Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre - Baruch Spinoza
Certains ont une "rolex de merde" comme le dit Sapiens, pour arriver à l'heure et continuer à diriger ce monde d'expulsions et d'inégalités.
Pendant ce temps là des millions de personnes connaissent des difficultés, du mal vivre....
Des personnes attendent le dernier moment pour tirer la sonnette d'alarme, certaines ne font même pas ce geste, elles se laissent glisser, par désespérance.
C'est une réalité que nous côtoyons, nous les bénévoles des associations de solidarité,
Le rire et l'ironie sont déplacés
Des commentateurs peu avisés se permettent des réflexions peu amènes et des sourires sarcastiques sur « ces gens là qui ! ».
Ce sont des attitudes qui me révoltent au plus haut point car elles dénotent une ignorance des dégâts que cause la descente aux enfers.
L'histoire des familles expulsées commence par une perte de revenus, un premier retard de loyer, des dettes contractées .
La plupart du temps il s'agit de dépenses incompressibles.
Peu à peu, les difficultés s'amoncellent, la santé se détériore, la désespérance s'installe.
Tous les milieux peuvent être touchés : j'ai accompagné un ancien patron qui avait eu une quinzaine d'ouvriers. Frappé par la crise, il a connu « la dégringolade » qui l'a conduit à dormir dans sa voiture.
L'ironie de la part d'observateurs est déplacée, les familles qui n'arrivent plus à payer leur loyer, ne sont ni des fainéants, ni des assistés mais des victimes d'une situation économique, sociale qui se dégrade.
Les pleurs sont la manifestation d'un mal être
Les personnes que nous rencontrons sont souvent complètement perdues, elles ont besoin d'être écoutées, réconfortées.
Je me rappellerai toujours de ce couple de retraités qui, expulsé de son logement s'est retrouvé il y a plusieurs années de là, expulsé de son pavillon. Âgés tous les deux de plus de 70 ans, ils sont sortis sans rien.
Ils attendaient leur fille handicapée qui, au lieu de venir chez eux comme tous les vendredis soir avait été gardée par les éducateurs. Personne ne les avait prévenus.
Je les ai accompagnés et je les ai emmenés à l'hôtel.
Les larmes de cette mère et la détresse qui se voyait sur le visage de ce père m'ont particulièrement marqué et touché.
Pourquoi aucun travailleur social n'a été présent pour prendre en charge cette famille, discuter avec elle et lui trouver un hébergement et un premier accompagnement ?
La haine ou la colère sont des mauvais conseilleurs
C'est vrai qu'il ne faut pas haïr toutes ces institutions qui ont des failles.
Vous avez derrière ces bureaux, des hommes et des femmes, des travailleurs sociaux qui souffrent au travail.
Un vendredi soir-il y a toujours quelque chose en fin de semaine alors que les bureaux ferment- un travailleur social, très « gêné » car il ne pouvait rien faire m'a téléphoné pour me dire qu'une femme enceinte dormait dans sa voiture.
Il ne pouvait rien faire, il m'a passé le relais, je l'ai pris et nous avons résolu le problème.
J'ai rentré ma colère contre la hiérarchie de cette institution pour agir avec mes camarades , préférant parer au plus pressé et renvoyer à plus tard l'explication qu'il faudrait avoir avec les autorités.
Il nous faut comprendre et agir :
Les personnes désemparées, parfois désespérées ont besoin d écoute et de compréhension.
Aujourd'hui, ce sont eux, demain ce sera peut être mon voisin qui sera dans la même situation, la vie nous apporte des surprises parfois désagréables.
Oui, il faudrait que les personnes aillent voir immédiatement une assistante sociale, dès la première difficulté : un retard de loyer par exemple.
Le dire ne suffit malheureusement pas.
Les bénévoles peuvent agir de concert avec les travailleurs sociaux.
C'est ce que nous essayons de faire régulièrement : nous rencontrons les familles en difficulté, nous les rassurons et les orientons vers le CCAS ou la Maison Départementale des Solidarités en veillant à ce qu'elles aient une réponse.
Je souhaite conclure mon propos par une mise au point énergique : nous essayons d'être cohérents et justes et ne tombons pas dans l'assistanat.
Lors de notre première rencontre avec les personnes surendettées, nous leur demandons de régler en premier leur loyer et d'aller voir le bailleur pour lui proposer un échelonnement si le fonds solidarité logement ne suffit pas ou n'est pas attribué.
Jean-François Chalot
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON