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Olivier Le Cour Grandmaison : falsification en histoire, boniments et retour de la haine aimée !

Il court, il court, le Grandmaison, de plateaux de WebTV islamiques en rédactions de journaux complaisants, pour assurer la promotion de son nouvel opus, ou plutôt "sottisier" pour reprendre le terme employé par l'historien Pierre Vidal-Naquet à propos des travaux de ce faussaire en histoire. Sans revenir sur le parcours affligeant de ce falsificateur professionnel auquel l'Observatoire du journalisme (Ojim) vient d'accorder un article très complet, intéressons-nous à son dernier ouvrage, Ennemis mortels, et à sa campagne de promotion qui consiste à nous convaincre que la France est un pays très islamophobe, et ce depuis le début de la colonisation ! Puisque l'Ojim a mis en lumière le pedigree de ce spécimen, observons donc de plus près ses matières, et sa manière de les produire...

 Le journal Le Point a récemment publié un article sur les confessions d'un chercheur en études de genre qui vient d'avouer qu'il avait menti sur l'ensemble des résultats de ses travaux de recherche, sans jamais rencontrer la moindre contradiction, pour abonder, à des fins idéologiques, dans le sens des théories fumeuses les plus avancées sur les questions du genre. Sa méthode, qui consistait à ne prélever, dans ses observations, que ce qui allait dans le sens de son idéologie et à y ajouter de pures affabulations pour consolider ses thèses, ressemble en tout point à celle du spécimen Grandmaison.

Le Cour Grandmaison ne s'est en effet pas trop fatigué : pour produire son Ennemis mortels, il est allé trouver, sans doute à l'aide de quelque moteur de recherche, une occurrence assez ancienne du terme "islamophobie" dans la littérature française, et a fini par tomber sur un ouvrage d'Alain Quellien, un ancien administrateur de l'Afrique occidentale française (AOF) : La Politique musulmane dans l'Afrique occidentale française. Compte tenu des fonctions qu'il a occupées, Alain Quellien sait de quoi il parle, contrairement à Le Cour Grandmaison. Et qu'évoque-t-il dans cet ouvrage ? Les spécificités de l'islam, qu'il décrit comme "abâtardi" dans l'essentiel de la zone subsaharienne, et dénué du caractère djihadiste qu'il possède au Nord du Sahel, dans les zones touarègues, berbères ou arabes. Quellien décrit également par le menu les pratiques administratives françaises, la politique indigène très favorable au respect du droit islamique et de ses coutumes, et finalement assez peu favorable à l'extension de la culture chrétienne. Il décrit aussi l'accueil bienveillant réservé au colonisateur par les populations subsahariennes noires et non islamisées, du fait de la protection dont elles bénéficient désormais face aux tribus esclavagistes, et l'accueil plus réservé, sans être hostile, des musulmans anciennement esclavagistes vis-à-vis d'une administration française qui a entravé leur pratique ancestrale de la traite des êtres humains.

Tout cela ne va évidemment pas du tout dans le sens de la fiction que souhaite rédiger Le Cour Grandmaison... Qu'à cela ne tienne ! Puisque Quellien a employé le terme "islamophobie", Le Cour Grand maison prélève ce terme et réinvente totalement le contenu de l'ouvrage de l'administrateur français. Sous la plume de Le Cour Grandmaison, Quellien consacre désormais toute son énergie à vitupérer contre l'administration française, qu'il juge "islamophobe", et dénonce vigoureusement la politique de l'indigénat menée en Algérie (alors que Quellien n'en parle pas un seul instant)... Sentant que c'est un peu léger pour accréditer sa thèse, Le Cour Grandmaison met au compte de "l'islamophobie" la description des caractéristiques raciales des Africains subsahariens et les pertes humaines lors de la construction des voies ferrées au Congo-Brazzaville, sur des terres où malgré l'expansion de l'islam, le taux de musulmans ne dépasse pas aujourd'hui 2 % ! Plus c'est gros, plus ça passe, notre escroc en histoire ne s'arrête donc pas là : il nous explique que Renan, dans son discours de la Sorbonne, "Qu'est-ce qu'une Nation ?", se livrerait à un éloge de la colonisation et y déclarerait qu'un pays qui ne colonise pas les autres se condamnerait à devenir socialiste. Il n'y a bien évidemment pas un mot de tout ça dans ce célèbre discours... Mais, bien lancé, notre pitre sait aussi donner toute sa mesure dans les conférences qu'il accorde pour assurer la promotion de son ouvrage. Ainsi, répondant à une question du public sur la politique arabe de Lyautey réputée accommodante, Le Cour Grandmaison, bien embêté de s'exposer au risque de devoir dire du bien d'un Français, préfère expliquer à son public que Lyautey s'est contenté de suivre un conseil de Machiavel, qui aurait recommandé de ne pas massacrer totalement une population, après une conquête, parce-que ce serait moralement répréhensible... Ainsi, avec Le Cour Grandmaison, on apprend même que la pensée de Machiavel était principalement guidée par des considérations morales ! De quoi révolutionner toute l'école française de sciences politiques, et surtout relancer l'école du rire, qui rencontre aujourd'hui quelques vicissitudes sous le poids du politiquement correct !

Ainsi, en un tour de passe, devant des publics désireux de se faire vendre de la haine anti-française à la découpe, comme celui que peuvent convoquer des mairies de gauche ou d'extrême-gauche, à l'instar de la municipalité de Givors qui le reçoit le 8 novembre, Le Cour Grandmaison parvient à faire passer toutes les vessies qui se présentent à lui pour des lanternes. Qu'importe que l'histoire du XIXème siècle témoigne, au contraire, d'une islamophilie française, unique en Europe, qui verra naître le courant artistique et littéraire des orientalistes et leurs départements de recherche sur l'islam, qui portent, pendant un siècle, un regard si complaisant sur cette religion qu'il considère le hadith comme une source historique par défaut, concernant les premiers siècles de l'histoire islamique. Qu'importe que la colonisation française ait contribué, comme le décrit Quellien, à la diffusion de l'islam sur les terres colonisées. Qu'importe que le statut de l'indigénat, surtout en Algérie, soit le résultat d'une exigence des populations musulmanes, donc une faveur de l'administration française, afin qu'elles puissent continuer à être régies par les lois de l'Islam. Qu'importe qu'au cours de la période coloniale, la République, si complaisante avec l'Islam, ait persécuté les catholiques sur le sol français, notamment de 1901 à 1905 en chassant 30 000 religieux et religieuses de son sol (la moitié des membres des congrégations qui y étaient alors présents) et en tuant par armes à feu des paroissiens dans les églises à l'occasion des inventaires. Qu'importe que les armées de la conquête coloniale, même celles si décriées de Bugeaud en Algérie, aient été bien en deçà, en matière de cruauté, de ce que pratiquaient leurs adversaires arabo-musulmans, ou de ce qu'elles avaient pratiqué dans la répression de la guérilla catholique espagnole pendant l'occupation napoléonienne. Qu'importe que cette islamophilie française, ait été longtemps la conséquence d'une christianophobie de la République, née dans ce que l'historien Pierre Chaunu appelait la "messe de sang" : l'extermination des catholiques vendéens, 150 000 à 190 000 morts, soit plus que la somme de tous les morts de toutes les révoltes et de tous les mouvements sociaux de l'Ancien régime. Qu'importe que cette islamophilie se soit prolongée jusqu'à nos jours et explique la prise de conscience très tardive de la menace islamiste par nos autorités, malgré ses manifestations criminelles récurrentes. Qu'importe enfin que la France, pays "islamophobe" selon le faussaire Grandmaison, enregistre aujourd'hui, selon les chiffres de 2018 du ministère de l'intérieur, 1063 actes anti-chrétiens, 541 actes antisémites, et seulement 100 faits (en baisse par rapport à l'année précédente) qualifiés d'anti-musulmans.

Qu'importe tout cela, tant que Le Cour Grandmaison peut continuer à se remplir les poches en flattant les instincts d'un public déjà perfusé aux intraveineuses de haine anti-française par des milieux associatifs ou enseignants de gauche et d'extrême-gauche... Des actes anti-chrétiens ? Rien de plus normal pour Grandmaison et ses amis, au vu de l'idée qu'il se font de l'histoire du christianisme. Quant aux actes antisémites, on devine ce que Le Cour Grandmaison en pense depuis qu'il a participé, à l'université d'Évry où il sévit comme professeur, à un colloque du "centre Malcom X" (sic !) dans lequel on s'efforçait d'expliquer que la dénonciation de l'antisémitisme était un acte également "islamophobe" !


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11 réactions à cet article    


  • L'Astronome L’Astronome 10 novembre 2019 09:36

     

    Celui qui n’aime pas les hommes est un misanthrope ; celui qui n’aime pas les femmes est un misogyne. La lecture de cet article peut renforcer le sentiment anti-islamiste. On ne devient pas islamophobe, mais miso-islamiste.

     


    • Francis, agnotologue JL 10 novembre 2019 15:00

      @L’Astronome
       
       

      misandre < — > misogyne  : détestation de la virilité vs détestation de la féminité
      homophobe < — > gynophobe : détestation du mâle vs détestation de la femelle

       
       Mais :

      misanthrope < — > misanthrope ! Détestation du genre humain.

       

      Hé oui : ne vous déplaise, les femmes sont, aussi, des hommes comme les autres.


    • leypanou 10 novembre 2019 10:55

      tant que Le Cour Grandmaison peut continuer à se remplir les poches en flattant les instincts d’un public déjà perfusé aux intraveineuses de haine 

       : il y en a d’autres qui sont plus « doués » et qui ont accès à des médias autrement plus souvent que lui, sans comparaison.


      • Francis, agnotologue JL 10 novembre 2019 15:11

        ’’... Le Cour Grandmaison, bien embêté de s’exposer au risque de devoir dire du bien d’un Français, préfère expliquer à son public que Lyautey s’est contenté de suivre un conseil de Machiavel, qui aurait recommandé de ne pas massacrer totalement une population, après une conquête, parce-que ce serait moralement répréhensible... Ainsi, avec Le Cour Grandmaison, on apprend même que la pensée de Machiavel était principalement guidée par des considérations morales !

        ’’

         

         Ainsi, avec Marc Barnal, on apprend qu’il n’y a aucune différence entre opportunisme et morale !!!


        • Marc Barnal 20 décembre 2019 09:30

          @JL Peut-être ignorez-vous que Le Prince, de Machiavel ,délivre des conseils uniquement guidés par les critères de l’efficacité et du réalisme, et affranchis de toute considération morale : une approche novatrice dans la pensée politique occidentale... Prétendre, comme le fait Le Cour Grandmaison, que Machiavel aurait fondé des recommandations sur la base de critères moraux est donc une nouvelle absurdité dans les écrits de ce bonimenteur public !

          Vous n’avez visiblement pas compris le sens ironique de mon propos... Mais sans doute faut-il avoir lu Machiavel, ou connaître un minimum sa pensée ou son oeuvre, pour le comprendre !


        • Francis, agnotologue JL 20 décembre 2019 11:01

          @Marc Barnal
           
          mea culpa, nous sommes d’accord.Je n’avais pas perçu le sens ironique de votre propos.
           
          Machiavel n’est pas immoral, il est amoral. Le capitalisme aussi, non ?
           
          « Si l’éthique était source de profit, ce serait formidable : on n’aurait plus besoin de travailler, plus besoin d’entreprises, plus besoin du capitalisme – les bons sentiments suffiraient. Si l’économie était morale, ce serait formidable : on n’aurait plus besoin ni d’État ni de vertu – le marché suffirait. Mais cela n’est pas…. C’est parce que l’économie (notamment capitaliste) n’est pas plus morale que la morale n’est lucrative – distinction des ordres – que nous avons besoin des deux. Et c’est parce qu’elles ne suffisent ni l’une ni l’autre que nous avons besoin, tous, de politique. » ( "Le Capitalisme est-il moral’’ André Comte-sponville)
           
          ps. Comte Sponville ignorerait-il que la politique néolibérale est immorale ?


        • njama njama 10 novembre 2019 18:15

          L’islamophobie : une invention des élites françaises au temps de la colonisation

          L’universitaire Olivier Le Cour Grandmaison est l’invité de l’Esprit d’actu. Spécialiste des questions coloniales, ce politologue de renom est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier en date « Ennemis mortels - Représentations de l’islam et politiques « musulmanes » en France à l’époque coloniale » est paru aux éditions La Découverte, en octobre 2019. Dans cet entretien, il réfute l’assertion fallacieuse d’une certaine élite française, selon laquelle le terme « islamophobie » serait une invention récente des Frères musulmans et de mollahs iraniens. Évoquant une pure « fable » créée de toutes pièces et à dessein, Olivier Le Cour Grandmaison rétablit la vérité historique au sujet de la naissance de ce néologisme apparu, à la fin du 19ème et début du 20ème siècle, sous la plume d’administrateurs-ethnologues français. Il parle de « l’islamophobie savante » de la France coloniale qui présente des analogies thématiques avec l’ ’islamophobie contemporaine.

          (8’36) https://www.youtube.com/watch?v=-HUBU3DI6Zk


          • Esprit Critique 11 novembre 2019 10:17

            Cet article est iilisible.


            • njama njama 11 novembre 2019 13:46

              Islamophobie : la fabrique d’un nouveau concept. État des lieux de la recherche
              Houda Asal, Dans Sociologie 2014/1 (Vol. 5), pages 13 à 29, Mis en ligne sur Cairn.info le 02/05/2014

              [.........] Conclusion
              Les questions posées par la définition de l’islamophobie montrent comment les sciences sociales se (ré)approprient un sujet polémique dans le débat public. Dans la recherche anglophone, la plupart des études sur l’islamophobie se citent mutuellement pour faire le point sur les débats de définition, avant d’ajouter une pierre à l’édifice. Cet effort donne à voir la fabrique d’un nouveau concept, et révèle la prudence, les tâtonnements mais aussi un certain engouement des sciences sociales face à l’islamophobie. Dans un premier temps, cet état des lieux visait à faire entendre en France les échos d’un débat scientifique qui nous semble le préalable à toute recherche ultérieure sur le sujet. Les publications sur l’islamophobie continuent à englober des réalités extrêmement variées, ce qui peut parfois poser un problème de cohérence. Cependant, nombre d’auteurs assument que le terme ne soit pas strictement défini et considèrent que les différentes perspectives de recherche donnent un aperçu large de ce qu’est l’islamophobie. Nous avons choisi de participer à cet effort de conceptualisation, en analysant les usages et définitions de l’islamophobie dans la recherche scientifique et par d’autres producteurs de discours. Comme tous les concepts, l’islamophobie mérite d’être critiquée, analysée, contestée, mais il est désormais difficile d’ignorer qu’elle s’est largement imposée dans les discours publics, y compris en France [30]. Dans le sillage des travaux sur la socio-histoire des concepts, ces réflexions vont au-delà de la simple entreprise de sémantique. Aborder la question musulmane en enquêtant sur le terme islamophobie, vise à montrer que l’usage des mots, « produits et diffusés par différents acteurs sociaux, contribue à la “production de la réalité sociale” » (Dufoix, 2011, p. 27). Or, l’hésitation à nommer reflète la difficulté à appréhender la spécificité d’un phénomène de racisme qui vise les populations musulmanes, sur la base de leur appartenance religieuse. Peut-être est-il temps d’ouvrir, parallèlement à un débat sur l’usage du terme, un champ d’investigation sur l’islamophobie en France.

              https://doi.org/10.3917/socio.051.0013


              • Argonautes 13 décembre 2019 16:28

                Le Cour Grandmaison, d’une famille liée en tout cas à des militaires en poste dans l’ex Afrique occidentale française


                • Argonautes 18 décembre 2019 16:17

                  Il est remarquable que dans un article intitulé la "Nouvelle affaire Maran-Batouala ou Quand TV5-Monde et son rédacteur en chef salissent la France et les Français, à grands coups de mensonges", publié le 10/12/2019, la même falsification de l’Histoire se trouve encore parfaitement dénoncée par Alexandre GERBI.

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Marc Barnal


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