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Accueil du site > Tribune Libre > « Péril existentiel » pour la Russie en Ukraine et appel du Télos aux (...)

« Péril existentiel » pour la Russie en Ukraine et appel du Télos aux États-Unis et à Israël à évoluer à Gaza avec les forces de l’histoire

Comment comprendre cette déchirure permanente dans le monde de l’islam ? Ces guerres, le méritent-ils les peuples du Moyen-Orient, en particulier palestinien, irakien, syrien, iranien, afghan, somalien, yéménite et ceux d’Afrique du Nord, libyen, et autres pays d’Afrique touchés par la guerre ou le terrorisme. Tout ce qu’on peut dire, c’est que ces crises, ces guerres relèvent d’une effervescence de crises et de guerres entre les grandes puissances. Et le monde de l’islam en paie le prix. Le problème est comment comprendre ces crises et guerres dans le monde de l’islam, tant sur le plan interne qu’externe.
 
 Tentons d’en saisir le sens. Tout d’abord partons du fait que toute œuvre humaine est centrée sur la réalité de la marche de l’histoire. Tout événement qui arrive a un sens. L’humanité n’est pas déterminée par un long défilement d’événements sans cause, sinon l’histoire humaine serait incompréhensible, chaotique, et donc sans sens. Par conséquent, il existe un ordre historique, que l’on peut dire, malgré les guerres, les crises, les malheurs qui donnent une impression d’un chaos qui dure, en fait cet ordre est « ascendant », évolutif et surtout « auto-organisé ». Et s’il n’est pas compris dans son essence auto-organisatrice, le problème est dans l’insuffisance de la perception de l’« intelligence qui est innée dans le développement historique ».

Le second point qui ressort est la complexité du processus historique. Les forces sécrétées, qui sont à l’origine des événements, d’apparence souvent chaotiques, incompréhensibles, sont en fait rationnelles et, par compréhensibilité, il faut entendre « nécessité ». Et, par nécessité, il faut comprendre que ce sont elles qui propulsent la marche de l’humanité. L’histoire qui vient par ces forces, tout en mettant fin à l’histoire passée qui n’a été qu’une séquence, ouvre de nouveau une nouvelle page de l’histoire. Ces forces, et les évènements qui les suivent, en sont les vrais moteurs de l’histoire.

Souvent ces contradictions historiques, et donc les crises et conflits, en particulier ceux qui se transforment en guerres, font obstacle, font régresser les peuples et deviennent de véritables impasses à la marche de l’histoire. En réalité, il n’en est rien, le processus est rationnel et long, les contradictions ne se sont tout simplement pas épuisées au regard de l’histoire. L’histoire continue de se faire jusqu’à épuisement et dépassement de ces force vers de nouvelle forces historiques plus en rapport avec les progrès de l’histoire. Et, par progrès historique, on entend le « progrès de l’humanité ».

Le troisième point est la synthèse des deux premiers. En effet, se basant que l’histoire de l’humanité est un tout, tout événement qui la traverse touche d’une manière ou d’une autre le tout. Ce tout est donc un, aussi une approche globale vise que tous les événements du tout, et donc parcellaires dans le tout, visent un « Télos  », une « Finalité  » qui est une pour l’humanité entière. En clair, l’avenir du monde est conditionné par tout ce qui arrive en lui-même, par lui-même et pour lui-même. Précisément, cette « Finalité » n’apparaît pas en filigrane dans la marche de l’histoire. Elle constitue en fait un « paradoxe herméneutique » qui doit être décrypté pour appréhender le sens logique de l’histoire.

Pour résumer, il existe un « Télos » dans la marche de l’histoire de l’humanité, et donc implicitement dans son existence. Bien que complexe, sa réalité est complexe, elle est rationnelle, donc logique, dialectique et nécessaire. Tout en étant globale, cette réalité est propre à chaque peuple. En clair, le global du monde influe sur le propre de chaque peuple, et le propre de chaque peuple influe sur le global du monde. Et le tout est inséré dans les finalités, souvent cachées, herméneutiques, qui régissent la marche de l’histoire.

Partant de ces trois éléments de base, que peut-on dire de la marche de la désespérance du monde, aujourd’hui ? Et des guerres en cours en Ukraine et à Gaza ? La guerre en Ukraine se joue en Europe de l’Est ; elle est très récente ; en revanche, les guerres dans le monde de l’islam remontent depuis plus d’un demi-siècle. Cependant, on peut avancer que les guerres en Ukraine et à Gaza ne sont que des épiphénomènes au phénomène global qui, à bien d’égard, lient les deux ; et ils ont les deux une même visée pour chaque camp qui les « pilotent  ». Aussi, interrogeons-nous : « Que peut-on attendre de ces guerres ? Quel sursaut peut-il être attendu pour ce monde ? Et ont-elles un sens historique ? Lequel ? »
 
 La guerre en Ukraine apparaît comme un contentieux entre l’ex-URSS devenu Russie et l’Occident. En clair, la « guerre froide » que le monde croyait terminée en fait n’est pas terminée. L’ex-superpuissance, l’URSS, n’a pas disparu totalement. Ce n’était pas comme le Troisième Reich allemand (1933-1945) qui a disparu totalement ; la fin de l’URSS n’a été en fin de compte qu’une mue de la superpuissance soviétique et qui a fait de la Russie son héritière.

 Et depuis 1945, l’Europe n’a pas connu de guerre ; les deux camps, l’Occident et l’Union soviétique, se neutralisaient par eux-mêmes, c’est-à-dire par les arsenaux nucléaires que les deux superpuissances nucléaires, les États-Unis et l’Union soviétique, détenaient. La seule guerre qui a suivi en Europe, depuis 1945, a été la guerre de Yougoslavie qui a suivi l’éclatement de l’Union soviétique en décembre 1991. Et hormis cette guerre, il n’y a pas eu de guerre chaude. Force de considérer que la guerre en Ukraine aujourd’hui ou plutôt depuis le 24 février 2022, s’apparente comme un reliquat de l’éclatement de l’URSS et de la guerre en Yougoslavie.

L’URSS certes a disparu, mais son statut de superpuissance nucléaire n’a pas disparu ; il a été léguée à la Russie ; et la Russie entend toujours de se poser dans son statut de superpuissance nucléaire. Et la leçon de la Corée du Nord avec ses essais thermonucléaires réussis (bombe H dont la puissance nucléaire se mesure en mégatonnes et non en kilotonnes) et le tir réussi d’un missile balistique intercontinentale de portée de plus de 10 000 kms qui a obligé le président de la première puissance mondiale, les États-Unis, à s’asseoir avec le président nord-coréen a été bien apprise par la Russie.

La leçon de la Corée du Nord été très bien apprise par la Russie ; il était hors de question que l’Ukraine intègre l’OTAN, et que l’Occident, sachant que l’Ukraine dispose de quatre centrales nucléaires avec une capacité de quinze réacteurs nucléaires, l’aide à se doter de l’arme nucléaire. Si cette option « pensée malicieusement » par l’Occident vient à se concrétiser, la Russie aura alors sa Corée du Nord » à ses frontières. L’Ukraine deviendrait donc la Corée du Nord pour la Russie, et forcément, ce n’est pas seulement l’OTAN mais l’Ukraine qui pourrait menacer la Russie et obligerait le président russe à s’asseoir avec le président ukrainien pour négocier et éviter une guerre nucléaire, comme cela s’est passé pour le président Donald Trump et Kim Jong-un en 2018 et 2018, trois rencontres à Singapour, à Hanoï et sur la zone démilitarisée entre les deux Corées (DMZ).

La Russie n’aura pas de choix ; une guerre nucléaire qui ravagerait l’Ukraine ravagerait aussi la Russie. Quand on sait que la portée estimée de 12 000 à 15 000 km que ferait un missile intercontinental, capable d'atteindre les États-Unis en 30 minutes et qui peut être lancé depuis un silo ou depuis un système mobile et emporter soit une tête nucléaire unique de 1 Mt ou jusqu'à 10 ogives mirvées d'une puissance unitaire, qu’en sera-t-il des grandes villes russes : Moscou, Saint-Pétersbourg, Rostov, Belgorod… qui sont très proches de l’Ukraine. La distance avec l’Ukraine se situant de quelques dizaines de km à 1000 km, les villes russes peuvent être touchées en moins de 15 minutes. On comprend dès lors pourquoi le président russe parle de « danger existentiel » pour la Russie avec l’Ukraine au cas où elle deviendrait, avec l’aide de l’Occident, une puissance nucléaire avérée, et donc « immunisée » contre toute menace de guerre.

Et crainte de « péril existentiel » s’est jointe avec les populations d’origine russe et qui sont majoritaires dans les régions de l’Est de Ukraine et ont demandé à rejoindre la Russie ; les oblast de Zaporijjia, Kherson, Donetsk et Lougansk ont été annexées sur référendums, comme en Crimée ; la Russie n’a fait que répondre aux vœux de ses populations qui ont cherché à rejoindre la patrie-mère.

Quant à l’Occident, il n’en a cure du « péril existentiel » pour la Russie ; il vise à dominer l’Europe. Après avoir absorbé pratiquement tous les pays de l’ex-aire d’influence de l’URSS, c’est-à-dire les pays de l’Europe centrale et orientale, les intégrant dans l’Union européenne et l’OTAN, le tour est arrivé pour l’Ukraine ; et là, la situation a pris une dimension telle qui a dépassé à la fois l’Occident et la Russie. Et cela relève de la marche naturelle de l’histoire. La guerre devait éclater en Ukraine, dans le sens qu’il y a un « Télos » dans la marche de l’histoire.

Pour comprendre, après cette présentation sur la guerre en Ukraine, interrogeons-nous sur les problèmes du monde de l’islam. En fait, les vrais problèmes que ce monde affronte aujourd’hui ont été cristallisés au sortir même de la Deuxième Guerre mondiale. Et nous ne pouvons donner qu’« une vision naturelle du cours de l’histoire où tout est englobé dans tout. » Et surtout la genèse des problèmes du monde et celui du monde de l’islam qui sont liées.

C’est essentiellement après 1945 que le monde de l’islam a commencé à retenir l’attention des grandes puissances. Au point que, quelques années plus tard, après 1945, il est devenu le point de mire de la scène politique mondiale. Avant de développer les raisons de cet intérêt des puissances pour le monde de l’islam ou plus simplement du monde musulman, regardons d’abord ce qu’on peut appeler la genèse de la nouvelle humanité qui s’est « transcendée » dans la première moitié du XXe siècle. Comment ? Il faut dire par des guerres inouïes, deux guerres mondiales et une pandémie mondiale, qui fait autant de morts que les deux grandes guerres. Et pourquoi ? Aussi lisons une partie d’une analyse qui traite de l’Occident au XXe siècle puisque tout est venu de cet Occident mystérieux. Européens, Américains, Japonais, Australiens ne savent pas leur devenir.

« En attribuant en 2012 son prix de la paix à l’Union européenne, le Comité Nobel a voulu souligner la place centrale que l’intégration européenne occupait depuis six décennies dans le processus de pacification de l’espace européen. Cette interprétation historique qui ferait de la paix l’un des principaux moteurs de la construction européenne a été diffusée dès l’origine par les pères fondateurs des Communautés européennes, puis validée par les historiens spécialistes de ce champ de recherche, à l’exemple de René Girault qui reconnaissait au début des années 1990 le rôle éminemment pacificateur de l’intégration européenne :

« Les vieux antagonismes ont été surmontés à l’exemple de la vieille rivalité franco-allemande. Qui l’aurait imaginé, il y a cinquante ans ! Sans verser dans un optimisme béat, il faut reconnaître la profonde évolution des mentalités européennes ».

Cette lecture de l’histoire de l’Europe contemporaine, souvent jugée trop «  occidentale », fait aujourd’hui débat chez les historiens, certains d’entre eux considérant volontiers que l’on « ne peut plus se contenter de célébrer les mérites de la croissance d’après-guerre, le miracle de la réconciliation franco-allemande, et les vertus de la stabilité des frontières et des institutions politiques.

Depuis la fin de la Guerre froide, un important courant historiographique a ainsi proposé une analyse du passé européen profondément renouvelée, nous invitant à repenser l’histoire du vieux continent sous un jour nettement plus sombre. Eric Hobsbawm a fait naître, dans son Âge des extrêmes, l’idée d’un « court vingtième siècle » (s’étendant de la Première Guerre mondiale à la chute du Bloc communiste) qui aurait essentiellement « vécu et pensé en termes de guerre mondiale, même lorsque les armes se taisaient et que les bombes n’explosaient pas ». Mark Mazower a pour sa part décrit l’Europe comme le « continent des ténèbres » et les notions de « brutalisation  » ou de « culture de guerre » ont été successivement forgées pour dépeindre une Europe tragique, « à feu et à sang », déchirée selon Enzo Traverso par une « guerre civile » de trente ans (1914-1945). (1)

Tony Judt a également voulu, en s’intéressant à l’histoire européenne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’éloigner de toute vision trop « occidentale » ou « irénique », qui décrirait « le redressement inespéré de l’Europe après 1945 sur le mode de l’autocongratulation, voire un ton lyrique. […] Un continent irénique et pacifique avait surgi, « tel un Phénix », des cendres de son passé meurtrier – et suicidaire. Comme bien des mythes, ce tableau assez flatteur de l’Europe dans la seconde moitié du XXe siècle […] pèche largement par omission  ». (1)

Car non seulement l’Europe de l’Est n’y trouverait pas sa place, mais ce « mythe » tendrait à oublier que l’Europe de l’Ouest n’est pas « née du projet optimiste, ambitieux et progressiste que se plaisent de nos jours à imaginer rétrospectivement les Euro-idéalistes. Elle est la fille vulnérable de l’angoisse ».

Cette interprétation de l’histoire européenne, violente et tragique, fait donc de la guerre la matrice d’un XXe siècle sanglant. Dans cette perspective, les périodes de retour à la paix deviennent des « sorties de guerre », c’est-à-dire « une sorte de guerre après la guerre ». De la même manière, les vingt années qui séparent la fin de la Première Guerre mondiale du début de la Seconde se retrouvent englobées dans un même tout historique, une « ère de catastrophes », « trente et un ans de guerre mondiale ».

Si cette historiographie a beaucoup enrichi notre compréhension de l’époque contemporaine, elle ne suffit peut-être pas à rendre compte de toute sa complexité. C’est pourquoi Jay Winter, spécialiste de la Grande guerre, a cru nécessaire de s’intéresser également aux « rêves de paix et de liberté » du XXe siècle, notant en ouverture de son ouvrage que « l’histoire du vingtième siècle est presque toujours écrite comme l’histoire d’une série de catastrophes. Pendant plus de quatre décennies, j’ai moi-même contribué à cette vision apocalyptique du passé récent. Mais depuis plusieurs années, j’ai senti que ce récit historique dominant était incomplet ». (1) 

L’histoire de l’humanité étonne toujours. Bien sûr, Jean-Michel Guieu, auteur de cette analyse, a entièrement raison, on ne peut se satisfaire de nos certitudes. L’histoire de l’humanité est toujours à revoir, et la regarder sous différents angles. Prenons, par exemple, l’événement qui a déclenché le Premier conflit mondial ? N’est-ce pas l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, l’héritier du trône de Vienne, le 28 juin 1914, à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine qui a mis le feu aux poudres. Un archiduc autrichien vaguement connu qu’il était l’héritier du trône des Habsbourg, l’empire austro-hongrois. Un attentat perçu au départ pour un fait divers ; et ce fait divers a provoqué le Premier Conflit mondial ?

Les puissances européennes, en se déclarant la guerre en 1914, ne se sont pas représentées les conséquences qu’elles allaient provoquer sur leurs peuples et sur les autres peuples du monde. Une longue guerre extrêmement épuisante, meurtrière, à laquelle ont été associés les peuples colonisés. Elle s’est révélé une véritable hécatombe. L’Allemagne et l’Autriche qui ont visé leurs intérêts géopolitiques ne savaient pas que, par leurs intérêts, et en déclenchant la guerre, « ils étaient en fait intégrés au cours naturel de l’histoire ». Et c’est cela qui n’est pas compréhensible.

D’autre part, l’attentat terroriste en 1914 n’était qu’un prétexte pour les puissances occidentales pour déclencher la guerre, toutes les puissances européennes s’y préparaient et y voyaient dans la conjoncture une possibilité pour tirer des avantages territoriaux et politiques.

Ouvrant une parenthèse pour comprendre plus la marche de l’histoire. Comme aujourd’hui, l’Occident vise, à travers l’Ukraine, ramener à lui toute l’Europe : mais l’Occident oublie qu’il existe un « Télos » qui régit la marche de l’histoire de l’humanité. En fait, le Télos, c’est la « Loi de la Nature » par laquelle non seulement est le monde mais par laquelle marche le monde, dans le sens que le monde avance mais tout en avançant, il est dirigé ce monde sauf que tout s’opère naturellement. On comprend pourquoi, après près de trois ans de guerre, un nouveau président élu et précisément de la première puissance du monde est venu rebattre les cartes du monde dans la guerre en Ukraine.

Il a discrédité l’Europe et l’Ukraine ; il a remis en question la guerre en Ukraine ; le nouveau président américain comprend le président russe dans ce « péril existentiel » qu’il a déjà vécu en 2017, 2018 et 2019, avec la Corée du Nord. En fait, le président Donald Trump est logique avec les enjeux qui se jouent dans cette guerre. On peut même dire que le Télos est derrière même le succès de la Corée du Nord dans sa maîtrise de l’armement nucléaire ; préparant l’ancien président Donald Trump, il devait être réélu pour mettre fin à cette guerre qu’il dit « absurde », et il a parfaitement raison parce que si elle n’est pas résolue à temps, elle se transformerait en « guerre nucléaire » ; et c’est l’Europe et l’Ukraine qui seront touchées et non les deux superpuissances qui ne s’aviseront jamais à entrer en guerre, quel que soit le litige, parce que ce serait un « suicide mutuel ». Le Télos n’a pas voulu pour l’Europe une « défaite retentissante » par l’arme nucléaire, et pour l’Ukraine « plus de souffrances qu’il n’en faut par l’arme nucléaire  ». Qui pourrait arrêter la Russie si elle déciderait d’attaquer l’Ukraine ou même un pays d’Europe par des armes nucléaires ? « Seul le Télos arrêterait la Russie. » 

Fermons la parenthèse et poursuivons ce qui s’est passé dans la première moitié du XXe siècle. L’Allemagne, venu en retard dans le partage du monde a fait que la prise de possession du monde a entraîné fatalement une compétition entre les puissances coloniales. L’exaspération nationaliste, le défaitisme ignoré, tout souriait aux puissances européennes, maîtresses du monde. Chaque peuple en Europe transposait l’enthousiasme de la domination qu’il avait sur les peuples des autres continents ou sur les peuples européens voisins, perdant de vue que la guerre dans les colonies était inégale alors qu’entre les puissances européennes, le rapport de forces était en équilibre.

C’est ainsi que cinq longues années de guerre avec l’entrée des États-Unis au côté des Alliés dans le conflit eurent pour conséquence l’élimination de 20 millions d’êtres humains, et autant sinon plus de blessés. « Pour quel résultat pour les pays d’Europe ? » Des puissances ruinées par la guerre, une Allemagne humiliée et s’apprête deux décennies après à prendre sa la revanche. Des empires démantelés (d’Allemagne, d’Autriche-Hongrie et d’Ottoman). En plus du Conflit mondial, un autre malheur est survenu, en 1917, la Grippe espagnole. La pandémie, venue des États-Unis a fait des ravages, au sein des troupes en guerre. S’étendant au monde, les historiens font état de 50 à 100 millions de morts dans le monde.

Mais pour les pays d’Afrique, d’Asie et des autres régions du monde, la situation était autre ; colonisés depuis longtemps, ces pays n’avaient aucune lucarne pour se libérer de la tutelle coloniale européenne. La conquête et la colonisation britannique de l’Inde a duré près de deux siècles (1750-1947) ; de même, la colonisation de l’Algérie a duré 132 ans (1930-1962).

« Comment la petite Europe a pu rayonner et asservir la plus grande partie de l’humanité ? » Comment elle a pu se partager l’Afrique et une grande partie de l’Asie ? Et peupler l’Amérique du Nord et du Sud, l’Amérique centrale, l’Australie, les Caraïbes, les Antilles, la Nouvelle-Zélande…

La réponse est ainsi ; tel a été le cours naturel de l’histoire. Comme, par exemple, les Arabes venus de la lointaine Arabie, investis pour propager le message de l’Islam, se sont déployés sur le monde. Cependant, toute domination par la force n’est pas pérenne. Tout peuple a droit à sa liberté, à son indépendance, sinon le sens de l’humain né libre ne pourrait avoir de sens. La nature humaine perdrait alors de son humanité. Précisément, avec l’affaissement des puissances coloniales, un mouvement de revendication des droits des peuples commencent à poindre. La guerre 1914-1918 signe le début de la marche des peuples vers leur libération. On comprend dès lors, le vrai sens de la Première Guerre mondiale, et sa nécessité en tant que « premier paradoxe herméneutique » dans l’histoire du XXe siècle.
 
 Posons-nous cette question : « L’irruption d’un conflit, considéré au départ par l’opinion publique, comme une guerre de quelques mois, sans grande conséquence pour l’ordre impérial européen, puis s’est transformé en une guerre effroyable, un désastre pour les puissances européennes, va-t-elle s’arrêter là ? » Il est clair que le cours de l’histoire est en marche, et il ne va s’arrêter à mi-chemin.

De nouveau, en 1929, éclate la première crise financière aux États-Unis, c’est la crise boursière de Wall Street, en 1929. Elle va, par ses conséquences mondiales, changer le cours de l’histoire. Le philosophe français, Edgar Morin, écrit : « L’histoire est « une succession d’émergences et d’effondrements, de périodes calmes et de cataclysmes, de bifurcations, de tourbillons des émergences inattendues ». Morin qui parle d’abîmes et de métamorphose, cette histoire qu’il a vécue le rappelle dans son livre « vers l’abîme » (L’Herne 2007) : « En 1929, la crise économique, conjuguée à l’humiliation des lendemains de la Première Guerre mondiale, a provoqué la venue au pouvoir d’Hitler, par des voies démocratiques. Ce n’est pas d’un pays arriéré qu’est venue la barbarie, mais de ce qui était la première puissance industrielle d’Europe, et qui était sur le plan culturel, la plus avancée ».

Né en 1921, Edgar Morin a connu et participé à de grandes convulsions historiques. Si tout est vrai dans cette constatation de l’Histoire, il reste que Morin ne dit pas « pourquoi le monde a vécu l’abîme passée ? » Pourquoi la crise de 1929 est survenue alors que les seules grandes puissances économiques, à cette époque, étaient occidentales, le reste du monde était colonisé, dominé, et comptait peu dans les relations politiques et économiques internationales. 

Forcément, la Grande dépression qui a suivi la crise financière dans les années 1930 va rebattre les cartes mondiales. Elle ouvre le pouvoir en Allemagne, à Adolphe Hitler. Le cours de l’histoire va se précipiter, de nouveau la guerre, en 1939 ; comme si l’histoire de l’humanité était déjà tracée d’avance. C’est ainsi qu’à partir de 1945 commence le mouvement de libération des peuples. La décolonisation de l’Afrique, de l’Asie et d’autres régions du monde va durer de 1947 à la fin des années 1970 ; l’Afrique et l’Asie libérés, plus de 100 nouvelles nations indépendantes verront le jour. Les pays d’Europe n’avaient pas d’alternatives malgré les guerres qu’ils opposèrent du moins pour certaines puissances que de quitter ces territoires qui leur étaient indus.

A la lumière de ce qui précède, ne voyons-nous pas de « nouveaux paradoxes herméneutiques » ? Le premier, 1914-1918, le second qui suit naturellement a été la crise financière de 1929 et qui a été à l’origine de la Grande Dépression des années 1930, elle-même à l’origine de l’intronisation d’Hitler, en tant que chef suprême de l’Allemagne. Le troisième paradoxe herméneutique a été 1939-1945. Paradoxe qui a englobé Hitler, puisque sans lui, l’Allemagne ne se serait pas trouvée à se réarmer en vue de la guerre. Et le mouvement de libération des peuples d’Afrique, d’Asie et des autres régions du monde se serait retardé, et donc reporté. Mais le cours de l’histoire était déjà tracé. De la dynamique du premier, passe le second, puis le troisième paradoxe était irréversible ; « le monde devait connaître des mutations profondes. »

D’autant plus qu’une nouvelle arme a fait son apparition, l’« arme atomique » qui va mettre fin à la guerre entre les puissances. Puisqu’avec cette arme et les arsenaux dont disposent les grandes puissances, une guerre nucléaire ne se compterait plus en mois, ni en jours, mais en heures, une guerre immédiate en minutes qui causerait une apocalypse mondiale.

Toute guerre nucléaire entre puissances peut se terminer le jour même, avec des dizaines ou centaines de millions de morts dans les heures même qui suivent le départ des missiles intercontinentaux s’ils sont lancés par centaines. Une destruction mutuelle assurée pour les puissances et un changement de climat sur terre.

Et on comprend pourquoi l’histoire, le « Télos du monde » accorde encore un deal à l’Occident, ce qui signifie que si l’Occident a une domination presque totale aujourd’hui sur le monde comme elle l’a été durant la colonisation, ce deal est appelé à évoluer avec les forces de l’histoire. Et, par conséquent, en Ukraine comme à Gaza, Israël et les États-Unis sont appelés à évoluer, à perdre de leur puissance, c’est inévitable. Le Télos a fait réélire un président qui est contre la guerre, ct ce président est Donald Trump. Il est déjà un signe du Télos puisque Donald Trump applique ce que le Télos lui a appris lors de son premier mandat ; il ira donc jusqu’au bout dans sa volonté « fortifiée  » pour mettre fin à la guerre en Ukraine.

A Gaza, il a voulu déplacer de force le peuple de Gaza vers la Jordanie et l’Égypte ; les menaçant même de leur supprimer les aides financières annuelles qui se comptent en milliards de dollars, et en passant l’aide financière aussi à Israël. Il est évident que sa décision a créé la panique dans le monde arabe du Moyen-Orient ; force de dire que ce n’est pas Donald Trump qui a émis cette menace envers le peuple palestinien de Gaza mais le Télos qui l’a inspiré. Pourquoi ? Le Télos veut-il du mal au peuple palestinien qui a tellement souffert, leurs villes détruites par Israël qui a voulu se « venger  » sur le peuple de Gaza.

Non, le Télos ne veut pas du mal au peuple de Gaza ; c’est une épreuve pour le peuple de Gaza et pour montrer au monde la bravoure de la résistance du peuple palestinien et qui, malgré les centaines de milliers de morts et de blessés est resté debout devant la double attaque israélienne et américaine. Ils ne sont pas arrivés à abattre le Hamas qui reste debout et contre vents et marées, parce qu’il a la puissance du Télos

Avec toute leur aviation, les chars, les blindés, l’infanterie, Israël avec la toute-puissance des États-Unis, Israël alimenté en permanence par des armements massifs n’a pas pu mettre à genoux le groupe du Hamas ; un petit groupe de combattants de quelques dizaines de milliers de combattants contre une armée israélienne de quelques 350 000 à 400 000 hommes armés jusqu’aux dents. N’est-ce pas une victoire du peuple palestinien ? Et Donald Trump le sait dans son intérieur, et c’est pourquoi, il se ravise et dit quelques jours après : « Oui, j’aurais voulu déplacer le peuple de Gaza en Jordanie et en Égypte, et faire de Gaza une « riviera », mais, quelques jours après, il se ravise : « Non, je ne vais pas l’imposer. »

Ce n’est pas lui, mais le Télos qui l’a inspiré. Et s’il a au début déclaré de déplacer le peuple de Gaza, c’est qu’il a un « sens caché, un sens herméneutique », et ce sens est la « peur qu’il a créée au sein des monarchies arabes et l’Égypte  ». Un tel déplacement s’il venait à arriver pour le peuple palestinien viendrait à provoquer « des crises politiques extrêmement graves et continuelles  » au sein des pays arabes du Moyen-Orient qui mettrait en grave danger tous les régimes politiques de ces pays.

La crainte a été productive puisque que, réunion sur réunion, les pays arabes sont déjà tombés d’accord pour arrêter un « montant de 20 milliards de dollars » pour la reconstruction de Gaza. N’est-ce pas l’objectif d’une puissance supérieure au-dessus des hommes, le Télos sur le monde humain.

Quant à Israël, il peut menacer autant qu’il veut et autant qu’il peut le peuple palestinien, et faire des morts en toute impunité, mais la fin de la souffrance du peuple palestinien est en marche ; le Télos comme il a assuré au peuple palestinien la résistance terminera cette résistance par la reconnaissance de ses droits légitimes, comme tous les peuples avant lui, et lui octroiera sa souveraineté dans la création d’un État palestinien auquel l’immense majorité des nations du monde appellent sauf les États-Unis et Israël pour leurs intérêts communs, leurs visées sur les plus grands gisements de pétrole que recèlent cette région centrale du monde, le Moyen-Orient. Et le « pétrodollar » qui fait des États-Unis en quelque sorte les « propriétaires indues » des richesses pétrolières de cette région exportées depuis 1945.

Et tout a une fin ou aura une fin, déjà les pays du BRICS +5 travaillent pour une monnaie commune qui mettrait fin au « privilège exorbitant » du dollar. Et le Télos y veille. C’est une affaire de temps ; d’ailleurs, la Chine avance comme la Russie, les États-Unis, l’Europe et le Japon reculent ; et le peuple palestinien créera son État souverain avec la reconnaissance du monde entier ; les États-Unis et Israël ne pourront que se plier à la marche naturelle du monde. 

Pour conclure, il faut comprendre que le Télos, un terme dérivant du grec signifie « but » ou « fin », qui dépasse les hommes, en fait, dans le sens biblique, coranique, hébraïque, le Télos fait référence au plan et au dessein ultimes de Dieu pour l'humanité. La compréhension de ce dessein divin fournit aux humains un cadre moral pour faire des choix éthiques et mener une vie en accord avec la volonté de Dieu. Mais, les humains étant par nature ce qu’ils sont depuis la Genèse, évoluant par le libre-arbitre qu’il leur est octroyé entre le mal et le bien, ne peuvent faire ce qui est inscrit dans le dessein divin ; précisément le dessein ultime qu’ils doivent suivre vient corriger les sorties de ce cadre en accord avec la volonté de Dieu.

Ainsi se comprennent les guerres dans le monde humain, le XXe siècle a été un tournant avec les deux guerres mondiales. Les guerres sanglantes dans le monde se poursuivent aujourd’hui, en particulier dans le monde de l’islam et dans le monde slave, ont un sens ; il exprime en fait un dessein inexorable de l’Occident. Et ces guerres ont un sens, elles entrent dans le Télos, et donc visent une fin dans la déconstruction de l’ordre unipolaire, depuis les années 1990, et la construction d’un monde multipolaire, en ce deuxième quart du XXIe siècle. Et donc un monde à se construire et se reconstruire pour tous les pays, pour tous les peuples de la Terre, comme ce qui a prévalu pour ceux qui étaient avant eux en guerre, les siècles passés.

Une loi téléonomique inscrite en notre humanité depuis la première présence de notre être sur cette Terre, il y a plus d'une centaine de milliers d'années, que nous datons par les lois de la Science, et que nous le faisons par cette Science et par ce Télos, Esprit universel qui veille sur le Tout humain, qui veille sur sa Création. Tel doit-on comprendre le sens de la marche de l’histoire de l’humanité, en ce début du troisième millénaire.
 

Medjdoub Hamed
Chercheur

 
Notes :

 « EDITORIAL : L'EUROPE ET LA PAIX. JALONS POUR UNE RELECTURE DE L'HISTOIRE EUROPÉENNE DES XIXe-XXIe SIÈCLES », par CAIRN INFO Matières à réflexion. 2012/4 (N°108) pages 1 à 6
https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2012-4-page-1.htm

 


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1 réactions à cet article    


  • Seth 25 février 13:38

    Du moins ai-je appris l’existence de Telos, un « think tank » (réservoir ou cuve de pensée... smiley ) de plus...

    Ce genre de confrérie que l’on prend encore au sérieux où des rigolos se grattent la tête et discutent leur médiocrités en l’absence de penseurs significatifs réels.  smiley

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