Relaxe de Bendaoud : le long hurlement de la Droite la plus bête du monde
L’issue du procès était prévisible et la réaction, plus qu’attendue, pavlovienne.
Par les voix de Nicolas Dupont-Aignan, Marine Le Pen ou d'élus Les Républicains comme Virginie Calmels, la Droite la plus bête du monde s’est indignée de la relaxe du « logeur de Daesh » et a fustigé, une fois de plus, une fois encore, une fois de trop, avec les mêmes mots usés jusqu’à la corde, le « laxisme de la justice ».
Dans une vidéo lapidaire d’une minute postée sur son compte f.bouc ©, NDA s’est prévalu du sang des victimes des attentats de novembre 2015 pour s’indigner de la relaxe d’un personnage peu recommandable et rappeler qu’il propose la création d’un parquet spécial chargé des faits de terrorisme.
Ce qui n’apporte aucune contradiction de fond au jugement rendu, même si la création d’une justice spéciale semble une mesure logique, en raison de la nouveauté d’un phénomène qui s’est, contrairement aux précédentes vagues terroristes, enkysté dans une partie de la société :
ampleur des attentats qui exige une réponse rapide et à la hauteur, culpabilité et complicité plus idéologiques que matérielles, menace diffuse de « radicalisés » qui ne sont pas (encore ?) passés à l’acte, difficultés pour établir la culpabilité de « celui qui savait et n’a rien dit », autant de nouvelles problématiques que la justice et la police « classiques » peuvent mal appréhender, comme l’a illustré le procès du frère de Mohammed Merah, plus de 5 ans après les faits.
Toutefois, on ne voit pas bien pourquoi une telle instance programmerait à l’avance ses verdicts.
On voit mal aussi pourquoi elle rendrait une condamnation pour des faits de droit commun, à défaut de faits de terrorisme avérés, car c’est bien ce qui est demandé ici :
« délinquant, trafiquant de drogue et « loueur de squats », Bendaoud devait être condamné...au moins pour cela ».
La Droite la plus bête du monde qui s’imagine en porte-parole de la vox populi (pardon, « des territoires ») propose tout simplement un retour à l'arbitraire, comme dans l’URSS de Soljenitsyne, où la peine des zeks était « évolutive », ou comme à Guantanamo, où des suspects sont enfermés sans expliciter ni la durée de leur peine, ni les faits reprochés.
Ce n’est pas bien grave puisque seule compte l’indignation et le « coup médiatique », pas le fond :
il faut bien caresser les veaux pardon, « notre base électorale », dans le sens du poil. Et puis, demain, tout sera oublié, il n’y aura pas de conséquence.
Semblable, finalement, aux bonnes consciences opposées, qui se sont dépêchées d'accuser la police dans « l’affaire Théo », la Droite la plus bête du monde lapide, dans une vidéo d’une minute et des « touites » de 5 mots, 2 ans d’enquête et un procès de plusieurs jours.
La police et la justice, qui doivent travailler avec ce qu’ils ont, c’est-à-dire les règles du droit... votées par les politiciens, et les moyens matériels… donnés par les politiciens, apprécieront sans doute ces attaques de députés qui n’ont, par ailleurs, que l’expression « Autorité De L’État » à la bouche.
Frappés d’arthrose idéologique, les conservateurs poursuivent leur retour vers le passé en faisant à l’infini la chronique indignée des décisions judiciaires et des faits divers, ce qui a si bien réussi à Jacques Chirac en 2002, et à Nicolas Sarkozy en 2007. Mais c’était il y a plus de 10 ans.
Chez eux, on voit mal ce qui reste de Charles De Gaulle, qui est rentré dans l’histoire en dépassant les réflexes de son milieu social contre les hurlements lugubres de cette Droite qui chroniquait déjà l’affaiblissement national, la décadence morale, l’effondrement social, etc...
Lors du lancement de Debout la France en 2007, Dupont-Aignan prétendait que « [son] gaullisme, c’était tirer les Français vers le haut ». Depuis sa calamiteuse campagne présidentielle, on patauge plus que jamais dans la fange, dans une version politicienne de la vente du temps de cerveau disponible des téléspectateurs par TF1 ou Canal +.
Et comme il reste encore de nombreux procès d’actes terroristes à faire, les preuves de « laxisme judiciaire » ne pourront que s’accumuler, et les mêmes discours se répéter.
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