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Accueil du site > Tribune Libre > Surveillance maritime : de l’Atlantic à l’Atlantique

Surveillance maritime : de l’Atlantic à l’Atlantique

Lundi 15 mai 2023, la presse nous apprenait qu'un chasseur Su-27 (code OTAN Flanker) s'était approché d'un P-3C Orion, appareil de la Marineflieger, et d'un Breguet Atlantique 2 de la Marine nationale en mission de routine au-dessus de la Baltique pour le compte de l'OTAN. Les vols russes au dessus de la mer Baltique longent généralement les espaces souverains, là où la circulation est libre, mais contrôlée. Deux mois plus tôt, des images satellitaires avaient révélé une concentration anormale d'appareils sur la base aérienne d'Olenegorsk-Vysokiy à Olenya : 14 bombardiers Tu-95 « Bear H », deux bombardiers Tu-160 « Blackjack », deux bombardiers Tu-22M « Backfire », trois avions de transport tactiques AN-22, un Il-78 et 3 hélicoptères. Ces informations furent recoupées avec le renseignement COMINT et SIGINT provenant des appareils en vol, du trafic des tours de contrôle, celles du tarmac et les signaux de radionavigation. Le 26 avril des chasseurs britanniques et allemands avaient intercepté au-dessus de la mer Baltique deux Su-27 escortant un Iliouchine Il-20 qui avaient coupé leur transpondeur...

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Le conflit en Ukraine a redessiné la géopolitique de l’oblast de Kaliningrad, anciennement Koenisberg, exclave russe ceinturée par la Mer Baltique, la Lituanie et la Pologne, pays séparés par le couloir de Suwalki, un corridor potentiel avec la Biélorussie. La flotte russe ne peut plus utiliser les infrastructures des pays baltes et ne peut quitter la mer Baltique que par le Sund et les détroits Kattegat et Skagerrak entre le Danemark et la Norvège. Après la fermeture de l’espace aérien des pays de l’UE aux avions russes, Kaliningrad a pris de l'importance. Moscou a installé des batteries antimissiles S-400, des missiles Iskander (portée de 500 kilomètres) et des MiG-31 armés de missiles Kinjal d'une portée de 2.000 km.

Le Breguet Atlantic Br.1150 fut retenu en 1956 parmi 24 projets présentés par neuf pays membres de l’OTAN en remplacement du Lockheed P2V Neptune. Fait rare chez les avionneurs, d'anciens concurrents s’associèrent : Dornier, Fairey, FN Herstal, Fokker, Rolls & Royce, SABCA, SNECMA, Sud-Aviation pour rejoindre la direction de Breguet au sein du consortium Société d’Etude et de Construction du Breguet Atlantic. A peine la SECBAT constituée, l’US Navy se détourna du Breguet Atlantic lui préférant le Lockheed P-3A Orion, une adaptation de l'appareil civil L-188 Electra. Le Breguet Atlantic fut conçu de A à Z comme un véritable avion de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine.

Le Br.1150 Atlantic a accompli son premier vol d'essai, durée 42 minutes, le 21 octobre 1961. L'aéronef emportait un équipage de militaires : pilote, copilote, navigateur observateur et entre sept et dix membres d'équipage. L'Atlantic était équipé d'un radar de recherche rétractable Thomson, d'un détecteur d’anomalie magnétique installé à l'arrière sous l’empennage, d’un radôme renfermant divers systèmes de repérages air-surface et air-air, d'un radar sous le fuselage, et l'appareil pouvait emporter plus de trois tonnes en soute et des torpilles, des grenades sous-marines et des mines marines. La Marine Nationale affecta les premiers appareils reçus, en 1965, aux flottilles 21F (Nîmes-Garons), 23F et 24F (Lann-Bihoué). Une quinzaine de Breguet Br.1150 Atlantic fut livrée à la Marineflieger (l'aéronavale allemande), base de Nordholz sur la côte Baltique. Cinq Atlantic furent utilisés pour des missions de renseignement électronique le long de la frontière de la RDA. La Bundeswehr a remplacé ces Atlantic » par des drones Eurohawk.

Le 9 mars 1977, le ministre de la défense décidait de lancer des études pour un Atlantic Nouvelle Génération  ; capacité d'emport huit torpilles, une centaine de bouées acoustiques, ou deux missiles Exocet AM39, et être capable de rester en patrouille à basse altitude huit heures sur zone à 600 miles nautiques de sa base. Au mois de décembre 1978, la SECBAT se tourna vers Dassault-Breguet pour effectuer le développement de l’Atlantic NG. Le programme fut confié au bureau d’études de Toulouse. L’Atlantique ANG 001 présenté au salon du Bourget en 1979, fut suivi de l’Atlantique nº02, une version améliorée qui effectua son premier vol à Toulouse-Blagnac le 8 mai 1981. Un deuxième prototype sorti le 26 mars 1982. La fabrication en série fut lancée le 24 mai 1984,. Le premier appareil de série effectua son premier vol le 19 octobre 1988 à Toulouse. Un premier appareil fut remis à l'Aéronavale en octobre 1989 pour évaluation avant son entrée en service en février 1991.

Début des années deux mille les « Atlantique » furent modernisés : Missiles anti-navires, torpilles, grenades sous-marines, bombes à guidage laser et bombes de 250 kilos. Le premier appareil Atlantique a été retiré du service en 2010, l'appareil avait accompli 4.590 heures de vol en 22 ans. L'année 2010 a marqué l'adoption du Standard 5 (standards de l’Organisation de l’aviation civile internationale et transpondeur chiffré). Le Standard 6 fut lancé en 2013 avec : mise à jour des systèmes tactiques, modernisation du système acoustique et d’IFF, systèmes de vision infra-rouge, intensificateurs de lumière, thermovision et dispositifs de Guerre Electronique. L'année 2014 voit le remplacement progressif de L'Atlantic par l'Atlantique 2 de Bréguet-Dassault Aviation. Un breguet de l'aéronavale est exposé à l'entrée du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget.

L'année 2020 allait marquer l'adoption du standard 6 (STD6). Le traitement numérique permet aux capteurs de communiquer entre-eux et un maillage plus efficace. L'intégration de l'optoélectronique permet l'imagerie radar, le suivi automatisé et le suivi de petites cibles lentes à basse altitude (hélicoptère, drone). Les liaisons numériques contribuent à la sécurité les échanges avec les autres appareils, les navires, les submersibles et les liaisons satellitaires.

Les ATL2 apportent leur concours aux unités de la Force d’Action Navale et de la Force Océanique Stratégique : Missions Patrouille maritime, Sûreté et mise en condition des SNLE, Sûreté de forces aéronavales, Maîtrise du combat aéromaritime, Sauvegarde maritime et sûreté des approches maritimes, Appui aux opérations terrestres et aéroterrestres, missions de guerre électronique et de renseignement. (...) Recueil de renseignement tactique ou stratégique ainsi que le recueil de renseignements techniques sur des bâtiments de surface ou des sous-marins. (...) Les équipages d’ATL2 participent régulièrement aux exercices internationaux qu’ils aient lieu dans un cadre OTAN, européen ou multinational. Sans oublier leur raison d'être, la lutte anti-sous-marine.

L'ATL 2 dispose d'une autonomie de 14 heures, vitesse max 350 nœuds (4.300 Nautiques), plafond 30.000 pieds, et embarque : détecteur d'anomalies magnétiques, radar Searchmaster, détecteur d'émissions radar, détecteur infrarouge et dispose d'une cabine pressurisée. L'appareil peut embarquer : 2 missiles AM39 (Exocet), six mines de 250 kg ou huit grenades ou six bombes (Laser ou GPS) ou 6 torpilles MU90 ou huit conteneurs SAR (Search And Rescue), 100 bouées acoustiques, 70 marqueurs et fumigènes, 30 rétro-marqueurs et 60 éclairants. L'aéronef est certifié pour vingt-cinq personnes ; un équipage au complet comprend : 2 pilotes, 2 mécaniciens et 9 opérateurs système placés sous l'autorité d'un commandant.

Au mois de décembre 2022, le ministère des Armées a demandé à Airbus Defense & Space et à Dassault-Aviation l'étude d’un patrouilleur maritime de nouvelle génération pour le remplacement des Breguet ATL-2. Le ministère des Armées a débloqué une enveloppe d'une dizaine de millions d’euros que devront se partager les deux industriels. Un important programme de modernisation devrait prolonger les « Atlantique » jusqu'en 2030. Une remarque, une correction, une précision.

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2 réactions à cet article    


  • Seth 1er juin 2023 19:49

    Les bréguet atlantic existent toujours ? smiley

    Vive les antiquités !


    • juluch juluch 2 juin 2023 12:41

      Ces bombardiers russes datent des débuts de la guerre froide....

      le TU95 est à hélices..

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