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Mon esprit critique sur la commode

Qu’est-ce que je fous là ? Je veux dire, que font les humains sur terre en gros, et même les animaux ou tous les trucs qui vivent d’ailleurs ? Cela semble être une question plutôt centrale pour pouvoir discuter de n’importe quel sujet qui concerne le vivant de manière un peu sérieuse. Les réponses foisonnent dans leur forme mais il se dégage selon moi deux grandes tendances.

Quand on pose cette question, l’image des religieux vient à l’esprit. « Tu ne sais pas pourquoi tu es là ? Ne t’inquiète pas, moi je sais, rentre dans mon groupe, on va t’expliquer ». Certains demandent de l’argent ou d’autres contreparties, d’autres font ça plus proprement. Dans tous les cas on te balance une réponse toute faite, basée sur si peu d’éléments tangibles qu’on recense près de 10 000 religions (sans compter les sectes plus petites) donc 10 000 réponses plus ou moins différentes à ce qu’on fabrique ici. La réponse consiste systématiquement à dire, « fais ça et tu seras sauvé », sous- entendu « tu seras meilleur que ceux qui ne font pas la même chose et tu auras éventuellement une récompense ». La constante est donc que d’une manière ou d’une autre, la totalité de ta vie est ou sera jugée, évaluée, comparée avec celle des autres…

Notre société récente tente, plus ou moins selon les régions du globe, de se débarrasser de la religion et ce courant de pensée a un réel succès aujourd’hui. Mais sans cette réponse toute faite, on se retrouve face à ce constat déroutant : chaque individu est sur terre pour un temps très limité, sans objectif connu… Pas facile de savoir quoi faire du coup… alors autant reprendre cette bonne vieille idée du concours non ?

 Pour la plupart, le concours va consister simplement à « être une bonne personne », terme qui ne recouvre généralement pas vraiment de fond. Pour être une bonne personne, il en faut des mauvaises, on est donc bien dans un concours. D’autres vont choisir un type d’activité et s’en servir comme mètre étalon : on aura ceux qui accumulent l’argent, ceux qui accumulent les voyages, les idées politiques, le savoir ou n’importe quelle « nouveauté » (le mot est devenu synonyme de « victoire » chez nous)… Dans tous les cas, l’action en question ne se suffit pas à elle-même, elle permet également de devenir une meilleure personne. On retrouve alors l’idée que le cumul de nos actions et pensées sera jugé… seule l’image qu’on met sur le juge a changé. Le mot consacré aujourd’hui est « Norme ».

Et l’esprit critique là-dedans ? La plupart des discussions se résument à l’opposition de deux Normes différentes, deux échelles de valeur sur « comment réussir sa vie ». L’un va dire que le travail et la réussite sociale sont un bon moyen de déterminer si un homme a bien profité de son temps sur terre, l’autre va lui répondre que le bonheur (chacun a sa définition) est plus important, ou la famille, ou les amis… peu importe. L’un dira qu’il faut chercher un maximum de plaisir, l’autre répondra que l’abstinence lui ouvrira les portes du ciel…

On apelle désormais "esprit critique", le fait de remettre en cause la Norme la plus répandue pour en remplacer des bouts avec des morceaux d'une autre Norme moins répandue.Dans tous les cas, l’idée que l’ensemble de notre vie est et doit être évalué n’est jamais remise en question.

Mon avis là-dessus. De ce que je perçois, la survie de l’espèce semble être une composante du rôle de l’homme sur terre, difficile de la nier. La survie de l’espèce (donc des espèces dont on a besoin) est loin d’être synonyme de survie de l’individu, ce qui cause énormément de conflits (autant physiques que verbaux, individuels que collectifs) aujourd’hui. Et après… je n’ai pas de preuve qu’il y ait quoi que ce soit d’autre (et suis prêt à examiner toute preuve) donc comme Saint Thomas… Et si on n’était là pour rien ? Rien d’autre que de se perpétuer « au mieux » (la définition de ce terme seul devrait pouvoir nous occuper pas mal).

Dans tous les cas, on peut au moins reconnaître que notre choix de faire la "course au mieux" n’a engendré que mensonges, peurs et conflits. Cela peut valoir le coup d’y réfléchir, si vraiment on se dit doté d’un esprit critique.

Pour répondre par avance aux deux arguments les plus fréquents :

L’argument nihiliste : on n’est là pour rien… donc on ne doit rien faire c’est ça ? Et ne s’occuper de rien ?

Pas du tout, à mon avis, nos comportements resteraient relativement semblables, à l’échelle individuelle, si on avait conscience qu’il n’y a sans doute aucun objectif à notre présence sur terre. Si on arrêtait de mettre des raisons mystiques (du type, ça va me rendre meilleur d’avoir fait tel truc) derrière une action, on la ferait toujours mais pour elle-même ou en fonction de nécessités primaires (manger, boire, se loger). Je continuerais à travailler pour l’argent dont j’ai besoin, mais je n’y passerais toutes mes journées que pour le plaisir que cela me procure et pas pour le pouvoir ou la reconnaissance qu’elle m’apporte (on bosserait sans doute un peu moins). Je continuerais à voyager mais sans forcément chercher à épater la galerie en allant le plus loin possible dans le confort le plus ostentatoire…

L’argument communiste : Que fais-tu de l’individualité, de l’esprit d’entreprendre, de l’esprit d’aventure qui anime chaque personne ? Tu voudrais que tout le monde soit pareil ou quoi ?

Si on ne sais pas pourquoi on est là, s’il n’y a pas d’échelle de valeur, chacun peut faire ce qu’il veut à peu près comme maintenant, on se débarrasse simplement des composantes individualistes de chaque action. Rien n’empêche de monter une société mais l’idée même d’accumuler plus de richesse qu’on en a besoin, dans le but de dépasser les autres, devient absurde voire contraire à la survie de l’espèce. On continue à faire du deltaplane si on aime ça, mais l’idée de poster 50 photos sur facebook pour montrer aux autres que sa vie est bien (sous-entendu comparée à celle des autres) n’a plus de sens. Et puis le communisme c’est l’intérêt collectif imposé à des gens privilégiant l’intérêt individuel par des gens privilégiant l’intérêt individuel… je ne parle pas d’imposer quoi que ce soit.

Bref, tout ça pour dire que tous les humains sont dans la même situation (les êtres vivants aussi mais on semble être les seuls à avoir un problème avec ca), les discussions sur la question du sens de notre vie sont aussi centrales qu’inexistantes dans notre société. Sans doute parce que cette question est insoluble… mais si c’est le cas, pourquoi aller se battre au nom de réponses hypothétiques alors ?


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4 réactions à cet article    


  • Miona Miona 3 avril 2013 21:18


     Ton esprit crie TIC !
     Le mien crie TAC ! 
     Tic Tac Tic Tac Tic Tac Tic Tac....
     L’horloge biologique nous pousse à participer au Grand Concours de transmission de nos gènes : Le GénéTicTac 
     Tic Tac Tic Tac Tic Tac Tic Tac....
     Nos parents ont participé... 
     Ils ont gagné

    • soi même 4 avril 2013 00:48

      Et bien t’es là pour avoir une conscience et croit moi, si tu le veux dans l’avenir tu en comprendra la raison, même si tu doutes actuellement.

       


      • soi même 4 avril 2013 01:16
        « La vie est une maladie de l’esprit.  » de Novalis

      • prolog 10 avril 2013 07:42

        bonjour et merci d’avoir pris le temps de lire.
        « crois moi », « si tu veux » : deux termes que je n’a pas compris je t’avoue. Quand je vois les conséquences des croyances aveugles et des volontés dans ce domaine je préfèrerais m’abstenir de le faire :).
        Tu voulais dire quoi par là du coup ? Et surtout, pourquoi dis-tu ca ?

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