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Accueil du site > Tribune Libre > « Monétarisme » et/ou « banco-centralisme » : la nuance « sémantique » (...)

« Monétarisme » et/ou « banco-centralisme » : la nuance « sémantique » est-elle historiquement significative, et de quoi ?

 

« Monétarisme » et « banco-centralisme », deux mots qui s’écrivent historiquement en lettres de sang mais ne recouvrent pas la même stratégie de contrôle de l’économie.

Depuis la crise de 2007-2008 le rôle des politiques monétaires des principales banques centrales de la planète est au cœur des controverses sur la politique économique à suivre.

Les leviers principaux des banques centrales sont la création monétaire et le contrôle des taux de crédit, les deux instruments étant évidemment étroitement liés.

Dans la mesure où il s’agit donc bien de « piloter » les politiques économiques à l’aide de la monnaie, l’association du terme « monétarisme » peut spontanément venir à l’esprit du « profane » qui cherche à y comprendre quelque chose…

Pourtant, en réalité et historiquement, le terme de « monétarisme » est par définition associé à un courant spécifique de la pensée et de l’action économique, et qui a effectivement eu une incidence également historique sur la politique monétaire des banques centrales, mais dans un contexte et dans un sens précisément tout à fait différent de celui qui a émergé avec le contexte économique du XXIe siècle, caractérisé par la genèse et les conséquences de la crise de 2007-2008, ainsi que de sa réplique, particulièrement violente, dite « crise du covid » de 2020-2021, et ainsi que par sa suite guerrière actuelle.

Depuis la crise de 2007-2008 le maître mot de la politique économique à l’échelle mondiale, et donc « mondialiste » encore plus par nécessité que par vocation, c’est la création monétaire par le dit « Quantitative Easing », comme politique quasi emblématique, et la création monétaire, en général, et donc nécessairement accompagnée d’une augmentation exponentielle de la dette, tant publique que privée.

Ce qui peut se traduire, en français, par la désormais célèbre formule du « Quoi qu’il en coûte ! » qui sera probablement la seule trace historique notable de M. Macron, et l’un des moyens essentiels par lesquels il s’est établi en tant que fossoyeur de la nation française dont il est pourtant issu.

La politique du « Quoi qu’il en coûte ! », par définition, ne fixe donc pas réellement de limite à la dépense publique, et donc pas de limite à la création monétaire et à l’augmentation de la dette qu’elle nécessite. Pour autant, elle n’est en rien une politique « nationale », même en termes de dépenses publiques, vu qu’elle dépend entièrement de la politique monétaire et de crédit de la Banque Centrale, qui, outre le fait d’être devenue une institution statutairement complètement indépendante de l’Etat, n’est plus non plus une institution « nationale » depuis précisément le tournant du siècle. La BCE, pour mémoire, étant officiellement fondée en 1998, en vue du lancement de l’euro.

Tout à fait à contrario de cette débauche monétaire mondialisée le « monétarisme » historique, stricto sensu, vise à réguler l’expansion de la masse monétaire en fonction de l’expansion économique. Pour le monétariste il y a une adéquation naturelle entre l’expansion économique et celle de la masse monétaire et toute entorse à cet « équilibre » ne peut être que préjudiciable. Le monétarisme reste donc une forme de libéralisme, et en un sens, une forme de néolibéralisme, au sens où s’il « intervient » monétairement, et éventuellement de façon autoritaire, à travers les politiques monétaires des Banques Centrales, ce n’est précisément que pour rétablir cet « équilibre » naturel, et plutôt donc généralement en limitant la croissance de la masse monétaire qu’en l’augmentant, et donc tout à fait contrairement au banco-centralisme !

Paradoxalement, donc, le monétariste est un libéral, mais réaliste et qui partage étrangement avec le marxiste, du moins, celui qui y a compris quelque chose, la conception selon laquelle il y a une adéquation « naturelle » entre la masse monétaire et l’expansion économique.

Pour le marxiste la somme des valeurs d’échange en circulation est l’équivalent de la valeur d’usage totale du capital, qui est elle-même la somme des valeurs d’usage du capital fixe et du capital variable (masse salariale) investies. C’est le fondement économique qui fait concrètement de la monnaie un équivalent général de la marchandise. C’est en ce sens qu’il y a, pour le marxiste, une adéquation entre masse monétaire et expansion économique.

Evidemment, là s’arrête le réalisme commun aux deux approches, vu que le marxiste vise, à travers la planification, à ajuster la production aux besoins sociaux réels, tandis que le libéral, monétariste ou non, cherche simplement la rentabilité maximum de son investissement en capital.

Le monétariste, en limitant et en régulant la masse monétaire vise donc simplement à éviter la surchauffe inflationniste préjudiciable à son investissement. Le monétarisme repose donc également sur la conviction d’une corrélation assez stricte entre croissance « excessive » de la masse monétaire et inflation. Cette conviction est étayée sur une autre, qui est celle du postulat d’une vitesse de circulation quasi constante de la monnaie, c’est-à-dire ne faisant l’objet que de variations marginales, et donc négligeables en termes de stratégie monétaire.

Historiquement le monétarisme est donc une théorie économique de l’apogée de l’expansion du capitalisme, c’est-à-dire essentiellement dans le troisième quart du XXe siècle (1950-1975). C’est dans cette période qu’il est apparu, en tant qu’alternative au keynésianisme, incapable de maitriser l’inflation galopante, et il s’est avéré particulièrement fonctionnel, à partir des années 70, en tant que forme concrète du capitalisme néolibéral.

Mais l’apogée de tout phénomène étant aussi le début de son déclin, monétarisme et keynésianisme se sont en quelque sorte « hybridés » au cours de la fin du siècle, par nécessité d’un « pilotage à vue », et généralement assez courte, de l’économie. C’est pourquoi, du point de vue du profane le sens des mots, en termes de définitions économiques, s’est essentiellement perdu, entraînant des confusions telles qu’aujourd’hui le banco-centralisme puisse être perçu comme une forme de « monétarisme », ce qui est donc un contresens absolu, selon l’origine historique et l’usage normal du terme.

La dislocation sémantique du monétarisme se produit, assez logiquement, avec la dislocation de son principe de fonctionnement lui-même : la corrélation assez stricte et quasi « mécanique » en apparence, entre inflation et croissance surnuméraire de la masse monétaire disparaît si la vitesse de circulation de la monnaie connaît des irrégularités qui la rendent plus ou moins imprévisible, ce qui se produit effectivement avec l’apparition d’une spéculation financière de plus en en plus effrénée, vers la fin du XXe siècle, et encore accentuée avec le siècle « nouveau » actuel.

Il est important de noter ici que dans l’évolution historique du capitalisme l’accroissement exponentiel de sa financiarisation « spéculative » a été initié à la suite de son apogée des années 70 et donc logiquement avec le début de son déclin et précisément comme une forme de compensation pour ce déclin.

Mais la spéculation n’enraye en rien le déclin du capitalisme, qui reste lié au déclin de sa propre productivité, en termes de rentabilité des capitaux productifs proprement dits.

La première grande nation industrielle a avoir expérimenté ce cycle est le Japon. Suite à l’explosion d’une bulle financière précoce s’en est suivie une décennie de déflation qui a donc rendu nécessaire la première expérience de « Quantitative Easing » à grande échelle. Depuis cette « expérience » qui lui a permis de ne pas sombrer complètement dans la déflation, le Japon n’est plus jamais sorti du cycle de l’endettement et de la création monétaire banco-centralisée, avec actuellement un taux d’endettement de plus de 260% pour la seule dette publique…

Si le monde occidental a renoué avec l’inflation grâce à l’enchaînement covid-guerre, il n’a pas pour autant renoué avec la croissance, et pour cause, et se trouve donc toujours soumis, par la forces des fondamentaux du déclin capitaliste, au poison systémique de la dette et du « Quoi qu’il en coûte ! », qu’il prenne ou non la forme du « Qantitative Easing ».

L’élévation continue du niveau de la spéculation financière, dans ce contexte, n’est un paradoxe qu’en apparence, alors qu’il est en réalité une condition sine qua non de la survie d’une économie productive fondamentalement non rentable en tant que telle et donc maintenue en survie par ce biais, piloté, précisément, par les politiques monétaires des Banques Centrales, que ce soit en termes de fixation des taux ou de création monétaire, ralentie en fonction, tout étant relatif, par rapport aux « sommets » des périodes précédentes de « Quantitative Easing », mais néanmoins à un niveau anormalement élevé pour une économie capitaliste proprement dite.

En réalité, sans que cela ne soit officiellement acté, le banco-centralisme ne peut actuellement piloter la politique économique qu’en pilotant, en pratique, la spéculation financière. Et l’économie financière elle-même ne survit donc que dans la dépendance des politiques monétaires des Banques Centrales. Depuis 2008, donc, l’économie productive réelle n’a plus d’existence en Occident comme au Japon en dehors de l’interaction de ce tandem monstrueux : c’est pourquoi on peut acter la mort du capitalisme proprement dit, au sens « classique » du terme, à l’année 2008, même s’il continue de « survivre » sous de multiples formes « zombies », mais toutes inféodées, directement ou indirectement, à ce tandem.

Cette situation est donc effectivement complètement différente du paradigme « monétariste » d’une adéquation entre l’expansion d’une économie capitaliste productive et la masse monétaire strictement nécessaire à son expansion.

Confronté de façon extrême à la baisse de productivité de son économie, et donc confronté à une période durable de déflation, le Japon s’est résolu à une augmentation démesurée de sa masse monétaire, en vue de restaurer un début d’inflation, comme signe espéré de sa reprise économique. Or ce que cette expérience a démontré, c’est précisément la fin du lien « mécanique » entre masse monétaire et inflation. Malgré l’expansion colossale de la masse monétaire, il a donc fallu plus de deux décennies pour que l’inflation réapparaisse au Japon, et elle y reste encore comme un signe fragile à préserver, par la continuation de la politique de création monétaire banco-centraliste intense.

En Occident, l’objectif de survie de l’économie, suite au choc de 2007-2008, était une inflation autour de 2%, en dessous de laquelle l’entrée en récession devenait inévitable. S’il est aujourd’hui atteint et même largement outrepassé, ce n’est pas, néanmoins, et comme chacun peut le constater, un fruit de la « reprise économique » mais simplement l’effet bien mécanique, lui, de la pénurie de production entraînée successivement par les restrictions de la période « covid » et suivies aussitôt par celles de la guerre en Ukraine. Et le comble de cette impasse, c’est que la menace d’entrée en récession non seulement existe toujours, mais elle s’est même concrétisée dans le cas de l’Allemagne, jusque là une des économies restée les plus productive de l’Occident.

Mais, last but not least, et le pire lui-même n’étant jamais sûr, le Japon, malgré son économie « prototype » ultra-banco-centralisée, vient de rentrer à nouveau en récession !

Contrairement à une opinion couramment répandue, il n’y a donc toujours pas d’effet « mécanique » retrouvé de façon systémique entre l’expansion de la masse monétaire et l’inflation. La seule survivance formelle du capitalisme mais qui soit considérable de façon systémique, c’est celle de la spéculation financière. Mais comme depuis 2008 elle repose sur la politique monétaire banco-centraliste, elle ne s’y trompe pas et continue plus que jamais vers les sommets [Voir les graphes ci-dessous], alors que l’économie réelle et la vie sociale sont bien soumises, elles, aux affres destructrices de l’inflation, de la stagnation, et même, de la récession.

Le monétarisme, comme le keynésianisme, et tant d’autres « courants » de la pensée économique, sont des théories qui se voulaient, en leur temps, novatrices et enfin révélatrices des « véritables » fondamentaux des lois économiques…

En réalité on voit bien qu’elles n’étaient que le produit de l’évolution circonstancielle, à un moment donné de son histoire, de l’expansion capitaliste.

A partir de 2008 il n’y a plus de théorie économique qui prévale, et pour cause, mais simplement une suite de stratégies monétaires banco-centralisée dont le « Quantitative Easing » était le premier maillon « génétique » en quelque sorte et dont les suivantes ne sont que des clones plus ou moins déguisées sous les habits d’une introuvable « reprise » éternellement reportée au lendemain suivant…

Le poison de la dette et de la création monétaire est définitivement devenu l’élixir de survie du système de domination de classe, qui ne maintient l’illusion du capitalisme « zombi » que pour assurer la transition vers un système économique entièrement piloté par les monnaies numériques et donc directement contrôlé par les Banques Centrales, dont même les monopoles mondialisés les plus puissants en apparence ne seront plus que des succursales.

En pratique ils sont, d’ores et déjà, de plus en plus, par le biais de la spéculation financière, leurs obligés.

Luniterre

http://cieldefrance.eklablog.com/monetarisme-et-ou-banco-centralisme-la-nuance-semantique-est-elle-hist-a215537191

Ci-dessous les graphes sur les 6 derniers mois de trois indices boursiers : le CAC 40 (France), le Dow Jones (USA) et le Nikkei 225 (Japon).

Dans le cas du Japon, il nous a semblé intéressant et utile de remonter davantage dans le temps, en raison de ses particularités, et y compris du nouveau début de récession.

Comme on le voit, depuis 2008 il suit essentiellement la courbe de la spéculation mondiale banco-centralisée, et même le présent début de récession n’y affecte que marginalement la spéculation financière.

 

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Concernant la formation du banco-centralisme :

Cinq différences essentielles entre l’époque de Marx et la nôtre (Nouvelle édition)

http://cieldefrance.eklablog.com/cinq-differences-essentielles-entre-l-epoque-de-marx-et-la-notre-nouve-a215228819

Concernant l’expansion actuelle du banco-centralisme :

Fini 2023, baptême de 2024 : deux gouttes d’eau ou deux gouttes de sang ?

http://cieldefrance.eklablog.com/fini-2023-bapteme-de-2024-deux-gouttes-d-eau-ou-deux-gouttes-de-sang-a215224737

 

 

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5 réactions à cet article    


  • Brutus S. Lampion 14 mars 14:57

    Numérisée ou pas, mondialisée ou pas, une pyramide de Ponzi , par nature, finit toujours par s’écrouler, comme un immeuble vétuste et insalubre dont les propriétaires ont encaissé les loyers sans consacrer un sou à l’entretien.

    Le problème, c’est pour les locataires qui se retrouvent dehors, mais aussi pour les tauliers qui n’ont plus rien. Alors tout le monde repart de zéro, sauf qu’on s’aperçoit au bour de quelques générations que le grand-père avait planqué un magot. Alors, les dynasties relèvent la tête et les collabos deviennent ministres.


    • Luniterre Luniterre 14 mars 16:28

      @S. Lampion

      La pyramide de Ponzi s’est précisément déjà écroulée en 2007-2008.

      C’est pourquoi 2008 est la fin d’un monde qui était encore fondé sur la valeur économique réelle, même si déjà uniquement dans le principe, comme cette crise l’a donc prouvé.

      La solution « Quantitative Easing » consiste non pas à revenir à un système capitaliste « classique » mais au contraire à « institutionnaliser » ce qui se faisait déjà « officieusement » comme création monétaire surnuméraire, avec les crédits bidons.

      La « solution » élimine simplement les « petits joueurs », tandis que les « gros », adossés directement aux banques centrales, peuvent continuer la danse sans risque réels, tant qu’ils suivent bien la musique des Gouverneurs des banques centrales. (Les nouveaux princes de ce monde).

      En 2019 il y a eu une tentative prudente de commencer à « éponger » les QE. Résultat : vers la fin de l’année des signes alarmants de récession ont commencé à apparaître, et aux USA il y eu ce que l’on a appelé la « crise du REPO » (repurchase market *), qui recommençait à bloquer tout le système et a en fait nécessité en urgence une nouvelle « forme » de création monétaire, quasi « remplaçante » des QE…

      Quand le covid est « arrivé », la crise économique était donc déjà là et carrément sur le point d’éclater, avec déjà un sérieux début d’effondrement boursier. C’est le jour même où le confinement et le nouveau QE, plus massif que jamais, ont été annoncés, et bien « en même temps », pour le coup, que les bourses ont commencé à remonter, et cela donc au moment précis où toute l’activité économique était en train de s’arrêter presque complètement.

      Il ne s’agit donc plus de « capitalisme » (qu’on l’« aime » ou non…) mais bien de pure spéculation orchestrée par les Banques Centrales, qui sont maîtres, à travers elle, du bilan des entreprises (ratios de solvabilité, uniquement soutenus par le boursicotage qu’elles alimentent.)

      Tant que les « liquidités » (…électroniques) arrivent jusqu’aux marchés financiers, alimentés « indirectement » par les QE et autres « instruments » des Banques Centrales à taille continentales et mondiales que sont les cinq : Fed, PBoC, BCE, BoE, BoJ, la partie peut continuer indéfiniment, jusqu’à l’intégration complète de l’économie dans un système « numérisé » entièrement sous contrôle et tout à fait « orwellien ».

      Luniterre

      (* http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288

      Cette étude commence précisément par l’histoire de la « crise du REPO » en 2019. )

       ************************************************


    • Brutus S. Lampion 14 mars 16:51

      @Luniterre

      "Lorsque, dans un pays, le développement du capital devient le sous-produit de l’activité d’un casino, il risque de s’accomplir en des conditions défectueuses."

      Keynes - Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie.

      L’activité financière ayant été mondialisée comme le reste depuis Keynes, ce développement risque d’être défectueux à grande échelle. Quel est le relais économique au développement du capital ?


    • Luniterre Luniterre 14 mars 17:38

      @S. Lampion

      L’histoire n’est jamais tout à fait écrite à l’avance, et au-delà de ce qui est analysable comme processus en cours, cela devient de la lecture « boule de cristal ».

      Néanmoins, avec les moyens informatiques actuels, une économie entièrement « numérisée » de la production à la consommation, et surtout, monétairement, peut malheureusement devenir une sorte de système en « circuit fermé » entièrement contrôlé et « géré » par la caste mondialiste, surtout si elle arrive à écraser et/ou intégrer les « récalcitrants » genre Russie et autres.

      Et que le « casino financier » s’effondre ou non, cela n’a donc plus, à terme, aucune importance, car la gestion des monopoles elle-même sera donc entièrement « numérisée » sous l’égide des banques centrales.

      Encore une fois, même « l’économie de marché », et ici encore, qu’on « l’aime » ou non, est déjà plus que largement conditionnée par les politiques monétaires et elle peut « disparaître », ou plus exactement « se fondre », en fin de compte, c’est le cas de le dire, dans un système « orwellien », « monétairement numérisé », qui n’en conservera que les apparences. En somme, le stade ultime de la société spectaculaire « marchande »…

      Sauf « déraillement » plus ou moins insurrectionnel, on y va tout droit, comme l’a bien montré la « séquence covid » !

      Luniterre


    • Luniterre Luniterre 15 mars 18:18

      Les économistes du système ont beau qualifier les différentes périodes « historiques » du capitalisme selon leurs classifications : keynésianisme, monétarisme, etc…, pour ceux qui les ont vécues, la différence, s’il en fut, était essentiellement dans leur niveau de vie.

      A notre époque, le passage du capitalisme « classique » au banco-centralisme impacte-t-il notre vie sociale quotidienne ? Dans un cas comme dans l’autre, la majorité des gens restent semble-t-il salariés…

      Être salarié dans un régime capitaliste ou être salarié dans un régime banco-centraliste : quelle différence ?

      A la fin de l’antiquité, un grand nombre d’esclaves se sont retrouvés « chasés » par leurs propriétaires et maîtres : c’est-à-dire « logés » sur des parcelles de terre qu’ils devaient cultiver pour leur maître, tout en y prélevant de quoi survivre, de sorte que leur maître n’avait plus le souci de l’entretien de leur vie quotidienne.

      Avec la féodalité est arrivé le servage, qui attachait, d’une manière assez similaire, mais sans qu’il soit esclave, le serf à la terre du seigneur féodal propriétaire de la terre.

      En termes de vécu quotidien, la différence était évidemment imperceptible pour ceux qui sont passés de l’une à l’autre catégorie.

      Sous le capitalisme, un salarié peut en principe faire ce qu’il veut de son argent, changer d’emploi, de domicile, etc…

      Sous le banco-centralisme aussi, en apparence, sauf que dans sa forme aboutie et totalement « numérisée », le moindre de ses achats, le moindre changement dans son style ou son cadre de vie sera aussitôt détecté par la Banque Centrale de laquelle dépendra son salaire et sera susceptible de donner lieu à des mesures de blocage ou de rétorsion, dans la mesure où il ne suit pas la doxa du comportement « conseillé », tel que décidé en amont par les gérants du système.

      Le « crédit social à la chinoise », tout comme les « restrictions » de la période « confinement-covid », en France, ne sont encore qu’un pâle avant-goût de ce que pourra être la vie quotidienne du « salarié banco-centralisé »… !

      Le passage de l’antiquité esclavagiste au servage féodal a pris plusieurs siècles, et s’il n’est pas allé totalement sans troubles, aucun des « prolétaires » de cette période n’a vraiment eu conscience de « vivre un changement historique ».

      Malgré le fait qu’il soit un changement social essentiellement rétrograde, le passage au banco-centralisme se fait, lui, en quelques années, quelques décennies, probablement, si l’on met le point de départ en 2008, et de façon apparemment tout aussi « indolore » que l’arrivée du féodalisme.

      Le fait n’en est pas moins que c’est bien un nouveau système économique, social et politique, en fin de compte, et donc bien également un système en soi et pour soi, en tant que système de domination de classe, et donc néanmoins « nouveau » et in fine tout à fait distinct du capitalisme.

      De par sa nature intrinsèque et son principe de fonctionnement actuel, il l’est déjà.

      A chacun d’en tirer les conséquences, en fonction de ses déterminants.

      Luniterre

       

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