Quel est donc ce Séguéla ou ce gars-là qui a soufflé à François Hollande son slogan « La France en avant », affiché aupupitre de son meeting à Clichy-la-Garenne, le 27 avril2011 ? Destiné à distiller l’essence d’un produit ou d’un projet pour être mémorisé, un slogan doit à lui seul les évoquer et non les défigurer. Or, peut-on trouver idée plus stéréotypée, vague, voire malheureuse que celui brandi par François Hollande ? Le candidat ne vaut-il pas mieux que ça ?
Une mise hors-contexte idéologique
À l’évidence, il s’est agi d’écarter tout indice idéologique immédiatement reconnaissable. Le but vers lequel tendre « en avant » n’est surtout pas indiqué. Passe encore qu’un club de football s’appelle « En avant Guingamp » ! L’ellipse de la formule n’est pas une mise hors-contexte : elle n’interdit pas de comprendre qu’il s’agit pour l’équipe encouragée de marquer des buts. Quel autre but peut bien avoir une équipe de football ?
Mais quand il s’agit d’un pays auquel il est lancé, ce cri d’entraînement mis hors-contexte suffit-il à lui seul à identifier la direction qu’entend prendre le candidat qui le pousse ? Il s’apparente d’ailleurs à une tautologie : est-il concevable d’appeler un pays à aller ailleurs qu’ « en avant » ? Imagine-t-on de lui crier : « Arrière toute ! » ? Même les réactionnaires qui, au sens propre du terme, rêvent de revenir en arrière aux joies d’un ancien régime renversé, peuvent très bien inciter leurs troupes à aller « en avant » pour vaincre l’ennemi et restaurer l’ordre disparu.
L’impossible esquive de l’idéologie
Mais on a beau tenter d’effacer tout indice d’identification idéologique, cet effort lui-même est idéologique. La volonté d’ainsi échapper à une idéologie est encore une idéologie qui s’inspire de l’image négative attachée à la représentation trop structurée et rigide du monde qu’elle implique : avec ses œillères qui canalisent la vision et ses principes qui corsètent l’action, elle est considérée comme un double obstacle :
- elle divise au lieu de réunir
- et elle nuit à l’efficacité de la politique à conduire qui exige une adaptation constante aux circonstances, quitte à transgresser justement les règles doctrinales qu’on s’est fixées.
On se souvient de la formule du leader communiste chinois Deng Xiaoping, soucieux dans les années 60 de mettre un terme au cours calamiteux de la politique économique de l’époque appelé justement « Le Grand bond en avant » : « Peu importe que le chat soit gris ou noir pourvu qu’il attrape les souris. » Il ne pouvait trouver meilleure image pour illustrer l’introduction du capitalisme étatique prédateur dans la citadelle communiste de la République populaire de Chine.
Une ambiguïté volontaire ou non ?
Le slogan « La France en avant » est donc idéologique malgré lui : l’idéologie qu’il contient est d’abord de n’en pas avoir et d’être celle du pragmatisme qui peut – hélas ! – prendre toutes les directions selon les vents dominants comme une girouette.
Il présente, cependant, un autre indice idéologique reconnaissable à l’ambiguïté volontaire ou non qu’il contient.
1- Un indice de patriotisme ou de nationalisme
Mettre « la France en avant », signifie faire du pays et de son peuple une priorité, voire une vitrine. Par contraste avec la ploutocratie aujourd’hui au pouvoir, il s’agirait de ne plus servir seulement les plus riches mais l’ensemble des citoyens du pays. Cet objectif paraît aussi inspiré soit par le patriotisme, soit par le nationalisme : on sait que le premier n’est qu’un réflexe de défense légitime de son territoire et de sa culture qu’on sent menacés, et que le second est au contraire un réflexe de vanité dominatrice à prétention hégémonique sur les autres peuples avec les dérives impérialistes et xénophobes qui en sont l’aboutissement.
2- Deux intericonicités fâcheuses
Une seconde signification de ce slogan est, en outre, de magnifier le mouvement pour lui-même, puisque, faute d’être indiquée, la direction ne saurait le justifier. Un premier inconvénient est d’attirer l’attention sur le doigt sans qu’on sache ce qu’il montre, comme le dénonce le proverbe bien connu. Le second inconvénient est, par intericonicité, de rappeler deux fâcheux exemples historiques.
- L’un est seulement bouffon, il vient – hélas ! - d’Italie, pourtant berceau de la culture européenne, mais non de la démocratie. En 1994, Silvio Berlusconi appelle le parti de Droite qu’il vient de créer, « Forza italia » - Allez l’Italie. C’est tout bonnement le cri de guerre des supporters de la « Squadra azzura », l’équipe nationale de football. Prendre des citoyens pour des supporters revient à leur assigner un rôle de spectateurs qu’on mène à sa guise dans les tribunes par les réflexes du chauvinisme et du nationalisme.
- Le second exemple est, au contraire, tragique : c’est le slogan de la Phalange pendant la guerre civile espagnole, devenu le cri de ralliement du dictateur Franco : « Arriba Espana ! » - Debout l’Espagne ! On connaît référence plus digne.
Dans l’un et l’autre cas, le mouvement était célébré pour lui-même afin d’en laisser la direction à l’arbitraire du seul leader, Caudillo ou Cavaliere.
On ne va pas bien sûr soupçonner François Hollande de nourrir d’aussi noirs desseins. La politique qu’il propose comme candidat à la présidence de la République ne se limite heureusement pas à un slogan. Il n’en demeure pas moins qu’un slogan est l’élément minimal d’un produit ou d’un projet que doivent mémoriser les esprits. Encore faut-il qu’il n’en donne pas une image ambiguë ni négative. « La France en avant », il faut l’avouer, n’est pas un slogan très heureux : il peut convenir à une girouette qui prend la direction du vent et surtout il s’apparente trop à certains autres qu’on a entendu crier dans le passé par des partis nationalistes bien peu recommandables en démocratie. Paul Villach
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D’un côté en effet le slogan est peu explicite et tend à éviter toute prise de position trop précise et conflictuelle. En ce sens il est bien à l’image de Hollande et préfigure comment le pays serait dirigé s’il était élu : mollement, à la Chirac.
De l’autre le « En avant » répond à un implicite collectif : la « régression » du pays par rapport par exemple à des acquis sociaux (thème de la gauche). Donc de ce point de vue le slogan est signifiant.
Hommelibre je mitige quand à votre commentaire : « La force tranquille » n’avait rien de très explicite non plus et pourtant on sait quelle était la détermination de Mitterrand et l’oeuvre accomplie. On est d’accord sur le fait que le slogan de Hollande soit insipide mais un slogan peut-il être explicite ? Que proposez-vous ? - Tous contre le Medef ? - Ensemble pour battre Sarko ? - Sus au capitalisme ?
Non Popaul, ce qui intériconice entre le slogan de Hollande et ceux des nationalistes de tout poil, ce n’est pas le « en avant » ! C’est tout simplement le fait qu’il mentionne le nom de notre patrie. Essayez tous les slogans que vous voudrez : - Pour la France - la France ensemble - relever la France etc ... Ca donnera toujours dans le nationalisme.
Hollande, si toutefois vous avez fait attention au discours, fait allusion au besoin d’un pays uni qui aille de l’avant pour clore la période sarkozyste faite de division et de recul dans tous les domaines.
Je ne suis pas sûr que les Français, consciemment ou pas, se posent autant de questions autour du slogan de Hollande. Pas sûr non plus qu’il garde le même s’il se qualifie pour la présidentielle.
En réalité, je crois que ce ce slogan n’a qu’un but : montrer, de manière claire, la détermination de Hollande à ne pas se contenter de participer à la primaire mais à prétendre représenter la gauche en 2012. D’où la juxtaposition de « France » (je suis au service de tous mes concitoyens et pas seulement des socialistes) et de « en avant » (je suis quelqu’un de dynamique qui veut que mon pays progresse).
En déifinitive, un slogan simple qui parle à tous !
Je vous trouve bien optimiste ! Vous ne pouvez pas nier que ce genre de slogan qui célèbre le mouvement pour lui-même sans direction précise, a des cousins fort fâcheux dans le passé, qui résonnent désagréablement aux oreilles. Paul Villach
C’était le slogan du candidat de « l’Union pour un Mouvement Populaire », le parti qui a remplacé le « Rassemblement pour la République » et « l’Union Démocratique Française ». Voila des noms de parti qui ont du sens, non ?
Désolé de vous décevoir. Mais prétendre ne pas avoir d’idéologie est aussi une idéologie. L’idéologie - ou représentation du monde - est comme l’air qu’on respire. Impossible de vivre sans ! Paul Villach
l’article est à l’mage de l’état d’esprit de la majorité des français : dodo !
juste bons pour les fastes des mariages royaux et des béatifications pharaoniques à l(’mage du Christ, de gens déjà saints (puisqu’on l’appelle « saint père »), justes bon aussi pour les slogans.
alors dissertons sur la qualité des slogans, ça va remplir les assièttes.
On fait encore plus de conneries pour l’argent et l’internationalisme. Essayez de dissoudre la France, vous allez voir à quelle sauce nous nous ferons bouffer. C’est d’ailleurs ce qui se produit à notre époque, on voit le résultat.
Le mot « France » est devenu non gratta dirait-on ? Bah, cela fait partie de la propagande mondialiste en cours, rien de neuf sous le soleil. La nation est devenu le pire ennemi de la finance, elle veut sa peau.
le deuxième slogan c’est : lepen alice au pays des merveilles, dégage.
va jouer ailleurs avec tes minarets et autres hallal qui ne font plus peur à personne, avec ton amateurisme, incompétence et inconscience.
on vient déjà de se taper 10 ans de droite extrême, cinq ans de plus d’extrême droite et on rejoindrait le niveau des pays sous développés. on n’a pas les moyens pour se le permettre.
Ce n’est plus du commentaire c’est de la banale propaglande ? le disque est si usé qu’il est devenu inaudible pour la majorité des Français..tu nous bassines avec tes propos archaïques et ridicules !! Le socialisme tel que tu le vends est dépassé et obsolète..
toi tu n’argumente jamais, tu insulte et assène des slogans.
je ne vends rien, je me contente de constater c’est tout ! je ne suis pas socialiste mais humaniste.
personnellement pour ce que j’en dit, je ne manque de rien.
pour ceux pour qui ce n’est pas le cas, plutôt de débattre des slogans des uns et des autres, je leur conseille de prendre en main leur destin au lieu de vouloir le confier à des messies divers et avariés. ils déchanterons.
si tu n’est pas d’accord continue à débattre du slogan, ça remplira ton assiette.
1/ je n’insulte pas , dire de quelqu’un qu’il et un âne n’est pas une insulte , mais un constat surtout si cette personne ne sort que des âneries..
1/tu ne manques de rien , j’en suis sur ; retraité comme cadre supérieur des banques, tu as certainement plus de moyens que moi, et je n’en suis pas jaloux.. 3/ tu te dis pas socialiste !! là c’est la cerise sur le gâteau, : humaniste ne veut strictement rien dire .. 4/ « des slogans » c’est quoi ce terme ?? on ne parle pas de pub , mais de politique ..
5/ quand à mon assiette, elle est vide !! grâce à des gens comme toi, si la soupe avait été bonne , je n’aurais certainement pas changé de cantine, à laquelle j’ai été certainement avant toi, la politique de l’assiette vide , je n’en veux plus, alors je vais ailleurs..
Il est plus facile de brailler avec un bon compte en banque, que de tenter de se faire entendre l avec néant pour faire la fin de mois..Tu sais combien ça touche un retraité métallo par mois ?? poses toi la question !! et après ne vient pas nous donner des conseils..
moi ma souche n’est pas la métallurgie, mais la mine de charbon. les gueules noires.
et mon assiette a toujours été vide. mais j’espère mieux pour mes enfants.
un ex - cadre honnête et laborieux d’une cie type AXA dont tu ignore tout de la vie et des revenus, peut être ton ennemi mais tu va voter comme en 2007 pour la droite capitaliste et libérale ou se trouvent alors tes amis comme bétencourt, bouygues ou dassault dont tu ne te plaint jamais.
vote donc à droite, comme bétencourt, bouygues ou dassault, ou encore plus loin l’extrême droite camarade métallo, et tu sera plus riche et ton assiette pleine.
ainsi tu aura le medef, le fouquet’s, le cac 40, et en prime la gestion type Vitrolles, comme décrit ici.
je perd mon temps avec toi parce que j’ai plus d’affection pour toi que pour bébéard, bouygues ou dassault ou un lepen milliardaire.
Ne me la joue pas ZOLA, je ne te parle pas du passé mais du présent, quand aux nantis et le CAC40 je n’en suis pas plus proche que toi !! que tu ai été cadre chez AXA ça ne m’intéresse pas, je te taquine, mais ça m’est indifférent.Ta vie c’est ton choix.. le fait est que tu ne voies pas la réalité comme je la vois et comme je la vis, ne vois-tu pas la misère qui est en train de s’abattre sur les plus pauvres, va donc voir dans les magasins bas prix, et tu y verras des mères de famille faire les courses avec une calculette , pour le centime près, ça je peux plus supporter, et ni les uns , ni les autres ump et ps ne semblent le voir !! Alors je passe ailleurs, puisque j’ai pu voir leur politique les uns après les autres, pour absolument aucun résultat !! ça va de plus en plus mal.. Finalement la seule à cerner la pauvreté qui s’abat sur le pays et à proposer un programme qui vise à faire sortir le petit peuple de son enfermement c’est elle. et pas son papa pour qui je n’avais guère d’atomes crochus... Mais ne crois pas mon cher ami que je me suis commis sur un coup de tête, non c’est à force de voir que rien n’avance que je me suis dit qu’il fallait à un moment ou un autre que les choses changent.. Car, je ne vois rien dans les programmes qui ne fasse avancer quoi que ce soit, deux partis et une seule politique,néo-libérale catastrophe, non merci pas pour moi, pas pour nous.. Des mots, des promesses non tenues, toujours la même chose, maintenant je veux des actes des engagements, des réalisations, du tangible , moins de différence et un peu plus pour les pauvres ,un peu moins pour les actionnaires et le cac 40 un peu plus d’égalité, un peu d’égard pour les ouvriers, les petites gens, pour le peuple..nous. Et je ne suis pas le seul à penser comme cela !! et on en a mare , alors on votera en masse pour bousculer l’immuable ..
Comment veux-tu que les bouigues bettancourt soient mes amis ?? moi un retraité qui travaillait en usine ?? tu déraisonnes, ou t’as encore exagéré sur le patrimonio ..
Une des caractéristiques de la direction « en avant » est qu’elle n’est ni à droite ni à gauche. Je crois me souvenir que plusieurs partis politiques, soit centristes , soit même, c’est possible, d’extrême droite, ont, il y a longtemps, 30 ou 40 ans, utilisé ce slogan « ni à droite, ni à gauche, en avant » .
Ce slogan n’est -il pas le symbole de la fuite en avant européiste qui fait que, au parlement européen, droite et gauche votent quasiment dans les mêmes termes plus de 90% des
textes ?
J’ai vu dimanche midi dans une émission de canal + en clair, le petit journal, je crois, un comparatif des discours du candidat Sarkozy aux présidentielles de 2007 et du candidat Hollande ces derniers jours : ils disaient pratiquement la même chose, c’était soit à hurler de rire, soit à pleurer . Si vous arrivez à podcaster ça, c’est très instructif !
« La gauche » s’aligne bel et bien sur la même politique que la droite, C’est incontestable et plutôt consternant pour les citoyens qui croient encore en la fibre socialiste des politiciens qui se prétendent de gauche et dont François HOLLANDE fait partie.
Qui peut raisonnablement attendre quoi que ce soit des politiques en général, et à fortiori de la gauche Caviar ?
Le slogan est ringard et populiste... mais l’homme bouffi, imbu de lui-même l’est tout autant.
Complètement autiste, il persiste et signe dans ses impasses idéologiques...
Après Fukushima, il a aiguillé le PS, qui semblait enfin prendre conscience de l’aberration nucléaire, en lui soufflant cette idée lumineuse « sortir du tout-nucléaire »... et là il s’est sabordé... S’il était le candidat du PS, pas une voix des anti-nucléaires ne se reporteront jamais sur lui... Parce qu’il y a pire que les adversaires, il y a les faux-frères.
Ses idées rances et son immobilisme sont effrayants. Il pense rassurer, il terrifie.
Quand j’observe les cadors socialistes, je me demande toujours à quoi peuvent ressembler les militants qui les plébiscitent... dans quelle bulle vivent-ils ? L’ ex de Hollande était déjà un repoussoir avec ses airs de Madone dominatrice, et son numéro d’illuminée évangéliste en fin de campagne a assuré son fauteuil à Sarko...
Mais les candidats à la candidature socialiste 2012, alors là c’est carrément the freaks gallery...