Prix de l’humour politique 2024 - « Vous croyez que le moment est bien choisi pour rigoler ? »

Certes, le sujet de cet articulet consacré à l'humour politique n'a que très peu d'importance par rapport à l'actualité quotidienne, dramatiquement brûlante et souvent sanglante ; voilà qui est dit. Aussi, s'il vous plaît, si cela est possible, évitez à l'auteur des réflexions du genre : "Vous croyez que le moment est bien choisi pour rigoler ?". D'avance, merci !

Nous conviendrons que peu de monde voudrait mourir de rire avec M. Benyamin Netanyahou, et surtout, n'y voyez aucun antisémitisme, c'est plutôt un problème gastrique. Une autre personnalité très nucléaire que notre président Macron ne voulait surtout pas humilier n'a franchement pas une vocation d'humoriste. Depuis Moscou, à seulement une poignée de secondes de la capitale française, il menace de nous envoyer une "noisette" que personne ne sait arrêter. Un engin hypersonique qui pourrait creuser un gros trou dans le cœur de Paris. Ce n'est pas drôle, mais qui vous a dit que Poutine l'était... Que dire de Donald et de son copain le plus riche du monde, devenu encore plus riche depuis l'élection de Trump. Dans quelques semaines, les Américains et le reste du monde devraient comprendre, pour ceux qui ne l'ont pas encore compris, que le sens de l'humour populiste, ce n'était pas pour rire ! 

Bref, il y a la politique internationale et puis notre petit monde politique français qui aime tant se regarder le nombril. C'est surtout de celui-là dont il est question dans cet article. Car, nous avons la chance d'avoir une bande d'élus turbulents à l'Assemblée nationale, en plus de députés qui voyagent très occasionnellement jusqu'à Strasbourg. Et aussi, des ministres nommés provisoirement au gouvernement, sans oublier les nombreux autres prétendants qui attendent leur tour pour prendre le pouvoir et assurer notre bien-être. Or, nos décideurs politiques savent aussi parfois nous surprendre, ils sont de véritables sources d'inspiration pour notre beau pays. C'est sans doute pour cela que depuis 1988 existe le prix « Press Club, Humour et Politique », qui en février 2025 décernera la petite phrase « la plus hilarante de l’année » 2024.

Pour commencer le passage en revue des pépites orales de nos stars politiques, il faut d'abord apprécier l'autodérision d'Edouard Philippe, avec « Si vous pensez qu’il faut être un playboy en France pour être élu, j’ai quand même quelques contre-exemples ! » Lauréat 2023.

N'oublions pas non plus cette phrase de Fabien Roussel qui restera célèbre, lauréat de 2022. Entre parenthèses, un communiste drôle est encore plus rare que les adhérents au parti : « Les stations-service sont le seul endroit en France où celui qui tient le pistolet est aussi celui qui se fait braquer. »

Voyons maintenant la première sélection pour le prix 2024.

D'abord, Rachida Dati, dont le fameux lapsus relatif à une fellation, laissera certainement une trace indélébile dans l'histoire de la 5ᵉ République. La ministre de la Culture a été sélectionnée pour sa petite phrase après son exclusion des Républicains :  "J’ai dit à Eric Ciotti que j’attendais mon OQTF des LR".

Une autre perle enfilée pour fayoter comme si de rien n'était par Manon Aubry : "Il y a beaucoup de pays européens qui nous envient Jean-Luc Mélenchon". On aimerait qu'elle dise lesquels !

D'Edouard Balladur, ancien Premier ministre et expert en amitié de 30 ans : "Vous avez travaillé avec Rachida Dati, très bien, vous savez tout ce qu’il ne faut pas faire". 

Arlette Laguiller, nom de code « camarade Bizet », ex-porte-parole de Lutte Ouvrière, championne des candidatures à la présidentielle : "On me trouve ringarde et vieillotte pour mes idées… et le pape alors ?"

Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée nationale : "Je ne parlerai de Rachida Dati qu’en présence de mon avocat". Il est vrai que Rachida a un sourire carnassier, le même qu'une mante religieuse.

Deuxième sélection du Prix 2024

Bruno Retailleau : « Le macronisme, certains ont dit c’est un hyper-centrisme, je pense que c’est d’abord un égocentrisme ».

Bruno Le Maire : L'écrivain érotique de Bercy qui ne doute jamais de lui : « Si aujourd’hui notre niveau de dette est élevé, c’est parce que j’ai sauvé l’économie française »

Troisième sélection du Prix 2024

Michel Barnier : en réponse à son prédécesseur « Monsieur Attal, je serai très attentif à vos propositions d’économies supplémentaires pour faire face à un déficit… que j’ai trouvé en arrivant. » 

À propos de Bruno Le Maire lors des journées parlementaires : « Il a dit : "j’ai tout donné"… Ça s’est sûr. » 

François Hollande : cité par le Canard Enchaîné : « Personne ne rejoindra le PS si le score du prochain congrès est chahuté. Personne ne veut entrer dans une famille où l’on se jette de la vaisselle à la figure. Surtout si c’est du Ikea. » 

Claude Malhuret : « Si vous avez compris le Nouveau Front populaire, c’est qu’on vous a mal expliqué. » Du grand art comico-politique !

Olivier Faure « Hollande n’a jamais cessé d’être candidat à la présidentielle. Il fait un livre tous les six mois. Ce ne sont plus des cartes postales, c’est le facteur en personne. » Décidément, le PS n'en finira jamais de régler ses comptes.

Pour conclure par un sourire jaune. Sans être Mme Irma, Michel Barnier aura beaucoup de chance s'il n'est pas censuré avant Noël. Il restera comme possibilité au président Macron de choisir Harry Potter comme prochain Premier ministre pour espérer tenir à la baguette magique la folle Assemblée jusqu'à la prochaine dissolution. D'ici là, la présidente du groupe RN aura peut-être été condamnée à la double Pen politique, 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire. Les juges, c'est un phénomène bien connu de toute la classe politique, n'ont aucun sens de l'humour. Heureusement pour le parti, "la mort politique" de la fille du fondateur du FN, fera le bonheur de Jordan Bardella, l'élève très ambitieux de Marine Le Pen.

Au mois de janvier, aura lieu une autre sélection de petites phrases drôles et parfois acides.