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Accueil du site > Tribune Libre > sQu’est-ce qu’un système complexe ?

sQu’est-ce qu’un système complexe ?

Avant de vous embarquer dans ce voyage vers la complexité, j’aimerais rappeler qu’il existe une différence fondamentale entre complexité et complication. Il est évident qu’un système compliqué ne peut être envisagé avec nos seules capacités personnelles, notre seule intelligence ou notre seul esprit rationnel. Le niveau de complication est si élevé que l’on est incapable d’aborder un tel système de manière cohérente.

À la différence de la complication, la complexité est abordable. En effet, un " système complexe* " fait intervenir cinq principaux facteurs bien identifiés. Premièrement, il est constitué d’éléments ou " agents " en interaction (les êtres humains sont des agents sur un marché, les fourmis sont des agents dans une fourmilière, etc.).

Deuxièmement, un système complexe se caractérise par les très nombreuses relations qui s’établissent entre ces éléments ou ces agents (notamment par le langage, les symboles, la communication).

Troisièmement, un système complexe se compose de plusieurs niveaux hiérarchiques* (de complexité croissante ou décroissante selon l’approche retenue pour les étudier : approche analytique*, approche globale ou systémique*). Ces niveaux hiérarchiques (ou ces relations) peuvent former des réseaux interdépendants (ou intercommunicants), comprenant, aux nœuds de chaque réseau, des éléments ou des agents qui vont interagir.

Quatrièmement, un système complexe adopte un comportement dynamique dans le temps, un comportement non linéaire. Celui-ci peut évoluer car bon nombre de systèmes complexes sont des " structures dissipatives* ", expression que l’on doit au physicien Ilya Prigogine2 (prix Nobel de chimie 1977). Une structure dissipative est une structure traversée par un flux d’énergie (auquel s’ajoute un flux d’information dans les " systèmes " complexes). En dissipant de l’énergie, la structure parvient à se maintenir dans le temps.

Cinquièmement et dernièrement, un système complexe possède une capacité d’évolution dans le temps et, éventuellement, d’évolution vers une complexité croissante, en particulier lorsqu’il a des capacités de reproduction qui permettent à une amélioration de se généraliser. Il faut distinguer, en effet, les systèmes complexes purement physiques ou chimiques des systèmes vivants et informationnels capables de mémoire et de reproduction.

Pour matérialiser la définition d’un système complexe, prenons l’exemple de la cellule vivante. Celle-ci est composée de très nombreux éléments : des molécules, des macromolécules, etc., en constante interaction. La cellule peut se maintenir, évoluer ou disparaître. L’organisme vivant (l’organisme humain par exemple) est composé de soixante mille milliards de cellules, mais aussi de réseaux de communication (le système nerveux, le réseau de défense, c’est-à-dire le système immunitaire, le système de transfert d’énergie, notamment par l’intermédiaire du système sanguin, le système hormonal...). Ces éléments sont en interaction les uns avec les autres. Il y a donc bien interaction, réseaux et complexité globale.

Une ville aussi est un système complexe. Elle est constituée d’habitants en interaction les uns avec les autres, de bâtiments, de réseaux de transports ou d’autoroutes de l’information, de lieux de stockage de vivres, d’énergie, d’eau... De la même façon, la planète ou l’écosystème sont des systèmes complexes puisque l’un comme l’autre sont formés de multiples éléments qui interagissent.


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5 réactions à cet article    


  • Bloggy Bag (---.---.152.115) 20 septembre 2006 14:16

    La vie politique française a ses petites manies. L’une d’elle est la « grande concertation », le « grenelle de machin », la « commission nationale sur le truc ». Ce n’est pas nouveau et c’est à la fois une techique éprouvée pour calmer le bon peuple et enterrer les réformes.

    Le principe est simple : on ouvre solennellement une concertation destinée à faire parler les gens sur un problème, on en fait une compilation soignée dans un gros rapport, on met le rapport aux archives.

    L’intérêt est évident : parler permet de faire baisser la tension, de donner le sentiment d’être écouté, et de gagner du temps.

    Le site de SR fait-il autre chose ? Non, il donne une touche de modernisme à un travail classique d’énarque, le tout agrémenté de quelques qualificatifs pompeux comme « forum participatif » (on se demande d’ailleurs ce que serait un forum dans lequel les participants ne participeraient pas).

    L’approche de Sarko semble elle inversée par rapport à SR. Son optique semble être de fournir les « kits » internets comme on fournit du matériel de campagne. Le but étant de diffuser une nouvelle forme d’affiche électorale sur le web. Cela a au moins l’intérêt de diminuer la facture de la com’.

    Enfin, DSK a adopté une troisième approche : celle d’une sorte de « think tank » sur le web où les internautes expriment tout (et parfois n’importe quoi). Les débats, souvent riches laissent cependant souvent dubitatifs les blogueurs : DSK en retient-il quelque chose ? En fait, il semble bien que oui, et ceux qui ont eu l’occasion de débattre il y a plus d’un an sur http://www.blogdsk.net/ et qui ont lu son livre 365 jours se sont aperçus qu’ils avait testé une partie de sa réflexion sur le web. Le passage du web aux idées de DSK reste cependant un brin énigmatique, en attendant plus et mieux.


    • La Taverne des Poètes 20 septembre 2006 16:44

      « Le Web 2.0, la nouvelle technologie qui fait sensation » :

      Le web 2.0 n’est pas une nouvelle technologie, une version améliorée et éditée sous ce nom. Web 2.0 n’est qu’un concept appliqué à un phénomène : le passage de l’internaute passif à l’internaute actif (contributeur de Wikipedia, création de blogs,etc.)

      ALors, peut-être qu’en fin de compte « politique 2.0 » est un leurre aussi.


      • (---.---.162.15) 20 septembre 2006 17:20

        Le Web a toujours été actif, c’est un leurre de dire qu’il ne le devient que maintenant. Le « Web 2.0 » est une notion creuse qui n’a de raison que marketing. Alors titrer « Politique 2.0 », ce n’est pas engageant du tout.

        Am.


      • minijack minijack 23 septembre 2006 04:18

        « Politique 2.0 » ? Non, on ne peut pas dire cela. La politique reste ce qu’elle est et la technologie ne la changera pas. Par contre les moyens de campagne doivent effectivement prendre en compte cette technologie d’affichage numérique, tout comme ils prennent largement en compte et depuis longtemps les techniques d’affichage sur nos murs du monde réel. Et c’est tant mieux si les leaders de tels ou tels partis prennent conscience de l’importance du Net en tant que média indépendant, car ils savent très bien les uns et les autres que nos medias classiques ne sont plus indépendants, eux, depuis des lustres.

        .


        • edivincison 13 avril 2008 23:09

          Cher M. Rosnay,

          Il appert que votre article n’a suscité que de rares commentaires, de surcroît non pertinents.

          Je crois que la leçon que vous devriez en tirer est qu’Agoravox, tel qu’il est compris par ses lecteurs et commentateurs, n’est pas une salle de classe où l’on s’attend à recevoir des leçons.

          A moins que vous n’ouvriez une Ecole de visionnaires où l’on enseigne l’avenir...

          D’entrée en matière, vous partez de l’idée préconçue qu’un système complexe ne peut être appréhendé par l’intelligence individuelle. Je m’inscris en faux contre cette affirmation, en tout cas au stade de l’introduction à la notion de complexité.

          En ma qualité d’inventeur, j’ai été très tôt confronté à la nécessité de distinguer entre des solution plus complexes et des solutions simplement plus compliquées. L’inventeur (c’est-à-dire celui qui fait l’inventaire de l’état de la technique à la recherche de combinaisons inédites de solutions existantes) a toujours tendance à s’attarder d’abord sur des combinaisons plus compliquées dont le rendement, hélas, laissera généralement à désirer.

          Pourquoi une solution plus compliquée n’assure-t-elle pas un rendement global plus élevé, voire accuse parfois un déficit de rendement ? Parce qu’il ne suffit pas, en l’occurrence, qu’un système soit plus compliqué, ce surcroît de complication doit être accompagné d’une augmentation du niveau de qualité de l’ordre structurel. Autrement dit, plus on augmente la complication d’un système en vue d’en augmenter la valeur intrinsèque, plus il est nécessaire d’accroître le niveau d’ordre structurel qui le caractérise, c’est-à-dire sa qualité d’organisation et/ou d’ordonnancement.

          Voilà comment j’imagine, par exemple, une introduction générale au chapitre des systèmes complexes.

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