Questions sans réponses sur Covid-19
QUESTIONS QUE J’AURAIS AIME POSER
A MON MÉDECIN
Il veut me guérir, mais il n’a ni le temps, ni peut-être aussi le désir ou les moyens de me permettre de comprendre. Il veut me guérir, je veux surtout guérir, mais aussi comprendre pourquoi cette guérison interviendra(ou peut-être pas(sniff…). Je veux aussi, quelle outrecuidance, connaître les détails de l’évolution, comment s’articulent les cause, les mécanismes, les phases de la dite maladie. L’étiologie non ?
La vedette du jour, virées les maladies métaboliques, jetés les cancers, refoulés les AVC, infarctus et autres affections plus ou moins graves, c’est le Covid-19. La chose est aussi versatile qu’une diva en gloire, d’ailleurs c’est une "star". Alors docteur qui est elle ?
C’est à vous que je pose la question, parce que je sais que parmi vos différentes qualités (que d’aucuns voient comme un défaut inacceptable) celle de l’envie de faire comprendre est présente, très présente.
Il semble établi(?)que le Covid-19 provoqué par un coronavirus nommé SARS Cov2 présente 2 phases. La première serait l’invasion par le virus avec des symptômes dont les contours exacts sont flous, depuis un aspect quasi asymptomatique jusqu’à des troubles dans la sphère rhinopharyngée voire plus rarement disent certains dans le système digestif. Peut-on dire que la réponse immunitaire commence là ? Peut-on supposer que cette réponse immunitaire est en rapport avec l’importance de la charge virale, que cette réaction est différente selon qu’on est exposé à une contamination massive et brutale ou qu’au contraire on est face à une rencontre avec un faible nombre de virus ? Quoi qu’il en soit, devant l’invasion la réponse immunitaire se construit.
Elle comporte différents aspects, l’une de ses caractéristiques est l’inflammation, je cite à cet égard une publication d’avril 20001
Les réactions inflammatoires, c'est-à-dire l'accumulation des cytokines qui activent le système immunitaire, sont indispensables aux réactions de défense, parce qu'elles attirent, sur le site agressé, les acteurs de la riposte. Toutefois, l'objectif ne doit pas être dépassé, au risque que la réaction ne devienne délétère et qu'elle n'entraîne des séquelles, telles des nécroses locales, voire globales.
Il est notable d’ailleurs que les éditions Belin éditeurs de " Pour la Science " republient cet article vieux de 20 ans avec un chapeau actuel : L’une des particularités du Covid-19, dû au coronavirus SARS-CoV-2, est dans une proportion notable de cas le déclenchement d’un " orage de cytokines" (on parle aussi de lymphohistiocytose hémophagocytaire secondaire), c’est-à-dire la libération massive de ces molécules impliquées dans l’activation et le contrôle de l’immunité. Il s’agit en quelque sorte d’une hyperinflammation qui peut être fatale. Cet article en détaille les mécanismes principaux. La biologie des cytokines explique également, du moins en partie, le fait que nous ne sommes pas tous égaux face aux infections : pour certains, le Covid-19 est bénin, pour d’autres, il prend des formes sévères.
C’est la phase 2 qui contient une partie des inquiétudes.
Les auteurs ne sont pas que je sache des hurluberlus, leur article n’est pas tant s’en faut simple car malheureusement le sujet ne l’est pas, mais il n’est pas publié dans une revue médicale professionnelle et donc a priori accessible à beaucoup.
Il est dit et redit dans tous les médias que le Covid-19 n’a pas de traitement, qu’il n’existe pas de vaccin. Des tentatives existent cependant :
Par exemple on parle de " plasmothérapies " (de mon temps on disait " sérothérapies " actives ou passives) ce qui suppose d’une part de disposer d’un stock suffisant de produits sanguins chargés des anticorps qu’il faut mais aussi d’autre part de prendre en compte les risques anaphylactiques liés à cette approche. Dans cette même voie thérapeutique on a dans divers cas utilisé des gamma-globulines pour obtenir un renforcement passager des caractéristiques immunitaires. Il est vrai que l’ANSM dans une publication récente ne recommande pas les globulines face aux coronasvirus.
Il y a aussi l’approche du professeur Lantiéri et de la " superhémoglobine " issue de l’arénicole qu’il utilise avec succès pour améliorer l’oxygénation des greffons. On peut espérer, pourquoi pas une facilitation de l’oxygénation limitant au moins pour un temps les effets de la la destruction du tissu alvéolaire. Certains prônent pourquoi pas l’emploi de la colchicine. Pour ma part, ni médecin ni biologiste, j’aimerais qu’on tente le " pulver perlimpimpinus " qui est facilement disponible puisqu’un grand nombre de thaumaturges n’hésitent pas à l’utiliser massivement pour soigner les yeux.
Bien évidemment il est difficile d’évoquer les essais thérapeutiques sans mentionner la dernière folie, non pas en tant que telle, mais dont ce qu’on en dit peut s’intégrer à la frénésie thérapeutique actuelle : présenté initialement comme une " gripette " la star capricieuse a depuis révélé sa vraie nature et tout le monde a peur, ce qui est bien compréhensible. Dans ce chaos pousse avec la maladie une forêt de questions qui pour moi (entre autres) restent sans réponse. On met en avant l’emploi déjà tenté d’utiliser des dérivés de la quinine, et la polémique à défaut de succès indiscutables enfle. Laissons de côté l’aspect épistémologique des essais réalisés (il faudrait une étude randomisée en double aveugle ...blablabla disent les uns, non on est pressé, ça urge, le discours de la méthode c’est blablabla répondent les autres).
L’un des protagonistes, le professeur Raoult soutient que les produits qu’il recommande doivent être administrés à des malades n’ayant pas encore développés les symptômes graves propres à la deuxième phase, ce qui peut se comprendre puisque son approche est " antivirale ". Les autorités sanitaires sentant monter sur fond de médiatisation outrancière, la colère, concèdent une autorisation d’essai en milieu hospitalier avec décision collégiale essai destiné... à des malades en situation très grave ou quasi désespérée. Attentisme et hypocrisie académique inappropriée à une situation pandémique réelle hurlent les uns, magie, imprudence et mœurs de saltimbanques rétorquent les autres. Au milieu, nous les malades ou futurs malades, dans ce capharnaüm restons avec nos questions. En caricaturant on pourrait dire que selon les uns " je traite des patients dont le processus global est très favorable, donc à 85 % je gagne sans grands risques, la méthode ici on s’en fout " pendant que les autres disent
" on teste dans des conditions normales des patients dont la survie est plus que problématique ". Il devient évident que l’aspect médical ici ne sert que de prétexte à une lutte d’une autre nature.
Le professeur Raoult dit que l’hydroxychloroquine ne doit pas être utilisée seule il faut y adjoindre l’azithromycine qui est... un antibiotique. Quels sont les rôles de ces deux produits ? Administrée en phase 1 l’hydroxychloroquine serait insuffisante pour stopper la réplication virale et l’invasion qui en résulte, il faut l’azithromycine qui en tant qu’antibiotique n’a pas d’action antivirale en soi. Un antibiotique (qui de surcroît peut être accompagné d’effets secondaires non négligeables) contre un virus ?On rêve et en passant on met à la poubelle une campagne longue de sensibilisation à l’emploi des antibio pour un oui pour un non, rappelons nous " Les antibiotiques c’est pas ... ".
Il faut donc une synergie(?) Par ailleurs, puisque dans la phase 2 (sévère souvent) la charge virale devenant faible voire négligeable ou indétectable comment l’azithromycine et l’hydroxychloroquine agissent ils vis à vis du dérèglement immunitaire (" orages de cytokines ") mécanisme complexe de biologie cellulaire ?
Les images de scanner X diffusées à la télévision montrent très clairement la progression de la fibrose résultat de l’explosion immunitaire détruisant plus ou moins le tissu pulmonaire. Pour ajouter un peu plus de " clarté " aux explications (?) dont on nous abreuve on souligne avec insistance que la chose, Covid-19, n’existe pas dans la circulation et qu’il n’y a pas de risques de transmission par piqûres de moustique. C’est le plasmodium habitué qu’il est des dérivés de la quinine devenus inefficaces contre lui qui doit rigoler !
Alors cher docteur, il est évident que je n’ai rien compris et que le tourbillon scientifique comme un orage immunitaire m’emporte, mais avant de passer au respirateur et à l’intubation, j’ai envie de savoir et surtout de comprendre quelles sont les subtilités médiatico-médicales qui m’entraînent sur cet échafaud. Que j’en réchappe ou pas est purement anecdotique...enfin pas de mon point de vue.
Addendum : Ce texte a été écrit comme une tentative de calmer mon angoisse, j’aurais voulu le publier, mais chez qui, comment ?
Ma fille aînée elle non plus ni médecin, ni biologiste, vient de me m’envoyer le lien vers l’article de Bernard Dugué, qu’il soit remercié car s’il ne donne pas de solutions, les éléments qu’il fournit répondent en partie à mes questions et surtout permettent à qui veut bien le lire de dépasser les querelles médiatiques entre les tenants de ceci et les tenants de cela. Merci à tous ceux (dont il fait partie) qui savent que l’action irréfléchie peut aggraver le chaos et reste sans efficacité réelle mais qui comprennent que le confinement en tour d’ivoire n’est pas meilleur.
Iwant Ubundane
1 Dominique Emilie, Marc Humbert, Pierre Galanaud " Orage de cytokines : quand le système immunitaire s’emballe " Pour la Science N°270 avril 2000
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