehors des problemes extreme de subsitance (qui sont essentiels et dramatiques), l’asservissement est dans la consommation. la vraie liberte est de se liberer de cela." Gandy tenait déjà ce discours je crois !


          • Tzecoatl Tzecoatl 5 juin 2008 20:07

            "mais aussi qui n’a pas restreint sa liberte devant un radar, un flic, dans la rue..."

            Oui, et quel sera la règlementation d’usage d’une rue privée ? Arbitraire ? Et pourquoi pas ségrégationiste, qui en empêcherait le propriétaire ? Personne en système libéral.

            "la liberte est forcement restreinte par la cohabitation avec l’autre."

            Oui, c’est assez évident. Notez que pour un libéral, "la liberté s’arrête là où celle de l’autre commence".

             

            "<Quelqu’un qui n’a absolument rien n’a pas de choix, le marché les lui refusera (son seul choix sera de mourir, ou de s’en remettre au choix d’un donateur>

            c’est vrai... mais est ce que la liberte c’est de consommer ?"

            Si vous classez le fait de s’alimenter, de se loger, de s’instruire ou de se soigner comme étant du consumérisme, il y a déni des besoins essentiels, sinon vitaux.

            "vous parlez d’un aspect de la liberte uniquement. C’est la capacite qui est en cause, la liberte existe mais je ne peux pas car je n’ai pas assez d’argent."

            D’accord, et une liberté qui existe sans pouvoir l’utiliser, comment vous appelez cela ? Une idéologie qui considère l’impôt comme du vol et donc où les devoirs de soigner et d’instruire n’existent plus, c’est une réduction drastique des standards de capacité au nom de la liberté, non ?

            "Dans un autre monde non liberal le probleme serait le meme. Imaginons que je dispose d’une dotation (egalitaire) de biens ou d’argent, cette dotation en elle meme me limite aussi... meme si elle permet d’assouvir des besoins essentiels."

            Vous parlez d’une même dotation pour tout le monde ? Elle vous limiterait dans votre consommation, mais puisque vous dites que la consommation c’est l’esclavage, je ne comprends pas bien.

            "en dhors des problemes extreme de subsitance (qui sont essentiels et dramatiques), l’asservissement est dans la consommation. la vraie liberte est de se liberer de cela."

            Peut-être, et encore c’est votre point de vue, il est indémontrable. Quoiqu’il en soit, un libéral ne reconnait pas, comme vous le dites, de besoins essentiels de subsistance, car le reconnaître, c’est payer l’impôt. Même s’ils se félicitent que le marché libéralisé réduise la pauvreté (ils vous le prouveront avec leurs chiffres).

             


          • Tzecoatl Tzecoatl 5 juin 2008 20:13

            Toujours à Jimd :

            "interessant....maisil y a quelque chose qui manque, sans que je puisse vraiment l’exprimer clairement :"

            Ce ne serait pas par hasard : Etatisme ou Libéralisme, bonnet blanc et blanc bonnet ? Ou règles partout, justice nulle part ?


          • pallas 5 juin 2008 12:26

            Dans toutes les forces socialisantes majeures vous trouverez un mouvement sous-jacent visant à gagner et à conserver le pouvoir par l’usage des mots. C’est le même phénomène, du docteur-miracle au bureaucrate en passant par le prêtre. La masse gouvernée doit être conditionnée afin d’accepter les mots-pouvoir comme des choses réelles, afin de confondre le système symbolisé avec
            l’univers tangible. Dans le maintien d’une telle structure de pouvoir, certains symboles sont tenus à l’écart de la commune compréhension, tels ceux qui ont trait à la manipulation économique ou encore ceux qui définissent l’interprétation locale de la santé mentale. De tels secrets quant aux symboles conduisent au développement de sous-langages fragmentaires, chacun signalant que ses utilisateurs accumulent une certaine forme de puissance.


            • manusan 5 juin 2008 13:06

              Delanoë a t’il parlé de liberalisme politique ou économique ?


              • Didier B Didier B 5 juin 2008 13:54

                Il ne précise pas... Au NouvelObs, il déclare que, pour lui, dire qu’on est libéral et socialiste, c’est pareil que de dire qu’on est social-démocrate et que cela n’a rien à voir avec être social-libéral.

                 


              • Di Girolamo 5 juin 2008 13:53

                Si on regarde notre constitution nous sommes dans un régime démocratique où le pouvoir , la souveraineté , le choix de société... appartient au peuple ;c’est le principe essentiel de notre constitution. 

                Cette souveraineté ne peut qu’être collective et issue du débat public et validée par le vote ;

                A partir du moment où le peuple ne débat plus et ne décide plus lui même et délègue ce pouvoir et ce débat à des représentants professionels qui alternent au pouvoir , on rentre dans un système de gestion des libertés individuelles que l’état régule au mieux suivant les circonstances .

                Il n’y a plus de choix collectif mais que des libertés individuelles régulées. La société n’a plus d’autre sens que de gérer les libertés individuelles ;il n’y a plus de choix collectif , de débat de fond sur le sens de la société ,la manière de l’organiser , les grandes orientations sur le long terme .

                Sous cette gestion apparemment sympathique des libertés individuelles se cachent un monstre systémique qui affament les peuples , pille et détruit la planète .

                Le libéralisme est aussi destructeur que le communisme au sens déjà expérimenté du terme .

                 La seule démocratie qui vaille est celle qui ne fait pas de distinction entre l’état et les citoyens , la notre telle qu’écrite dans nos textes et pas du tout respectée.

                 


                • Tintin Tintin 5 juin 2008 14:24

                  En quoi la liberté individuelle est-elle une négation du débat démocratique ? Parce que l’individu serait supposé être la négation du collectif ? N’en serait-il pas plutôt le fondement sans lequel il ne peut y avoir de contrat social.

                  Il y a distinction entre l’Etat et le citoyen à partir du moment ou la loi n’est pas la même pour tous, quant l’Etat de droit est remplacé par le droit de l’Etat, quant l’Etat pille, affame pour ne servir aucune autre cause que la sienne. Il perd alors toute légitimité.


                • Jimd Jimd 5 juin 2008 14:04

                   un site web sur ce type de modele avec un questionnaire pour se situer :

                  http://www.politicalcompass.org/

                   



                  • Jimd Jimd 5 juin 2008 15:35

                    Aie...

                    ouf....http://www.politicalcompass.org/printablegraph?ec=-2.25&soc=-5.38

                    mais je pense qu’il y a un biais vers le bas sur l’axe des y car c’est unquestionnaire fat par des Americains et les questions seraient differentes en europe.


                  • Rébus Rébus 5 juin 2008 15:56

                    Le libéralisme en France est assez dur à expliquer.

                    Revendiqué àç la fois par Delanoé, sans plus de précisions ou par Sarkozy, qui a quand même des côtés très étatiques/centralisateurs.

                    C’est pour ça qu’en majorité, on en reste au madelinisme, bref un ultralibéralisme caricatural lorsqu’on évoque le terme de libéralisme

                     Toujours utile un article faisant la synthèse du terme.


                    • Ran 5 juin 2008 18:24

                      Je ne pensais pas devoir poster ça ici mais baste, je vous rélève le secret qui fait comprendre la politique : Hearts of Iron 2 (tm) de Paradox Interactive (r) ! Oui, j’ai juste un wargame, et non, j’ai pas des actions dans la boîte qui l’édite... C’est juste parce que le moteur du jeu définit les grandes lignes de l’idéologie des nations suivants quelques axes simple, et que j’ai trouvé ça pertinent :

                      - Democratique / Autoritaire.

                      - Politiquement à gauche / Politiquement à droite.

                      - Société ouverte / Société fermée (dépend en partie du curseur "démocratie/autorité")

                      - Economie de libre échange / Economie centralisée (dépend en partie du curseur "gauche/droite").

                      Ben ça paraît très con, mais je trouve ça assez bien vu...

                      Plus généralement, je ne comprends pas pourquoi la politique se résume toujours à un affrontement gauche/droite, alors que bien d’autres questions se posent ! Il faudrait au minimum minimorum 2 axes : gauche/droite et autorité/liberté comme l’article le suggère !

                      Et on se rendrait compte que des partis qu’on superpose sur l’échiquier politique unidimensionnel qui a cours en ce moment sont en fait assez éloignés...

                       


                      • Ran 5 juin 2008 18:26

                        TYPO L.2 : ..."c’est" juste...

                        Bah, si vous trouvez d’autres fautes de frappe, je vous les offre :p


                      • mikaboom 5 juin 2008 19:19

                         2 contre-vérités.....L’une historique, l’autre économique. Libéralisme ne signifie pas - d’aucune façon - capitaliste. Les régimes fascistes de la période 1930-1940 étaient des régimes de partis ouvriers placés à gauche de l’échiquier politique des pays en question. Votre diagramme est donc inexacte.


                        • Didier B Didier B 5 juin 2008 19:40

                          A aucun moment le mot capitalisme n’a été utilisé dans cet article. Peut être l’avez vous mal lu ?

                          Quant aux partis fascistes, ils étaient, il est vrai largement soutenus par les ouvriers mais étaient essentiellement conservateurs... Du reste, je n’ai pas le souvenir que les partis socialistes et communistes allemands ou italiens aient été les alliés idéologiques du parti fasciste ou du NSDAP.


                        • mikaboom 5 juin 2008 20:31

                          Le parti national socialiste était le successeur du parti ouvrier allemand. En outre, je vous rappelle que pendant la période electorale de 1932 le NSDAP s’est allié au parti communiste (si si vous pouvez vérifier).

                          Quand aux conservateurs allemands c’était Hindenburg & co et absolument pas le NSPDA.

                          Bref, votre diagramme est faux.

                          et encore, je ne m’attarde pas sur l’opposition communisme / liberalisme dont la Chine est le parfait contre-exemple.


                        • Francis, agnotologue JL 5 juin 2008 20:38

                           

                          Communisme : protection des personnes et interventionnisme économique (Utopie)

                          Fascisme National-socialisme : protection des biens et interventionnisme économique (Chimère)

                          Néolibéralisme : protection des biens et liberté économique (Puissance et cruauté)

                          Social-démocratie : protection des personnes et liberté économique (Quadrature du cercle)


                          • chmoll chmoll 6 juin 2008 11:16

                            si j’fais une comparaison des socialos, avec une recette de cuisine

                            ça s’rait une ribambelle d’ànes

                             


                            • genev.tabouis genev.tabouis 7 juin 2008 17:13

                              Désolé de contredire votre analyse, mais il me semble que vos deux axes sont fortement parasités par des considérations uniquement économiques : L’envie de donner du relief à la politique vous honore, car l’axe gauche / droite est fort déprimant, mais vos deux axes ne sont pas indépendants...

                              - Votre axe gauche-droite est mal défini, mais semble déjà reposer sur l’interventionnisme plus ou moins grand de l’Etat dans la régulation de l’économie : il n’est pas indépendant de votre axe vertical !

                              - Vous carambollez joyeusement les considérations libertaires (sociétales) et l’interventionnisme de l’Etat : or dans la gestion des libertés individuelles, l’État est très loin d’être le seul acteur !

                              - Vous oubliez toutes les valeurs classiques du positionnement politique : Justice à gauche, Ordre à droite, hiérarchie entre les "Fins" et les "Moyens".

                              • citation : "Il n’y a donc aucune différence théorique entre libéralisme « politique » et libéralisme « économique » puisque les mêmes principes s’appliquent : la liberté des individus (d’entreprendre, de commercer, de travailler) et l’intervention extrêmement limitée de l’Etat."

                              Vous oubliez seulement que les acteurs économiques ne sont pas seulement des "individus" ou des personnes "physiques", et que l’interventionnisme Politique peut ainsi être décliné différemment dans le domaine de la vie individuelle et dans celui de la régulation de flux entre entités d’un autre ordre.

                              Votre article illustre malheureusement le grand désarroi dans lequel la pensée politique française se trouve aujourd’hui, bien emberlificotée avec un "libéralisme" mal défini, et beaucoup TROP orientée sur des considérations de politique économique (depuis la campagne présidentielle de 1969, mais pire en 1974 ) au détriment des autres aspects de l’action politique.

                              - le positionnement politique sur deux axes semble plus courant outre-atlantique, l’axe gauche-droite étant uniquement économique, l’axe vertical autoritaire / libertaire n’étant consacré qu’à des considérations individuelles et sociétales. les questionnaires anglo-saxons de positionnement politique sont bien plus clairs à ce sujet :

                              par exemple :

                              www.politicalcompass.org/test (déjà mentionné plus haut)

                              www.theadvocates.org/quiz.html (The World’s Smallest Political Quiz ) qui a l’avantage de dégager une zone "centrale"

                               


                              • Le péripate Le péripate 8 juin 2008 19:47

                                Si elles étaient établies, la réalité et la viabilité d’un libéralisme de gauche aussi authentiquement libéral que de gauche contribuerait assurément à dédroitiser et recentrer une tradition libérale au champ élargi et à la dynamique revivifiée.

                                En tête de leurs conditions théoriques de possibilité figure l’existence d’une gauche dont l’engagement anti-totalitaire serait également anti-collectiviste. Qui ne se fourvoie pas dans l’illusion syncrétique d’une « troisième voie » entre capitalisme et socialisme, ne s’en tienne pas à la dimension politique du libéralisme pour oser en finir avec les excès de l’interventionnisme assistanciel, redistributif et ultra-réglementariste de l’Etat providence – et adhère sans restriction aux principes individualistes de responsabilité individuelle, de liberté contractuelle et de respect du droit de propriété.

                                Sur la base du paradigme libéral, le libéralisme de gauche illustrerait alors la possibilité intellectuelle d’en déduire des conséquences et applications pratiques autres que celles du libéralisme de pur laissez-faire. Son pari : dans la ligne des idées d’un Karl Popper suggérant dès 1958 de « réduire ce qui semble tant faire question dans l’Etat welfare : la bureaucratisation et la mise en tutelle de l’individu » (En quoi croit l’Occident ?), parvenir à concilier l’éradication des principes et effets pervers de l’Etat providence avec l’exigence d’accompagner le libre marché de dispositifs qui en suppriment la brutalité et la clôture pour les moins bien lotis. Il s’agirait de « rendre tout un chacun capable de prendre ses responsabilités et de faire preuve d’initiative pour affirmer sa compétence sur le marché au lieu de se comporter comme un « raté » et de recourir à l’assistance de l’Etat », pour reprendre les termes d’Habermas dans Après l’Etat-nation. Cet étrange narrateur théorique existe-t-il ? Certes, et qui plus est, il ne date pas d’aujourd’hui. A la question « le libéralisme de gauche, combien de divisions ? », il faut même de plus répondre qu’elle ne sont pas intellectuellement insignifiantes puisqu’au sein de la tradition libérale classique, il ne fut pas rare de voir des penseurs à précocement témoigner d’une incontestable sensibilité « de gauche ». A la fin de ses Droits de l’homme, Thomas Paine fut parmi les tous premiers à se soucier de protéger les droits des plus déshérités. Tocqueville, lui, dénonça les aspects aliénants de la division du travail et préconisa d’aider les prolétaires à se constituer une épargne. Et Stuart Mill, dès les dernières pages de De la liberté et plus encore en divers écrits parus peu avant qu’il ne disparaisse s’employa à rendre certaines des critiques et propositions socialistes compatibles avec la logique d’un libéralisme pour tous.

                                A ces premiers libéraux de gauche en ont succédé d’autres au Xxe siècle, en rangs relativement fournis. En France, il faut compter avec le leader radical Yves Guyot (rédacteur en chef du très laissez-fairiste Journal des Economistes…), ou Alain, partisan éclairé d’un libre marché à l’accès démocratisé, et d’une certains façon Raymond Aron, qui a toujours défendu le bien-fondé d’une correction des inégalités sociales par l’action de l’Etat. Dans l’aire anglo-saxonne, Isaïah Berlin et Karl Popper n’ont cessé d’allier leur anti-collectivisme à de vives critiques à l’encontre des injustices entraînées par un laissez-faire intégral. En Allemagne, les thèses « ordo-libérales » de W. Röpke (… membre de la Mont-Pèlerin Society) exposées en particulier dans Une économie humaine : le cadre social du marché libre furent toutes entières orientées vers l’édification d’une économie sociale de marché. A ce recensement qui ne saurait être exhaustif, il faudrait entre autres ajouter les noms d’Ortega Y Gasset, et, en Italie, ceux de Luigi Einaudi et de Norberto Bobbio : preuve, s’il en fallait, qu’à l’instar du libéralisme en général, le libéralisme de gauche est non seulement une réalité « vivante », mais aussi l’œuvre d’un concert européen des nations.

                                Extrait du blog de Copeau

                                 

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