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Sans-Emploi

 Subir ou se rebeller ?

J’ai passé 25 ans, un quart de siècle à écrire des lettres de motivation. Un quart de siècle à motiver mes atouts,mes compétences, mes qualités, motiver ma motivation à travailler. Ma motivation à vivre par son travail, ma motivation à recevoir ma pitance, mon droit à subvenir à mes petits besoins de solitaires, salariées précaires, nomade éternelle.

Un quart de siècle de précarité.

Être dedans et dehors à la fois. Survivre en trimbalant dans sa poche une identité qui vous colle comme une maladie, un exéma ,le numéro d’identifiant au pôle emploi.

Destination pôle emploi ; pôle froid. Un désert sibérien, où l’on reste transis de désespoir au aguets d’un quelconque minuscule refuge pour encore survivre dans l’ère glaciaire de mon humanité.

Que sera demain ?

Demain sera longue durée ? Demain je voudrai être libérée de l’angoisse glacée qui tétanise tout instinct de survie. Ne jamais lâcher, ne jamais glisser vers le trou, ne jamais tomber. Tenir, ne pas baisser les bras, aller toujours toujours de l’avant.

Faire encore un pas contre ce blizzard, faire encore ce pas.

Seule la peur est moteur de cet élan. La peur de glisser dans la faille, le gouffre de la folie. Happée par ce vide, cet appel désespéré de tout quitter, je me laisse porter par le souffle de l’anéantissement qui me guette à chaque fin de contrat.

Survivre et non vivre. Alterner,souplesse, flexibilité, agilité, abnégation de soi pour se couler dans un moule trop étroit. Prendre la forme d’un sarcophage. Devenir ce mort vivant gangréné par la trouille d’être bouffé par l’anonymat de ma condition de sans. Bouffée et vampirisée par des suceurs de sang assoiffés et gavés de faire de ma vie du profit.

Qui regarde la souffrance du sans-emploi ? qui la voit et qui l’entend ?

La gangrène du désespoir lamine toute initiative. Honte et coupable de n’être rien, honte d’être réduit à ce mot : SANS.

Vidée, anéantie, je finirai donc prématurément, tombe du sans emploi, au panthéon des anonymes. Soldat inconnu d’une guerre économique qui sacrifie sur l’autel de la concurrence tous ceux qui ne veulent plus participer à la sélection.

Enfermée dans ma solitude, je mourrai de cette épidémie qui tue tous ceux qui puent la détresse, cette peste noire de notre société d’asservis ?

Non, je refuse ce sacrifice et en ce jour je vais laisser place à ma colère. Ne plus accepter de se sacrifier, arrêter d’être victime de ce marasme.

Lever la tête. Remettre le couteau entre les dents. Armée de cette colère qui gronde au fond de tous les SANS, partir en guerre contre cette gouvernance d’état, contre cette machination économique qui éliminent et suicident à petit feu tous ceux qu’on ne sélectionne pas.

Exclus, les sans emploi, les sans-diplôme, les sans logement, les sans-papiers, les sans-abris, les sans-racine, les sans-famille. Ne pas se laisser anesthésier par l’infamie.

Quand tous les SANS largueront leur colère pour exiger d’exister avec le respect et la dignité que chaque humain devrait avoir.

Quand la colère éclatera sur les têtes de nos décideurs,

Alors ceux qui nous affament, apprendront aussi à avoir peur.

Chômeuse Rebelle


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22 réactions à cet article    


  • iris 6 septembre 2010 19:01

    oui il faut essayer de transformer la déprime en rage et en colère-
    pas facile-
    de tout coeur avec vous-
    il ya des associations de chomeurs-il ne faut pas rester seule.


    • Firedog Firedog 6 septembre 2010 19:01

      Le problème, c’est que même les « avec » commencent à avoir du mal !!


      • Firedog Firedog 6 septembre 2010 19:02

        Enfin, je veux dire, un problème supplémentaire à l’échelle de la société...


      • Kalki Kalki 6 septembre 2010 20:01

        Tout absolument tout peut être fait avec des machines.

        Voulez vous la guerre comme  la paix



          • Benoit Adam adam0509 6 septembre 2010 20:41

            bonjour,

            Quelques questions :

            Vous habitez-ou ?
            Vous avez quel age ?
            Vous avez des gamins ?
            Vous êtes française d’origine ou naturalisée ?

            L’emploi des femmes n’est certes pas toujours simples. Ca dépend de pas mal de choses. Et puis je vous cache pas que pas mal d’emploi demandent une belle gueule voir un beau physique (et oui c’est comme ça).


            • patdu49 patdu49 7 septembre 2010 07:48

              salut

              perso j’approche du demi-siècle de précarité.

              et je dois dire, qu’avec l’expérience, je préfère faire parti des SANS, que des AVEC que j’ai pu avoir.

              dans le sens ou les AVEC, ne m’apportaient RIEN DE MIEUX, dans 95% des cas, que ça soit financièrement, ou niveau reconnaissance, ou estime de soi ..

              c’etait parfois même pire à tout les niveaux.

              mes AVEC « emploi » :

              - 2 CDI de merde mal payés, usants, chiants, d’ou j’ai démissionné.
              - une multitude de missions intérim, de une journée, à qq mois en durées, ou seuls les boulots, les plus pénibles et très mals payés, offraient de temps à autres des perspectives d’emploi.
              - une multitude de CDD parfois à temps partiel.
              - des périodes de travail, gratuitement pour des employeurs, lors de stages à la con, de style de contrats aidés + ou - subis et forcés.
              - un essai à mon compte (commerçant non sédentaire)
              - une période d’apprentissage (ou j’ai déjà pu decouvrir une certaine exploitation d’entrée de jeu, et la radinerie des patrons, et leur malhonneteté ... ça c’est pas démenti, hélas, dans les expériences futures)
              - ma période de service national obligatoire

              bref, un peu + de 40 expériences en tout depuis l’age de 16 ans.

              jusqu’à ce que je dise MERDE à tout ce merdier, et à ce que je devienne un « INCASABLE » ou un INSOUMIS ... puisque je ne supporte plus ou ne correspond pas à priori au système, au marché du travail... je ne voudrais pour RIEN au monde, retravailler, dans les domaines que j’ai déjà pu tester, aux conditions que j’ai pu tester.... d’autant + que ça c’est encore dégradé davantage depuis.

              j’ai pu tester :

              porte à porte, petit magasin de détail, grande distribution, centrales d’achats, marché-gare, travail en usines (secteur sous traitance automobile, agro-alimentaire, informatique) , BTP, gardiennage, magasinage, vente, manutention, etc ..

              je ne sais pas ce qu’est un travail avec :

              -étique, sentiment réel d’utilité, vrai reconnaissance, (tut ça je l’ai trouvé, en dehors du boulot, bénévolat, militantisme, aides aux personnes dans la merde .. ) 
              -revenus corrects qui permettent de VIVRE et non pas de SURVIVRE


              • Jean-paul 7 septembre 2010 14:14

                @Patdu49

                Avez vous une femme ,des enfants ,bref une famille a nourrir ?
                Quelle est la profession que vous auriez aime avoir ?
                Avez vous pense a vous etablir a l’etranger ,nul n’est prophete dans son propre pays ?
                Comment voyez vous votre avenir apres ces 25 ans de precarite ?
                Pensez vous passer toute votre vie en precarite et ensuite la retraite ?
                J’avoue que j’ai du mal a vous comprendre d’ou ces questions .


              • Jean-paul 7 septembre 2010 14:17

                Les memes questions a l’auteur .


              • foufouille foufouille 7 septembre 2010 15:08

                coucouche panier le libertaryen
                tu veut pas deporter les chomeurs ?


              • Jean-paul 8 septembre 2010 06:10

                @foufoullle
                C’est une question de choix .Ou tu pleures sur ton sort ou tu bouges .


              • foufouille foufouille 8 septembre 2010 10:20

                @ jean-paul le libertasplusrien
                on ne cree pas un marche si il y a pas de clients
                sauf si on force les gens a acheter comme les escros dans ton genre


              • antonio 7 septembre 2010 08:43

                Bienvenue à la rage et à la colère.
                Seule la lutte rend sa dignité à l’être humain.


                • Dinu pass Dinu pass 7 septembre 2010 11:34

                  Sortir de la précarité c’est aussi choisir un secteur d’activité ou une entreprise non encore atteint par la dérégulation / mondialisation / marché financier...Le nombre des entreprises moyennes où il fait bon travailler baisse à vue d’oeil du fait des rachats (merci les fonds d’invest US créés pour détruire notre tissu industriel) et autres ouvertures sauvages à la concurrence.

                  Solution : protectionnisme, sortie de l’europe, retour du franc, et SURTOUT à la situation d’avant 1973 quand létat pouvait financé ses besoins sans emprunter auprès des marchés financiers...


                  • alain le lapin 7 septembre 2010 18:59

                    L’article m’a beaucoup touché, on est soit soi-même soit un proche dans une situation comparable.
                    Dinu je trouve votre commentaire intéressant, la mise en évidence de facteurs destructeurs pour l’emploi et la qualité de celui-ci dans notre pays est très vrai.
                    Mais il paraît tout de même difficile sinon impossible de remonter le temps


                  • Jean-paul 8 septembre 2010 06:01

                    @l’auteur

                    Vous n’avez jamais pense a partir a Londres .Les bus Eurolines depuis paris ne sont pas chers .
                    Je vous donne 3 jours pour trouver du boulot meme si vous ne parlez pas anglais .Il y a une communaute francaise .Vous etes payee a la semaine ,et l’hostel est de 12 livres la nuit .
                    Il y a les boulangeries et resto francais .Il manque toujours des femmes de menages dans les hotels ,des serveurs etc.....
                    Pour le CV ,un faux fera l’affaire sans probleme .
                    Simple avec internet regardez les offres d’emploi sur Londres .


                    • iris 8 septembre 2010 11:33

                      à jean paul
                      pourquoi pas devenir rom ??


                      • Jean-paul 8 septembre 2010 14:40

                        Iris
                        Vous commentez :Il faut essayer de transformer la deprime en rage et en colere .

                        Votre solution « pratique » pour aider l’auteur ?


                        • iris 8 septembre 2010 16:20

                          si tous les sans emplois allaient à londres - en chine -et au diable ça serait mieux ??-
                          il faut se battre ou l’on est et faire du mieux qu’on peut


                          • Jean-paul 8 septembre 2010 19:25

                            @Iris
                            Comment tu nourris ta famille ?Comment tu te bats ? Comment tu trouves un boulot ?
                            Tu ne donnes pas de solutions pratiques , juste du blablabla .
                            Londres n’est pas la Chine .Que proposes tu pour aider l’auteur dans sa recherche de travail ,et surtout pour sortir de sa situation precaire .


                            • Jean-paul 8 septembre 2010 19:27

                              @ iris
                              A moins que tu ais une entreprise et que tu veuilles l’embaucher .


                              • iris 9 septembre 2010 09:04

                                il ne faut pas rester tout seul et s’associer avec assos par ex-
                                parler et ne pas rester dans son coin - aller vers l’autre-se faire voir-
                                et pourquoi pas faire des manifestations dans la rue-
                                par ex se promener avec panneau dans le dos -chomeur longue durée- précaire
                                si il y en avit 10 ou + qui défilent tous les jours dans les rue d’une ville avec panneau collés contre eux - cela ferait réfléchir
                                il faut oser et se montrer -
                                les anglais ont aussi leurs problème-
                                mais lorque l’on on est au fond du trou on pense pas à partir juste à savoir comment vivre le jour suivant-

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COUZI


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