Mohamed et Térébenthine
Dans le film d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, « Le Prénom », sorti en 2012 et adapté de leur pièce homonyme, un futur père croit faire une fine plaisanterie en annonçant que le prénom choisi pour le bébé attendu n'est autre que : « Adolphe ».
Le diner tourne alors à la débâcle et le choix des prénoms de leurs enfants par les différents couples donne l’occasion d’un règlement de comptes de la part de leurs proches qui participent à la fête.
C’est que le choix d’un prénom est un sujet sensible, et les parents, quoi qu’ils en pensent, ne sont pas les seuls impliqués dans la décision : le réseau social qui les entoure exerce une pression considérable, et c’est le « destin » même de l’enfant qui est en jeu, tant il est vrai que les croyances totémiques n’ont pas disparu concernant la transmission par le prénom des caractéristiques de l’« ancêtre » ou parrain.
A Nice, ces jours-ci, M. et Mme Merah subissent le contrecoup de ce phénomène bien connu des anthropologues. Ils ont déclaré en mairie un enfant nommé "Mohamed, Nizar Merah", et la ville de Nice a effectué un signalement et saisi le Procureur.
"Il est inadmissible de constater de tels agissements", ont déclaré Christian Estrosi et Philippe Pradal, rappelant que Nice "a été touchée de plein fouet par un attentat cet été et que ses habitants sont encore meurtris". Et ils ont ajouté : "C’est pour cette raison que nous avons alerté le Procureur afin qu’il prenne les mesures adéquates pour faire modifier cet acte de naissance dont le contenu porte atteinte à notre République."
La municipalité estime quant à elle que ce choix des parents de donner à leur fils les prénoms Mohamed et Nizar "pouvait être contraire à l'intérêt de l'enfant" et assimilé à une apologie du terrorisme.
Vouloir empêcher des parents musulmans d’appeler leur enfant Mohamed est à peu près aussi pertinent que de dire à des Chrétiens que le prénom de Marie est suspect, mais ajouter que cela est dangereux pour l’avenir de l’intéressé est une forme de provocation.
A ce compte-là, on pourrait considérer que M. et Mme Ravaillac, de Trifouilly-les-Oies font de l’apologie régicide en prénommant leur fils François. M. et Mme Dutroux, de Bâle, font de l’incitation à la pédophilie en donnant le prénom de Marc à leur enfant, et le couple Georges, de Fouzy-les-Ridelles aurait porté atteinte à la république en appelant son fils Guy.
Les futurs parents seront bien avisés en effectuant des choix raisonnables pour l’identité de leur progéniture. Dans le cas d’espèce qui fait l'objet de ce billet, et pour évoquer l’environnement socioculturel dans lequel sera élevé l’enfant, on aurait pu suggérer « zayt alzzaytun », ce qui signifie « huile d’olive » en arabe. Il auraient ainsi montré leur bon goût et suivi la même tendance que Cécile Duflot quand elle a prénommé sa fille « Térébenthine ».
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