Merde au sport !
- On s'en sort bien Victor : l'OM a gagné et ses dirigeants ne sont pas en taule. Par contre, le sport hexagonal, bonjour la débandade ! Les rugbymen se sont fait ridiculiser par les danseurs de tango, quant aux tennismen français, ils n'ont pas touché beaucoup de billes face aux Suisses...
- Churchill disait : « never sport ! ». Attention ce n'était pas un mépris de l'épanouissement du corps mais un refus de sacrifier à cette nouvelle religion qui colonise l'existence de milliards d'individus et impose une manière de penser couplant le culte de la performance et les affaires, particulièrement la publicité. Les sportifs de haut niveau, les « champions » sont les nouveaux dieux de la jeunesse. La plupart des jeunes rêvent d'imiter Zidane, Messi, Armstrong. Même les pires tricheurs sont admirés, voire imités car ils sont des gagneurs, des « winners ». Qu'importe les moyens, seule compte la fin. On ne s'épanouit pas personnellement en s'adaptant aux circonstances de l'existence, mais on imite, on s'identifie à ces modèles fabriqués par le complexe médiatico-publicitaire... La négation de l'imagination et de l'intelligence. Regardez-les les sportifs et surtout les « supporters » : on dirait des clones, partout dans le monde. Braillards, violents, sectaires, intolérants, obéissant à des slogans. Le sport usine « l'homme nouveau » d'Orwell : uniformité de pensée et de comportement, endoctrinement, violence, inculture. Le sport est l'ennemi du peuple Loulle.
- Oh ! T'envoies pas le bouchon un peu loin, Victor ? T'as monté combien de fois le Ventoux à vélo ?
- Je l'ai effectivement monté souvent le Ventoux, Loulle. Et ce n'est pas de la tarte. Il faut vouloir et savoir se faire souffrir. Mais je le montais comme un jeu, comme un défi personnel, pas pour arriver avant les autres. Je pédalais, je suais, je pestais contre moi-même gratuitement, en dilettante, sans autre but que de me mettre au défi. C'est ça le jeu. Le sport, c'est autre chose. L’invention du sport se situe au XIXème siècle, en pleine révolution industrielle, en vue de rendre les corps et les esprits dociles aux nouvelles formes du travail en usine, de domestiquer les nouvelles couches sociales que l’on met au travail. Il vise à, créer un nouveau type d'humain qui mécanise son corps et son esprit en vue de la « performance ». Il faut lui donner un « mental de gagnant ». Et accessoirement le conditionner au fétichisme des marques qui « sponsorisent » les grandes épreuves (Nike, Coca-Cola, Adidas, Lacoste, etc.). Le sport enseigne la soumission à un certain ordre social. Pour arriver à LA performance qui fait bêler les foules abruties des « supporters », tout est bon, et surtout toutes les substances douteuses. Écoutons le footballeur Dhorasso. Il dit : « Il faut être cohérent et un peu honnête. On ne peut pas demander aux gars de battre des records, aux cyclistes de monter des cols à des vitesses incroyables, et tout ça à l’eau claire. Défendre à la fois la course à la performance à tout prix et la chasse au dopage, c’est prendre les gens pour des imbéciles ». Et il est poli Dhorasso...
- T'es pas tendre Victor...
- Faut pas l'être Loulle. Faut être lucide : le sport nous prend pour des kons, et rend kon ceux qui adhèrent à ses « valeurs ».
- Oui mais le rugby tout de même ! Il y a des valeurs de jouer collectif, de sacrifice pour l'équipe.
- Oui. Mais les joueurs actuels sont devenus des professionnels plus soucieux de monnayer leur image que de se sacrifier pour leur équipe. Bien des joueurs sont sous l’influence…de leur agent ! Comme au fouteballe, ce sont des sortes de maquereaux qui s’occupent de gérer « l’image » des joueurs, de négocier des contrats de pub, de faire des photos publicitaires, d’amener leur gagneuse à des coquetèles, etc. Tout ça pour du pognon… Bref, les rugbymen sont devenus des foutebaleurs comme les autres.
- La honte !
- Exactement. La honte. Donc, avec cette mentalité, chaque joueur perçoit ses coéquipiers comme des concurrents en « image » ! De là on néglige le jeu collectif au profit de quelques coups d’éclats individuels qui feront de belles « images », on n’a pas envie de sacrifier sa gueule et donc son « image » pour gagner un match. On hésite à faire la dernière passe qui permettrait à un autre de marquer l'essai...et d'être sur la photo ! On n’est peut-être même plus potes, copains, amis hors du terrain mais rivaux… Plus de ces troisièmes mi-temps gargantuesques, plus de cassoulet ni d’entrecôtes bordelaises géantes, plus de chansons gaillardes… La tristesse.
Quant aux tennisseurs qui ont perdu la Coupe Davis, ça me fait rigoler, et même ricaner Loulle : tous les joueurs sur le terrain étaient...résidents en Suisse ! Les membres de « l'équipe de France » - Jo-Wilfried Tsonga, Gael Monfils, Richard Gasquet, Julien Benneteau et Gilles Simon – sont tous des évadés fiscaux résidents en Suisse ! Quant à BNP-Paribas, « parrain » de cet événement sportif, il est l'incontestable champion de la présence dans les paradis fiscaux où il réalise 21% de ses activités, avec 170 filiales sous tous les cieux où le fric sale est roi. Que peuvent être ces activités sinon l'évasion fiscale pour ses clients-complices et, bien sûr, pour elle-même. La messe est- dite...
- Allez Victor, alors c'est moi qui sers le vin de messe. Á la nôtre !
Illustration : merci à Chimulus.
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