• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Plutôt que de combattre ACTA, rendons-le inutile !

Plutôt que de combattre ACTA, rendons-le inutile !

Le traité ACTA (Anti-Couterfeiting Trade Agreement), en préparation discrète mais néanmoins officielle, semble être la réalisation du pire cauchemar que le monde libre d’internet (mais pas que lui) redoutait : le contrôle total et sans contrepartie juridique du pouvoir des Etats sur le contenu d’internet.

On ne pouvait évidemment que s’y attendre, étant donné qu’internet est aujourd’hui le seul média resté libre et gratuit, et que son pouvoir fait d’une part perdre de l’argent à de nombreux intervenants (même s’il en fait gagner beaucoup à certains autres), et d’une autre qu’il est un contre-pouvoir gigantesque qui fait peur aux gouvernants de tous les pays (se disant démocratiques ou non)

Ce traité, à côté desquels Hadopi et Loppsi ne sont que de faibles instruments, va permettre, au nom de la protection du copyright (droits d’auteur), de surveiller le contenu (ainsi que la vie personnelle) de chaque individu internaute, et tout ceci sans passer par le contrôle judiciaire qui, on le voit ces derniers temps, essaye lui-aussi tant bien que mal de résister à la perte progressive de toute son indépendance et de tout son pouvoir.

En prétextant la défense de ces fameux droits d’auteurs « bafoués » sur internet, les gouvernements s’apprêtent à faire sauter l’anonymat, la liberté d’expression, la vie privée de chaque individu susceptible de contester, en prenant pour intermédiaire les FAI qui seront les policiers (les milices ?) chargés de faire tampon entre les gouvernements et les citoyens.

Une fois ce traité mis en oeuvre, les gouvernements espèrent bien être en capacité de faire cesser toute contestation, en s’assurant la promotion des informations selon un critère qui deviendra nécessairement financier, car l’accession aux possibilités offertes par internet seront réservées aux seuls riches, capables de payer les droits d’auteurs ainsi protégés. Les plateformes traditionnelles ne prendront plus le risque de publier ni les écrits ni les créations d’auteurs non « rentables », car bien que ceux-ci soient largement diffusés sur le web, ils ne sont pas susceptibles d’être « achetés » pas les grands médias généralistes financés par la publicité. Tout ce qui ne correspondra pas au « politiquement correct » sera amené à disparaître des écrans, victimes de leurs droits d’auteurs que personne ne voudra ni vérifier ni transmettre, car leur contenu ne saurait être rentable, et souvent sera même suspect : car plutôt que d’enquêter sur la source du droit d’auteur d’un anonyme, les FAI comme les plateformes préfèreront s’en passer.

A n’en pas douter également, le traité ACTA fera en sorte de supprimer peu à peu les pseudonymes d’internet, comme l’a souhaité il y a peu le ministre de la culture, oublieux du fait que ceux qui ont fait la culture et les lumières d’hier ont pour une large part été « contraints » de se couvrir de pseudos pour pouvoir s’exprimer. Car quel copyright un anonyme peut-il apposer ? qui prendra le risque de publier quelque chose dont on ne connaît pas l’auteur, et comment lui faire « parvenir ses droits » si on ne le connaît pas ? comme avec la burqua, il faudra sur internet montrer son « vrai visage », sous peine d’être soit évincé, soit suspecté. En faisant miroiter au « créateur » une protection juridique ainsi qu’un revenu, les Etats seront en mesure de détenir un contrôle et sur les contenus, et sur les personnes, au travers de la traçabilité qu’exige cette protection.

Mais derrière cette scandaleuse idée se cache peut-être une chance pour tous ceux qui désirent la liberté pour leurs opinions, et la diffusion de celles-ci. En constatant que le copyright est le biais par lequel la liberté d’expression est attaquée, on peut imaginer que tous les libertaires qui abandonnent leurs droits d’auteur, qui laissent leurs opinions et leurs écrits « libres de droit », devraient se trouver certains qu’aucune poursuite ne puisse être engagée ni à leur encontre, ni par leur intermédiaire. Pas de copyright, pas de sanction. Mais également pas d’argent. Mais ne nous leurrons pas : s’il est évidemment honorable de vouloir récolter les fruits financiers de son travail, il est impossible de se vouloir totalement indépendant à partir du moment où l’argent entre en jeu. Et pour tous ceux qui sont visés par la censure prochaine de leur liberté d’expression, c’est bien parce qu’ils ont quelque chose sinon contre le capitalisme, au moins contre ses effets.

Alors pourquoi ne pas réfléchir à poser dès maintenant les bases d’un autre système fonctionnant sur la gratuité ? Si cela pose un problème dans le cas du cinéma ou de la musique, et même si on ne peut considérer l’écriture comme un média nécessitant beaucoup d’autres investissements que du temps, “tout a un prix”, et il est possible qu’à terme de nombreux « créateurs » soient démotivés, ou rentrent dans le rang. Mais pour les autres, la gratuité devrait être prise comme la véritable garantie de leur indépendance. Cette indépendance réelle que constitue internet, et qui parle tant à tant d’individus qu’elle pourrait presque devenir « rentable » !

Les générations nouvelles, rompues aux techniques informatiques et largement habituées à la gratuité du net, ont la volonté de conserver l’immensité des possibilités du web sans payer pour en profiter. Ce sont eux les futurs créateurs. Ils savent qu’aujourd’hui il est possible de mutualiser, de partager, d’organiser à peu de frais. La mutualisation de matériels propres à la création, le sacrifice de temps pour cette création, l’aide de certaines compétences attirées par des projets alternatifs, une plateforme pour organiser tout cela bénévolement ou pour peu de frais, de nombreux moyens peuvent rendre possible la gratuité. La déception, voire la suspicion des masses vis-à-vis de leurs gouvernants promet de très nombreux visiteurs, participants, adhérents à un tel projet. Tous les désireux de voir se perpétuer la liberté, s’ils la considèrent comme étant véritablement essentielle, devraient être prêts à faire le sacrifice de quelques devises pour préserver leur indépendance.

Si nous ne commençons pas maintenant, alors c’est que nous préférons notre soumission. Si nous voulons changer, changeons. Donnons ce que nous avons à donner, avec les moyens que nous possédons. Préférons le sens à l’esthétique, car le sens est une esthétique. La musique gratuite n’est pas d’aussi bonne qualité sur internet que sur CD ? oui, mais si elle est meilleure ? l’image est moins bonne sur un téléphone que sur un Blue-Ray ? mais si le film est meilleur ? l’information n’est pas aussi agréable que dans le journal télévisé ? mais si elle est plus vraie ?

Posons-nous la question de ce que nous voulons, et agissons ; car après, il faudra bien assumer.


Moyenne des avis sur cet article :  4.88/5   (32 votes)




Réagissez à l'article

16 réactions à cet article    


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 1er février 2010 10:42

    Bonjour Caleb,

    votre titre propose une solution que l’on n’arrive pas à détecter après lecture.

    D’accord, l’Etat se comporte comme un parent qui veut interdire à sa progéniture de s’émanciper, alors que le jeune surfe avec délectation sur ce support que l’Etat ne maitrise nullement. Cet outil extraordinaire qui, en fait, a libéré l’expression populaire, déclare à lui seul la vérité des chiffres qui rendent caduques et obsolètes tous les sondages d’Etat, et par ce fait, réduit à néant son formidable effort de communication, malgré ses + 292 % de budget.

    Le financement de soixante ME vers les principaux sites du web, en parallèle avec les quelques traders récemment au chomage risque de faire mariage détonnant. Evidemment que tous les kerviels vont être recrutés pour pourrir cet outil dont nous nous servons pour dire merde à tous ces cons.

    Dans le cas des parents, l’on peut toujours les fuir pour s’émanciper ailleurs, mais dans cet espace clos qu’est notre planète, pas moyen d’aller s’éclater ailleurs......à moins que nos dominants ne décident un jour de fuir sur Sirius... ! Alors, tant que j’en ai encore le pouvoir de le dire, je leur souhaite d’embarquer vite fait avant 2012 sinon ça va aller très mal. Internet nous permet de vivre passablement dans nos petites prisons personnelles et de vider notre trop plein quotidien. Prendre le risque de couper ce fil élastique qui nous relie à l’autorité, c’est prendre le risque qu’elle le prenne en pleine gueule en retour...

    Avec tout le respect que je leur doigts...L.S.


    • caleb irri 1er février 2010 13:48

      @ Lisa SION 2

      bonjour,

      pour rendre inutile un traité qui nous trace par le biais du financier (droits d’auteurs), il faut lui opposer la gratuité. c’est pas simple à mettre en place, mais c’est cela qu’il faut mettre en place.

      je ne suis pas technicien, mais les propositions genre licences libres, partage des données, myspace gratuits, streaming....tout cela est possible, mais il faut effectivement être prêt à faire des sacrifices... pour changer le monde, il va falloir en faire de toute façon... commençons maintenant.


    • dom y loulou dom 1er février 2010 14:16

      cher Lisa Sion

      Alors que je me demande quasi tous les jours où ont passé les tablettes de ME des sumeriens qui contiennent tous les savoirs de la civilisation qui les portait et qui furent volées à Enki par Inanna (elle les apporta à Babylone et devint du oup leur « reine du ciel » Ishtar... plus trd Isis egyptinne... un véritble culte à leur héroïnne préférée)

      et voici que que je retrouve le terme chez vous... les soixante ME ? vous voudriez nous expliquer ce que c’est ? Bien sûr cela n’a rien à voir, mais le mix up est la patente déclarée du système quand il veut couvrir quelque chose d’important.

      A moins que ce soit un faute de frappe... pour PME ?

      Qu’en pensez-vous, ces antiques tablettes doivent bien être quelque part.

      Imaginons une seconde que toutes les techologies connues (même très avancées si selon les sumeriens les Anunaki venaient d’un autre monde) y figuraient aussi avec des plans de construction... l’histoire aurait un tout autre visage n’est-ce pas ?

      des dialogues cocasses auraient jalonné 4000 ans d’histoire

      « Allez on leur donne le fusil maintenant »

      « ah non, on est bien tranquilles, on reste encore un siècle avec la catapulte, tu aimes bien tes diadèmes et tes bouseux, non ? »

      ...

      au XXIe siècle cela donnerait

      « Il faudrait l’énergie ionique libre maintenant pour produire plus et gagner plus »

      « Ah non, on se remplit les poches comme jamais avec le pétrole... on verra ça dans vingt ans... pour le moment utilisez HAARP pour les terroriser  »


      le savoir... l’arme absolue serait alors tombée entre les mains de bien tristes sires il y 4000 ans

      Ainsi en racontent les sumeriens.

      Bien sûr, que ces tablettes de ME contenaient aussi des connaissances technologiques n’est que pure ce pécule à Sion


      mais je me demande quand même bien entre quelles mains elles se trouvent et pourquoi on ne peut les consulter.  smiley


    • Iv Iv 1er février 2010 15:23

      La solution, je la cherche encore et je ne la trouve pas. Par défaut, j’ai rejoint le parti pirate, en espérant qu’un score de 2 ou 3% à une élection puisse faire un peu réfléchir les grands partis. Rejoignez nous : http://www.partipirate.org/qui-sommes-nous/

      Rejoignez même nos listes de candidature aux régionales ! http://2010.parti-pirate-elections.fr/
      Offre valable uniquement cette semaine, si je puis m’exprimer ainsi :)


    • yoananda 1er février 2010 10:49

      Oui d’accord, mais la gratuité, ca nourrit pas son homme.
      Il existe le mouvement Open Source, qui fait école, et permet de mélanger service et gratuité pour les logiciels.
      Mais dans un cadre plus général, vous proposez quoi au juste ? le mécénat ?
      Pour les musiciens on peut imaginer que ce seraient les concerts qui remplaceraient, pour les écrivains les conférences. Mais de la a gagner sa vie avec et percer, sans faire appel a des « producteurs », c’est pas gagné ...
      Donc, si sur le fond je suis d’accord, il ne faut pas simplement se contenter de poser la question mais essayer d’apporter une pierre a l’édifice.

      PS : il y a aussi le DarkNet qui permet de conserver la liberté d’expression. Ces réseaux sont en pleine progression et promis à un bel avenir. Internet, c’est plus difficile à contrôler qu’un journal papier. Du moins tant qu’il restera décentralisé. C’est bien cela qui fait peur : la décentralisation. C’est la même chose concernant l’énergie. Le jour ou l’énergie décentralisée arrivera, alors l’humanité sera libre. En attendant, il continuera de pleurnicher auprès de ses maitres.


      • Deneb Deneb 1er février 2010 12:32

        yoananda : « ...mais la gratuité, ca nourrit pas son homme. »

        C’est vrai, le pauvre Google, tout le temps au bord de la faillite ...

        « ...vous proposez quoi au juste ? »

        Moi, ce que je propose c’est qu les créateurs prennent leur responsabilités et créent un monde nouveau, plus libre ! Etre créatif, c’est refuser de suivre les modèles et inventer quelque chose de nouveau. N’est-ce pas exactement ce dont on a besoin ? Faisons confiance aux vrais créateurs, ils trouveront la ou les solutions.


      • Bardamu 1er février 2010 11:07

        Lorsqu’en une dernière consultation lancée par l’équipe d’AgoraVox portant sur un contrôle renforcé de forums -où l’on y débattait parfois trop vivement-, j’ai pu lire les commentaires de certains bien-pensants en appelant à un renforcement de la censure, je me suis alors dit que le glissement progressif de notre société vers la démocrature était dû à cela :

        -à ces sondages qui n’ont pas lieu d’être, car symptomatiques déjà d’un ralliement à la doxa du pouvoir en place ;

        -et à tous ces pitres prétendument tolérants, citoyens, paritaires, égalitaires, généreux et j’en passe qui, par leur tartuferie même, mènent le monde vers ce devenir sclérosé, invivable, mortifère.

        Alors est-il temps de résister enfin, de ne plus être ces idiots bien-pensants, si utiles au système en place, et d’accepter le conflit, le risque, le Mal, la vie quoi ?

        « Mal faire les choses » aujourd’hui -son travail, ses achats, ses loisirs-, les faire différemment, les contourner, en être marginal, c’est cela résister !

        C’est opposer une résistance physique à un système mû par une force sinon incoercible, le freiner, être le grain de sable en ses rouages, gripper sa mécanique.

        Le reste ?
        Des mots, pas plus !
        Ne pas voter UmPS déjà ! Ni écolo ! Ni Besancenot !... ces bougres vous divertissent des vraies questions, de la vraie politique !


        Sinon, à ce rythme-là, n’y aura-t-il plus en ces forums que consensuels discutant avec consensuels, mielleux distillant leur miel à d’autres mielleux, doucereux partageant leur douceurs avec d’autres doucereux.

        Et, dans le même temps, surtout des élites triomphantes imposant une dictature molle, un néant duquel elles triompheront seules, car à l’abri et retranchées en des microcosmes dorés... néant sans lequel leur pouvoir même, ces masses d’argent entassées sur le dos des pauvres gens ne serait plus.
         
        Oui ! leur puissance ne peut que s’implanter sur le néant, le vide, car rien sinon ne la valide... et que seul ce rien, ce vide donc peut justifier leur néant !

        Une révolution s’impose, et si elle peut encore faire sourire aujourd’hui celui qui se croit libre -de consommer ? de partit à Ibiza ?-, demain elle sera une question de survie !... ni plus ni moins.

        Internet est le plus gros moyen de résistance : ils feront tout pour en prendre les commandes !


        • Bardamu 1er février 2010 11:48

          Vraie blonde, Vilistia ?


        • Deneb Deneb 1er février 2010 12:36

          Villistia : Tu séches les cours au collège ? Pas bien !


        • sentinelle 1er février 2010 12:40

          @ vilistia

          salut...

          t’inquiete pour internet....qu’ils fassent se qu’ils veulent, nous il nous reste un moyen de communication puissant et incontrolable......le telephone muslim....vulgairement appellé telephone arabe....

          j’attends avec impatience tes commentaires sur le file de MERCURE. ;on y parle de chine mais beaucoup de la russie....nouveau moteur euro-asiatique....


        • Bardamu 2 février 2010 08:56

          @Vilistia :

          Alors, bien le bonjour la belle !


        • Mougeon Mougeon 1er février 2010 11:50

          La Liberté est de plus en plus dans l’air du temps, et même les médias traditionnels commencent à s’intéresser à un des plus grands défenseurs de la liberté ; Richard Stallman, c’est un signe...

          Exemple télérama : Richard Stallman, hacker vaillant

          Exemple sur Canal+ :La bio de Stallman à la Matinale de Canal+ :


          • roquetbellesoreilles roquetbellesoreilles 1er février 2010 12:30

            Voila une façon comme une autre de combattre l’ ACTA.

            Vivre autre chose 4

            • Senatus populusque (Courouve) Senatus populusque 1er février 2010 12:33

              Internet resté libre ? Pas sûr.

              Certains organes de presse sous-traitent leur « modération » à des sociétés privées.

              http://www.moderatus.fr/


              • Bélial Bélial 1er février 2010 12:55

                Si ça passe on devra assumer jusqu’au bout, le mec qui est allé au tribunal pour « sarko je te vois », il y est allé, il a été soutenu, il est pas mort, on les baise.


                • TSS 1er février 2010 15:56


                  Backchich.fr et Rue 89 qui acceptent des subsides de l’etat !comment peuvent ils parler

                  d’independance après cela ... !! a boycotter.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès