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Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi je joue aux échecs presque tous les jours

Pourquoi je joue aux échecs presque tous les jours

 

 

Il y a dans le jeu d’échecs quelque chose de fascinant qui dépasse la simple distraction. C’est un espace clos, limité à 64 cases, où pourtant l’infini se déploie. C’est un monde dans lequel j’entre chaque jour — non pas pour fuir le réel, mais pour m’y exercer autrement.

 

Les échecs me forcent à la concentration. Ils réclament de moi une vigilance que peu d’autres activités exigent. En face, une position. Une menace. Une possibilité. Chaque mouvement compte, chaque inattention se paie. Il n’y a pas de place pour la distraction : pendant une partie, je suis totalement présent.

 

Mais plus qu’un exercice de concentration, les échecs sont une école du plan. Il ne suffit pas de répondre à l’instant, il faut préparer, organiser, construire. Cela m’apprend à penser sur plusieurs temps, à ne pas me précipiter, à entrevoir les conséquences. Mettre en place une stratégie, déployer une tactique, attendre le bon moment pour frapper : tout cela développe en moi une rigueur et un sens de la vision à long terme.

 

Et puis, j’aime aussi l’intensité du blitz. Les parties de trois minutes — ou parfois même d’une minute — exigent une autre forme d’intelligence : la vivacité. Il faut aller vite, jouer juste, être percutant. C’est presque un art martial mental : ne pas se laisser submerger, savoir improviser sans perdre l’équilibre, faire confiance à son instinct.

 

Ces duels éclairs me forcent à m’adapter. Je ne suis plus dans la lente construction, mais dans l’attaque fulgurante, la riposte immédiate. Et malgré le stress, il y a du plaisir à sentir son cerveau s’accélérer, à dompter le chaos en temps réel.

 

Je joue presque tous les jours parce qu’à chaque partie, je m’exerce à mieux penser. Parce que je retrouve, dans ce jeu ancien, une forme de discipline intérieure. Et parce qu’il y a, dans le simple fait de déplacer une pièce au bon moment, une satisfaction profonde : celle de s’être compris soi-même.

 

 

FRANCK ABED

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23 réactions à cet article    


  • Astrolabe Astrolabe 28 avril 18:45

    Aux échecs on pourrait croire qu’il y a peu de forts joueurs et beaucoup de mauvais. Cependant il y a autant de joueurs qui gagnent que de joueurs qui perdent.

       

     smiley


    • njama njama 28 avril 19:38

      @ Frank ABED

      Vous jouez tous les jours... contre quel adversaire... 

      un vrai joueur, ou des problèmes d’échecs, ou un échiquier électronique... ? ce qui est fascinant aussi...

      Merci de préciser votre pratique la plus courante...


      • njama njama 28 avril 19:41

        Fréquentez-vous les tournois d’échecs... pour vous mesurer à des joueurs inconnus...


      • Franck ABED Franck ABED 28 avril 20:13

        @njama

        Je joue principalement sur Chess.com en partie rapide (1mn ou 3mn).


      • anaphore anaphore 29 avril 11:30

        ’ 

        Pourquoi je joue aux échecs presque tous les jours ’

        Je ne sais pas moi, peut-être car vous de savez pas jouer aux dames ....


        • Seth 29 avril 13:55

          @anaphore

          Et pourquoi pas aux petites chevaux ou à la rigueur au jeu de l’oie tant qu’on y est ?  smiley

          En général en ce moment c’est les 1000 bornes qui sont d’actualité.


        • Wladimir 29 avril 13:47

          Il y a d’autres aspects bien plus intéressants .

          Tout d’abord les côtés artistiques . Il suffit d’admirer certaines jolies combinaisons et de les revoir dans diverses parties .. ou certaines finales ... sans compter les études et le monde du problème très vaste .

          Il y a aussi des aspects symboliques . Il est facile d’en voir avec le mat de Legal par exemple .

          Toutes ces combinaisons ou finales ou études ayant des coups géniaux qui prouvent que certaines exceptions peuvent totalement échapper à notre compréhension quotidienne .

          C’est un jeu qui apprend à voir plus loin que le bout de son nez ... ou à voir plus loin que le court terme ... la plupart des personnes vivent dans ce court terme ...

          et ne voient qu’un aspect des choses et se montrent certaines d’avoir raison ... mais dans ce jeu , l’autre peut vous prouver que vous avez parfois totalement tort ... il est alors impossible de cacher son erreur ! Et il est clair que vous n’aviez pas vu la réfutation de votre erreur qu’elle soit stratégique ou simplement un coup ici ou là ...

          Et il y a certains aspects psychologiques ... la manière de jouer de certains ...

          les diverses rencontres et leur environnement ...

          Petit récit : j’avais exclu un gamin insolent avec les adultes et même avec un membre de sa famille . Quelques années après , je vois un adolescent venir à ma table . Je l’ai tout de suite reconnu mais nous n’avons point parlé du passé . Cela s’est passé très tranquillement . Question : le gamin était-il récupérable ? Réponse : oui . Mais il y a une autre question : l’animateur est-il récupérable ? Ben oui , j’ai passé l’éponge ... l’animateur doit pardonner !

          Un autre gamin est de très mauvaise volonté ! Sa famille le pousse à venir . Dernière discussion . Je ne suis pas là pour t’embêter . Il faut que chacun passe un bon moment . Tu dois choisir : arrêter ou continuer ... Face à un adulte , le gamin a su dire non à l’animateur ! Bravo à lui , c’est ainsi que l’on devient un homme .

          Je connaissais un joueur habitué à surveiller un piège . Moi aussi , je surveillais ce piège . Quansd nous jouions ensemble , il y eut une partie sous l’orage où je le vois réfléchir ... je devine à quoi ... et je lui dis que j’avais regardé ... 

          Un jour , un gamin me regarde : il y a peut-être un piège ? Oui ! Il l’avait senti mais ne l’avait pas vu . Je le lui ai montré . Le même piège que ci-dessus .

          Un autre jour , dans la rue , je vois le joueur plus haut tourner étrangement en silence autour d’une femme avec laquelle je bavardais , joueuse d’échecs , . J’ai deviné le piège qu’elle représentait ! 

          Pour finir , les 3 joueurs cités ci-dessus ont le même prénom ! Hasards surprenants et significatifs de la vie . La vie est un grand échiquier ! 

          Bref , tout cela va considérablement plus loin que l’intelligence plus ou moins vive .


          • Krokodilo Krokodilo 29 avril 15:49

            @Wladimir Oui, mais une partie de ces avantages éducatifs se retrouvent aussi dans le sport.


          • Wladimir 29 avril 19:36

            @Krokodilo
            Chaque activité a ses possibilités . Et elle n’en possède pas le monopole .
            Pour les choses dont on parle pour les échecs , on peut aussi évidemment les retrouver avec le jeu de dames ou ,le jeu de go par exemple ...


          • Wladimir 29 avril 19:57

            @Wladimir
            Pour le symbolisme , je montrais souvent une combinaison le fromage la souris ... et le chat ... très appréciée par les filles ... les garçons préfèrent que je dise le pion empoisonné !
            Et je montre aussi l’histoire du chaperon rouge sur l’échiquier ...
            il y a évidemment le piège de la grande tentation ... ou la dame fatale !
            Très connu est évidemment le baiser de la mort !!!!!
            Il y a quantité d’autres choses comme l’escalier du roi ( il y a aussi le mat de l’escalier) , le mat du couloir ... l’ombre du roi , la rivière maudite ...
            Il y a des parties caricaturales . Le garçon joue contre une fille . Lui attaque , elle défend ... Il lance ses pièces à l’assaut l’une après l’autre qu’elle élimine vite de l’échiquier . Il n’a presque plus rien et elle a encore toutes ses pièces . L’affaire semble pliée ... Mais elle est incapable d’attaquer . Trop pacifique . Match nul . Toute l’assistance était pliée de rire . 
            J’ai vu une partie similaire entre un jeune homme et une jeune femme . Ici , elle a réussi à le mater car plus expérimentée .
            Tous les joueurs connaissent la fourchette . Mais peu parlent des 3 grands niveaux de fourchette : celle du débutant , celle du bon joueur et celle du très bon joueur !
            Pour ceux qui connaissent le jeu , il y a beaucoup de tours de force notamment dans le domaine du problème . L’un des plus célèbres est le Babson-task avec promotion de 4 pions blancs en DTFC et idem pour 4 pions noirs . Cela a semblé très longtemps impossible et pourtant , un jour , l’exploit a été réalisé !


          • Krokodilo Krokodilo 29 avril 16:07

            J’avais appris les règles et très vaguement joué à 20 ans, mais je m’y suis mis sérieusement depuis 3 ans. Ce que j’apprécie c’est la sensation de progresser dans la compréhension du jeu, même à mon âge avancé. Bien sûr, il y a des plateaux comme en sport, mais je suis pas sûr que cette progression soit similaire par exemple au scrabble ou au bridge (que je ne connais pas). Non pas qu’on ne puisse progresser au scrabble, mais les capacités naturelles de calcul et de combinaison sont difficiles à améliorer, le reste, l’apprentissage des listes de mots courts autorisés, mais aux échecs, il y a plusieurs aspects qu’on découvre lentement, la tactique, la stratégie, les finales, les ouvertures.

            Deux aspects récents importants : la tendance actuelle aux cadences rapides, en tout cas le désamour des cadences classiques. Et l’émergence au plus haut niveau des échecs 960 (« randomchess »), depuis qu’un sponsor a mis du pognon pour attirer le top 100... Variante finalisée par B. Fisher mais l’idée était déjà antérieure, où la position de départ est tirée au sort (en gros). Ce qui supprime en bloc l’énorme somme théorique des ouvertures. Certains pensent qu’à long terme ils supplanteront les échecs classiques, d’autres qu’il naîtra grâce aux bots une théorie par types de position de départ.


            • njama njama 29 avril 17:10

              @Krokodilo
              Les connaissances tactiques, stratégiques,, les ouvertures, les finales sont intéressantes... mais y-a-t-il deux jeux identiques... je n’en ai pas connus...

              J’ai été initié en première par un ami de lycée passionné depuis son jeune âge par les échecs, il connaissait par cœur les finales d’un tas de championnats mondiaux, j’ai disputé des dizaines et dizaines de parties contre lui, au départ il prenait un handicap, il se privait de la reine, ou de deux figures... je débutais...
              Avec le temps (il était très addict), j’aimais jouer, j’apprenais, je ne l’ai battu que 3 fois sur une poignée d’années,et suis trop fier (encore) de l’avoir conduit un jour à un pat... il nous arrivait de jouer tard dans la nuit, accompagné parfois d’un bon vin qu’il piochait dans la cave de son père...
              La vie d’étudiant nous a séparés, j’ai su qu’il a disputé plusieurs fois les championnats d’Europe, pour dire un peu son niveau, dont il était très humble... il était fou du jeu, pas à chercher des honneurs.
              Cela ne m’a jamais frustré de perdre tant de parties, et parmi toutes ces parties perdues je lui ai opposé souvent des résistances farouches...
              Perdre ou gagner pour moi est accessoire, c’est le jeu qui compte, l’affrontement... et quelle plus grande joie que d’affronter un adversaire qui résiste, ou de lui succomber avec tous les honneurs de lui avoir résisté...


            • njama njama 29 avril 17:33

              @Krokodilo
              J’ignorais que l’émergence des « randomchess » était antérieure à Bobby Fischer (que je tiens pour le plus grand joueur de tous les temps... question état d’esprit, et de jeu bien sûr)...
              Peu importe, que ce soit lui ou un autre, le fait est que cela a ruiné la suprématie éphémère (assez artifilogicielle) de Deep Blue... qu’il faudrait reprogrammer complétement pour qu’il soit capable de disputer une seule partie en aléatoire, alors que n’importe quel joueur d’échecs (qui mérite ce nom) peut s’adapter en 5 minutes...

              Je pense que le problème sera le même avec l’IA... qui ne sait régurgiter que ce que l’on lui a donné


            • Wladimir 29 avril 20:05

              @Krokodilo
              Pour sentir sa progression , rien de tel que les finales classiques .
              A quoi bon jouer si on se retrouve incapable de gagner avec une position ultra gagnante . Un exemple extrême : une femme jouait avec un homme et à la fin , elle avait R+D contre R et comme elle ne savait pas s’y prendre dans cette finale élémentaire , il y eut match nul .
              Un très bon livre pour progresser , L’art de faire mat !


            • Wladimir 29 avril 20:06

              @njama
              Le plus important est de passer un bon moment .
              La machine joue et n’apprècie rien .


            • Krokodilo Krokodilo 29 avril 22:22

              @njama Ah ben c’était tout simplement sur Wiki, c’est Fisher qui a formalisé, mais l’idée d’introduire du hasard était bien antérieure.


            • Krokodilo Krokodilo 29 avril 22:25

              @Wladimir Je peux conseiller ce qu’on m’a conseillé : le (petit) bouquin « Initiation aux finales » de Glenn Flear, « recommandé par la Fédération française des échecs ».
              mais on trouve une montagne de tutos sur Internet, par des blogueurs très pédagogues.


            • Krokodilo Krokodilo 29 avril 22:37

              @Wladimir J’envisage d’aller dans un club (y a plein de vieux ! et aussi plein d e jeunes, ça dépend) mais pour l’instant je « bosse » sur et grâce à Lichess.
              car la grande révolution des échecs c’est bien Internet. Sur Chess.com et Lichess on trouve amplement de quoi progresser jusqu’à... C’est l’équivalent d’un club+ un entraîneur personnel à domicile, dispo H24 ! C’est-à-dire pas seulement les bases, mais des exercices tactiques infinis, avec des graphiques qui évaluent nos faiblesses dans les divers domaines (fourchettes, etc.). Et bien sûr, jouer contre les bots ou des humains quant on veut.
              Il paraît que la période de confinement a « boosté » la pratique dans les jeunes générations (encore plus que la série Le jeu de la dame). D’une manière générale, l’âge des champions n’a cessé de baisser.
              Comme en sport, ce n’est amusant que si l’écart de niveau n’est pas trop grand, sinon c’est de l’enseignement !


            • Krokodilo Krokodilo 29 avril 22:40

              @njama Oui et non : il m’a semblé comprendre que l’IA avait trouvé réellement des lignes théoriques inconnues jusqu’alors(ou des réfutations par exemple), que bien sûr tous les GM étudient dès qu’elles sont connues !


            • Krokodilo Krokodilo 29 avril 22:42

              @njama C quand même plus amusant quand l’écart n’est pas trop grand, comme en sport, sinon c’est plus de l’enseignement qu’une partie, même amicale.


            • Wladimir 30 avril 12:39

              @Krokodilo
              Pour les finales , il y a pas mal de livres .... tout dépend ce que l’on recherche ...
              pour les finales de pions , il y a le livre de Maizelis
              pour RTP contre RT il y a le livre Rook endings d’un Anglais , je vais essayer de retrouver son nom ... livre assez complet et bien exposé 
              Quant à l’art de faire mat , il montre pas mal d’exemples de mats de divers types souvent avec sacrifices ... chaque chapitre concerne un mat ...


            • Wladimir 30 avril 19:21

              @Wladimir
              John Nunn qui a écrit de nombreux livres sur les finales avec 5 pièces sur l’échiquier .


            • Wladimir 30 avril 19:23

              Il y a club et club ... Il y a les clubs de la fédération avec possibilités de compétitions ... et les autres parfois très locaux ... 

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