Sans-Emploi
Subir ou se rebeller ?
Un quart de siècle de précarité.
Être dedans et dehors à la fois. Survivre en trimbalant dans sa poche une identité qui vous colle comme une maladie, un exéma ,le numéro d’identifiant au pôle emploi.
Destination pôle emploi ; pôle froid. Un désert sibérien, où l’on reste transis de désespoir au aguets d’un quelconque minuscule refuge pour encore survivre dans l’ère glaciaire de mon humanité.
Que sera demain ?
Demain sera longue durée ? Demain je voudrai être libérée de l’angoisse glacée qui tétanise tout instinct de survie. Ne jamais lâcher, ne jamais glisser vers le trou, ne jamais tomber. Tenir, ne pas baisser les bras, aller toujours toujours de l’avant.
Faire encore un pas contre ce blizzard, faire encore ce pas.
Seule la peur est moteur de cet élan. La peur de glisser dans la faille, le gouffre de la folie. Happée par ce vide, cet appel désespéré de tout quitter, je me laisse porter par le souffle de l’anéantissement qui me guette à chaque fin de contrat.
Survivre et non vivre. Alterner,souplesse, flexibilité, agilité, abnégation de soi pour se couler dans un moule trop étroit. Prendre la forme d’un sarcophage. Devenir ce mort vivant gangréné par la trouille d’être bouffé par l’anonymat de ma condition de sans. Bouffée et vampirisée par des suceurs de sang assoiffés et gavés de faire de ma vie du profit.
Qui regarde la souffrance du sans-emploi ? qui la voit et qui l’entend ?
La gangrène du désespoir lamine toute initiative. Honte et coupable de n’être rien, honte d’être réduit à ce mot : SANS.
Vidée, anéantie, je finirai donc prématurément, tombe du sans emploi, au panthéon des anonymes. Soldat inconnu d’une guerre économique qui sacrifie sur l’autel de la concurrence tous ceux qui ne veulent plus participer à la sélection.
Enfermée dans ma solitude, je mourrai de cette épidémie qui tue tous ceux qui puent la détresse, cette peste noire de notre société d’asservis ?
Non, je refuse ce sacrifice et en ce jour je vais laisser place à ma colère. Ne plus accepter de se sacrifier, arrêter d’être victime de ce marasme.
Lever la tête. Remettre le couteau entre les dents. Armée de cette colère qui gronde au fond de tous les SANS, partir en guerre contre cette gouvernance d’état, contre cette machination économique qui éliminent et suicident à petit feu tous ceux qu’on ne sélectionne pas.
Exclus, les sans emploi, les sans-diplôme, les sans logement, les sans-papiers, les sans-abris, les sans-racine, les sans-famille. Ne pas se laisser anesthésier par l’infamie.
Quand tous les SANS largueront leur colère pour exiger d’exister avec le respect et la dignité que chaque humain devrait avoir.
Quand la colère éclatera sur les têtes de nos décideurs,
Alors ceux qui nous affament, apprendront aussi à avoir peur.
Chômeuse Rebelle
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