Mon père est fonctionnaire... Ma mère ne travaille pas non plus
Cette sarcastique formule tout droit sortie de l’impertinence du regretté COLUCHE, trouve sa source dans la tenace légende selon laquelle le fonctionnaire est une espèce privilégiée plus tire au flanc que réellement productive. Les plaisanteries puisées dans cette fable sont légion. Mais, à force d’en user sous couvert d’ironie, le mythe en a définitivement travesti la réalité, au point que la noble mission au service du public disparait sous les traits caricaturaux de celui qui en fait le moins possible, ou pas une rame, pour peu qu’il œuvre au sein de la RATP. Laborieuse introduction pour finalement dénoncer la séculaire scabreuse méthode de ceux qui détiennent le pouvoir consistant à diviser pour mieux régner.
Voilà qu’au terme d’incommensurables gabegies étatiques coupables de l’abyssale dette publique qui plombe notre pays, l’heure des responsabilités est venue. Enfin, pour être exact, l’heure de responsabiliser tout un chacun, (ou presque) a sonné. Que les privilégiés, les vrais, se rassurent, ils ne sont pas prioritairement concernés, moins encore mis à contribution. Par contre, nos amis fonctionnaires, eux, sont très clairement désignés à la vindicte populaire par notre gouvernement.
Les accusant d’abuser d’absentéisme au motif qu’ils ne seraient pénalisés que d’un jour de carence en cas d’arrêt maladie, tandis que dans le privé le délai est porté à 3 jours. Insupportable cette injustice, s’époumonnent nos chers, (très très chers) députés d’obédience droitière. Sous les bons auspices du gouvernement ils préconisent de ramener ce délai de carence à 3 jours histoire de l’ajuster à la règle appliquée dans le privé et ainsi, disent-ils en chœur, rétablir la justice sociale. Mais s’il y avait matière à s’enorgueillir d’une mesure de justice sociale, il faudrait faire l’inverse et aligner le privé au public en accordant à tous un jour de carence. Pourtant notre bon peuple cautionne docilement cette atteinte aux acquis sociaux de nos fonctionnaires, estimant que tout ceci est normal.
De sorte que fort de cette béatitude populaire nos gouvernants se gargarisent à l’idée d’impunément rogner les droits des plus modestes, sans jamais limiter eux-mêmes leurs outrageants émoluments auxquels s’ajoutent moulte avantages dont la seule énumération suffirait à remplir la page ici réservée aux lecteurs. Nous voilà donc témoins d’une régression sociale, une de plus, qui nous est imposée juste parce que nous sommes à ce point jaloux les uns des autres, que le plus modeste avantage consenti sans égalité devient source de mortifère division quand, au royaume des modestes, l’union et la solidarité devraient présider à notre destin commun. Mais a-t-on seulement un destin dans ce monde en plein bouleversements.
Che64
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