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Réforme du bac et du lycée : le rapport Mathiot fera-t-il le printemps de la réussite ?

Mercredi 24 janvier a été rendu au ministre J-M. Blanquer un rapport sur la "réforme du bac (et du lycée)" à l'horizon 2021. L'auteur Pierre Mathiot a listé des propositions après diverses consultations sur le terrain en France et à l'étranger : fin des 3 séries "classiques" avec ses options tous azimuts, remplacées par des séries (de quel nom ?) plus "concentrées" sur 2 matières "majeures" (en plus d'un tronc commun et 2 matières "mineures") ; examens écrits en partie au printemps ; contrôle continu de plus grand poids (comme à la fac avec les partiels ou comme au brevet ?) ; 2 "semestres" au lieu de 3 trimestres ... comme à la fac (mais combien de conseils de classe, 2 ou 4 ?) ; grand oral interdisciplinaire de fin d'année à l'italienne... Cette instillation d'université au lycée est-elle une sélection déguisée en une nouvelle "qualification" des futurs bacheliers aux études supérieures ? Préparera-t-elle efficacement à la réussite de ces étudiants ?
 
On a depuis longtemps qualifié de "voie royale" la filière scientifique. Cette "mise à mal" des séries générales avec ses 2 matières principales n'est pas nouvelle : souvenons-nous de l'abandon de l'histoire-géographie en Terminale S, sous le gouvernement Fillon, rétablie sous celui d'Ayrault. Le principal sujet dans ce rapport, peu traité médiatiquement, reste la transition vers des études supérieures, dans le but louable de limiter le taux d'échec en cours de licence. Certes, les journaux avaient traité précédemment des fameux pré-requis (enseignés et en principe sanctionnés durant quelques semaines jusqu'à 1 an, on ne sait où, quand, comment et par qui) exigibles selon les universités. Orienter mieux les bacheliers est consensuel, mais que feront-ils en cas d'échec, où seront-ils in fine acceptés ? Les études, c'est comme le logement : il n'y a pas de place pour tout le monde dans l'endroit voulu ou bien il faut pouvoir payer le prix, dans tous les sens du terme.
 
Depuis que les gouvernements ont permis "un droit de regard" ou contestation des parents d'élèves sur l'orientation, la pédagogie voire les punitions ou les notes - fin du redoublement proposé par le conseil de classe au collège et au lycée, abandon progressif des notes au profit des évaluations de compétences (acquis, en cours d'acquisition, ...) pour éviter toute "frustration" globale de l'élève, devoirs faits en classe (collège), ... -, le monde scolaire s'est largement adapté voire, diront certains, nivelé par le bas aux "exigences" de l'élève, dont les options. La "réforme" du lycée revient quasiment à chaque mandat présidentiel, mais il persiste deux points négatifs : une régression continue dans les classements internationaux PISA (pour élèves de 2nde) et un taux d'échec (redoublement, abandon) toujours aussi important en licence, et ce malgré la mise en place de tutorat. L'actuel bac avec ses options (jusqu'à obtenir une moyenne supérieure à 20 /20) et des mentions toujours plus nombreuses ont pu donner l'illusion que les études supérieures seraient presque aussi "faciles". En fait, on a éludé le changement radical de l'adaptation de l'élève face au monde scolaire, préalable à celui du citoyen face au monde du travail : isolé, l'étudiant doit se plier au rapport à l'université (rythme et charge de travail soutenus).
 
Je proposais dans mon essai un nouveau bac en 4 ans, sans alourdir le programme, mais en le répartissant sur 4 ans au lieu de 3. Le temps libéré servirait à des rencontres voire des "cours d'initiation" avec des professionnels, comme cela peut se faire à l'université pour le master. Je rajouterai que l'on pourrait introduire pour les 2 dernières années du nouveau bac la méthode utilisée en fac, à savoir que les cours, les TD et les TP ne sont pas encadrés par le (la) même professeur(e). Certes, il faudrait agrandir des lycées (avec l'argent de "location" des manuels en lieu et place de la gratuité effective mais "coûteuse" pour de nombreuses régions), réadapter les emplois du temps, mais c'est une expérience à tenter... qui serait, ironie du temps, dans la poursuite de l'introduction de l'université au lycée prônée dans le rapport Mathiot !
 
Pour que l'Education Nationale remplisse sa mission affichée de former de futurs citoyens, elle ne doit pas oublier que le primaire doit préparer l'entrée au secondaire en collège, que le collège doit préparer au lycée, que le lycée doit préparer la transition aux études supérieures et/ou au monde du travail.
 
Philippe POINSOT, auteur de "Le Plan C" ou "A la recherche des équilibres perdus", chez Mon Petit Editeur
www.philippe-poinsot.monpetitediteur.com

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3 réactions à cet article    


  • waymel bernard waymel bernard 29 janvier 2018 17:36

    Oui il y a bien eu un nivellement par le bas pour permettre à tous, ou presque, d’obtenir le bac. Il y a donc un écart considérable entre les acquis superficiels des bacheliers et les prérequis pour les études universitaires. Il faut supprimer le bac, le remplacer par une attestation de fin d’études secondaires et laisser les universités sélectionner leurs étudiants au vu des bulletins de première et terminale, comportant les notes et surtout les appréciations des enseignants.


    • Sinbuck Sinbuck 30 janvier 2018 21:04

      Philippe, ton analyse critique est plutôt cohérente. Je n’ai pas lu ton livre, mais le bac en 4 ans ne me semble pas adapté. Le bac pro était en 4 ans, il est depuis 6 ans en 3 ans et c’est plutôt positif. Tout est question de programme.

      Former des élèves à l’enseignement général c’est bien, mais augmenter le nombre d’élèves dans les filières technologiques et professionnelles c’est beaucoup mieux car nécessaire à l’activité humaine sur le marché du travail. 
      L’enseignement général est réformé, c’est vraiment une bonne chose car sclérosé par le manque de pragmatisme et surtout par l’hypocrisie fonctionnelle de l’Education Nationale : les familles décident si l’enfant va au lycée général, les programmes sont en décalage avec le terrain et les profs sont volontairement éloignés de leurs responsabilités. Cependant, dans le fond, ce rapport indique de bonnes pistes qui vont permettre de changer les habitudes et de moderniser le système, la pédagogie, plus de souplesse entre les filières et je l’espère, rendre service aux élèves. 
      Ce qui me choque, en tant qu’adjoint de direction dans un lycée, c’est que nous apprenons la réforme par la presse, fin janvier, que nous devons prévoir et informer les familles pour l’orientation et que nous n’avons pas de documents officiels qui indiquent les changements à appliquer. Pire encore, nous devons prévoir le tableau de répartition des moyens (pour les profs à la rentrée 2018), que l’état nous demande (début mars) en maths, en français... sans savoir exactement le nombre d’heures à distribuer dans chaque matière puisque la répartition horaire pour la classe de seconde n’est pas établie ! De plus cela va dépendre du choix des élèves qui ne savent pas en quoi consiste la réforme puisqu’elle n’est pas officiellement définie par l’état. Je crois vraiment que les professionnel de l’éducation sur le terrain sont pris pour des abrutis tellement ils sont méprisés par l’état. 
      Pourquoi ne pas préparer cela plusieurs mois à l’avance ? il s’agit d’une technique de management, mais c’est une honte pour les familles, les élèves, les profs, et le personnel de direction qui doit rendre sa copie en mars pour structurer la rentrée de septembre.
      Après le rapport ouvre de bonnes pistes...
       

      • ellawilliams 21 février 2019 07:33

        Les études, c’est comme le logement : il n’y a pas de place pour tout le monde dans l’endroit voulu ou bien il faut pouvoir payer le prix, dans tous les sens du terme. 

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