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Accueil du site > Tribune Libre > Quelques motifs d’incompréhension

Quelques motifs d’incompréhension

Ces deux dernières années, des périls menaçant l’ensemble de l’humanité sont apparus sur le devant de la scène : le réchauffement climatique induit par l’utilisation de ressources fossiles dont on va de toute façon manquer, une épidémie mondiale (pandémie) dont on ne connaît pas de traitement, un risque avéré de troisième guerre mondiale. Quelles furent les réactions des dirigeants en place ?

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Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988. Le GIEC est constitué principalement de scientifiques et il analyse et fait la synthèse des publications de valeur reconnue fournies par l’ensemble des laboratoires mondiaux. La pression conjointe de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher fut nécessaire pour sa création, ils souhaitaient tous deux exercer un contrôle sur les rapports produits par l’organisation et en particulier éviter un ‘militantisme écologique’ falsificateur de données. En 2021, le GIEC comptait 195 membres. Années après années, le caractère préoccupant du réchauffement climatique se confirma. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 soulignèrent la fragilité des sociétés occidentales vis-à-vis de leur dépendance aux énergies fossiles. Une mutation économique fut entreprise sous l’impulsion de Milton Friedman qui conseilla Ronald Reagan dans ses campagnes présidentielles de 1980 et 1984 dans le cadre d’un déclin constaté des USA. La révolution néolibérale était en route : réduction du poids de l’État, baisse des taux d’imposition, dérèglementation de l’économie, politique monétariste... Cette idéologie, comme toutes les idéologies, remplaça jusqu’à la caricature toute espèce de bon sens.

Chacun s’accorda sur le fait que l’on devait limiter la hausse des températures à 2°C, scénario impossible à suivre à moins de diminuer chaque année de 5% les émissions de dioxyde de carbone*. Cette contrainte implique une réorganisation presque complète du tissu économique et social. À titre d’exemple, il a été estimé que, pour respecter l’accord de Paris sur le climat, « Il faudrait un Covid [une pandémie] supplémentaire tous les ans pour que l’on respecte la limite des deux degrés de réchauffement. »*

Ceci sous-entend que l’on est incapable de retreindre les consommations coûteuses en énergies non-renouvelables et polluantes volontairement : il faudrait une force externe, indépendante (apparemment) de la volonté des dirigeants.

La crise du Covid a fait surgir des motifs d’incompréhension importants : procès en sorcellerie, déferrement devant un conseil de l’ordre de professionnels reconnus, décisions prises dans le secret d’un conseil de défense, choix des traitements par des autorités administratives, instauration d’un ‘pass’ permettant le contrôle permanent des populations…

Les vagues virales successives s’atténuant, la guerre apparut.

La Russie a décidé d’envahir l’Ukraine comme d’autres l’avaient fait au Moyen-Orient. À l’ère affichée de la mondialisation heureuse, les mêmes hamburgers étant engloutis partout, les mêmes séries télévisées étant regardées partout, le même attrait exclusif pour l’argent se retrouvant partout, cet envahissement peut sembler anachronique.

Le fait que le Président du pays le plus puissant du monde se déclare impuissant avant même que le conflit soit déclaré semble plus encore une bizarrerie historique. Ce même pays avait peaufiné depuis longtemps un système de sanctions économiques pour asseoir sa prééminence. Dès 1977, une loi fédérale (Le Foreign Corrupt Practices Act) permettait de sanctionner hors le territoire américain (extraterritorialité) les agissements jugés délictueux. Par la suite, des entreprises françaises en ont été la cible : Alcatel-Lucent, Alstom, Sanofi, Société Générale, Technip, Total et Airbus.

Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer cet empressement à écraser autrui : la défense impitoyable des peuples russophones, le désir de contrer une mondialisation contrôlée par les américains, mettre le territoire russe hors de portée des missiles nucléaires hostiles. Les trois traits ne sont d’ailleurs ni indépendants, ni contradictoires.

Près de 10 % des 2 millions d’hommes de l’armée américaine sont déployés depuis longtemps à l’étranger dans 800 bases et 177 pays. Au sein de l’OTAN, les États-Unis déploient quelque 150 armes nucléaires, en Allemagne, en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas, en Turquie... La puissance de ces bombes nucléaires est variable, allant de 0,3 kt (tactique) à plus de 340 kt (stratégique), kt : Kilotonnes, milliers de tonnes de Trinitrotoluène (TNT). Les dégâts pouvant être occasionnés par leur usage proviennent d’un effet thermique de type boule de feu puis subséquemment par un effet de souffle. L’effet boule de feu s’étend sur 0,1 à 2 km selon les cas, tandis que les effets de souffle vont bien au delà. Pour optimiser les dévastations, les villes sont évidemment les cibles prioritaires.

La distance Kiev-Moscou est de 755 km est suffisamment faible pour que la capitale Russe puisse être effectivement promptement dévastée. Cependant la distance Riga-Moscou est tout à fait comparable (841 km) et la Lettonie est d’ores et déjà membre de l’Otan. Les USA n’ont qu’un faible avantage supplémentaire si l’Ukraine bascule dans leur giron. Les Russes possèdent des bases au Kamchatka qui mettent les USA sous le péril d’un feu nucléaire même si la partie européenne de la Russie est anéantie. La largeur de la Russie d’est en ouest est environ 9000 km, soit 3 fois le diamètre de la Lune, ce qui créé des difficultés pour la vitrifier dans sa totalité. La digestion d’un pays relativement petit à cette échelle peut donc sembler peu pertinente.

Mais d’innombrables autres anormalités ont émaillé les débats concernant cette annexion brutale. Sur une chaîne télévisée de grande audience, un débat est organisé par un animateur ni meilleur ni moins pire que les autres, le sujet : « Eliminer [physiquement] Poutine, parlons-en ». L’élimination physique d’un chef d’État étranger n’est plus tabou, État qui est de plus membre du conseil de sécurité de l’ONU. Rappelons que ‘L’incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination raciale est le fait de pousser par son attitude des tiers à maltraiter certaines personnes et que c’est une infraction punie par la loi.’

Il est aussi curieux de constater que personne n’ait anticipé que la dépendance énergétique (gaz et pétrole) de l’Europe vis-à-vis de la Russie entraînait à son égard de lourdes obligations voire une dépendance sans alternative. Rien ne se créé spontanément, surtout pas des ressources énergétiques fossiles, choisir son approvisionnement c’est aussi choisir ses sujétions.

L’impréparation militaire des occidentaux est également patente. Suite à la révolution ukrainienne de 2014, la Crimée est annexée par la Russie. Que les motifs soient légitimes ou non, c’est la preuve que la Russie ne se prive pas de conquérir brutalement des territoires hors de ses frontières. Que les États-Unis souhaitent ou non s’investir militairement en Europe, l’Europe était aux premières loges. Elle a décidé un sursaut militaire en commun alors que la guerre était déjà déclarée.

Tuer Poutine semble une option pour certains, d’ailleurs c’est le nouvel Hitler, adepte d’une solution finale, comme il l’a été proposée par une accorte jeune femme lors d’une de ses émissions télévisées. La lutte sans merci entre slaves orthodoxes et fous de la religion islamique peut fournir une autre justification d’un autoritarisme de bon aloi.

De août à septembre 1999, survinrent cinq explosions en Russie entraînant la mort de plus de 300 personnes. Ces attentats furent attribués par les autorités russes aux indépendantistes tchétchènes.

La Tchétchénie est une petite république à majorité musulmane du Caucase du Nord. Le maître du Kremlin se proposa alors « d’aller buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes ». Il sera compté de l’ordre de 150 000 morts (10% de la population). Il s’en suivra une ‘radicalisation’ xénophobe d’une partie de la jeunesse russe.

La peste d’Athènes (-430 à -426 avant J.C) conduisit à la mort d’un tiers de la ville, en 1933, la Pologne comptait plus de trois millions de Juifs, dix-sept ans après la communauté juive était tombée à environ 45 000 personnes... restent les famines. * donnée de M. Jancovici


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19 réactions à cet article    


  • Clark Kent Kaa 14 mars 2022 09:40

    « Quelles furent les réactions des dirigeants en place ? »

    ils n’ont pas « réagi », ils ont agi et/ou obéi à la big pharma pour la Covid, à l’OTAN pour l’Ukraine et aux réchauffistes adeptes d’Al Gore pour le climat.

    l’arnaque est la même que celle de la poudre que je mets sur mes fraisiers pour chasser les éléphants : la preuve que c’est efficace, c’est que les éléphants ne viennent pas sur mes fraisiers.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 14 mars 2022 11:18

      @Kaa

      Je retiens le conte du fraisier et de l’éléphant.


    • sylvain sylvain 14 mars 2022 10:50

      C’est sur qu’en ce moment, pour se dire que ça sent pas l’arnaque dans tout les sens, faut carrément se couper le nez .

      Le rapport présenté dans ce article, rédigés par des sénateurs tout ce qui a de plus officiels, nous explique qu’on verra se succéder des crises sanitaires, sécuritaires (guerre, terrorisme) et climatique dans les temps a venir .Comment y réagir ? par « l’intrusivité numérique » a tous les niveaux, modèle : la chine principalement


      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 14 mars 2022 11:19

        @sylvain

        Je crains que la succession de crises constitue en effet l’avenir le plus probable.


      • sylvain sylvain 14 mars 2022 11:53

        @Jacques-Robert SIMON
        il faut être réaliste, ils n’ont plus que le choix de la fuite en avant


      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 14 mars 2022 12:56

        @sylvain

        Ce qui me chagrine le plus c’est que l’on confie notre destin à ceux qui ont créé les problèmes.


      • sylvain sylvain 14 mars 2022 14:53

        @Jacques-Robert SIMON
        ils font tout pour .Certains disent que pour poutine, c’est la fuite en avant ou la mort, au vu de tout ce qu’il aurait fait .C’est possible, je ne sais pas, mais c’est la même chose pour nos dirigeants actuels .Si ce n’est pas la mort, ce que j’espère, ce serait au moins de graves problèmes

        A part ça moi aussi je trouve désolant qu’on puisse réélire un macron .En même temps ce n’est pas fait, et si des sondages le donnent a 30%, certains autres diraient que plus de 80% des gens ne souhaitent pas sa réélection .Je pense que quoi qu’il en soit, il faudra se battre pour se débarasser d’eux, voter ne suffira pas .
        Et a la décharge des français, ils utilisent l’artillerie lourde : la pandémie mondiale puis l’attaque des russes, avec l’ours poutine en tête


      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 14 mars 2022 17:16

        @sylvain

        J’hésite à écrire ce que je pense vraiment : quelle que soit la personne élue, la politique sera la même, peut-être (au mieux) avec des nuances on ne peut plus marginales. Mais ce serait quand même bien d’essayer.


      • tashrin 14 mars 2022 12:03

        Ces deux dernières années, des périls menaçant l’ensemble de l’humanité sont apparus sur le devant de la scène : le réchauffement climatique

        Sinon le rapport meadows ca date de 1972, pas des dernières années.

        Il est aussi curieux de constater que personne n’ait anticipé que la dépendance énergétique (gaz et pétrole) de l’Europe vis-à-vis de la Russie entraînait à son égard de lourdes obligations voire une dépendance sans alternative

        Attendez qu’ils percutent qu’on n’a pas d’uranium sur notre territoire et qu’on s’est faits jeter d’Afrique par les mêmes russes... On n’a pas fini de rigoler

        Je comprends pas le propos de l’article en fait. Il vise à demontrer quoi ?


        • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 14 mars 2022 12:58

          @tashrin

          En règle général je ne veux rien démontrer, juste faire voir une facette inattendue d’un problème.


        • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 14 mars 2022 17:17

          @Mondot

          J’ai du mal à croire que je mentionne des contre-vérités, je prends grand soin de ne pas le faire. Désolé si c’est le cas.


        • sirocco sirocco 14 mars 2022 14:39

          "On pourrait envisager le protocole suivant :

          • Chaque ménage se verrait attribuer une carte spéciale, réservée aux achats d’énergie (carburants, gaz, électricité, billets d’avions...)
          • Les achats d’énergie ne pourraient se faire qu’au moyen de cette carte.
          • Les montants annuels seraient plafonnés
          • La carte serait adossée à un compte spécial auprès du Trésor Public, que chacun devrait provisionner à partir de son propre compte bancaire."

          C’est quand même incroyable ! Nos libertés sont déjà réduites à peau de chagrin. Sous un prétexte sanitaire bidon, nos relations sociales sont réglementées et bientôt l’accès aux services bancaires seront corrélés à notre statut vaxxinal...

          On est contrôlé jusqu’au moindre de nos faits et gestes mais vous avez la bonne idée de vouloir en rajouter une couche pour que la dictature en place puisse décider si on a le droit de se déplacer, de cuire notre nourriture ou de crever de froid...

          Mais vous êtes un monstre !

          Est-ce qu’avec vous on pourrait encore aller pisser sans demander la permission à Big Brother ?...


          • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 14 mars 2022 14:47

            @sirocco
             
             ’’Est-ce qu’avec vous (R Simon)on pourrait encore aller pisser sans demander la permission à Big Brother ?...’’
             
            Vu que le totalitarisme c’est « Tout ce qui n’est pas autorisé est interdit », c’est une bonne question, et du travail en vue pour les députés de ce nouvel ordre : définir les conditions permettant d’accorder ou non le droit de pisser sans demander la permission à Big Brother.
             


          • sirocco sirocco 14 mars 2022 15:18

            @sirocco

            Désolé... big big mea culpa...
            Ce commentaire n’était pas destiné à cet article mais à celui de Désintox.
            Je ne comprends d’ailleurs pas comment il s’est retrouvé là...


          • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 14 mars 2022 17:20

            @sirocco

            Je vous signale que pour pisser dans un cinéma on m’a obligé à aller dans un WC pour femmes, la séparation des sexes n’étant plus admissible.


          • Doume65 15 mars 2022 19:41

            « La distance Kiev-Moscou est de 755 km est suffisamment faible pour que la capitale Russe puisse être effectivement promptement dévastée. Cependant la distance Riga-Moscou est tout à fait comparable »

            Qu’est-ce que vient faire la distance Kiev-Moscou ? Croyez-vous que si l’Ukraine possède des bombes H, elle va les placer à Kiev ?

            La frontière ukrainienne est a un peu plus de 450km de Moscou. Quant à l’Estonie, elle est à moins de 150 km de Saint-Pétersbourg.

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