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Tribune. « Égalité indivisible : pour l’extension de la Charte sociale européenne aux Outre-mer »

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La République française ne saurait ignorer plus longtemps cette brèche silencieuse dans l’édifice de ses engagements : en excluant ses territoires d’Outre-mer du champ d’application de la Charte sociale européenne, elle renonce à garantir, de manière uniforme, les droits fondamentaux qu’elle proclame universels.

La Charte sociale européenne – socle éthique, juridique et humaniste – garantit des droits essentiels : logement, santé, éducation, protection sociale, équité dans le travail. Des droits qui ne relèvent ni du luxe ni de la circonstance, mais de l’indispensable. Or, depuis son adhésion à ce texte fondateur, la France persiste à en limiter la portée territoriale exclusivement dans son hexagone, laissant à la marge des millions de citoyens vivant à Mayotte, en Guyane, en Martinique, en Guadeloupe, à La Réunion, à Saint-Martin, et dans d'autres confins républicains.

Il ne s'agit pas d'une simple omission administrative. Il s'agit d'une décision politique, juridiquement permise, mais moralement injustifiable. Il s'agit d’une forme moderne de relégation, dissimulée sous les plis du droit, perpétuant l’ombre portée des hiérarchies coloniales. Il s'agit, pour reprendre les mots de Frantz Fanon, de cette "zone de non-droit où l’homme ne vaut pas tout à fait homme".

La République ne peut se satisfaire d'une citoyenneté à géométrie variable. Elle ne peut prêcher l’universalité des droits tout en s’en tenant à une application géographiquement sélective. Elle ne peut, sans se renier, affirmer que la dignité est une et indivisible, puis en suspendre l'exercice à la latitude et à la longitude.

Les territoires ultramarins ne sont ni des marges ni des extensions. Ils sont la République. Leurs enfants ont droit au même souffle démocratique, au même abri juridique, à la même protection sociale que leurs frères et sœurs de Marseille, de Lille ou de Strasbourg.

En ce sens, j’appelle solennellement le Gouvernement de la République à :

  • Étendre sans délai la Charte sociale européenne à l’ensemble des collectivités ultramarines.
  • Engager un processus de refondation de l’unité juridique nationale, à la hauteur des promesses faites, et trop souvent différées, aux enfants d’Aimé Césaire, de Félix Éboué, de Maryse Condé et tant d’autres.

Le temps est venu de cesser d’administrer la géographie comme une excuse. Le temps est venu de réconcilier le droit avec la justice, et la République avec sa parole.

Jonathan CHASTE

Printemps Ultramarin


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7 réactions à cet article    


  • berry 17 avril 14:37

    Comme si on se faisait pas déjà assez voler et escroquer tous les jours de l’année, il faudrait en rajouter une couche et se délester dare-dare de nos derniers euros pour renflouer tous les territoires d’Outre-Mer. Avec les zigotos qui vivent sur place et tous les clandestins qui y débarquent, c’est le tonneau des Danaïdes et la faillite assurée.

    Jonathan a peut-être envie de nous planter encore un peu plus, non ?

    Au nom de la Sainte Démocratie et des valeurs de la République et de l’Europe, bien sûr. Il faut toujours se mettre du côté de la morale, même si c’est pour nous piquer notre pognon.


    • Seth 17 avril 15:18

      @berry

      Vous qui vous prétendez bien informé, vous voudrez bien nous préciser la différence que vous faites entre la métropole et les territoires et départements OM qui à ce titre font administrativement partie intégrante du territoire français.

      Merci d’avance.  smiley


    • SilentArrow 17 avril 16:30

      @Seth
       

      Vous qui vous prétendez bien informé, vous voudrez bien nous préciser la différence que vous faites entre la métropole et les territoires et départements OM qui à ce titre font administrativement partie intégrante du territoire français.

      Si je peux m’immiscer...

      Ces territoires OM sont d’anciennes colonies. Voilà la différence.

      Alors soit la France se retire, ou elle accorde les mêmes droits au habitants de ces territoires comme le préconise l’auteur.

      Prenons l’exemple de Mayotte.

      (1) Si la France se retire, l’immigration en provenance des Comores cessera automatiquement.

      (2) Si elle accorde aux habitants de Mayotte les mêmes droit qu’aux hexagonaux, alors c’est tout Comores qui va se retrouver en France.

      Comme la France n’a pas les moyens de la solution (2), il ne lui reste que la (1).


    • La Bête du Gévaudan 17 avril 22:35

      @Seth

      la gauche joue la mauvaise foi... d’un côté elle appelle à la « décolonisation » de ces territoires (parfois contre l’avis des propres populations !), et Mélenchon déclare que « nous ne sommes plus un état unitaire ». Et de l’autre, elle s’indigne que des territoires insulaires éloignés soient plus mal lotis que la métropole.

      Figurez-vous qu’à la campagne je n’ai pas de métro à 11 heures du soir. Et l’hôpital est éloigné. C’est scandaleux ! Je suis discriminé par rapport aux grandes villes.

      Pourquoi n’avons-nous pas un métro à la campagne pour aller partout comme à Paris ? ... vous comprenez bien qu’un tel métro coûterait excessivement cher au contribuable (qui est aussi le travailleur). Eh bien c’est pareil concernant les DOM-TOM.

      J’ajoute que certains territoires (Calédonie, Polynésie, etc.) sont constitutionnellement déjà d’un statut à part. Ce qui répond en partie à votre question.

      Personnellement, je ne suis ni pour ni contre les DOM-TOM. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent (indépendance ou maintien). Mais qu’ils ne tombent pas dans la démagogie gauchiste en réclamant les mêmes équipements que la métropole. De même que les îles de Bretagne ou les campagnes du Berry n’ont pas les mêmes équipements que les grandes villes.

      (PS : ça ne veut pas dire qu’il faut les laisser sans équipements ni dans l’anarchie)


    • berry 18 avril 08:25

      @SilentArrow
      Merci d’avoir répondu à ma place, camarade gauchiste.
      (je blague, ne vous formalisez pas)


    • La Bête du Gévaudan 17 avril 22:11

      La Charte sociale européenne – socle éthique, juridique et humaniste – garantit des droits essentiels : logement, santé, éducation, protection sociale, équité dans le travail  

      un grand bavardage... toutes ces « garanties » sont prises sur le fruit du travail d’autrui... L’état ne se finance qu’en ponctionnant les citoyens par le fisc. C’est prendre à Jacques pour donner à Pierre.

      jadis le mouvement ouvrier promouvait des « mutualités auto-gérées par les cotisants » afin de pourvoir aux coups-durs de la vie. C’était du sérieux. Aujourd’hui on demande à l’état sorte de fontaine de jouvence d’argent magique de pourvoir aux besoins de chacun. Mais, en toute logique, il n’y a pas de raison de se limiter à ces garanties minimales... pourquoi ne pas aller un peu plus loin dans l’humanisme ?

      Une « garantie de logement, santé, éducation, protection sociale et équité dans le travail » ce n’est pas suffisant... si vous pouviez également garantir l’immortalité, le succès avec les gonzesses et du pognon sans sueur, ce serait encore un peu plus humaniste !


      • ZenZoe ZenZoe 18 avril 10:42

        Bien sûr qu’il faut garantir les mêmes droits aux Mahorais qu’aux Français de métropole. Commençons par supprimer l’AME pous tous les clandestins, qu’ils soient à Mayotte ou sur le territoire français, et aussi tous les autres droits non explicitement stipulés par la fameuse Chartre (et ils sont nombreux).

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Jonathan Chaste


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