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Martinique : l’affrontement

En ce 30e jour de grève, des petits patrons et des exploitants agricoles menés par des békés ont tenté un raid sur Fort-de-France. Mal leur en a pris !

Martinik, vendredi 6 mars, 30e jour de grève générale.

 
L’affrontement.

Dans la nuit de jeudi à vendredi plusieurs entrepots ont été brûlés. Dans la journée de ce vendredi, on a appris la venue d’un étrange cortège venant de la côte atlantique, composé de tracteurs, de camions et d’autres véhicules. C’était les planteurs de bananes qui protestaient contre le blocage du port par les grévistes, amenant la perte de leur récolte. S’y était joints d’autres petits et grand patrons qui entendaient, en fait, proclamer leur hostilité à la grève et leur volonté de faire respecter « la liberté du travail ». Très vite on s’est aperçu que ce défilé « molocoye » était conduit par des békés, dont De Raynal - président du syndicat des planteurs de bananes - et des membres de sa famille. La rumeur se répand alors comme une traînée de poudre et les tee-shits rouges surgissent de toute part pour arrêter le cortège qui prétend défiler dans Fort de France devant la Maison des Syndicats. Grossière provocation ! Bientôt le « caillassage » des tracteurs commence sur la rocade. Les gardes mobiles, qui déjà, à hauteur de Dillon, ont tiré des gaz lacrymogènes, visant, à tir tendu les fenêtres des logements HLM, tentent encore une fois de repousser les assaillants qui s’en prennent aux véhicules des patrons. Un tracteur, venant par la route des Religieuses, arrive cependant à l’angle de l’avenue du Général De Gaulle. Il doit stopper et manque de peu la crémation et se retrouve, pneus crevés,dans un triste état. Les jets de pierre et de bouteille atteignent les forces de l’ordre non loin de la Préfecture. Elles ripostent par un tir intense de gaz lacrymogènes. L’atmosphère devient irrespirable et l’odeur des gaz, le bruit des tirs, atteignent la salle des négociations où se tiennent les membres de la partie patronale et ceux du Collectif. Ceux-ci devant les tensions, les tirs des forces de l’ordre, décident de se retirer. Serge Letchimy, le député-maire de Fort de France, a quitté précipitamment la salle et se rend à pied jusqu’à la rocade où ont lieu des affrontements. Tentant de s’interposer il est lui-même repoussé par les forces de l’ordre sans ménagement.

Finalement les békés et leurs partisans font demi-tour, pare-brise éclatés, prenant à témoin le public, à travers leur média-croupion ATV, de cette « atteinte intolérable du Collectif à la démocratie » .

Comme par hasard ces troubles ont lieu au moment où une issue semblait être trouvée dans les négociations. Et De Raynal qui siège avec la partie patronale depuis le 5 février, torpillant au dernier moment tout accord, se retrouve à présent à la tête des agriculteurs en ce vendredi 6 mars.

La foule reste massée boulevard du Général De Gaulle regrettant presque le retrait des patrons. C’est un coup de fouet qui remobilise de plus belle. Pour le lendemain samedi l’UMP appelé à une manifestation (« en bleu ») contre la grève. Déjà nombre de manifestants se déchaînent et leur prédisent un accueil de circonstances. Chantal MAIGNAN, la responsable de l’UMP, instigatrice de cette manifestation est accusée de fomenter un affrontement physique.

 

Limites du mouvement.

Au point où l’on en est, dans cette situation de pénurie, on aurait souhaité que les syndicats s’emparent au moins de la nourriture des supermarchés ou des entrepôts du port, avant que pour certains produits elle ne soit périmée. Ils n’ont pas osé le faire.

De même les salariés de la société Batir, tenu par le béké Despointes, ont demandé l’arrêt de la grève devant le dépôt de bilan et le lock-out du patron. Aucun n’a suggéré une expropriation et une reprise en main des stocks par les salariés eux-mêmes . On ne sent guère cette volonté de réquisition mais plutôt une attitude de quémandeur face aux riches, sans qu’on ose demander que TOUT soit restitué et géré par les travailleurs eux-mêmes.


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6 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 10 mars 2009 13:17

    La présence et continuation de la situation des "Békés", sorte de néocolonialistes à peine relookés est insupportable à quiconque est soucieux des droits de l’homme.

    Et, en même temps, il faut bien ajouter, que si le LKP ou son équivalent Martiniquais doit pouvoir librement manifester pour défendre les droits et l’avenir de la population, il en est de même pour tout autre opinion ou formation.
    C’est une liberté fondamentale, qui doit être respectée.


    • Kalki Kalki 10 mars 2009 13:55

      Un jour tout le monde se reveille :

      Le rêve américain n’existe plus, il n’a jamais existé.

      Il est mort.


      • cumbuco 11 mars 2009 00:24

        une seule chose a dire bravo continuez comme ca !!!! vous etes en bonne voie pour terminer comme haiti, et c’est tout ce que je vous souhaite


        • jak2pad 11 mars 2009 02:27

          absolument d’accord avec cumbuco

          mais je pense que cette indépendance qui va vous tomber sur le nez ( parce que plus des deux tiers des Français en ont par - dessus la tête des trépignements des enfants gâtés) , elle va vous étonner beaucoup :

          1) plus de RMI, allocs,ni bourses diverses et variées, ni aides sans fin

          2) carte de travail et permis de séjour pour bosser en métropole, et pas dans la Fonction Publique

          3) fini les congés bonifiés, le glandage incessant parce que le blanc c’est un esclavagiste, et que nous on va rien foutr

          4) bon accueil gentil, poli et serviable pour les touristes, parce que sinon ils ne reviendront pas

          5) fini les 4/4 tous neufs et les grosses voitures payées par les crétins de Blancs

          6) fermées les ANPE, puisque tout le pays sera une grande ANPE, Directeut - Général : Domota.

          ça risque d’être dur dur, croyez pas ?

          mais nous, c’est tout le bonheur qu’on vous souhaite, ....et avec la fierté retrouvée,.....c’est pas rien.

          alors, vous vous décidez ?


          • nemo3637 nemo3637 11 mars 2009 03:24

            Oui, je crois que nous nous sommes décidés, mon voisin et moi. Nous nous sommes dit que ce n’était pas la peine que la Martinique accorde l’indépendance à la France tant était grande l’état de servitude, l’ignorance et la résignation de nombre de ses sujets. Il faudra encore faire une effort...


            • tchoo 11 mars 2009 09:37

              On fait l’aumone à nos frères des caraïbes et on se plaint de leur manque de reconnaissance.
              Je n’ai pas entendu un seul rejetter la France, juste se révolter contre le système mis en place,
              et nous, atteint de surdité aigué, la seule réponse que l’on voudrait leur offrir c’est "partez ou fermez votre gueule".

              C’est pas la France, c’est pas ma France....

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