Sans toit ni justice !
Aujourd'hui on n'a plus le droit, ni d'avoir faim, ni d'avoir froid. Ce refrain de la chanson emblématique des Enfoirés, le célèbre gala organisé tous les ans pour les Restos du cœur, est le principe quotidien de M Furet, qui se déplace plusieurs fois par semaine dans cette petite ville de la banlieue parisienne pour y aider les SDF : maraudes, collectes caddies, puis distributions alimentaires, aide aux familles se retrouvant à la rue, assistance administrative, il est sur tous les fronts. Malheureusement, dans cette petite ville touristique, les SDF dérangent. Leurs vêtements, leur voix, leur odeur, et parfois aussi leurs boissons dérangent. Ils devraient laisser les honnêtes gens tranquilles au lieu d'étaler leurs problèmes et leur saleté au public. Sauf, que leur maison c'est la rue et ils n'ont pas accès à un lieu pour rester propres. Ce n'est pas le problème des honnêtes gens, ni de la police municipale qui contrôle quotidiennement leurs papiers, alors qu'elle les connaît (je rappelle qu'on est dans une petite ville) et n'hésite pas à leur confisquer leurs vêtements, ce qui est illégal.
Alors, l'été dernier, quand M Furet a vu les policiers municipaux procéder à un énième contrôle d'identité sur des SDF et menacer de confisquer leurs affaires, il a réagi en leur demandant de les laisser tranquille. Le ton est monté, non de menaces, mais d'indignation. Alors, les policiers municipaux se sont énervés. En ont décidé d'agir de la même façon que s'ils devaient maîtriser un forcené menaçant leur vie. Des membres de l'association ont demandé aux policiers d'arrêter car M Furet, âgé de 76 ans à des problèmes cardiaques. Mais ils ont répondu que ce n'était pas leur problème. Le fait est que M Furet avait été héliporté et opéré en urgence d'une dissection aortique en 2019, ce qui l'avait sauvé in extremis.
Violemment plaqué à terre, il a finalement été mis en garde-à vue pour la journée, avant d'être libéré avec un rendez-vous à la police judiciaire la semaine prochaine.
Il s'est plaint de douleurs sur tout le corps, qui était rempli de bleus, mais pour lui, ça restait du domaine de la bobologie et le médecin qui l'a examiné pendant sa garde à vue ne s'est pas non plus inquiète. Cependant, des douleurs aux côtes se sont aggravée dans la semaine et il a dû se rendre aux urgences. Verdict : 2 côtés fêlées.
M Furet n'est ni un délinquant, ni un voyou. C'est un ancien instituteur et qui a également été maire adjoint dans une autre ville. Malgré son âge et son état de santé, il aide sans relâche les SDF. Tout simplement parce qu'il est inadmissible que des gens se retrouvent sans toit, en pâture au froid, à la faim, aux maladies et aux agressions des voyous, mais aussi des "honnêtes gens" dont la vue les dérange. Les SDF sont vus comme des marginaux, alors que la crise du logement est telle en France qu'un divorce, une maladie ou une perte d'emploi peut mener directement à la rue. Le SDF n'a pas d'âge, pas de nationalité. Être une femme seule avec enfants, être handicapé, ne protège pas. N'importe qui d'entre nous, peut être SDF demain.
L'affaire a suivi son cours....
M Furet a été convoqué chez le procureur pour une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité. Dans cette procédure, le mis en cause reconnaît sa culpabilité, le procureur propose une peine et en cas d'accord, la propose aussi au juge qui la prononce au cours d'une audience judiciaire publique. Le procureur représentant uniquement les intérêts de l'Etat, il n'intervient absolument pas sur les réparations à effectuer aux plaignants. Comme la plupart des citoyens qui ne sont pourtant pas censés ignorer la loi, M Furet ne le savait pas et a accepté la proposition du procureur....d'effectuer un stage de citoyenneté. M Furet, qui a animé et anime encore beaucoup d'initiative citoyenne à bien rigolé, puis a accepté. C'est ainsi qu'il s'est retrouvée dans une audience publique du tribunal de police pour la prononciation du jugement. Le juge le condamne comme prévu au stage de citoyenneté de 6 mois. Sauf que M Furet est également condamné à payer 2200 euros aux policiers municipaux qui l'ont violemment plaqué au sol comme s'il s'agissait d'une personne dangereuse à maîtriser alors qu'il contestait leur attitude envers les SDF. Il faut savoir que lors d'un jugement pénal, si les plaignants se constituent partie civile, en cas de condamnation pénale, le condamné doit aussi leur payer des dommages et intérêts, évalués par le juge en fonction des préjudices qui avaient été déclarés. Dans les dommages se trouve ma somme de 1000 euros à payer à l'un des 2 policiers municipaux au titre des "souffrances physiques endurées ". Lesquelles ? Et sur quelles bases ?
Malheureusement, comme M Furet était jugé sur la base de la reconnaissance préalable de culpabilité, il n'avait pas le droit d'assurer sa défense. Or, il avait accepté ce stage de citoyenneté avec résignation, mais trouve inconcevable de devoir payer des dommages à des agents municipaux dont l'intervention disproportionnée ont mis sa vie en danger et ont occasionné la fêlure de 2 côtes.
Furet n'avait pas le droit à la parole, il l'a pris pour dénoncer l'injustice de ce jugement.
Il va faire appel et envisage de porter plainte comme les policiers municipaux.
AMENDA
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