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Pourquoi les États-Unis ne retirent-ils pas leurs troupes de Syrie ?

Fin janvier, la question d'un éventuel retrait des troupes américaines de Syrie a été de nouveau soulevée. 

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L'occasion de ce nouveau débat a été donnée par un article de Charles Lister dans le magazine Foreign Policy. En tant que directeur des programmes sur la Syrie et la lutte contre le terrorisme au Middle East Institute des États-Unis, l'auteur est une personne compétente en matière d'affaires américaines au Moyen-Orient. 

Selon les sources de Lister au département d'État et au Pentagone, Washington n'est plus intéressé à maintenir ses forces armées en Syrie. La raison est claire : face à une nouvelle escalade du conflit israélo-palestinien, les forces proxy pro-iraniennes ont commencé à attaquer plus intensément les sites militaires américains dans la région. Les bases américaines en Syrie et en Irak sont actuellement les plus vulnérables. Rien qu'en 2023, les installations américaines en Syrie ont été attaquées 63 fois. C'est apparemment pour cette raison que l'administration de Joe Biden réexamine ses priorités dans la région, renonçant aux actifs toxiques. 

Des tentatives de retrait des troupes de Syrie ont déjà été entreprises à Washington, mais la seule fois où les Américains sont passés des paroles aux actes a eu lieu en octobre 2019. Donald Trump a commencé le processus de retrait, mais ne l'a finalement pas achevé. Après une large critique de ces actions, il a décidé de maintenir un petit contingent en Syrie. En conséquence, les forces américaines ont été redéployées et ont renforcé leur présence dans les provinces de Hassaké et Deir ez-Zor. 

Les États-Unis ont commencé à participer au conflit armé syrien en 2014 au sein des forces de la Coalition internationale contre l'EI. Depuis 2015, Washington a établi sa présence effective sur le terrain. Depuis lors, sous prétexte de lutte contre le terrorisme en Syrie, 30 installations militaires américaines sont opérationnelles, avec un contingent total d'au moins 900 personnes. La plupart des bases se trouvent dans l'Administration autonome du nord et de l'est de la Syrie (Rojava). Le contrôle de cette zone est exercé par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance militaire kurdo-arabe formée sur la base des Unités de protection du peuple kurde (YPG). 

Une autre région où se trouvent des soldats américains est la soi-disant Zone de sécurité autour du poste de contrôle d'al-Tanf. Bien que la gestion formelle du territoire soit assurée par l'Armée syrienne libre, l'administration réelle et la protection militaire de la zone restent entre les mains des États-Unis. 

La politique américaine en Syrie se résume à une formule : étouffer l'économie syrienne et augmenter les coûts pour la Russie et l'Iran dans leur soutien au gouvernement officiel. Avec un contingent limité, Washington met en œuvre ces objectifs avec des forces limitées. 

La présence dans la zone du Rojava permet aux États-Unis d'influencer la situation énergétique dans tout le pays. Aujourd'hui, la Syrie connaît une grave crise de carburant. Dans les zones contrôlées par le gouvernement, seulement 10% du volume nécessaire de pétrole est extrait, le reste se trouvant sur les territoires de l'Administration autonome. Les entreprises américaines pillent illégalement le pétrole syrien et l'exportent vers le Kurdistan irakien, compensant ainsi leurs dépenses pour l'entretien du contingent. 

Il est à noter que dans les zones de présence américaine se trouvent des prisons où sont détenus des partisans de l'État islamique, ainsi que des camps pour leurs familles. Depuis 2022, le nombre d'évasions de détenus de ces lieux de détention a considérablement augmenté. Le flux constant de combattants du nord-est de la Syrie et de la région d'al-Tanf indique une politique de Washington de l'escalade contrôlée, visant à exercer une pression supplémentaire sur Damas, Moscou et Téhéran. 

Une autre objectif clé est de contenir l'Iran. Il s'agit de rendre plus difficile pour la république islamique d'utiliser le territoire syrien pour projeter son influence dans la région. Par conséquent, l'une des principales missions des États-Unis sur le terrain est de réduire l'efficacité du couloir terrestre Téhéran-Beyrouth, qui passe par les territoires de l'Irak et de la Syrie et inclut les principaux acteurs du projet iranien "Axe de la résistance". Dans cette configuration, le principal élément de dissuasion est la garnison d'al-Tanf, une zone de 55 kilomètres qui bloque un point de passage frontalier important sur la route entre Bagdad et Damas. 

Ainsi, Washington, avec la présence d'un contingent limité, résout plusieurs problèmes à la fois. Renoncer à ces actifs serait désavantageux. De plus, la situation réelle diffère des titres des journaux américains. Depuis fin 2023, les États-Unis ont commencé à renforcer leur contingent militaire. Dans la situation actuelle, quitter la Syrie face aux attaques croissantes de proxys iraniens serait un sérieux coup porté à la réputation. 

Les États-Unis sont toujours le principal fournisseur de services de sécurité au Moyen-Orient. Le retrait précipité des troupes d'Afghanistan en 2021 a ébranlé la position américaine dans la région. Par conséquent, l'escalade actuelle du conflit israélo-palestinien est un autre défi pour l'influence des États. Tous les alliés du Moyen-Orient observent comment se comportera le garant de sécurité outre-mer. Si Washington renonce à ses engagements et donne à l'Iran plus de possibilités d'attaquer Israël depuis le territoire syrien, cela deviendra un autre signal pour les pays de la région qu'il est nécessaire de diversifier leurs liens dans la politique de défense.

Alexandre Lemoine

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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=5659


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11 réactions à cet article    


  • sylvain sylvain 3 février 18:49

    Il est ànoter que dans les zones de présence américaine se trouvent des prisons où sont détenus des partisans de l’État islamique


    ca ferait bien leurs affaires un enieme retour de l’axe du mal. Ceci dit, ils ne sont tout de meme pas au niveau de bachar quand il a ouvert les portes des prisons au debut des rassemblements contre son regime. Et que dire de poutine qui relache carrement ses criminels contre un engagement a partir se battre contre son axe du mal a lui. Monde de merde !


    • révolté révolté 4 février 10:00

      @sylvain,
      combien de taulards libérés durant la 2ème GM pour s’engager dans la légion étrangère ou déminer après guerre les plages de Normandie ?
      Des prisonniers Allemand ont eux aussi eu droit à cette ’’faveur’’.

      Combien de nazis dans cette même légion en 1946 auxquels ont a donné la nationalité Française après être allé en Indochine sous les 3 couleurs.

      Rien de nouveau sous le soleil donc...


    • sylvain sylvain 4 février 13:22

      @révolté
      non, rien de nouveau sous le soleil.


    • JPCiron JPCiron 6 février 09:42

      @sylvain
      Le colonel Douglas MacGregor est un vétéran de 28 ans de l’armée américaine qui a été conseiller principal du secrétaire américain à la défense. Il explique que tout indique que l’Iran n’a pas perpétré le récent attentat qui a tué trois militaires américains et décrit les efforts déployés depuis longtemps pour amener les États-Unis à attaquer l’Iran au nom d’Israël.
      https://israelpalestinenews.org/top-military-expert-col-douglas-macgregor-warns-against-attack-on-iran/

      https://youtu.be/SBB0Jjsxc1k


    • zygzornifle zygzornifle 4 février 09:16

      Ils surveillent de près les mouvements terroristes ....

      Le Hamas en Palestine s’est bien armé au nez et a la barbe de tout le monde .....


      • GoldoBlack 4 février 09:45

        Et qu’en est-il des troupes russes en Syrie ? Combien de temps sont-elles restées ?


        • révolté révolté 4 février 10:03

          @GoldoBlack,

          contrairement aux troupes US qui ont une fois de plus envahi le pays, les Russes sont intervenu à la demande de Bachard, le chef de l’état.


        • njama njama 5 février 12:07

          @GoldoBlack
          Elles y sont encore
          Tartous et Hmeimim sont les deux bases principales du soutien russe en Syrie

          Tartous est la seule base navale russe en Méditerranée
          Les US combien de bases navales dans le monde ?

          Hmeimim est une base aérienne russe
          https://fr.wikipedia.org/wiki/Base_a%C3%A9rienne_de_Hmeimim
          Les US combien de bases aériennes dans le monde, sans compter leurs porte-avions... ?


        • njama njama 5 février 12:09

          @révolté
          Exact
          C’est aussi en raison de traités entre les deux pays, l’intervention russe en Syrie est conforme au droit international

          La présence US, non !


        • Christophe 5 février 15:49

          @GoldoBlack

          Et qu’en est-il des troupes russes en Syrie ? Combien de temps sont-elles restées ?

          En droit international, les troupes russes sont légitimes, elles ont été appelées par le chef d’état légitime et le gouvernement légitime de Syrie. Par contre les troupes américaines sont dans l’illégalité la plus totale vis-à-vis du droit mais pas vis-à-vis des règles que Washington émet en fonction de ses intérêts.

        • GoldoBlack 7 février 17:14

          @Christophe
          Est-ce ma question ?
          Mais merci de cette brillante leçon de géopolitique et de droit international.

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Patrice Bravo

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