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Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi certains « trio » ne se transforment-ils pas en couple (...)

Pourquoi certains « trio » ne se transforment-ils pas en couple ?

> Rebond sur " TRIO : l’amant(e) en plus : la morale compréhensive des modernes" postée par Christian DELARUE

> Ce texte ne manque pas d’intérêts mais suscite des remarques. Certes la situation de trio ne mérite plus les foudres comme jadis mais il ne suffit pas de dire – je cite : "C’est que la situation relationnelle de la vie moderne a fait naître l’expérience du polyamour et de la réversibilité des conditions : un jour vous avez " trompé ", un jour vous avez été "trompé". Un jour vous avez été à l’initiative de la rupture, un autre jour c’est vous qui avez subi la rupture. Un jour vous étiez avec une femme un autre jour avec un homme. Cette expérience polyamoureuse moderne génère un relativisme moral c’est-à-dire une compréhension plus tolérante que le dogmatisme rigoriste traditionnel".

> Deux points méritent attention : le trio (2) et surtout l’après rupture (3). Avant d’évoquer le trio durable il faut signaler brièvement d’autres situations (1).

> 1 - La tromperie " coup de canif " et le " butinage érotique " ne sont pas le trio durable.

> Ces autres situations sont la tromperie occasionnelle dite " tromperie coup de canif " qui dans les pays modernes tolérants n’emporte plus de conséquences juridiques excessives comme jadis : stigmatisation morale et divorce aux torts de celle  ou celui  qui s’est égaré (e).

> Il existe aussi désormais ce que l’on peut nommer le " butinage sexuel " qui se caractérise par une relation officielle stable et de multiples relations parallèles. Il ne s’agit donc pas d’un trio proprement dit . Cette situation est aujourd’hui plus généralisée qu’auparavant si l’on en croit l’article de Guilia Foïs intitulé " Les femmes trompent-elles comme les hommes ? " ( Psychologies.com) . Les femmes font désormais comme les hommes à deux différences près :

  • un besoin supérieur de confiance : c’est elles qui se donnent : "D’où l’importance de l’affectif dans leur sexualité "
  • une particularité secondaire : "quand on demande à celles-ci le nombre de partenaires qu’elles ont connu, elles ne parlent que de ceux qui ont compté"

> Avec le trio provisoire ou durable c’est d’une autre situation qu’il faut expliquer. 

> 2 - Pourquoi il y a trio et même trio durable et non trio de transition ?

> Eu égard à la vie moderne telle  que relaté en introduction on peut encore comprendre un " trio provisoire " mais moins un trio durable.

> Le trio provisoire vient du fait que l’amour authentique n’est pas éternel par nature. Nous vivons plus longtemps. Le mauvais " entretien " du couple dans la durée peut surgir. Bref, la vie affective ordinaire génère donc ce que l’on appelle du désamour. Et un désamour laisse souvent place à un autre amour soit plus tard soit lors de l’amour finissant. C’est là qu’il existe un chevauchement en général bref de l’ordre de quelques jours, semaines ou mois. Autrement dit la situation de trio est ordinairement plus ou moins brève.

> Il arrive pourtant que cela dure plusieurs années. Il faut sans doute pour le " trio installé " des conditions exceptionnelles. On peut dire même que tous les membre du trio sont, sinon complètement consentants, du moins tous et chacun responsable. Celui ou celle qui dispose d’un amant évidemment mais aussi " l’officiel " trompé qui souvent s’accommode finalement de la situation dès lors que cette situation reste secrète. Il arrive même qu’il en trouve avantage !

> La responsabilité de l’amant(e) existe aussi . Il (ou elle) peut vouloir abréger la durée du trio soit en se montrant offensif en brisant le secret auprès de l’officiel pour une issue incertaine : sa rupture (malchance) ou sa mise en couple (chance) soit en posant une période de test avant un départ unilatéral . Si l’amant ne procède pas ainsi, c’est que la situation lui convient pour une raison ou une autre. En tout cas il est lui aussi responsable du trio prolongé.

> Qu’en est-il maintenant de l’officiel ? Il est bien rare qu’il ne voit pas que son couple est dépourvu de vie amoureuse authentique. Bien souvent il n’y a même plus que des apparences réduites de vie commune. Il subsiste en quelque sorte la routine et l’attachement sans affection.

> Si l’on accepte l’idée que dans une relation chacun est responsable d’une partie de la relation alors celui qui ne l’entretient plus tout en restant fidèle est aussi responsable de l’affaiblissement de la conjugalité. Les couples qui ne se touchent plus pendant des mois prennent automatiquement des risques de fuite extérieure.

> 3 - Ce n’est plus la tromperie ou la rupture qui fait souci c’est " l’après ".

> Certes tromperie (contre l’officiel) et rupture (contre l’amant(e)) font souffrir les membres du trio, notamment le trompé et l’amant finalement éconduit . Il n’est pas question de dénier cela. Si l’on laisse de côté cet aspect psychologique pour considérer le volet moral il importe de souligner que la tolérance généralisée encore dénommée éthique du relativisme moral n’enlève pas pour autant les jugements de valeur et la hiérarchie des valeurs. Le monde tolérant se veut compréhensif et non répressif à l’égard de comportements de moindre valeur . Moralement, il est préférable de tenir ses engagements et d’être fidèle mais jusqu’à un certain point seulement. Ce qui signifie que ce n’est plus une règle absolue. Et nul n’est chargé de sonder les cœurs et de peser la chaîne des responsabilités.

> De cette relativisation morale on peut dire que c’est " l’après " qui importe, donc les façons de rompre. En effet, toutes les façons de rompre ne se valent pas. Il existe bien une "axiologie de la rupture" (1) Même si la rupture s’est mal faite il reste encore la possibilité de se saluer correctement, de se parler, d’échanger, de se respecter.

> 1) " Axiologie de la rupture " de JJ LAKRIVAL….

> http://lakrival.over-blog.org/article-33906606.html

 

 


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15 réactions à cet article    


  • MICHEL GERMAIN jacques Roux 7 octobre 2009 18:00

    Vous faites toujours des interventions « chouettes ». A dire franchement je m’ennuie beaucoup sur Agora et ne vais pratiquement plus que sur les articles comme celui ci. En général je suis satisfait de mon choix. Cest le cas ici. Les articles qui parlent de la vie m’attirent plus que ceux qui expliquent (ou tentent) l’économie, les complots, la politique. J’en ai un en réserve sur l’Amour qui est attente de diffusion...il est très lié au votre. 

    A bientôt de vous lire à nouveau.

    Jacques Roux


    • Malaurie 7 octobre 2009 20:04

      j’attends avec impatience de vous lire


    • misso misso 8 octobre 2009 21:32

      Je t’aime Jacques Roux !


    • le porc mutant le porc mutant 7 octobre 2009 19:18

      Et les tas humains, comment ça se sépare ?



        • spoon 8 octobre 2009 07:22

          Vous semblez ne pas parvenir à la conception d’un amour qui puisse réellement être multiple, comme si le choix de l’un ou l’autre était inéluctable. Je pense moi que l’on peut aimer simultanément deux êtres, qui en aimeraient deux aussi, et que le sentiment amoureux n’est pas exclusif. (Je dis deux à cause du temps que l’amour prend)


          • Christian Delarue Christian Delarue 8 octobre 2009 08:12

            Spoon

            Il est possible d’aimer deux personnes au sens de « faire attention à » ou « prendre soin de », y compris au plan sexuel et affectif , mais je doute que ce soit à égalité. Il y en toujours un (ou une) qui est aimé différemment et même moins. Certes, un moindre amour est tjrs un amour. Mais le détachement le rend fragile. Cela ressemble à de la simple cohabitation, souvent à des fins éducatives pour les enfants voire à des fins matérielles. Ce qui explique, comme le dit ici Malaurie si j’ai bien lu, que les trio ne soient en général pas durable. Mais ici mon appréciation ne s’impose pas comme une vérité...
            CD


            • spoon 11 octobre 2009 19:15

              Non mais il n’est pas question d’aimer deux personnes de la même manière, de les aimer chacune pour ce qu’elles sont, et en fonction de ce que l’on est. On aime pas pareil chaque jour une même personne, pourquoi en aimer deux de la même façon et tous les jours.
              MAis ce qui m’épate le plus c’est la faiblesse des réponses à ce type d’article, cela fait deux fois que je lis un theme de ce genre sur AG et les deux fois les réactions ne sont pas à la hauteur du problème, je ne parle pas des gens qui interviennent mais de la portée de l’article. J’observe dans ma vie où je vois un nombre de gens considérable que le problème du « troisième » à partir je dirai de la quarantaine touche un pourcentage considérable de la population, je dirai quatre vingt pour cent... et bien l’article tombe dans les fonds...
              Ca me rappelle un événement qui n’a rien à voir, on nous envahit les oreilles avec un virus de la grippe qui n’existe pas, mais personne ne nous parle de l’envahissement par les moustiques que le sud du pays connait depuis des mois, des moustiques qui ne vivaient pas chez nous encore l’année dernière, qui vivent et piquent le jour... tout le monde le voit et personne ne dit quoique ce soit, c etrange.


            • paul 8 octobre 2009 09:19


              Le trio « durable »,peut permettre de stabiliser le couple .Comme tout équilibre, il est fragile . Cet équilibre nécessite des conditions particulières liées au hasard des rencontres et des personnalités en présence .La variabilité des cas est si grande qu’il ne peut être défini des règles générales de« mise en pratique du sentiment amoureux »,sentiment lui même soumis
              à une grande variabilité (ou évolution) temporelle.


              • kitamissa kitamissa 8 octobre 2009 11:32

                il serait bien malhonnête de jurer que l’on, a été toujours fidèle,sauf dans les romans à l’eau de rose qu terminent toujours par « ils fûrent heureux et eurent beaucoup d’enfants »
                ou bien « ils se jurèrent de s’aimer une vie entière »..

                ce n’est pas si simple dans une vie d’adulte de résister à la tentation,les occasions de rencontres sont tellement légions dans nos vies actuelles ,et dans toutes les classes sociales qu’un jour ou l’autre immanquablement ,le coup de canif dans le contrat est inéluctable ,à moins d’être un ascète ou d’avoir fait voeux de chasteté !

                après c’est selon,soit la rencontre d’un soir qui se termine en beauté et que l’on garde comme un agréble souvenir,soit une rencontre qui remet en question son couple légitime ,parce que là ,ce n’est plus qu’une question de « petit coup tiré en douce » mais de début de liaison sérieuse qui oblige à mentir parce que ce début de double vie commence à peser,et la ou le partenaire légitime trompé devient presque l’intrus ,tellement la relation devient forte avec le nouvel amour !...

                la suite,c’est ,ou bien il faut avouer que l’on a trouvé quelqu’un d’autre,ou bien vivre une double vie ( ça dure ce que ça dure !...parce que le conjoint sent bien qu’il y a quelque chose de louche ...)
                bref ,la suite ,c’est à chacun de faire son choix selon son coeur ,et la vérité découverte par l’autre qui accepte malgré tout cette situation pour ne pas briser ce qui a étè construit à deux,du temps ou les époux s’étaient jurés un amour éternel !


                • Bobby Bobby 20 octobre 2009 10:59

                  L’amour...comme le feu, sont des choses qui peuvent se partager sans rien enlever à ceux avec qui on les partage. c’est « la multiplication des pains » ! pour utiliser une image connue.

                  Le vocabulaire utilisé ici par l’auteur et certains commentateurs, fait appel a des notions dogmatiques. Celles-ci ont été mises en place aux fins de contrôler le peuple. C’est bien de morale religieuse qu’il s’agit ! Il n’y a aucune place la dedans pour l’amour !

                  Contrairement à ce qui a été écrit plus haut, il n’y a aucune honnêteté dans l’observation d’une certaine « fidélité »... tout au plus la conformité à un dogme qui devient aujourd’hui de plus en plus obsolète... comme le deviennent les principes moraux véhiculés par notre fond commun fortement inspiré par la morale judéo-chrétienne.

                  Notre époque voit peu à peu une compréhension de ces phénomènes et se libère des carcans ancestraux... qui ont pourtant la peau dure. Votre article en est le signe évident !

                   


                  • Bobby Bobby 20 octobre 2009 11:05

                    J’ajoute, que notre époque la remplace par une autre « morale » dont la bible parle d’ailleurs sous l’appellation « adoration du veau d’or »... tout un programme planétaire... qui mène droit la tête dans le mur !

                    Si vous n’y réfléchissons pas plus sérieusement, la ’crise" moderne risque bien de ne pas concerner seulement le domaine économique ! ... Bien à vous !


                  • Malaurie 20 octobre 2009 18:43

                    je suis d’accord avec vous que l’amour comme le feu se partage
                    La moralité religieuse n’a rien à voir
                    et le peuple encore moins
                    les hommes et les femmes doivent être libre de partager
                    et d’aimer


                  • Christian Delarue Christian Delarue 20 octobre 2009 22:33

                    Bobby,

                    L’amour « faire attention à » ou « prendre soin de » (Eric Fromm) s’étend (sauf xénophobie ) lorsqu’il s’agit d’aimer de façon non charnelle (sans sexualité) mais bcp moins lorsqu’il y a amour charnel ou surgit l’exclusivisme. Dogmes mis en place par les traditions religieuses ? Sûrement. Pas que la chrétienne. Tradition patriarcale aussi. Après tout le trio accepté officiellement c’est la polygamie, soit un homme et des femmes, l’inverse est plus rare. Notons, si l’on veut dire vrai et juste, que la pluralité relationnelle et amoureuse n’est pas aisée en pratique et qu’il risque aussi de ne plus y avoir de place pour l’amour authentique dans les structures polygames nombreuses. D’ailleurs dans l’islam, certains ont avancé ce point de vue qualitatif pour réduire le nombre d’épouse. Ce qui reste interdit c’est la  réciprocité à savoir une femme et deux hommes. Cela ne se trouve qu’en occident à ma connaissance et bien souvent sous la forme du secret.  Car ce qui est fétichisé ce n’est plus la fidèlité mais l’absence de publicité. Cela changera peut-être mais pour l’heure on est là.
                    CD


                  • BERT06 5 novembre 2009 12:05

                     

                    En matière amoureuse, difficile d ’intentionnaliser les relations et peut-être pas souhaitable.

                    Pourtant, quel gâchis énergétique, émotionnel, de temps et donc écologique, ces histoires de couple qui se terminent mal soit parce que une personne du couple tombe amoureuse d’un tiers soit parce que le couple isolé a du mal à gérer la dualité des conflits.

                    De nombreux beaux projets alternatifs ou pas, de collectifs ou pas, s’écroulent car des couples se séparent entrainant avec eux la base d’un projet de vie, écartelant parfois les enfants, alimentant les palais de justice, chacun ressortant usé, depouillé émotionnellement, financièrement, matèriellement. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce phénomène n’est pas marginal..

                    Savoir qu’il existe une autre possibilité ou une autre grille de lecture dans ce domaine, peut aider chacun d’entre nous, pour être inventif ou bien mieux accepter ce qui se passe dans notre vie, comme pour bien d’autres alternatives.


                    Savoir qu’un être humain peut être amoureux de deux personnes en même temps, évite l’idée destructrice que si ma ou mon compagne ou compagnon s’intéresse à quelqu’un d’autre c’est qu’il n’a plus de sentiments pour moi, ou qu’il est insatisfait avec moi.

                    A partir de là, il est intéressant d’observer l’effet de cette nouvelle relation sur le compagnon directement concerné, sans l’interférence dramatique qu’est la jalousie. Ainsi la personne du couple initiallement pas concernée par la nouvelle relation peut se sentir véritablement nourrie par le rayonnement de la nouvelle relation et se sentir partie prenante.

                    La jalousie est souvent nourrie par la peur...d’être abandonné. Un cercle vicieux se met en place, puisque la jalousie qui envenime et dégrade les relations s’alimente par elle même se justifiant de plus en plus.

                    A l’inverse accepter la rencontre amplifie le sentiment de confiance et souvent renforce le lien de confiance et d’amour du couple initial.

                    Un lien d’amitié voir d’amour peut se créer entre les deux personnes non directement concernées.

                    On peut appeler cela l’agradation sociale, (comme pour la vie du sol), contrairement à la dégradation sociale où la tendance est l’atomisation, tendance observée aujourd’hui:de familles élargies on est passé à la vie de couple nucléarisé, à la monoparentalité.


                    Accepter qu’on ne peut apporter seul TOUT ce à quoi l’être aimé a besoin, sans pour autant renier

                    ses atouts, permet d’amorcer un cercle vertueux. De plus, combien de conflits dans la sphère domestique se nourrissent de la dualité isolée, alors que dans le même temps une discussion à trois fluidifie la communication.


                    La lecture de ces quelques lignes peuvent faire naître des émotions réactives. N’oublions pas que notre morale est chapeautée par un héritage multi séculaire de culture judéo-chrétienne et que notre grille de lecture oriente notre sens de la morale.


                    L’exclusivité est la source de nombreux maux. Il semble que la confiance de chacun est renforcée en évitant les situations d’exclusion. Plus la confiance s’installe, plus chacun accepte des moments d’exceptions et d’isolement des deux autres.

                    Le couple qui se découvre éprouve le besoin de se voir, pas forcément de manière isolé. L’isolement devient nécessaire quand le tiers « exclu » réagit négativement, ou bien quand on suppose que l »exclu » réagira négativement, comme nous l’avons vu plus haut.



                    Il semble que des réactions physico-psychologiques (tremblements, mal au ventre, maux de tête) peuvent apparaître clairement lors d’un « chaperonnage », même souhaité, une ultime fois, comme un nettoyage psychologique, une fièvre salvatrice, comme libérant notre mental d’un lourd héritage de frustration-culpabilisations.

                    Ouvrir cette possibilité si et quand elle se présente permet de renverser la tendance sociale de nos sociétés , recréer des familles élargies, ou tribus qui semblent être la forme sociale qui nous attire naturellement, anéhanties par les civilisations de l’histoire, pourtant sources d’équilibre homéostasiques.

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