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Accueil du site > Tribune Libre > Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte

Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte

Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, Editions Maurice Nadeau, 1994

"Extension du domaine de la lutte est un roman de Michel Houellebecq sorti en 1994 aux Éditions Maurice Nadeau. Il raconte l'histoire d'un cadre moyen célibataire qui oscille entre une déprime sur fond d'inhumanité de la société française et un souci de détachement voulu et de passivité — peut-être par réaction, et accompagné d'un certain humour désabusé."

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Michel Houellebecq, né Michel Thomas à la Réunion, le 26 février 1956 (acte de naissance), ou en 1958 (selon lui), est un écrivain français. Poète, essayiste, romancier et réalisateur, il est, depuis la fin des années 1990, l'un des auteurs contemporains de langue française les plus connus et traduits dans le monde. Il a également fait quelques apparitions remarquées en tant qu'acteur. Après la publication d'une biographie de Lovecraft, il est révélé par les romans Extension du domaine de la lutte et, surtout, Les Particules élémentaires, qui le fait connaître d'un large public. Ce dernier roman, et son livre suivant Plateforme, sont considérés comme précurseurs dans la littérature française, notamment pour leur description au scalpel, mais non sans humour, de la misère affective et sexuelle de l'homme occidental dans les années 1990 et 2000. Avec La Carte et le Territoire, Michel Houellebecq reçoit le prix Goncourt en 2010, après avoir été plusieurs fois pressenti pour ce prix. En janvier 2015, il publie un livre où il imagine la France dirigée par un parti musulman : Soumission. Il reçoit le prix de la BnF 2015 pour l’ensemble de son œuvre.

Quatrième de couverture :

"Voici l'odyssée désenchantée d'un informaticien entre deux âges, jouant son rôle en observant les mouvements humains et les banalités qui s'échangent autour des machines à café. L'installation d'un progiciel en province lui permettra d'étendre le champ de ses observations, d'anéantir les dernières illusions d'un collègue - obsédé malchanceux - et d'élaborer une théorie complète du libéralisme, qu'il soit économique ou sexuel."

Citations :

"Je n'aime pas ce monde. Décidément, je ne l'aime pas. La société dans laquelle je vis me dégoûte ; la publicité m'écoeure ; l'informatique me fait vomir. Tout mon travail d'informaticien consiste à multiplier les références, les recoupements, les critères de décision rationnelle. Ca n'a aucun sens. Pour parler franchement, c'est même plutôt négatif ; un encombrement inutile pour les neurones. ce monde a besoin de tout, sauf d'informations supplémentaires." (p.82-83)

Décidément me disai-je, dans nos sociétés, le sexe représente bel et bien un second système de différenciation, tout à fait indépendant de l'argent ; et il se comporte comme un système de différenciation au moins aussi impitoyable. Les effets de ces deux systèmes sont d'ailleurs strictement équivalents. Tout comme le libéralisme économique sans frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue. Certains font l'amour tous les jours ; d'autres cinq ou six fois dans leur vie ou jamais. Certains font l'amour avec une dizaine de femmes ; d'autres avec aucune. C'est ce qu'on appelle la "loi du marché". dans un système économique où le licenciement est prohibé, chacun réussit plus ou moins à trouver son compagnon de lit. En système économique parfaitement libéral, certains accumulent des fortunes considérables ; d'autres croupissent dans le chômage et la misère. En système sexuel parfaitement libéral, certains ont une vie érotique variée et excitante ; d'autres sont réduits à la masturbation et à la solitude. Le libéralisme économique, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. de même, le libéralisme sexuel, c'est l'extension du domaine de la lutte, son extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société..." (p.100)

"Phénomène rare, artificiel et tardif, l'amour ne peut s'épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposés à la liberté de moeurs qui caractérise l'époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d'amants ; un tel mode de vie appauvrit l'être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles..." (p.114)

"Dans une brochure éditée par les Galeries Lafayette j'ai trouvé une intéressante description d'êtres humains, sous le titre "Les actuels" : "Après une journée bien remplie, ils s'installent dans un profond canapé aux lignes sobres (Steiner, Roset, Cinna). Sur un air de jazz, ils apprécient le graphisme de leurs tapis Shurries, la gaieté de leurs murs tapissés (Patrick Frey). Prêtes à partir pour un set endiablé, des serviettes de toilette les attendent dans la salle de bains (Yves Saint-Laurent, Ted Lapidus). Et c'est devant un dîner entre copains et dans leurs cuisines mises en scènes par Daniel Hechter ou Primrose Bordier qu'ils referont le monde." (p.213-124)

Influences :

Arthur Schopenhauer (Le Monde comme Volonté et comme représentation), F.M. Dostoïevski (Les carnets du sous-sol), J.K. Huysmans (A rebours), Aldous Huxley (Le Meilleur des mondes), Eugène Ionesco (Rhinocéros), Albert Camus (L'étranger), Georges Pérec (Les choses), Samuel Beckett (Fin de Partie), Guy Debord (La société du spectacle), Jean Baudrillard (La société de consommation), Herbert Marcuse (L'homme unidimensionnel), Roland Barthes (Mythologies), Emil Cioran (de l'inconvénient d'être né), Jean-Paul Sartre (La Nausée), Louis-Ferdinand Céline (Le Voyage au bout de la nuit)...

Mon avis sur le roman :

L'extension du domaine de la lutte n'est pas un livre dont on peut sortir indemne et dont on peut parler comme d'un simple objet littéraire. Le personnage principal, dont on ne connaît pas le nom, sombre dans la psychose et les médecins ne peuvent (et ne font) absolument rien pour l'aider, pas plus qu'il ne réussit à aider son collègue dont l'accident ressemble fort à un suicide.

C'est l'aspect le plus dérangeant du livre... cette chaîne de personnages impuissants à éviter le pire (et qui peut-être le favorisent) : son ami prêtre qui ne l'écoute pas (absorbé par ses propres problèmes) et qui ne dit pas ce qu'il faut dire, le "héros" qui pousse son collègue à se venger de sa misère sexuelle et affective, le psychanalyste qui pose un diagnostic de "dépression", gave son patient de médicaments et réduit son errance à une "recherche du père"... et enfin le lecteur, renvoyé à ses propres faiblesses et à ses propres manques...

Vision crépusculaire du monde occidental et d'un "libéralisme" (pour employer un concept paresseux) en état de décomposition avancé, les romans de Houellebecq sont d'une vérité désespérante.

On se demande en les lisant de quel droit et au nom de quelles "valeurs" nous continuons à donner des leçons d'art de vivre au monde entier. Ceci dit, chaque civilisation a ses propres névroses et il ne faut pas céder à l'illusion d'un ailleurs paradisiaque.

Houellebecq semble en appeler à une résurgence du religieux. Mais il y a deux sortes de foi(s) : celle qui ne doute pas - et que Houellebecq n'a pas et celle qui cherche un sens à la vie, mais qui n'est sûre de rien. Même s'il dit ne pas avoir pas la foi, l'auteur donne l'impression d'avoir la nostalgie de la tradition et des religions "donatrices de sens", paradoxe que l'on retrouve dans Soumission.

René Girard a bien montré que dans les sociétés traditionnelles les rivalités entre les individus qui découlent du caractère imitatif du désir humain sont régulées par les interdits et les rituels qui jouent dans les sociétés humaines le rôle de l'instinct dans les sociétés animales.

Avec l'avénement du capitalisme et de la démocratie (mais on peut en voir les prémices au XVIIème siècle, dans les pièces de Molière par exemple) et les notions de "liberté" et "d'égalité", le "domaine de la lutte" s'étend à l'ensemble de la société et de ceux qui la composent, chaque individu devenant un rival pour tous les autres au sein d'un système de concurrence généralisé dans lequel chacun devient un modèle et un obstacle pour l'autre et où le rival est investi d'une plénitude ontologique illusoire.

Dans les sociétés où les rituels, les interdits et les traditions se sont affaiblis, des facteurs comme l'âge, la beauté, le charme... prennent une importance déterminante. Dans un contexte concurrentiel, un homme comme Raphaël Tisserand, le malheureux collègue du héros-narrateur n'a aucune chance de s'en sortir. La fameuse "liberté sexuelle", tant célébrée dans les années 70 est donc pour Houellebecq un leurre et un facteur aggravant de souffrance, de haine et d'aliémation. Elle ne profite qu'à un petit nombre et empêche les autres (la majorité) de mener une vie affective et sexuelle satisfaisante.

Houellebecq reprend la notion nietzschéen de "ressentiment" (l'envie, la haine impuissante) pour caractériser le sentiment dominant de l'homme moderne.

Il montre que les domaines de "l'extension de la lutte" sont relativement indépendants l'un de l'autre : "sur le plan économique, Raphaël Tisserand appartient au camp des vainqueurs ; sur le plan sexuel, à celui des vaincus. Certains gagnent sur les deux tableaux ; d'autres perdent sur les deux. Les Entreprises se disputent les jeunes diplômés ; les femmes se disputent les jeunes hommes ; les hommes se disputent certaines jeunes femmes ; le trouble et l'agitation sont considérables." (pp.101-102)

Si le désir est voué à l'insatisfaction, est-ce parce que le monde ou la société ou encore la nature (le remède au vieillissement et à la mort est abordé dans La possibilité d'une île sous l'angle du "transhumanisme") sont mal faits ou n'est-ce pas plutôt en raison de la constitution ontologique de l'être humain ?

Le héros (je ne pense pas que ce soit le cas de l'auteur) privilégie la dimension socio-politique au détriment de la dimension métaphysique, éthique et individuelle, se situant dans la lignée de la pensée des Lumières (l'humanisme) plutôt que de la pensée philosophique traditionnelle, notamment celle des stoïciens, telle que la résume Descartes au début du Discours de la méthode : "Et je tâchais à me vaincre plutôt que la fortune et à changer mes désirs que l'ordre du monde."

Le fait que notre unique souci soit désormais celui de la jouissance et de la consommation sous la dictature d'un présent sans passé et sans avenir est le symptôme de l'indigence tragique (mais d'une tragédie qui s'ignore) de la condition post-moderne.

L'expérience de la désillusion (que vit le héros de L'extension du domaine de la lutte) est donc décisive, mais la question est de savoir si la désillusion aboutit nécessairement au nihilisme et au désespoir.

Dans La Possibilité d'une île, la "solution" apportée à la souffrance, au vieillissement, à la mort est la création d'une nouvelle espèce virtuellement immortelle, soustraite à la dimension tragique de la condition humaine passée et actuelle et dépourvue de sexualité

Une autre solution, évidemment "ironique" au problème est évoquée dans Soumission (il faut lire, dixit Houellebecq, ses romans dans l'ordre). Les rituels et les interdits limitant la concurrence sont rétablis, ainsi que les hiérarchies religieuses et sociales : l'homme se soumet à Dieu et la femme se soumet à l'homme... Des hommes peu avantagés par la nature comme Raphaël se voient attribués une ou plusieurs femmes et peuvent mener désormais une vie affective et sexuelle satisfaisante.

Si François, le personnage principal de Soumission, finit par s'accomoder d'un régime islamiste "modéré", le 22ème avatar de Daniel1 de La possibilité d'une île finit par fuir le "bonheur insoutenable" du "meilleur des mondes" pour affronter la dimension tragique de la condition humaine et en assumer la liberté.

"L'homme se définit d'abord comme une personne. La personne, catégorie éthique et spirituelle s'oppose à l'individu, catégorie sociologique et naturaliste. La personne n'est pas nature, mais liberté. Contrairement à l'individu qui est partie de l'espèce et de la société, la personne n'est pas la partie d'un tout quelconque. Elle s'oppose aux fausses totalités que forment le monde naturel, la société, l'Etat, la nation, l'Église, etc. Ces fausses totalités constituent les sources majeures de l'objectivation qui aliène la liberté de l'homme dans des productions qu'il finit par idolâtrer en se soumettant à leur tyrannie." (Nicolas Berdiaev)


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7 réactions à cet article    


  • Jo.Di Jo.Di 2 mai 2016 10:18

    Extension du domaine de la lutte des classes à l’existentiel comme extension de l’appropriation capitaliste à l’humain par la technicité de la société , et bientôt le transhumanisme Influences Clouscard, Marx. Le transhumanisme qui intéresse H est dans la filiation.
     
    L’outil prend de plus en plus d’autonomie, La Machine est cette société technicienne qui semble incontrôlable et aliénante.
     
    Houellebecq écrit dans Les Partic ules Élémentaires :
     
    « Mes compétence personnelles sont largement inférieures à celles de l’homme de Neandertal ». 
     
    Par là il étend la figure marxiste de l’homme « dépossédé » par l’accumulation du Capital ; En plus de perdre sa production et l’outil productif, l’homme est dépossédé de ces capacités d’autonomie.
     
    Aussi, sans Carrefour, la possibilité de subvenir à ses besoins sans le Capital est quasi nul pour le citadin. La dépendance est totale. Seul le paysan peut être matériellement anarchiste !

    Autrement dit, tout en prétendant augmenter la liberté des hommes, le Capital et sa division du travail technicienne ont réduit l’autonomie du consommateur, à celle d’un grabataire dans la forêt amazonienne.

    La technique moderne supprime une faculté naturelle, et la reconstitue sous forme de consommation. C’est l’extension du domaine de l’expropriation à l’homme lui-même. Lorsque vous achetez votre voiture, ce sont aussi vos jambes qui sont la valeur d’échange... Quant au capitalisme, il doit sans cesse recourir à l’invention de nouveaux marchés (consumérisme) et fractionner la marchandise autant que possible, parallèle nécessaire de la division du travail. A consommation inutile, travail inutile, organes humains inutiles ! Marx voyait que l’extension de la production amenait la marchandisation « subjective » du prolétaire, cette marchandisation est dorénavant « objective ».
     
    vient maintenant la critique marxiste du transhumanisme ... L’organe obsolète devenu inutile, est l’organe qui doit être augmenté ... par le Capital. Ce n’est qu’un prolongement de la logique d’expropriation.
     
    « Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur » Kevin Warwick cybernéticien
     
    Le transhumanisme se place donc parfaitement dans la téléologie marxiste de l’extension du domaine de la lutte à l’existentiel ultime.
    Après annihilation de la religion, de la nation et de la famille, comme le prévoyait Engels et Marx, le Capital s’attaque aux valeurs finales : culture, liberté, justice, beauté, etc... aux « inquiétudes existentielles ».
     
    Les jambes vendues, vient le tour du cerveau. La technique n’est pas impuissante dorénavant face à ce défi consumériste.
     
    Le transhumanisme est profondément évolutionniste et progressiste, bref marxiste. Il croit en l’extinction du plus faible et à la lutte des classes : Machine du Capital contre benêts.
    Avec sa une rouerie habituel, lorsque le transhumanisme parlera d’ « homme augmenté », il en appellera à la liberté individuelle, au droitdelhommisme !
    L’homme auto-construit, fractionné en rouages achetables est, pour ainsi dire, un nouveau Divide et Impera libéral mondialiste... Après avoir diviser la société dans le multi-accuturel, c’est la monade acculturée qui est à son tour divisée en multi-fournisseurs ! Pour l’homme outil multi-kulti, à organes outils multi-kulti...
    Oui, Marx avait raison, le capitalisme est vraiment révolutionnaire, et il aura le soutient du gôôôchiste, l’organe enfin libéré du corps trop conservateur.
     


    • Jo.Di Jo.Di 2 mai 2016 10:26

      Surtout dire que le livre est très marrant  !
       
      En encore plus pour un mulotien (extension du mulot à Chichi) car interpelle au niveau du vécu ...
       
      D’ailleurs H décrit aussi très bien les bobos qui se croient les « maîtres du monde » à 2,5 smic, snobinards gôôôchistes bien-pensants du Capital, sans-frontièristes anti-racistes, mondains consuméristes, et qui sont juste chiures finales de leur Histoire (l’apéritif où H se soûle dans PE)


    • Taverne Taverne 2 mai 2016 11:33

      @Jo.Di

      Le fait d’être obligé de faire ses courses à Carrefour ( encore que ce ne soit pas tout-à-fait vrai, il existe des alternatives) ne fait pas pour autant de l’individu une personne soumise et décérébrée. Chaque être humain peut prendre ses distances par rapport aux systèmes qui lui imposent des contraintes et demeure parfaitement libre.


    • Jo.Di Jo.Di 2 mai 2016 13:56

      @Taverne
       
      Seul le paysan a les moyens d’être anarchiste et de dire merde au Capital (où au communisme, Makhnovista) le bobo gôôôchiste de banlieue HQE est son esclave, et bobo le sait, même s’il ne le dit pas. C’est une grande force du « système », la peur de la chute du Caddie.
       
      C’est aussi un des grands principes du marxisme : « plus l’ouvrier produit, plus il devient lui-même marchandise », cette aliénation de la division du travail est connue depuis le début de l’industrie (et l’antique en faisait une nécessité à la culture de l’élite). Produit, outil de production, existence et corps finalement dépossédés.
       
      Le transhumanisme fera de ce constat une apothéose. Qui n’aura pas acheté son œil bionique sera une merde (Google a déposé déjà le brevet).
       


    • Taverne Taverne 2 mai 2016 11:27

      La citation finale de Berdiaev est excellente, je ne la connaissais pas.

      Ce passage est choquant : "Des hommes peu avantagés par la nature comme Raphaël se voient attribués une ou plusieurs femmes et peuvent mener désormais une vie affective et sexuelle satisfaisante.« Selon cette conception, la femme est un objet de possession comme les autres. »J’ai trois chameaux, une Golf et trois femmes« . Les femmes »peu avantagées" ont-elles droit aussi à trois beaux hommes ?


      • Profil supprimé Jean-Michel Lemonnier 3 mai 2016 17:51

        Votre analyse du roman gagnerait en épaisseur s’il était compris à lumière des analyses d’un Clouscard ou Michéa concernant le néo-capitalisme, donc à l’aune de l’idéologie forgée par les thuriféraires, les « justificateurs » de ce capitalisme libidinal (Deleuze, Foucault...mais aussi les critiques les plus stupides du patriarcat depuis de Beauvoir).

         "La liberté sexuelle reste sélective. La femme est libre, mais de circuler et de s’échanger dans ces enclos culturels et sociologiques. En définitive, elle est toujours chasse gardée. Comme ds les troupeaux où les grands mâles se partagent les femelles (...) et chassent ensemble des intrus. Le bourgeois chasse à l’extérieur. Mais chasse gardée à la maison. Ou bien il est échangiste. Donnant, donnant" (Le CdlS, M. Clouscard, Ed. Delga, rééd. 2012).
        "Portés par une commune idéologie, le phallocrate et la féministe se partagent bourgeoisement la plus grosse part du gâteau libidinal« (ibidem)

        La guerre des sexes n’est qu’une guerre de consommateurs.
        La femme doublement spoliée par l’homme de la société répressive et par l’homme de la société permissive...

        « Extension du domaine de la lutte », le roman clouscardien de Houellebecq Initiation de série, dressage des masses et forcément frustrations des recalés du « grand festin » (c’est l’amertume générée par l’idéologie de la nouvelle société civile depuis les années 60) ... La Véronique de Houellebecq transformée en "ignoble pétasse« , »en véritable ordure« , »sans conscience morale" par la psychanalyse lacanienne, c’est un peu la Marie-Chantal de Clouscard qui assiste aux séminaires de Lacan et Foucault, le destin de Raphaël Tisserand c’est celui des perdants du marché du désir, du meilleur des mondes de la consommation libidinale, etc.

        A l’inverse, dans la catégorie des infects romans suintant (par les parties basses) l’idéologie freudo-marxiste lacano-deleuzophrénique, il y a ceux des Angot, Despentes, Catherine Millet...

         


        • Profil supprimé Jean-Michel Lemonnier 3 mai 2016 17:56
          Votre analyse du roman gagnerait en épaisseur si ce dernier était compris à lumière des analyses d’un Clouscard ou Michéa concernant le néo-capitalisme, donc à l’aune de l’idéologie forgée par les thuriféraires, les « justificateurs » de ce capitalisme libidinal (Deleuze, Foucault...mais aussi les critiques les plus stupides du patriarcat depuis de Beauvoir).

           "La liberté sexuelle reste sélective. La femme est libre, mais de circuler et de s’échanger dans ces enclos culturels et sociologiques. En définitive, elle est toujours chasse gardée. Comme ds les troupeaux où les grands mâles se partagent les femelles (...) et chassent ensemble des intrus. Le bourgeois chasse à l’extérieur. Mais chasse gardée à la maison. Ou bien il est échangiste. Donnant, donnant" (Le CdlS, M. Clouscard, Ed. Delga, rééd. 2012).
          "Portés par une commune idéologie, le phallocrate et la féministe se partagent bourgeoisement la plus grosse part du gâteau libidinal« (ibidem)

          La guerre des sexes n’est qu’une guerre de consommateurs.
          La femme doublement spoliée par l’homme de la société répressive et par l’homme de la société permissive...

          « Extension du domaine de la lutte », le roman clouscardien de Houellebecq Initiation de série, dressage des masses et forcément frustrations des recalés du « grand festin » (c’est l’amertume générée par l’idéologie de la nouvelle société civile depuis les années 60) ... La Véronique de Houellebecq transformée en "ignoble pétasse« , »en véritable ordure« , »sans conscience morale" par la psychanalyse lacanienne, c’est un peu la Marie-Chantal de Clouscard qui assiste aux séminaires de Lacan et Foucault, le destin de Raphaël Tisserand c’est celui des perdants du marché du désir, du meilleur des mondes de la consommation libidinale, etc.

          A l’inverse, dans la catégorie des infects romans suintant (par les parties basses) l’idéologie freudo-marxiste lacano-deleuzophrénique, il y a ceux des Angot, Despentes, Catherine Millet...

           

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