Qui en veut à l’affiche des JOP 2024 ?
JOP veut dire : Jeux Olympiques de Paris. JO 2024 ne suffisait pas. En écrivant JOP c’est comme renommer l’événement. Ah, les français, toujours les meilleurs.
Une polémique a été déclenchée par l’affiche ces deux derniers jours. L’image 1 montre cette affiche (clic pour agrandir) qui présente les deux particularités suivantes : d’une part il n’y a pas de référence claire à la France, comme le drapeau.
Un site retrace l’évolution des affiches des JO d’été de 1896 à 2016 et ceux d'hiver de 1928. Alors, drapeau national ou pas ? C’est plutôt rare. Les quelques-unes sont ci-dessous (clic pour agrandir). Même aux jeux de 1936 à Munich il n’y a pas de drapeau allemand.
L’image la plus éloignée de toute représentation nationale est peut-être celle de Rio 2016, qui laisse penser à une structure de type cardiaque, ou des personnages en mouvements, très stylisés.
La critique de l’absence du drapeau français sur l’affiche de Paris n’est donc pas pertinente.
D’autre part, la croix du Dôme des Invalides est remplacée par une flèche. Pourquoi ? Est-ce un reniement de l’héritage chrétien qui a modelé ce pays ?
Le graphiste créateur, Ugo Gattoni, en dit ceci :
« Ugo Gattoni a tenu à se défendre, en évoquant une vision artistique qui « ne cherche pas à représenter les objets ou bâtiments de manière conforme. Je les évoque, tels qu’ils m’apparaissent à l’esprit et sans arrière-pensée. Je ne cherche pas à ce qu’ils soient fidèles à l’original mais plutôt qu’on puisse se figurer en un clin d'œil de quoi il s’agit, tout en le projetant dans un univers surréaliste et festif. »
Cela se défend. À voir la tour Eiffel écrasée, comme tassée, presque méconnaissable, le graphiste a fait un choix particulier. Mais aucune affiche d’éditions passées n’offre d’image réaliste.
Personnellement je n’aime pas trop cette affiche 2024. Les mots Olympic Games sont presque invisibles. Affiche trop chargée et trop enfantine à mon goût, avec accumulation de détails parfois illisibles et manque de dynamique. Impression de déjà vu : on dirait Où est Charlie revu et corrigé. Où est la sueur, la peine des athlètes ? L'élan sublime vers la victoire ?
Je n’identifie pas les JO avec une fête foraine où la tour Eiffel serait un carrousel sans panache. L’auteur est certes sorti des sentiers battus. Mais le spectateur n’a aucun espace pour se faire sa propre représentation à partir de quelques éléments symboliques. Ici on consomme une histoire étouffante jusque dans ses moindres détails. Toute la place est occupée. Au secours, de l’air !
Par quels méandres les décideureuses ont-ils passé avant de choisir ce concentré d’enfantillages ? Le tri devait être difficile. Pas un homme testostéroné, ah non, pas de ça chez soeur Anne ! Une femme en plein effort, courant vers la victoire ? La compétition est une tare masculine et non-inclusive, c’est non. Une mère qui allaite, c'est compliqué, le message n'est pas pertinent. Une femme qui avorte, l’image est d’actualité mais je crains qu’elle ne suscite quelques remous dans le landerneau parisien.
Il y aurait eu une affiche très audacieuse et super inklusive : une sportive en short blanc maculé du sang de ses règles. Des féministes l’ont déjà fait c’est donc admis.
Au final l’auteur de cette affiche n’a osé qu’une évocation indirecte du féminin : le grouillement de vie qui occupe toute l’horizontalité.
Et la croix du Dôme, elle compte pour du beurre ? Non mais bon, pas de quoi en faire un fromage à mon avis. La classe politique de droite qui a lancé la polémique, une droite un peu trop pavlovienne sur ce coup, aurait bien fait de creuser davantage son sujet.
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