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Pourquoi j’ai quitté le syndicat CFDT...

Rémi Aufrère-Privel a adhéré à la CFDT Cheminots en janvier 2009 après un parcours de près de 20 ans au sein de l’organisation Force ouvrière. Après avoir assumé plusieurs responsabilités au sein de la CFDT Cheminots et de la FGTE-CFDT (animateur de groupe de travail, SGA Cheminots, secrétaire fédéral puis membre du Bureau fédéral), il a décidé de démissionner le 11 mai 2022 du Bureau fédéral de la FGTE-CFDT. Le 30 mai 2022, il a quitté le Syndicat national des cheminots CFDT.

 

Quelques mots sur votre expérience syndicale chez FO-Cheminots ?

J’avais adhéré à cette organisation syndicale réformiste en 1989, sous le leadership d’André Bergeron. Les principes de l’organisation et la direction confédérale et fédérale de FO correspondaient à mon engagement social-démocrate. Ensuite, il y a eu une évolution que je considère négative avec l’emprise croissante de militants de la mouvance trotskyste (dite « lambertiste » MPPT, puis PT, puis POI)1. J’ai vécu certaines dérives, y compris au niveau confédéral2 sur la place croissante de cette sensibilité politique. Au niveau fédéral cheminot, fin 2008, j’étais le seul membre du secrétariat fédéral à n’être ni adhérent ni « sympathisant » (on disait « compagnon de route ») du MPPT-PT. 

 

Qu’est-ce qui vous a fait réfléchir à quitter FO-Cheminots ?

Les débats au sein du Secrétariat fédéral comme du Bureau fédéral FO étaient sujets aux discussions politiques portées par une radicalité oratoire plutôt déconnectée du monde réel. Début janvier 2009, j’ai accompagné le SGA de la fédération FO à une bilatérale avec le DRH adjoint du Groupe SNCF, Loïc Hislaire. À la remarque directe (et ironique) de ce dirigeant « pour nous, FO est un syndicat trotskyste », mon camarade nº 2 de FO n’a pas hésité à répondre « ce n’est pas vrai, la preuve, je suis venu avec Rémi Aufrère ». Je pense que si j’avais été militant au sein des fédérations Métallurgie ou Alimentation de FO, je ne crois pas que j’aurais quitté cette organisation, ces structures étant « réformistes ». J’ai quitté FO-Cheminots en rédigeant avec deux autres anciens responsables fédéraux3 un long courrier de plusieurs pages expliquant cette rupture justifiée par nos valeurs et le non-respect des statuts fédéraux (notamment les conditions pour être élu du bureau fédéral). Et la CGT, par son réseau militant cheminot, a été très active pour communiquer notre missive partout en France. Un excellent facteur !

Pouvez-vous rappeler les conditions de votre arrivée à la CFDT en 2009 ?

À l’automne 2008, André Milan, secrétaire général de la FGTE-CFDT et quelques responsables cheminots me contactent. Ils avaient déjà constaté mon mal-être au sein de FO-Cheminots. 

2009 est l’année de la concrétisation de la loi sur la représentativité à la SNCF. Quelle ambiance au sein de la CFDT Cheminots ?

Nous sommes quelques semaines avant les élections professionnelles SNCF de mars 2009. Le climat au sein du Conseil national de la CFDT Cheminots est plutôt dépressif. J’assiste à cette instance nationale pour la première fois (rue Gaston Rebuffat). Les propos sont caractérisés par une perspective d’échec électoral. Cela n’est pas rassurant. Mais il me fallait rejoindre la CFDT avant ces élections difficiles pour prouver que je n’allais pas prendre une place assurée de permanent syndical après une éventuelle victoire électorale. Je remercie ceux qui m’ont encouragé. En mars 2009, l’enjeu est grave : c’est celui de la représentativité par l’obligation de dépasser le seuil des 10 %4.

 

L’arrivée de la FGAAC a-t-elle été bénéfique pour la CFDT ?

Oui, c’est grâce à l’apport de la Fédération générale autonome des agents de conduite (FGAAC) – accord conclu à l’automne 2008 avec la Confédération et la FGTE-CFDT – que le syndicat cheminot cédétiste atteindra 11,59 % (score identique à celui de 2006, mais avec le renfort de la FGAAC).

Cette fédération autonome de conducteurs de train vient à la CFDT après avoir rencontré le SG de l’UNSA-Cheminots et où elle a été très mal reçue. Ce dirigeant syndical n’a pas du tout compris les enjeux historiques qui se jouaient avec le scrutin de mars 2009 à la SNCF. Cela alors que la définition de « l’autonomie UNSA » correspondait en grande partie aux aspirations de la FGAAC. 

La Confédération et la Fédération des transports CFDT dérouleront un véritable tapis rouge avec un montant de cotisations très bas sur une décennie, ce qui est un effort important.

 

Revenons à votre début à la CFDT

Pour ma part, j’arrive à la CFDT Cheminots bien accueilli par certains, un peu moins par d’autres compte tenu de mon expérience et caractère affirmé. Arnaud Morvan, secrétaire général de la CFDT Cheminots me demande de prendre en charge, dès l’automne 2009, l’animation du Groupe commercial Voyageurs.

C’est une exigence judicieuse pour parfaire mon intégration. Je constitue une équipe dynamique avec des collègues militants du terrain (Normandie, Pays de Loire, Centre, PACA-Nice, AURA, Aquitaine, Paris, etc.) avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir. C’est très bon souvenir d’amitiés syndicales.

Arrive le congrès de 2012 et un renouvellement important de l’équipe du Bureau national CFDT Cheminots. Arnaud Morvan, SG sortant, décide de ne pas se représenter à la tête du syndicat. Il est probable que s’il avait voulu se maintenir, il aurait été réélu SG, vu le fonctionnement des instances et le rôle essentiel du BN (financement, formation et temps syndical avec « plans de développement »).

 

Vous passez de technique à politique assez rapidement ?

Je suis élu SG adjoint avec le score identique à celui qui devient nouveau secrétaire général. Cette équipe est belle et compétente, car elle est composée de cheminots expérimentés et différents, à la fois dans les parcours professionnels consistants, mais aussi – pour certains d’entre nous – au niveau associatif et politique. Cette dynamique que nous arrivons à impulser se traduira par une belle évolution du score électoral allant de 11,59 % en 2009) à 14,70 % en 2014, puis à 15,15 % en 2015.

 

2015, c’est l’année de l’intégration de RFF à la SNCF, non ?

Oui, en 2015, nous intégrons plusieurs salariés de Réseau ferré de France (RFF) au sein des équipes nationales. Ceux-ci n’ont jamais travaillé dans les métiers cheminots pour un opérateur ferroviaire, que ce soit la SNCF ou un transporteur ferroviaire privé (comme ECR, Europorte, etc.). Ils possèdent une culture très différente voire parfois en défiance par rapport au mastodonte SNCF, notamment ses nombreuses règles et son « statut » souvent considéré et présenté comme obsolète par ceux qui ne le connaissent pas.

Il y a quelques mois, j’ai revu Jacques Rapoport (ancien président de Réseau ferré de France). Au détour d’un échange jovial, il m’a indiqué : « RFF était là pour emmerder la SNCF ». Il n’avait pas tort assurément (rires).

 

Quels sont vos premiers doutes, vos questionnements sur la poursuite de votre action comme SGA de la CFDT Cheminots ? 

Le congrès de la CFDT Cheminots de juin 2016 m’inquiète par les votes. Depuis 2012, j’avais décidé de mettre à disposition mes réseaux relationnels personnels – associatifs et politiques – pour défendre les revendications du syndicat. J’ai mis du cœur et j’ai travaillé pour cela. J’ai des engagements personnels avec des contacts sincères avec des acteurs décisionnels.

 

En novembre 2016, vous connaissez une sanction personnelle difficile...

Il est vrai que j’ai servi de défouloir par rapport aux expressions du SG. Mais cela est injuste et méprisant, car je suis crédible dans mes expressions et actions, du terrain des cheminots jusqu’au niveau ministériel. En novembre 2016, je suis pris dans une tourmente folle à la suite d’une interview pour l’hebdomadaire Le Point. C’est la question de la laïcité et du communautarisme religieux à la SNCF (avec l’actualité des salariés « fichés S »)5. Le débat est très important parce qu’il montre que l’entrisme religieux (essentiellement islamiste salafiste et / ou djihadiste) à la SNCF est extrêmement faible, ce qui est rassurant. G. Pépy informe les dirigeants nationaux syndicaux CFDT (et les autres organisations syndicales) qu’il existe une petite dizaine de cheminots « fichés S » pour motifs religieux. Ceux qui travaillent dans des postes directement liés à la sécurité ferroviaire ont été repositionnés. Ce sujet est problématique pour les défenseurs du droit républicain (dont je suis), car il est difficilement appréciable de modifier ou changer un poste de travail sur ce motif. Cela pose un débat public primordial dans la société française.

Le titre de l’article issu de la journaliste est un peu provoc. Sur le contenu, mes réponses sont mesurées. Elles rappellent les principes de la compagnie publique SNCF (neutralité dans les emprises de l’entreprise et en contact clients, notamment l’interdiction de facto des prières dans des locaux de travail) et celui de l’émancipation chère à la Confédération CFDT. Je suis mis en accusation devant le CN du syndicat qui est prévu quelques jours après. Ce qui tombe mal côté calendrier pour prendre le temps d’une analyse dépassionnée. Il est décidé de me suspendre de la représentation médiatique et professionnelle pour six mois (« sanction » ramenée à trois mois avec « sursis », donc trois « fermes »).

 

Qu’est-ce que signifie clairement cette sanction ?

C’est une interdiction de toutes les réunions avec la SNCF, les entreprises ferroviaires privées, la presse et tout contact extérieur à l’organisation syndicale.

J’apprends que des adhérents et militants CFDT Cheminots de Paris Est trouvent « normale » la situation consistant à autoriser explicitement les expressions religieuses comme les prières dans des réfectoires de l’entreprise publique à Paris en 2016 ! Je reçois un paquet anonyme (fabrication chinoise via Rotterdam) contenant un burkini à mon adresse personnelle. Et comme cela ne suffit pas, le SG et moi recevons deux pâtisseries orientales pourries avec l’inscription sur le sachet « aux deux fachos de l’UFCAC »6.

J’apprends aussi qu’une collègue contractuelle âgée (Josée) commettra la facétie d’installer une petite crèche chrétienne pour Noël en réponse à cette « occupation partielle religieuse ». Selon moi, ces faits montreront l’absence d’éthique et de courage du leader du syndicat qui a peur de perdre quelques cartes. Ainsi on sacrifie des principes... et moi, SG adjoint, alors que depuis deux ans, le SG tentait de me flatter en parlant de moi comme son « successeur ». Ce à quoi je répondais invariablement « on verra ». Une bonne intuition...

 

Comment avez-vous vécu ces événements ?

Cet épisode aura un impact très lourd sur mes valeurs profondes sur la laïcité, la liberté absolue de conscience et la République. J’avoue que ce niveau de bêtise et de lâcheté, je ne l’avais pas vu venir. Dès lors, je comprends que je dois protéger ma santé mentale, mon équilibre et... mes valeurs. Et je commence à réfléchir sur différentes options excluant toute succession pour le secrétariat général.

Après cette décision du Conseil national, certains responsables nationaux et régionaux me feront part de leurs remords pour cette mesure indigne opposée aux valeurs républicaines laïques. Mais leur courage fut aux abonnés absents.

 

Après cet épisode douloureux de la fin d’année 2016, les années 2017 et 2018 sont-t-elles dynamiques et positives pour le syndicat ? Et pour vous ? 

Rappelons que l’arrivée de plusieurs salariés de l’ancien établissement public Réseau ferré de France à compter de 20157 au sein de la structure nationale CFDT permettra, dans un premier temps, de bénéficier de connaissances juridiques complémentaires (comme la rédaction d’amendements parlementaires pour la première et la seconde réforme ferroviaire depuis 2014).

Des expertises seront utiles. Le revers de cet apport intellectuel est en corrélation avec le complexe d’infériorité intellectuelle du SG du syndicat devant ces quelques arrivées. Il leur offrira le leadership syndical national de la CFDT Cheminots sur un plateau. 

Jusqu’au début de 2018, je croyais que la culture historique cheminote du Groupe SNCF serait adoptée par des nouveaux collègues provenant de RFF. Car ils ne disposaient d’aucune expérience professionnelle réelle et pratique au sein de la SNCF comme d’un autre opérateur ferroviaire privé. Je me suis trompé sur plusieurs d’entre eux. Certaines attitudes et expressions témoignent du formidable décrochage qu’a connu la CFDT Cheminots lors des élections professionnelles de novembre 2018 et en décembre 2020.

 

Que s’est-t-il passé lors de cette campagne électorale professionnelle SNCF fin 2018 ?

La campagne électorale professionnelle SNCF de la CFDT Cheminots pour le scrutin de novembre 2018 est le révélateur d’une dérive grave dans la conception et l’éthique du syndicalisme CFDT que je portais. 

Cette année 2018, après quelques réussites de négociation en mai-juin 2016 (maintien des dispositions d’organisation du temps de travail avec le référentiel RH 0077), des avancées en matière de CCN ferroviaire courant 2017-2018, fut démonstrative. 

Tous les dirigeants et presque tous les militants de la CFDT Cheminots (moi inclus) pariaient sur un net succès à l’élection CSE des SA du Groupe SNCF. Dans l’euphorie collective, les pronostics allaient d’un raisonnable + 0,5 % à un ambitieux + 3 % qui permettait le rêve de dépasser le score de SUD-Rail (et devenir la troisième organisation syndicale représentative à la SNCF).

C’est alors que j’ai réalisé cinq tournées syndicales dans une période de six semaines précédentes l’ouverture du scrutin. J’en suis revenu extrêmement inquiet et très peiné. En effet, j’ai rencontré des collègues agents de maîtrise et cadres de proximité qui posaient souvent la question de l’avenir de leur poste à un horizon de trois à six mois maximum. Parmi eux, des cheminots statutaires avec une vingtaine d’années d’ancienneté, professionnels et fiers de la SNCF... Ils obtenaient de leur directeur d’établissement la réponse suivante : « si vous avez un projet extérieur à l’entreprise, surtout n’hésitez pas, on peut vous aider ! ».

Et les militants CFDT Cheminots (dont moi) distribuaient des tracts invoquant la « défense des cheminots contractuels » et la mise en valeur des « travaux de la CCN du ferroviaire » avec des effets directs à horizon entre quatre et dix ans. Autant dire que le « groupe élections » auquel on ne m’avait pas demandé de participer (je n’étais plus l’avenir) était vraiment déconnecté du terrain.

 

Avez-vous alerté sur ces informations recueillies sur le terrain ?

Je suis revenu vers mon collègue SGA de la CFDT Cheminots5 pour lui faire part de mes doutes en lui proposant de modifier un peu la communication électorale (et donc la stratégie). Après une fin de non-recevoir, j’ai voulu comprendre s’il s’agissait d’un choix assumé pour la cécité ou, a minima, témoignant d’une absence de volonté d’écouter le terrain. Et j’ai posé la question suivante très sérieusement : « avec T. (futur SG du syndicat), vous faites le syndicalisme que vous voulez pour vous-mêmes ? ». La réponse fut d’une sincérité stupéfiante et très cynique : « oui, on fait ce qu’on veut ! ». J’avais la confirmation de mon douloureux ressenti.

 

Que retenez vous de l’année 2019 ?

Début 2019, avec ce revers électoral par rapport à la perception collective des militants CFDT (perte de près d’un point), le syndicat organise un « retour d’expérience » avec un cabinet de consulting privé. Devant cette situation pénible, je décide le 31 janvier 2019 de diffuser un texte personnel d’analyse et de propositions concrètes (près de sept pages) relatif au retour d’expérience de l’échec électoral6. Par facétie, je le diffuse d’abord anonymement avant de le communiquer plus largement. Cela met en colère le SG qui est un peu déstabilisé. Il m’accuse de « monter une liste concurrente » pour le prochain congrès contre ses deux poulains-candidats. Il se trompe à 1 000 % et ne perçoit absolument rien du délitement en cours.

 

C’est à ce moment-là que vous avez fait une croix sur le leadership ? 

Je sais que je ne serai pas candidat à un nouveau mandat si rien ne change. Mon texte reçoit un accueil agréable de quelques responsables, sans plus. La sclérose a déjà fait son œuvre. Elle ne trouvera pas de remède par l’opération retour d’expérience en mode « in » (sourires). En effet, en février 2019, le BN de la CFDT Cheminots décide de recourir aux services d’une start-up fondée par Bénédicte Tilloy (ancienne dirigeante de SNCF Transilien notamment). C’est une connaissance rapprochée de l’un des SGA qui indique être administrateur de cette structure. Cette proximité ne gêne personne qui ne voit aucun conflit d’intérêt (a minima éthique). C’est un budget de 21 000 euros qui sera voté et payé (soit 3 000 euros de l’heure).

 

Quels sont les constats ?

Une journée de travail commun est organisée avec tous les responsables nationaux, régionaux et parfois locaux (environ 160 personnes) répartis en 18 groupes de travail qui doivent s’exprimer librement avec l’aide de deux collaborateurs du cabinet de Bénédicte Tilloy. Disposant des clichés des feuilles de paper-board de chacun des groupes, j’ai relu à plusieurs reprises les écrits. Cela prouve l’état délicat, mélange de délitement des valeurs affichées, de suffisances proclamées et d’espoirs déçus. Ici où là on reconnait bien les origines professionnelles différentes, le leadership de plusieurs groupes orientés vers la plainte, la critique des autres syndicats en proposant très rarement des solutions. Pire encore sont les formules écrites et / ou exprimées oralement caractérisant l’absence de culture cheminote historique et un niveau de suffisance intellectuelle entre ridicule affligeant et prétention excessive avec « la CFDT est le syndicat trop (ou le plus) intelligent, c’est pour cela que l’on a perdu » voire « les cheminots sont des c... ».

Sans omettre la formule méprisante qui sera répétée et qui l’est encore aujourd’hui « la CFDT pourra devenir le premier syndicat à la SNCF le jour où les agents statutaires deviendront numériquement minoritaires (par rapport aux contractuels) ». En déduction basique, cela signifie que le personnel au statut est conservateur et que c’est par l’évolution démographique des contractuels que nous – syndicat CFDT – pourrons envisager un avenir radieux... (la seconde réforme ferroviaire ne permet plus l’embauche au statut). Pour moi, agent au statut depuis mon 18e anniversaire, l’outrance ne passe pas. Je choisis le silence en lieu et place de l’explosion de colère. Je conçois que je me situe alors entre absence de courage et un peu de lâcheté. Mais le temps de mon départ n’est pas venu.

 

Qu’avez-vous pensé personnellement ?

Après cet échec électoral, chacune et chacun se regarde et se demande si la spirale descendante s’amorce. Aujourd’hui, moins de quatre ans plus tard, au sein de la CFDT Cheminots, plus personne ne se souvient des enseignements de ce très cher et très inutile retour d’expériences...

Car le résultat fut le suivant : le retour à la section syndicale et renforcer la revendication métiers ferroviaires.

Quid du décalage entre le sens des tracts électoraux, la stratégie syndicale et le fond de la campagne CFDT ? Silence dans les rangs ! Si on parle même en questionnant, on comprend que l’on questionne la stratégie de communication qui est, de facto, une remise en cause de la succession dessinée par le secrétaire général.

Cette opération fut un gâchis financier et inutile, non par l’absence de qualité des consultants (car elle était présente), mais par la volonté de ne pas trouver de solutions au seul sujet qui doit interroger : la déconnexion de la CFDT Cheminots avec le terrain.

Du côté de mes modestes propositions, une seule sera mise en application : la réduction du nombre de membres du Conseil national (passant de 13 à 11). Je l’ai faite pour redonner du temps syndical dans les régions là où doit se faire l’essentiel du travail militant local. Et même cette modification posera problème lors du congrès statutaire de septembre 2020.

En effet, le nouveau SG a déployé de nombreux efforts pour trouver un 11e candidat pour avoir une liste complète. Que pensez d’une organisation qui n’est plus attractive pour ce niveau de responsabilités nationales ? Poser la question, c’est sans doute désobéir à ceux qui dirigent.

2019 est une année sociale très agitée avec le lancement du projet de réforme des retraites par Emmanuel Macron... Vous avez été l’un des porte-paroles parmi les plus visibles et audibles dans les médias et le monde des transports. Là encore, nous observons chez vous de l’engagement, de l’enthousiasme et plusieurs colères… « multidirectionnelles »

Comprenez-moi, je suis un fils de cheminots (parents cheminots, avec des frères cheminots) et donc, un « enfant du statut ». Embauché après un concours provincial externe (élèves transports-Sernam) en 1982 à Clermont-Ferrand au Service des messageries de la SNCF (SERNAM), j’arrive à l’âge de 16 ans et trois mois « en culotte courte » !

Je défends le ferroviaire, ma compagnie publique, mes collègues et comme des centaines de milliers de cheminots depuis la création en 1938, j’assume une fierté à servir. Alors quand le pouvoir politique affiche la suppression des régimes spéciaux de retraites, je réponds immédiatement « pourquoi ? » et « quelles compensations, quels équilibres ? ».

J’ai signé un contrat de travail en 1982 qui précisait que je pourrais partir en retraite sous la double condition : être âgé de 55 ans et pour une pension complète (75 %) et avoir travaillé 37,5 ans dans l’entreprise. Aujourd’hui, je suis âgé plus de 56 ans, je commence ma 41e année de carrière.

Des élus politiques voire des citoyens souvent déformés m’insultent en me traitant de « privilégié ». Reconnaissez qu’il y a des raisons légitimes à se mettre en colère ! Ce fut l’épisode de « la pirouette du playmobil » adressée à une députée LREM qui répéta sans comprendre la médiocre et méprisante note technocratique d’éléments de langage de son parti conservateur7.

L’une des raisons de ma décision de quitter la CFDT Cheminots (fédérale et confédérée) est aussi liée à cet événement de la fin 2019.

Quel est votre point de vue sur les retraites en 2019 et aujourd’hui ?

Le principe de réforme « systémique » des retraites développé à partir du Comité national confédéral CFDT en mai 2008 est séduisant par l’affirmation de la nécessité de rendre le système juste, transparent et égalitaire (notamment sur l’égalité femmes-hommes).

Sans réforme, l’avenir du principe de répartition peut être remis en cause. Côté positif et logique, la durée de cotisation est réaffirmée comme étant le paramètre le plus juste. Si on entre sur le marché du travail à 25 ou 27 ans, on ne peut pas envisager un départ à 60 ans.

L’une des questions prégnantes demeure les sources de financement. Ce n’est absolument pas une « dérive des dépenses ». Il faut clarifier et augmenter les budgets. Ce qui relève de la solidarité nationale doit être pris sur le budget public (impôts).

Depuis la création de la CSG, chacun a admis que le financement des pensions ne peut plus reposer sur la seule masse salariale. Et sur la question de compléter le financement global du système, je trouve que la confédération CFDT est devenue timorée et moins audacieuse depuis plusieurs années. Le principe de régime à prestations définies à travers un pourcentage relatif aux années d’activités me semble lisible, moderne et juste.

 

Et le régime « à points » ?

C’est une notion qui me fait craindre pour l’avenir. Par structure, le système par points révolutionne le principe actuel du régime « à prestations définies ». Il porte le risque de grande variabilité de la valeur du point qui peut pénaliser considérablement la pension de retraite au moment où vous ferez valoir vos droits. 

L’exemple suédois est édifiant : ce fut la seule réponse économique à l’équilibre du système de retraites. Cela au prix de la paupérisation des retraités suédois qui sont nombreux en 2022 à devoir reprendre une activité rémunérée tout en étant « en retraite ». C’est de « l’anti-progrès » et la régression sociale bien illustrée. Comme l’indique l’office suédois des retraites, « le système fonctionne comme un plan d’épargne. Tout l’argent que vous cotisez est accumulé sur un compte, et quand vous choisissez de partir à la retraite, on calcule votre pension en divisant la somme qu’il y a sur le compte, par le nombre d’années qu’il vous reste à vivre selon de l’espérance de vie moyenne ».

 

C’est une forme de capitalisation qui ne dit pas son nom ?

Oui, une grande hypocrisie ! Avec une durée de cotisation égale, vous n’obtiendrez pas la même pension qu’un autre salarié à deux ans ou trois ans d’écart. Cette situation qui base la valeur du point sur la notion d’espérance de vie à la naissance et non l’espérance de vie en bonne santé est très défavorable aux métiers et parcours professionnels les plus pénibles comme... certains cheminots et autres salariés des services, de l’industrie, de l’hôpital, etc. en horaires décalés, travail nocturne, efforts physiques, en extérieur, etc. Et aujourd’hui, nous constatons que l’espérance de vie stagne (en France) voire régresse dans certains pays occidentaux (comme les USA).

Les expressions confédérales CFDT ont été floues sur la « fin des régimes spéciaux » et leur intégration dans un régime dit « universel ». Le vice est dans les détails... qui sont tous importants, car conditionnant la dignité des retraités de demain (âge de départ et montant de la pension).

 

Vous avez toutefois défendu la position syndicale de la CFDT

J’ai défendu la position syndicale de la CFDT Cheminots sur les retraites par un exercice d’équilibriste rappelant l’unité de l’organisation confédérée CFDT sur la priorité d’une réforme systémique « juste », sans être en mesure de préciser comment les droits des agents SNCF au régime spécial seraient intégrés. J’ai toujours été sincère dans mes expressions publiques, mais dans un rôle de composition imposé avec un niveau de flou inconfortable.

Il y a un risque de contradiction entre réforme systémique pour un régime universel et intégration des régimes spéciaux qui, au-delà de l’histoire ferroviaire, est le produit des réalités et contraintes professionnelles actuelles. Je suis convaincu que le manque d’attractivité des métiers du ferroviaire est aussi lié à cela. Pourquoi vouloir être embauché dans une entreprise publique dont on détricote méticuleusement certains droits pour les salariés compte tenu des contraintes ?

Les agressions médiatiques et politiques menées contre le régime spécial SNCF sont la marque de la méconnaissance du système et d’une volonté politique de faire travailler les salariés plus longtemps et / ou de baisser le niveau des pensions (paupérisation des retraites comme... en Suède, nouveau totem moderne).

 

Vous avez eu plusieurs interventions médiatiques en novembre-décembre 2019

Oui. J’ai martelé les réalités professionnelles cheminotes parce que je les ai vécu moi-même (près de cinq ans de 3x8, comme agent de manœuvre et agent circulation, manutention et portage de charges au SERNAM, etc.). Sans jamais céder à la colère où à l’invective, j’ai réaffirmé une logique de progrès et expliqué les pénibilités. La thématique de la réduction hebdomadaire du temps de travail (y compris dans une SNCF à l’horaire annualisé) doit être primordiale pour réduire les accidents, prévenir les maladies professionnelles et combattre les risques psychosociaux8. Notre devoir est d’augmenter la vie en bonne santé !

Depuis plusieurs décennies, chacun sait qu’au sein de l’organisation cédétiste, la stratégie de développement confédérale est orientée prioritairement vers le secteur privé. C’est un constat. Dans de nombreux médias et parfois en interne de l’organisation confédérée, le « régime spécial des cheminots » est présenté de manière fallacieuse comme avantageux et source de privilèges exorbitants (comme dans la plupart des médias main stream). Il faut une très forte conviction pour combattre ces mensonges faciles. Ayant participé à quelques réunions de la Commission mixte du statut (qui s’est terminée après près de 1 100 séances), le statut cheminot confondu avec le régime spécial de retraite s’est vu accusé de tous les maux.

J’ai combattu vigoureusement ces manipulations mensongères et dilatoires, car le statut a toujours été un « organisme vivant ». Mais pour comprendre cela, il faut disposer de la culture de l’entreprise publique ou, à défaut, vouloir embrasser cette culture évolutive.

Je garde en mémoire les visages de collègues cheminots qui ont travaillés 30-35 ans voire 38 ans en 3x8 dans la circulation ferroviaire et qui portent les stigmates du temps en rajoutant 10 à 20 ans de rides faciales et de dos brisés. Je pense à tous ces salariés ouvriers et contremaîtres, dont près d’un quart n’atteindront pas l’âge de 65 ans. Ils meurent avant. Aujourd’hui, c’est avec cynisme que le gouvernement s’est engagé à la financiarisation des jours de RTT, avant-dernière étape vers une évolution funeste9 qui consiste à briser le principe essentiel de la loi des 35 heures (celui de la réduction du temps au travail).

 

L’affaire « playmobil » vous a encore apporté des sanctions... Que s’est-il passé ?

À la mi-décembre 2019, sous la pression de quelques fédérations CFDT (notamment du secteur privé), Laurent Berger a contacté le SG de la CFDT Cheminots pour lui demander d’éviter de me faire intervenir dans les médias nationaux à la suite de l’affaire du « playmobil ». Il lui fut répondu que mes propos n’étaient pas en contradiction avec la « ligne confédérale » et qu’ils satisfaisaient pleinement les cheminots. Ce fut ma seule satisfaction de la part de l’ancien leader de la CFDT Cheminots (avant le 17 décembre 2020).

Toutefois, cette position responsable fut rapidement effacée par deux événements révélateurs du délitement du nouveau leadership (moins de 72 heures après l’élection d’un nouveau SG de la CFDT Cheminots) et de ce que je considère – à titre personnel – comme un manque d’éthique inacceptable.

 

Comment se déroule cette fin d’année 2019 ?

Nous sommes dans le cœur du conflit social. Dès le jeudi 19 décembre 2019, quelques propositions sont émises par le ministre des Transports pour essayer de suspendre le mouvement de grève des cheminots à moins de 24 heures des départs en vacances de Noël. Les français sont fatigués tout en comprenant les arguments des grévistes au vu des enquêtes d’opinion. Le président de la SNCF rencontre le soir même à 20h00 le Premier ministre. Il désire lui indiquer le sens d’une éventuelle évolution syndicale.

L’UNSA-Ferroviaire annonce que les conditions sont réunies pour une suspension.

Et la CFDT ?

Côté calendrier, la CFDT Cheminots tergiverse et le ridicule va même jusqu’à décaler la consultation de son Conseil national au vendredi 20 décembre, après 14h00, parce que l’un des représentants de l’UPR Grand Est organise son repas-déjeuner de Noël ! Le ridicule ne tue pas, mais il affaiblit. Car le tout jeune élu SG10 cède déjà sur le calendrier du vote très attendu par tous.

Lors de la réunion du Conseil de la CFDT (physique et virtuel) ce vendredi 20 décembre, c’est un débat surréaliste qui se tient durant 2 heures 30. Je comprends que ceux qui font vraiment la grève, pour l’essentiel les conducteurs de train de la FGAAC-CFDT, veulent suspendre à 80 % et dans une moindre proportion les agents d’accompagnement. Certains représentants régionaux (Nouvelle-Aquitaine, Bourgogne ou Paris) éructent pour affirmer l’absolue nécessité de poursuivre le mouvement alors que l’on sait que bon nombre ne font pas grève eux-mêmes.

En clair, ceux qui font grève veulent la suspendre. Ceux qui ne font pas le sacrifice d’être en grève veulent que les autres continuent à leur place ! Nous sombrons dans le ridicule du « fais ce que je dis, pas ce que je fais pour moi-même ». Cela me provoque la nausée. On passe au vote avec un corps électoral composé de femmes et d’hommes d’appareils, dont certains ne sont pas individuellement impliqués comme je le remarque avec l’autre SGA (avec lequel j’ai pourtant quelques sérieux désaccords). Le score est de 53 % pour la suspension. Cela provoque un propos colérique de l’ancien SG qui ordonne à son successeur (élu depuis moins de 48 heures) de ne pas déclarer la suspension du mouvement.

Le nouveau jeune SG cède devant l’injonction à « l’unité de la CFDT Cheminots ». Quand il a fallu annoncer le vendredi 19 décembre 2019 vers 17h00 que la CFDT Cheminots ne suspendait pas le mouvement malgré un vote de son CN favorable à la suspension, c’est un SG la larme à l’œil qui me demande de faire l’annonce médiatique. Je suis allé déclarer cette information devant une quinzaine de journalistes TV et radios nationales. J’ai accompli mon devoir en respectant le mandat. Je n’ai aucun courage. En revanche, pour le nouveau (et inexpérimenté) SG, ce fut la marque durable de la décridibilisation de la CFDT Cheminots qui dure encore aujourd’hui. C’est dans la difficulté de l’instant que l’on reconnait la force d’un vrai leader. Ou sa faiblesse en l’espèce... Et je n’ai jamais réussi à pardonner ce renoncement volontaire11. Un dirigeant syndical doit avoir plus de courage que tous les salariés qu’il défend parce qu’eux ne peuvent pas toujours affronter l’autorité hiérarchique sans connaître de représailles directs. Et il ne faut pas accepter une telle charge qui se vit intensément si l’on ne s’implique pas totalement... avec les irritants et les difficultés qui accompagnent cette lourde responsabilité.

 

Que s’est-t-il passé au 1er semestre 2020 ? Et au congrès de la CFDT Cheminots fin septembre 2020 ?

Les fêtes de fin d’année 2019 n’effaceront pas le recul de crédibilité de la CFDT Cheminots. L’éthique interne à l’organisation continuera à se désagréger. En témoigne une anecdote ridicule et symptomatique sur l’utilisation des fonds de la Caisse nationale d’action syndicale (CNAS) pour aider les grévistes CFDT et l’action juridique... qui dispose d’un fond confédéral de plus de 105 millions d’euros à fin 2018.

Le dernier tract national cheminot CFDT abordant le conflit des retraites et pouvant règlementairement s’inscrire dans le cadre du préavis de grève CFDT de décembre 2019 est diffusé mi-janvier 2020. Ensuite, le choix a été d’en finir avec ce mouvement devant la faiblesse du nombre de cheminots en grève qui devenait infinitésimal. Cela n’a pas empêché quelques adhérents CFDT de Paris (notamment de Paris-Est) de solliciter le recours à la caisse confédérale CNAS pour des appels à la grève en février et mars 2020, alors que les seules organisations SUD-Rail et CGT avaient des préavis et tracts en cours.

Se faire indemniser des jours de grève par la CNAS CFDT pour des appels de SUD-Rail (avec l’accord du secrétaire syndical local et régional), il fallait oser ! Il a été possible d’éviter les journées demandées pour mars, mais février a été accepté pour l’indemnisation.

Par un zeste de remords, l’ancien SG m’avait proposé de devenir secrétaire fédéral à la FGTE-CFDT et administrateur au CA du Groupe SNCF. Sur la première responsabilité, j’ai été victime « de mon genre » parce qu’il semblait essentiel de présenter une femme pour motif de « mixité »

Pour la seconde responsabilité (administrateur du Groupe SNCF), je savais que le combat serait très difficile et les chances minimes. L’élection était initialement prévue en juin 2020. Je m’étais engagé sur ce calendrier. C’est dans cette optique calendaire que j’ai sollicité le soutien de ma section syndicale à la mi-février 2020. En simultané et vu les turpitudes précédentes opérées contre moi, j’ai commencé dès janvier 2020 à envisager un retour dans un poste de cadre à la Direction du Groupe SNCF.

 

Au printemps 2020, la CFDT Cheminots vous élit démocratiquement tête de liste du syndicat pour le CA du Groupe SNCF... C’est plutôt encourageant pour vous ?

En avril 2020, le Conseil national de la CFDT Cheminots (à 85 %) me désigne comme tête de liste pour l’élection CA du Groupe. J’ai remercié sincèrement ma section de Dijon puis le syndicat national qui ont porté ma candidature. Ce fut une preuve de confiance.

Par la suite, le nouveau SG m’a reproché d’avoir « anticipé l’appel à candidatures ». Côté efficacité, cette formulation est risible. Parce que les autres syndicats représentatifs (comme l’UNSA et la CGT) avaient déjà présentées leurs listes de candidats pour une élection prévue mi-juin, soit à peine quatre mois plus tard. Le Bureau national de la CFDT Cheminots n’avait encore rien décidé sur la campagne et les candidatures. 

 

Pourquoi cette lenteur dans la constitution de la liste CFDT ?

Concernant le CA du Groupe SNCF... parce que le secrétaire général déployait beaucoup d’efforts personnels (avec son ami SGA Cheminots & FGTE) pour trouver un / une candidat·e tête de liste pour le CA du Groupe autre que moi et cela en toute discrétion. Enfin, pas très discret puisque je l’ai appris très vite... Pour eux, c’était n’importe qui sauf moi !

Plus tard, il a été déclaré que la remise en cause de ma désignation (par démission de mon seul choix le 29 mai 2020) était un « abandon » et une « trahison ». Un propos ridicule... Quant au « délai contraint », cela est tout aussi inopérant puisque l’élection fut reportée... six mois plus tard, en décembre 2020.

Ce que j’en ai déduit, c’est que six mois de délais (juin-décembre 2020) étaient plus courts que les quatre mois de début d’année (mars-juin 2020) ! Selon moi, ce n’était pas sérieux non plus de s’y prendre au dernier moment pour toutes les listes électorales. Un signe d’impréparation qui pouvait couter à la CFDT.

 

Vous avez annoncé vos deux « départs » en mai 2020...

Le 15 mai 2020, j’ai indiqué au SG que je ne souhaitais pas rester au Bureau national de l’Union fédérale des cheminots et activités complémentaires à l’issue du mandat se terminant fin septembre 2020. Son unique réaction fut la stupéfaction en m’indiquant « que feras-tu si tu n’es pas élu au BN de l’UFCAC ? ». J’ai compris qu’il s’identifiait dans ma situation (style « que ferais-je si je ne suis plus SG ou membre BN et donc permanent syndical à temps complet ? »), le tout portée par son angoisse personnelle sur les difficultés potentielles à retrouver un poste intéressant dans l’entreprise.

C’est le 29 mai 2020 que j’ai indiqué que je renonçais à la tête de liste CFDT CA Groupe SNCF en précisant évolution du calendrier (décalage de six mois) et proposition professionnelle très attractive (après trois décennies d’activité syndicales variées et intenses).

 

Vous avez participé à votre dernier congrès de la CFDT Cheminots fin septembre 2020 ? Vous aviez repris une responsabilité dans l’entreprise dès le 1er juillet 2020 ?

Le 1er juillet 2020, j’ai pris un poste intéressant au sein de la Direction de l’Engagement Sociétal et de la Transition Ecologique du Groupe SNCF (DESTE), dirigée alors par Karim Zeribi (ancien directeur de la communication de l’ancienne Direction du développement urable (DDD), dirigée par Sophie Chambon). J’ai été chargé de l’animation du réseau national des managers de l’Engagement sociétal et du dossier de l’insertion auquel a été rajouté le travail d’intérêt général (début 2022).

Jean-Pierre Farandou avait fait un choix audacieux et innovant (celui de Karim Zeribi) pour la création de cette nouvelle entité sur la base partielle de l’ex-DDD.

Pour ma part, j’ai trouvé motivant d’être démarché par ce nouveau dirigeant qui assurément ne « rentrait pas dans les cases habituelles » de la plupart des cadres dirigeants du Groupe (avec les parcours universitaires et trajets politiques plus « classiques »).

 

Votre retour à la SNCF a-t-il été difficile ?

À compter de janvier 2020, j’ai travaillé avec le soutien de la DRH Groupe et l’aide du Cabinet ALIXIO Mobilités pour analyser, comprendre et promouvoir mes qualités professionnelles et relationnelles, mes expériences et compétences, en vue de répondre comme n’importe quel autre salarié à deux types de postes. 

À aucun moment, je n’ai sollicité le soutien du syndicat CFDT Cheminots et encore moment celui de ces dirigeants nationaux. J’ai modestement indiqué que « j’explorais mon parcours professionnel » sans en dire plus. Cette précaution fut essentielle.

Après la chute de crédibilité de la CFDT Cheminots à la suite de l’incident de fin décembre 2019, le recours à un soutien officiel ou officieux syndical aurait produit un effet assurément négatif sur l’écoute de la direction nationale du Groupe SNCF pour mes efforts de reconversion.

J’ai compris que l’annonce de ma reconversion avait totalement surpris les dirigeants nationaux de la CFDT Cheminots. Je n’ai pas été surpris de cette nouvelle cécité. Par la suite, il a même été dit que l’on m’avait confié un emploi fictif ! Par respect pour l’organisation syndicale, je ne démissionne pas de ma responsabilité de secrétaire général adjoint en juillet 2020. Et ma démission n’est pas demandée. Mais je serai encore attentif à quelques moments du congrès statutaire qui se tiendra à la fin du mois de septembre 2020.

 

Et votre démission de la CFDT ?

Une dernière anecdote prouve l’urgence de la fin de mon mandat pour mon équilibre personnel. Nous sommes quelques minutes avant l’ouverture du Conseil national de la CFDT Cheminots en septembre 2020 à l’amphithéâtre (site Pleyel). Je vis mes derniers jours comme SGA et j’en suis soulagé.

Le SG de la CFDT Cheminots m’indique que plusieurs adhérents CFDT cadres de SNCF Réseau le sollicitent pour que le syndicat diffuse une communication nationale publique et critique devant une décision du Président de la SNCF Jean-Pierre Farandou (par un « Temps réel »). Celui-ci procède au déplacement d’un cadre dirigeant (Karim Zeribi, DG de la DESTE), qui connait un épisode judiciaire externe à la SNCF (condamné par un jugement en première instance à Marseille).

Le président décide de lui confier une nouvelle mission sur la cohésion du Groupe (grands programmes) avec une modeste équipe (DICAPE). La proposition de ces adhérents CFDT est de mettre en cause cette décision du président de la SNCF. Or, ce salarié a été le seul cadre dirigeant de la SNCF à exprimer son soutien indéfectible à la CFDT Cheminots pour les élections CSE de 2018. Le fait que le SG de l’UFCAC12 me pose cette information de façon interrogative comme une idée sérieuse me révulse. Agacé, je réplique : « il n’y absolument rien à communiquer, c’est une affaire de justice externe à la SNCF et c’est la décision du président ». Son propos m’a choqué et a montré – encore une fois – ce que je nomme « faiblesse du leadership ».

Je n’ai accusé personne d’autre. Seul le SG était l’auteur. J’ai pris soin d’indiquer au principal intéressé (le cadre dirigeant ciblé) cette expérience au cours d’un déjeuner privé qui a été écouté par l’auteur faible de cette affaire. Quelques témoins ont eu une écoute très partiale et parcellaire de mes propos que je confirme aujourd’hui. Aucune invective, aucune diffamation... juste des propos et attitudes que je pense très peu « appropriés » de la part du dirigeant de la CFDT Cheminots.

La déloyauté a failli être exercée contre un dirigeant qui a soutenu la CFDT Cheminots pour un scrutin professionnel. Atermoiements et hésitations qui produisent de la faiblesse devant des manœuvres auxquelles il ne semble point résister. Je comprends ses hésitations initiales (en 2018) pour assumer sa responsabilité actuelle.

 

Que pensez-vous de l’échec de la CFDT Cheminots aux CA SNCF ?

En décembre 2020, se déroulent les élections pour les conseils d’administration des SA SNCF Réseau, SNCF Voyageurs et SNCF Gares et Connexion et celle du Groupe SNCF, avec un nouveau recul pour la CFDT cheminots...

Un dirigeant du Groupe SNCF avait analysé le résultat négatif de la CFDT Cheminots pour le scrutin de 2018. Il avait indiqué qu’il pourrait reconsidérer le crédit du syndicat en fonction d’une évolution positive pour l’élection des administrateurs salariés au sein des différentes SA, dont celui du Groupe en décembre 2020. En effet, la baisse de la CFDT Cheminots entre l’élection tous CA confondus 2015 et 2020 montre une baisse de près de 2 % (de 15,08 % à 13,14 %). L’effritement de l’UNSA reste modeste avec moins 0,35 % (21,92 % contre 21,57 % en 2020). Et la CFTC est en passe de disparaitre (passant de 2 % à 0,71 %).

Et si on examine plus en détails, trois résultats sont très préoccupants : la baisse sur la Holding SNCF est de 1,54 % (passant de 14,95 % à 13,41 %) et cela, malgré le renfort des voix issues des Groupes GEODIS et KEOLIS, alors que la CFDT Route est la première organisation syndicale dans ce secteur et à Géodis. Le plus mauvais résultat est celui de la SA Réseau (SA des deux dirigeants syndicaux, le SG CFDT Cheminots et le SGA FGTE-CFDT) avec une baisse de + de 2 % (- 2,02 %, passant de 13,50 % à 11,48 %). Quant à la SA Voyageurs, secteur historiquement fort de l’organisation cédétiste, c’est une baisse inquiétante de 1,59 % (de 16,08 % à 14,49 %).

Si les élections sont de nature différente, cela montre toutefois une tendance baissière de l’audience de la CFDT engagée en 2018. Cela semble s’aggraver à l’observation attentive des chiffres. On notera qu’à SNCF Réseau, la baisse devient dangereuse puisque s’approchant des 10 % assurant la représentativité syndicale. Enfin, dernier constat, l’apport des filiales routières et de transports publics urbains fut assez faible pour la CFDT.

En évoquant les conseils d’administration des SA SNCF, il me revient un incident encore révélateur de de sujets éthiques. Fin 2018, l’administratrice CFDT du CA de SNCF Réseau (ancienne salariée de RFF), par ailleurs très compétente dans ses dossiers, a demandé à reprendre un poste dans l’entreprise et souhaitait démissionner de son mandat.

Le SG des cheminots et le SGA cheminots et FGTE-CFDT (pour rappel tous deux anciens de RFF) ont considéré, avec plusieurs autres responsables nationaux, qu’elle était l’administratrice à maintenir absolument dans cette responsabilité. L’administratrice a donc sollicité un poste à mi-temps. Elle l’a obtenu à titre exceptionnel après une courte négo-discussion avec la DRH. C’est une nouvelle innovation stupéfiante dans la mesure où tous les administrateurs salariés (à l’époque Conseil de surveillance du Groupe, CA Réseau, CA Voyageurs) sont réglementairement dégagés en totalité de leurs obligations professionnelles (hors production / agent en service libre).

Selon mon point de vue, cette mise à disposition totale est nécessaire pour une raison de principe et d’éthique : c’est l’assurance que l’administrateur salarié ne connaîtra aucune pression directe de sa hiérarchie professionnelle pour l’influencer sur les dossiers évoqués en Conseil d’administration. Subsidiairement, oser proposer de réaliser un « mi-temps » comme administrateur, cela signifie à l’employeur qu’un temps complet est trop « généreux » pour cette tâche. Enfin, cela est très incorrect par rapport aux autres administrateurs salariés (et à leurs organisations syndicales respectives).

J’ai été le seul membre du Bureau national de la CFDT Cheminots à le dire clairement en interne. Je n’ai pas été entendu. C’est le copinage qui l’a emporté. Une exception a été créée. Fort heureusement, les administrateurs salariés élus fin 2020 n’ont pas utilisé cet « arrangement » discutable et médiocre. La CFDT Cheminots a disparu de tous les conseils d’administration du Groupe SNCF depuis le dernier scrutin.

 

Après la fin de votre mandat de SGA fin septembre 2020, vous demeurez membre du Bureau fédéral de la FGTE-CFDT. Quelle fut l’analyse de ce second mauvais résultat au sein du Groupe SNCF ?

Je n’ai aucune connaissance d’une analyse partagée largement et démocratiquement par le Conseil national de la CFDT Cheminots.

Si celle-ci s’est tenue au sein de son Bureau national, elle a été très discrète. Quant au Bureau fédéral de la FGTE-CFDT de février 2021 après les élections CA SNCF (décembre 2020), le secrétaire général représentant les cheminots a discouru sur quelques actualités sauf... le résultat des élections CA deux mois plus tôt !

Et le SGA de la CFDT Cheminots et de la FGTE-CFDT14 a gardé un silence assourdissant. Absolument rien n’a figuré dans les débats ni été inscrit au PV de cette instance fédérale. Comme si cette élection n’avait jamais existé ! C’est une nouvelle approche de la transparence et de la démocratie des débats et des informations. C’est grave aussi par l’absence de volonté de réaliser une analyse en mode retour d’expérience (en transparence et débat démocratique) pour comprendre le revers et trouver des solutions pour s’améliorer.

 

Vous avez indiqué « avoir connu quelques déboires dans l’activité fédérale depuis 2016 », mais aussi en 2021 et 2022. Quels sont ces faits ?

En 2016, je n’oublierais pas les insultes homophobes contre moi dans les couloirs de la fédération des transports CFDT (siège avenue Simon Bolivar). Les invectives ont été portées contre moi par un secrétaire de syndicat parisien devant des secrétaires fédéraux qui ont gardé un silence coupable.

Aujourd’hui, quand je lis la communication positive sur les combats de la confédération CFDT contre les discriminations de toute nature (notamment l’homophobie), je me dis qu’il y a encore beaucoup de progrès à réaliser.

Mais d’autres faits attestent de dysfonctionnements et d’absence de sincérité dans les rapports entre des personnes assurant les plus hautes responsabilités nationales, que ce soit dans la corporation des cheminots et salariés des transports ferroviaires que dans le monde plus large des autres modes.

 

Et après ?

Il y a un autre exemple révélateur. Ce fut l’annonce par un secrétaire confédéral lors d’un Conseil national CFDT Cheminots de la désignation comme membre du CESE national du SGA CFDT Cheminots et FGTE-CFDT. 

Personne dans cette instance (ni la plupart des membres du BN) n’était informé de cette « promotion » personnelle qui avait plus d’un mois et demi d’ancienneté, le responsable confédéral nous l’indiquant sans aucune malice. La gêne du « promu » fut visible.

 

Avez-vous eu le sentiment d’être ciblé dans toutes les problématiques rencontrées à la CFDT ?

Parmi les « dysfonctionnements », deux se situent au niveau fédéral avec des intéractions de deux responsables cheminots.

Le premier concerne mon éviction de la commission internationale de la fédération. Alors que j’étais toujours membre du Bureau fédéral, il m’a été objecté que, par souci d’efficacité (sourires), les candidatures à cette modeste commission devaient être présentées par les « structures », terme volontairement vague permettant de décider ce que plusieurs dirigeants nationaux ordonnent. Il m’a été reproché de ne pas avoir respecté la date limite d’inscription pour cette commission et cela au-delà d’un PV de BF du 24 février 2021. Tout ceci alors que mes compétences et mon expérience sur l’Europe et l’international sont reconnues par tous et bien au-delà du syndicat.

J’ai objecté que ma candidature au BF provenait du collège des syndicats et qu’à ce titre l’appui de mon corps d’origine (le Syndicat national des cheminots) était suffisant. J’ai compris que la structure c’était le BN de la CFDT Cheminots (avec le SG et le SGA cheminots-FGTE) qui étaient à la manœuvre. 

Pourquoi tant de ressentiments à mon encontre pour une commission qui a pour seul objet d’éclairer le Bureau fédéral et le Secrétariat fédéral sur l’Europe et l’international ? La haine semble la seule réponse.

Mais le plus ridicule reste à connaître : entre février 2021 et août 2022, la commission internationale de la FGTE-CFDT s’est réunie à... zéro reprises, y compris lors de la préparation du congrès de l’ETF qui s’est déroulé à Budapest du 24 au 27 mai 2022. La délégation CFDT est partie avec le mandat élaboré par deux ou trois membres du secrétariat fédéral.

Ce qui est une autre innovation en matière de débat démocratique dans l’histoire récente de la fédération des transports.

Ensuite, en ma qualité de membre du Bureau fédéral, j’ai souhaité m’inscrire à un évènement qui me semblait utile : la COMETT, grande conférence organisée en novembre 2021 par la fédération rassemblant environ 170 délégués de toute la France sur l’Île des Embiez (Var).

Si mon inscription a été validée dans un premier temps (j’étais l’un des premiers inscrits), j’ai reçu deux semaines plus tard un courrier fédéral m’indiquant que je ne pouvais plus participer à cet événement. Il était indiqué que l’objet de cette conférence étaient « de favoriser les échanges et partages de pratiques sur l’action syndicale au quotidien, un engagement vis-à-vis duquel tu as choisi de te mettre en retrait pour poursuivre légitimement un parcours professionnel en entreprise ».

J’ai compris que l’action syndicale au quotidien n’est pas compatible avec un parcours professionnel (sic) et que membre du Bureau fédéral est subalterne pour participer à ce rassemblement (« qui n’est pas une instance »). C’était une éviction évidente. 

À noter que cinq thématiques sont « sorties » des débats avec la volonté de créer des groupes de travail composés de « pilotes » et de membres du Bureau fédéral (dont j’étais) « qui s’appuieront sur les commissions fédérales » dont la plupart ne se réunissent pas (exemple flagrant de l’international, mais avec d’autres aussi). Cela s’appelle de « l’ingénierie technocratique syndicale indécisionnelle » (rires).

Ayant connu des exposés très intellectualisés et souvent hermétiques au sein de la structure cheminote CFDT, j’ai compris l’origine des auteurs de ce nouvel élan pour développer l’hermétisme. Cette tactique permet d’expliquer avec complications des sujets souvent complexes sans effort pédagogique pour éviter tout débat difficile. Et l’entre soi protège... en évitant les questions.

Celles et ceux qui pourraient questionner ont peur de passer pour des idiots. Côté invités internationaux, j’ai appris que l’on avait traité avec beaucoup de légèreté leur accueil (gare / aéroport pour Île des Embiez), un dysfonctionnement dans l’organisation qui a été remarqué bien au-delà de la fédération.

 

Vous m’avez fait part de nouveaux faits en 2022 ?

Plus récemment, deux faits apparaissent très inquiétants dans le fonctionnement fédéral. Le premier concerne ce qui n’est plus un projet maintenant : il s’agit du déménagement du siège de la FGTE-CFDT situé dans les locaux CFDT avenue Simon Bolivar (Paris 19e).

Sur l’unique volonté des dirigeants nationaux de l’Union fédérale Route CFDT, il a été décidé l’acquisition d’un nouveau siège situé à Rungis (Val-de-Marne), assez éloigné de points d’accès rapides aux transports en commun. Les locaux en question n’étaient pas en procédure de vente « publique » (c’est-à-dire pas de publicité accessible à tous) et le montant de la cession est de 2,5 millions d’euros (auxquels il faut rajouter 100 à 200 000 euros de travaux d’aménagement).

Or, ce budget n’est actuellement pas disponible au sein de la trésorerie fédérale. C’est ainsi qu’il a été demandé à la CFDT Cheminots de s’engager sur une garantie à hauteur de 700 000 euros (alors que les fonds de cette union fédérale est d’un million au total, avec un budget annuel d’environ 500 000 euros). Sous réserve d’autres informations, il n’y a rien de répréhensible au sens légal sur ce déménagement et cette opération immobilière.

Mais côté démocratie interne, cela devrait faire tousser la confédération si elle entend faire respecter les « valeurs » reprenant la « démocratie » en première d’entre elle.

 

Pourquoi dites-vous cela ?

Les faits : le Bureau national de la CFDT Cheminots a donné son accord pour cette garantie sans consulter l’instance démocratique (selon ses statuts) devant se prononcer sur une question de première importance vu le budget (son Conseil national). Ensuite, plusieurs dirigeants nationaux cheminots se sont aperçus qu’il était impossible de débloquer une telle somme, certains dispositifs d’épargne ne le permettant pas. C’est ainsi que des dirigeants nationaux d’un autre mode de transport (la route) exigent maintenant de la partie cheminote... de se débrouiller. Toujours dans la plus complète opacité par rapport au conseil de cette structure.

Côté confédéral, ce déménagement ne pourra être accueilli favorablement selon le bon principe d’une utilisation performante des locaux des bâtiments du site Bolivar et de la proximité géographique avec le siège de Belleville comme d’un suivi « politique ». Sans oublier les 20 000 euros dépensés par la FGTE il y a moins de quatre ans pour rénover les locaux fédéraux.

Quelle est la tendance chez les autres collocataires de la FGTE ?

Du côté de plusieurs autres unions fédérales (aériens et transports urbains & activités du déchet), il existe une résistance à ce déménagement qui n’a aucun sens économique, ni pratique et encore moins politique. Si ce n’est de considérer que c’est l’Union fédérale Route (et son SG) qui imposent ses choix (de façon très directive) et sans débat démocratique sur les raisons, les objectifs et les budgets. Seule l’Union fédérale de l’environnement, des territoires, de l’autoroute et de la mer (UFETAM) et son nouveau SG semblent être dans l’accompagnement de ce déménagement.

Il existe tant d’opacité et tant de questions non posées et de réponses non produites que cette situation porte des soupçons sur la volonté d’appliquer le respect entre les différentes composantes de la fédération, mais aussi la démocratie et la transparence les plus élémentaires proclamées par l’organisation confédérée CFDT. À côté de cela, le second fait apparait presque anodin. C’est le congrès récent de la Fédération FGTE-CFDT, qui avait pour objet des modifications statutaires. Tout d’abord, il n’est parvenu aucune question ni demande d’intervention de la part des syndicats sur ces modifications. À croire que le consensus est total et la pensée... uniforme.

Ensuite, ce congrès avait comme ordonnancement une tenue sur une journée avec l’intervention de Laurent Berger, le secrétaire général de la Confédération CFDT à 14h00 lors de la reprise des travaux en début d’après-midi. Au final, ce congrès s’est clôturé avant 13h00 et il y avait plus d’échanges entre les quelques 65 à 70 délégués entre eux dans la salle qu’entre les dirigeants de la fédération et les délégués des syndicats.

Un signe qui illustre l’absence d’intérêts des secrétaires de syndicats pour un congrès fédéral qui a connu les expressions habituelles technocratiques avec tableurs Excel et Powerpoint « sérieux » de nature à décourager toute expression. On notera l’autosatisfaction affichée des dirigeants fédéraux sur ce « bon » congrès, qui n’a connu ni aspérités..., car sans débat. La formule écrite par Jean Yann et Gérard Sire « qu’est-ce qu’on serait bien sans la base » prend tout son sens15 (rires).

 

Le 1er février 2022, le président du Groupe SNCF vous remettait la médaille d’honneur des chemins de fer (échelon or pour 38 années de carrière). À cette occasion, vous avez exprimé vos remerciements, mais aussi communiqué sur votre retour d’expérience personnel. Quel a été le sens de votre propos ?

Mes choix de restituer la tête de liste CFDT pour l’élection représentants des salariés au CA du Groupe SNCF (fin 2020) comme mon refus d’un nouveau mandat comme secrétaire national de la CFDT Cheminots à compter d’octobre 2020, ont été murement réfléchis après 27 années de militantisme 24 / 24 (depuis 1993 et 1997 comme agent en service libre). Selon moi, le syndicalisme cheminot a besoin de dirigeants qui aiment les cheminots avec leurs qualités et leurs défauts, qui apprécient leur statut évolutif et qui les écoutent. Bref, être capable d’assumer pleinement ses responsabilités et ne pas faire du syndicalisme pour soi-même. Je n’ai pas trouvé cet esprit chez certains nouveaux responsables syndicalistes de la CFDT. Mais je l’ai vu chez Pascal Tomasin, Gwenaëlle Lhuilliere, Fred Rouaux, Antonio Tudor, Philippe Marsault et bien d’autres qui ont quitté également la CFDT.

Contrairement au propos cynique de mon ancien collègue SGA à la CFDT Cheminots (et cumulant SGA FGTE), je considère grave d’entendre comme réponse « on fait ce qu’on veut ! » à une question portant sur l’écoute attentive de ses collègues et mandants. Selon moi, le syndicalisme est synonyme d’engagement au service des autres. 

Pour cet objectif, l’écoute est essentielle. Il n’y a pas de vrai syndicaliste sans écoute. Nous avons tous et toutes des qualités et des défauts et commettons des erreurs.

Mais nous devons nous obliger à l’écoute. Nous avons comme devoir d’analyser et de décrypter les situations politiques, économiques et sociales, à envisager des projets et des perspectives en vue d’améliorer durablement la condition des salariés actifs, des retraités et de leurs familles. Le syndicaliste qui embrasse ces préoccupations et engagements ne choisit pas ses sujets. Il doit éviter le populisme extrémiste tout comme l’intellectualisme hermétique.

La première condition est de disposer d’une expérience professionnelle réelle dans l’activité du syndicat. Pour la première fois dans l’histoire du syndicalisme cheminot, une organisation a placé à sa tête quelqu’un qui n’a jamais connu ni vécu d’expériences en production ferroviaire. Cela n’est pas un détail quand on observe attitudes et présentations. On peut être en représentation voire emprunter au théâtre ou à l’imagerie populaire « si on ne nait pas syndicaliste, on le devient » avec le travail réel. Ainsi, il n’y a pas de hasard à ce que quelques dirigeants syndicaux ne disposant ni de la culture cheminote ni de la volonté de l’adopter ni d’aucun parcours professionnel de production ferroviaire chez un transporteur, considèrent que les sujets les plus urgents et les plus « intellectuels » sont la négociation de branche (très utile en soi), la défense des salariés contractuels (en mettant en opposition le personnel statutaire considéré comme « obsolète » et donc « ringard »).

 

Êtes-vous plus serein maintenant que vous n’êtes plus à la CFDT ?

En démissionnant de la CFDT, je mets fin à une angoisse personnelle et au risque de devenir schizophrène en refusant de voir le réel. Cette angoisse consiste à craindre quotidiennement le risque d’une déclaration naturelle du secrétaire général de la Confédération CFDT sur « la réforme systémique et la fin des régimes spéciaux » qui va assurément dans le sens majoritaire de salariés du secteur privé non informés des dispositifs de ces régimes. Et la foi rassurante, mais inopérante (car fausse) qui, avec une future majorité de salariés contractuels, ferait demain de la CFDT Cheminots la 3e ou 2e organisation syndicale représentative dans la branche ferroviaire et à la SNCF.

Ces deux chimères sont dangereuses, car elles ne sont portées que par le confort des hommes d’appareils nationaux. Je salue les militants et adhérents sincères et engagés de la CFDT Cheminots comme de la FGTE-CFDT qui, sur le terrain, combattent les injustices et défendent des revendications pour vivre mieux aujourd’hui et demain. Je remarque que parmi ceux-ci, les plus dynamiques et les plus engagés se réfugient aussi dans l’action interprofessionnelle (le cas des unions régionales interprofessionnelles de PACA et Nouvelle-Aquitaine est révélateur et dans les CPH et autres CESER). La situation actuelle de la CFDT Cheminots et de la FGTE-CFDT est la résultante de faiblesses que je souligne par les faits.

Je souhaite un sursaut pour le débat en interne même si je suis – et serais – étranger à toute évolution. Je garde tout mon respect pour les principes du syndicalisme et le travail militant sincère et désintéressé.

 

1« Lambertisme » du nom de Pierre Lambert (dit Pierre Boussel), militant puis dirigeant en France de la section de la IVe Internationale depuis le POI (1937-1944), PCI (1944-1965), OCI (1965-1981), PCI « Lambertiste » (1981-1985), MPPT (1985-1991), PT (1991) devenu POI (Parti ouvrier indépendant). Cette mouvance a compté dans ses rangs Lionel Jospin, Jean-Christophe Cambadelis, Benjamin Stora, Jean-Luc Melenchon, Stéphane Just, Henri Molinier, Pierre Broue. La veille d’un congrès de FO-Cheminots, j’ai été invité par la Commission cheminots du PT (une grosse vingtaine de personnes présentes) pour débattre avec Pierre Boussel au siège du parti. J’ai remarqué le haut niveau de culture politique et la dialectique du dirigeant trotskyste qui analysa l’évolution de certains statuts comme celui de la sécurité sociale et de la SNCF. Cette rencontre fit l’objet d’un article dans la parution hebdomadaire du PT « Informations ouvrières ».

 

2Jacques PE, secrétaire confédéral en charge de l’Europe-international eut quelques problèmes avec Claude Jenet en charge de la communication et notamment de la presse confédérale FO Hebdo. En effet, le secteur Europe était relié au fil permanent de l’abonnement de l’AFP jusqu’au moment où celui-ci fut très perturbé dès 1996 puis jamais rétabli complètement jusqu’à son départ fin 1998. En outre, le journal confédéral fonctionnait en totale indépendance par rapport aux différents secteurs confédéraux dont celui de l’Europe. C’était un choix délibéré de Marc Blondel.

 

3Il s’agit de Pascal Tabanou, ancien SGA de FO-Cheminots et Romain Didierlaurent, ancien secrétaire fédéral en charge de la négociation, les deux étant retournés dans des postes d’encadrement dans l’entreprise avant septembre 1997.

 

4Les résultats CE ont été pour la CFDT de 9,01 % (2004), 11,59 % (2006).
Quant à la FGAAC, elle connait son « apogée » en 1987 avec 3,80 % puis 3,52 % (2004) et 3,04 % (2006) avec une baisse constante depuis 2002. Les syndicats FO (6,63 % en 2006), CFTC (8,14 % en 2006) et CFE-CGC (1,02 % en 2006) n’ont quasiment aucune chance d’atteindre le score de 10 %. Quant à SUD-Rail avec ses 14,97% (en 2006), elle dépasse l’UNSA d’un petit demi-point (14,49% en 2006 pour l’organisation réformiste). 2009 verra des évolutions importantes (hors CFDT) avec une baisse pour la CGT (40 % contre 39 %) et une nette poussée de l’UNSA (de 14,49 % à 18,06 %) et de SUD-Rail (14,97 % à 17,68 %), avec une modeste augmentation pour FO (6,63 % à 7,99 %) et une dégringolade pour la CFTC (de 8,14 % à 5,39 %).

Ces évolutions traduisent aussi des transferts de militants syndicaux, de la CFTC et de la CFDT vers l’UNSA engagés dès 2006. 

 

5Selon le Premier ministre Manuel Valls, en novembre 2015, 20 000 personnes seraient « fichées S », dont environ 10 500 en lien avec l’islamisme radical en France (djihadistes, salafistes, etc.). Le fichier est essentiellement alimenté par la DGSI. Il comporte les noms de personnes condamnées mais aussi suspectes et innocentes.

 

6« L’avenir en face », texte daté du 31 janvier 2019 que l’auteur tient à disposition et qu’il avait appelé ainsi probablement en clin d’œil avec le programme présidentiel progressiste et pragmatique porté par Michel Crepeau (candidat à l’élection présidentielle de 1981, MRG).

7Analyse de l’auteur « Communication politique et communication syndicale, la révélation du Playmobil... (analyse d’un éclat télévisuel) » : 10 pages diffusées en novembre 2020.

 

8Sur ce point, Rémi Aufrère-Privel précise avoir eu l’occasion d’interroger Laurent Berger sur la nécessité de poursuivre une grande politique de réduction hebdomadaire du temps de travail, qui est selon lui, le meilleur moyen de rallonger l’espérance de vie en bonne santé des salariés « derniers de cordée » qui sont les plus exposés à la douleur physique et la souffrance au travail. C’est, pour lui, le sens de l’histoire. Le secrétaire général a précisé que cela n’était plus dans l’air du temps. Selon l’auteur, cette réponse n’est pas juste socialement et humainement. Car c’est ne pas reconnaitre sérieusement la réalité de la pénibilité du travail au quotidien pour des millions de salariés secteur privé et secteur public.

 

9C’est la remise en cause frontale des 35 heures qui est programmée avec la financiarisation des jours de RTT. Comment justifier demain une revendication légitime de réduction du temps de travail avec une telle mesure qui se fond dans une exigence tout aussi logique que l’augmentation salariale et la hausse du pouvoir d’achat ?

 

10Élection d’un nouveau secrétaire général de la CFDT Cheminots
par le Bureau national le 18 décembre, vers 18h00, en l’absence de Rémi Aufrère-Privel (SGA), retenu par des interventions médiatiques nationales.

 

11« Il faut du courage pour tenir debout lorsque la vie s’acharne », Bruno Combes dans son ouvrage « La part des anges » publié en 2021.

 

12Union fédérale des cheminots et activités complémentaires CFDT, nom de la branche cheminots au sein de la Fédération générale des transports et de l’environnement (FGTE-CFDT).

 

13L’établissement public à caractère industriel et commercial Réseau ferré de France (RFF) est créé le 13 février 1997 par scission avec la SNCF. Réseau ferré de France devient propriétaire du réseau ferré national et de la partie ferroviaire des gares (quais, voies, postes d’aiguillages), les parties commerciales et administratives (bâtiments voyageurs) restent la propriété de la SNCF. Par la première réforme ferroviaire, RFF disparait le 31 décembre 2014 et intègre SNCF Réseau.

 

14On notera le cumul des responsabilités de SGA de la CFDT Cheminots avec le mandat de secrétaire général adjoint de la Fédération générale des transports et de l’environnement.

 

15Dans son film satirique « Moi, y’en a vouloir des sous » (1973), Jean Yann décrit avec beaucoup de dérision les travers du patronat et des syndicalistes (avec Bernard Blier comme leader ouvrier). Au cours du film, ce dernier s’exclame « qu’est qu’on serait bien sans la base ! ».


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17 réactions à cet article    


  • Étirév 15 novembre 2022 09:01

    À côté du rôle politique « des partis dits de pouvoir », et entièrement dévoué au véritable pouvoir, le pouvoir économique, n’oublions pas celui, non négligeable, des syndicats, capables de créer une situation conflictuelle permanente pour une grande majorité de la population, proie facile de tout conditionnement et aventure, en les affaiblissant et en les appauvrissant moralement et physiquement, dans un mécanisme pervers de la gestion des contraires, qui fragilise également les TPE/PME, ces énormes réservoirs d’emplois qui subissent, elles aussi, et déjà, les affres de la « crise » pour le plus grand bonheur (et profit) des multinationales. En effet, les masses, encadrées dans des organisations guidées par les mêmes mains qui contrôlent les mouvements des capitaux, sont poussées à la grève pour obtenir des augmentations de salaires temporaires, tandis qu’en réalité elles restent victimes de la spirale de l’inflation qui ne leur laisse pas reprendre leur souffle (les avantages des augmentations étant compensés automatiquement par un accroissement des prix), aggravant chaque fois un peu plus leur misère.
    Suite...


    • remiaufrere remiaufrere 15 novembre 2022 16:23

      @Étirév je vous lis bien mais je considère que le syndicalisme a pour objectif d’améliorer le sort des salariés, retraités et de leurs familles.
      Il existe toutes sortes de « syndicats » mais il y a un ideal syndical selon moi. 
      Et il y a les intérêts personnels, économiques, financiers, politiques et sociaux et tout cela est en conflictualité permanente.
      Cela n’empêche en rien le tryptique « revendiquer (toujours), négocier (tout le temps), contracter (quand le consensus apporte des progrès) ».


    • sylvain sylvain 15 novembre 2022 14:03

      a l’auteur

      du coup vous parlez de vous même a la troisième personne et vous vous posez des questions comme si vous étiez deux personnages ????


      • remiaufrere remiaufrere 15 novembre 2022 16:19

        @sylvain J’ai suffisamment d’amis-es et de collègues pour trouver quelqu’un-e pour m’interroger ... cela vous rassurera j’espère...-))
        Et je ne suis pas si vaniteux. 
        Je déclare des faits, et j’explique mon interprétation. 
        Chacun/chacune en pense ce qu’il veut. Après lecture, il ne peut plus dire qu’il ne sait pas. 
        Le reste a très peu d’importance.


      • the clone the clone 15 novembre 2022 18:03

        Quand je travaillais dans l’industrie a l’Alstom la CFDT était pourrie par les socialistes et du coté du patron , c’était des casseurs de grève prêt a signer n’importe quel accord même contreproductif avec la direction, des lavettes et des carpettes  ....


        • Le Gueux Le Gueux Républicain 15 novembre 2022 18:41

          En tant que républicain, je suis défenseur du Service Public, celui qui se mérite et s’honore, ce qui est de moins en moins le cas, dans tous ses domaines.

          Je suis horrifié par la puissance destructrice de ces minables syndicalistes qui détruisent l’intérêt pour la Nation pour la qualité d’un véritable Service Public.

          Que d’apparatchiks carriéristes, qui vont à l’encontre de l’intérêt général !!!

          En ce qui concerne la SNCF, de la façon dont c’est parti, la première et plus grave interrogation avant systèmes retraites comme-ci comme-ça, les horaires, (arrêtez avec vos 35 h mortifères), et autres billevesées de certains idiots en dehors du temps, ce qui est le plus important est son existence même dans un délai très court..

          Le public, lassé, vous soutient de moins en moins, améliorez vous, soyez dynamiques, virez les gens incompétents dans vos syndicats et dans vos cadres redondants c’est l’essentiel.

          .


          • Le Gueux Le Gueux Républicain 15 novembre 2022 18:55

            J’ai 75 ans, enfant, adolescent, militaire, je prenais le train avec plaisir, ma chère mère, seule, n’avait pas besoin de vendre son manteau pour m’envoyer dans ma famille dans l’ouest pendant les vacances scolaires pour jouer/vivre/partager avec mes cousin/e/s

            Les trains arrivaient à l’heure pile, bien qu’on changeât de loco au Mans, le matériel était propre de propre. L’électrification était loin d’être totale.

            Je pouvais aller à Capdenac, à Concarneau, à Fougères, à Culoz, de n’importe où en France par le train.

            J’ai beaucoup voyagé en Europe, y compris à l’Est avant 91 et après.

            La DB en Allemagne était ma référence, elle l’est encore, mais moins. La CFF/SBB/FS Suisse parfait exemple. Ma famille était aussi en Savoie !

            Que c’est tombé...bien bas ici !


            • Le Gueux Le Gueux Républicain 15 novembre 2022 19:37

              DB SA au capital détenu par l’état. « Wir schaffen das ! »

              Réseau intelligent et développé. SNCF, on démonte vite vite les petites lignes, ou on ralentit les rames, d’ailleurs très mal entretenues (connexions multi-motrice TGV, par exemple, plus de freinage, rames RER sans freins sur le sud !!! )

              58 millions passagers:1er semestre 25 pour la SNCF

               !

              DB 800 millions euros de bénéfice d’exploitation 1er semestre SNCF, vaut mieux pas en parler !

              DB trains propres, jolis, SNCF, vaut mieux pas en parler !

              DB fret et sociétés filiales diversifiées procurant du bénéfice, SNCF, allo...le FRET , c’est quoi ? dommage dans une course à l’écologie !

              Je ne parlerai pas des CFF et des öBB, ça ferait trop mal !


              • remiaufrere remiaufrere 16 novembre 2022 15:26

                @Le Gueux Républicain
                Si j’ai compris faut aller vivre en Allemagne -))
                Attention, il existe aussi des soucis là-bas...
                mais vous avez partiellement raison...
                en Allemagne l’âge moyen du réseau ferroviaire est de 17 ans et en France de 29 ans !
                A votre avis, où est la responsabilité ? chez les cheminots et leurs syndicats retrogrades, ringards etc... ?


              • Le Gueux Le Gueux Républicain 17 novembre 2022 00:15

                @remiaufrere
                C’est vrai, il y a aussi des soucis la-bas. J’ai vécu en Allemagne, Suisse et Autriche et je suis germanophone, ça aide.
                Les syndicats y sont mieux organisés et... constructifs !
                Les nôtres, ici, donnent l’impression de vivre dans un autre monde.
                Les responsabilités actuelles, dans le naufrage de la SNCF, sont d’abord du ressort des choix politiques des 50 dernières années, des couilles-molles de vos dirigeants serviles, incapables d’imposer une idée constructive à l’État, obnubilé par le tout TGV pour aider les petits copains des grands travaux, décisions imbéciles. et le fret via la route.
                Voilà, tout faux pour l’État ! Bonjour la cata financière !
                Quand à vos syndicats, qui vivent encore au 20ième siècle, déterminant des actions anti-public et contre-productives, comme dans d’autres branches....y a du ménage à faire avant la chute finale.
                Tout mon soutien !


              • vesjem vesjem 15 novembre 2022 22:40

                la cfdt a toujours été un syndicat croupion, et à l’occasion traitre aux travailleurs


                • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 15 novembre 2022 23:11

                  C’est beau . Et t’as glandé quoi a la SNCF ? Oublié d’avoir resserré des boulons a Bobigny ?


                  • lecoindubonsens lecoindubonsens 16 novembre 2022 07:04

                    "Retraite régime « à points suédois :Tout l’argent que vous cotisez est accumulé sur un compte, et quand vous choisissez de partir à la retraite, on calcule votre pension en divisant la somme qu’il y a sur le compte, par le nombre d’années qu’il vous reste à vivre selon de l’espérance de vie moyenne"



                    ce principe est le plus équitable.

                    le seul argument contre que vous évoquez est celui de la pénibilité.

                    Il ne faut pas tout mélanger = la pénibilité doit se traiter via un salaire plus élevé. Donc cotisation plus forte permettant un départ plus tôt avec montant de retraite identique.


                    • remiaufrere remiaufrere 16 novembre 2022 15:35

                      Le plus équitable quand on pense comme un ... financier !

                      Le plus injuste quand on veut toujours défendre le principe de la répartition par la solidarité. 

                      Quand on sait qu’un quart des ouvriers meurent avant 65 ans pour cause de pénibilités du travail, je ne vois pas ce que des salaires plus élevés vont résoudre sur ce point. 

                      La solution est mixte avec une vraie réduction du temps de travail pénible (par exemple 6 heures de travail de nuit comptant pour 8 heures) combinée avec des annuités compensatoires pour l’âge de départ, des repos compensatoires au plus près de la « pénibilité vécue » et le montant de la pension et faire en sorte de partir en retraite à 58 ans ou 60 ans après 38 ou 39 ans de carrière par exemple...


                    • lecoindubonsens lecoindubonsens 19 novembre 2022 19:22

                      @remiaufrere
                      votre réponse montre que vous n’avez pas compris le principe, donc expliquons ...

                      "Quand on sait qu’un quart des ouvriers meurent avant 65 ans pour cause de pénibilités du travail, je ne vois pas ce que des salaires plus élevés vont résoudre sur ce point. 

                      « 
                      Prenons 2 salariés débutant à 20 ans ayant par exemple en moyenne un »superbrut« de 3000 euros/mois.
                      Supposons des cotisations retraite de 750/mois sur 40 ans = total cotisé = 12*40*750=360 000.
                      Supposons qu’un départ à 60 ans permette une retraite de 1500 euros/mois avec une espérance de vie de 20 ans (donc total retraite théorique = 12*20*1500= 360 000)

                      Traitons maintenant la pénibilité. L’un des 2 salariés fait un travail pénible, il doit être payé plus, par exemple superbrut de 4000 avec cotisation retraite de 1000.
                      A 55 ans, après 30 ans de travail il aura cotisé 12*30*1000=360 000 également
                      A 55 ans (donc 5 ans plus tôt que l’autre) , ce salarié peut prendre sa retraite d’un montant de 1500 euros comme l’autre. Si du fait de la penibilité, il meurt à 75 ans au lieu de 80 comme le premier, son total de retraite sera aussi de 12*20*1500=360 000 euros. Simple exemple pour montrer que ce système suédois est équitable, mais naturellement il faut chiffrer équitablement le salaire de la pénibilité.

                      Toute votre mécanique »La solution est mixte avec une vraie réduction du temps de travail pénible (par exemple 6 heures de travail de nuit comptant pour 8 heures) combinée avec des annuités compensatoires pour l’âge de départ, des repos compensatoires au plus près de la « pénibilité vécue » et le montant de la pension et faire en sorte de partir en retraite à 58 ans ou 60 ans après 38 ou 39 ans de carrière par exemple...« est beaucoup trop complexe et impose des règles alors qu’il est si simple de payer equitablement , et ensuite de laisser chacun choisir son moment de départ en retraite.

                      PS : ok sur votre exemple »6 heures de travail de nuit

                      comptant pour 8 heures"
                      c’est une règle possible de payer le même travail 4000 la nuit et 3000 le jour (mon exemple)


                    • LeMerou 16 novembre 2022 08:20

                      @remiaufrere

                      Bonjour,

                      Long billet fort intéressant il faut le reconnaître.

                      Si je trouve l’existence d’organismes en charge de la « protection » des salariés, indispensable dans le genre de société dans laquelle nous vivons, j’avoue non pas « haïr » le système syndical qui règne dans notre Pays, mais le trouve absurde, inadapté menant beaucoup trop de « combats » inappropriés.

                      Ce syndicalisme corporatiste dans ses tout débuts est devenu par le temps global et trop politisé, ce qui fait que par moment le fondement d’un « combat » peut sembler trouble aux yeux des autres, les non syndiqués ou ceux dont la défense n’est pas pris en compte

                      En effet, son développement s’est fait au travers d’organismes d’état négligeant les autres tout aussi nombreux. Si fut une époque les « combats » menés étaient justifiés, aujourd’hui, les justifications des « combats » servant aux autres ne sont que pure rhétorique. 

                      Le syndicalisme d’aujourd’hui prend ses racines et ses financements dans les mains d’organisme publics, de l’état en fait. Ce qui peux faire sourire, car mordre la main de son maître est tout de même étrange. Mais cette dernière est désormais prévisible, maîtrisable par le pouvoir.

                      Je viens du monde dit « privé », ou l’action syndicale, que je trouve pourtant nécessaire je le rappelle est ridicule, presque désuète par les revendications formulées. L’implantation « syndicale » est majoritairement tolérée et les dits représentants, sans être méchant sont « maitrisés » diront nous par les moyens que nous connaissons. Même si il existe quelques exceptions.

                      Bref, pour moi, le seul bon syndicalisme, ne peut être que corporatiste, ainsi il exerce sont action quelle que soit l’entité dans laquelle se trouve ses ouailles, plus de différences public/privé.

                      Il doit aussi avoir sa propre indépendance, ainsi un modeste ouvrier, une modeste secrétaire peut se retrouver défendue également, sans favoritisme de régime.


                      • lecoindubonsens lecoindubonsens 16 novembre 2022 12:09

                        @LeMerou
                        Excellentes remarques.
                        J’imagine même un « syndicat par métier » ou « chambre d’un métier », par métier et non par branche d’activité, transversale privé/public, unique pour chaque métier (fini les combats pour accroitre sa part de marché syndicale) mais composés de 2 types de représentants : les pros du métiers en voulant toujours plus (c’est logique) et les « clients » du métier voulant payer le minimum (c’est aussi logique). A eux de trouver ensemble les bons compromis sans besoin de manifs, grèves, ... permanentes.
                        Ensemble ils auraient aussi pour mission de « manager le métier » : prévision des besoins à terme, organisation des formations nécessaires, fourchette de rémunérations et conditions de travail du métier, etc.

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