• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Trop rouges, les Verts ?

Trop rouges, les Verts ?

Bisbille chez les Verts. Ils s’affrontent sur la question du positionnement politique du parti. Deux tendances font le débat : ceux qui estiment que la place des écologistes est à la gauche de la gauche et très marquée idéologiquement par la grille de lecture collectiviste et autoritaire de la société.

Ceux-ci se défendent d’avoir fait perdre des voix aux dernières élections fédérales. En Suisse comme dans d’autres pays les Verts sont et doivent être un appendice de gauche. L’écologie serait insoluble dans le capitalisme. Le productivisme détruit la planète et les rapports sociaux. Le positionnement des Verts est si rouge que les socialistes paraissent à droite en comparaison.

L’autre tendance chez les Verts suisses est de dire que l’écologie doit porter différentes cultures politiques et que la culture de gauche n’est pas une identité complète et représentative de ce mouvement. Ce qui fait de ceux-ci la cible des gauchos pour qui le centre est le ventre mou et marécageux de la politique.

Cette réflexion survient après les succès des Verts libéraux aux dernières élections fédérales. Etonnant. Ceux qui trouvent le parti trop à gauche ne seraient-ils que des opportunistes souhaitant reprendre les voix perdues ? Pourquoi n’ont-ils pas tenu ce discours avant ? Comprennent-ils enfin pourquoi leur audience sera toujours limitée : parce qu’être un appendice de gauche ne fera jamais d’eux une force politique à part entière représentative des citoyens suisses ? Et parce que cela les fige dans des ornières intellectuelles sans proposer de nouvelle pensée sur la société ?

Peut-être qu’en effet, la présence de Verts de « droite » sert d’électrochoc à ces Verts rouges. Peut-être aussi qu’à force de dire que l’écologie n’est pas soluble dans le capitalisme, les électeurs ont entendu le message subliminal inverse : le capitalisme n’est pas soluble dans l’écologie. Et comme c’est le capitalisme qui assure les emplois et la vie économique, c’est lui qu’il faut préserver et non l’écologie. Le positionnement très marqué à gauche des Verts non libéraux ne sert donc plus l’écologie. Le discours anticapitaliste se transforme en discours anti-écologiste.

D’où le succès des Verts libéraux. Ils remplacent le choix réducteur des anciens écolos, soit Ecologie OU Capitalisme, par un nouveau paradigme : Ecologie ET Capitalisme. Ce qui laisse la porte ouverte à différentes évolutions possibles là où les vieux Verts n’offrent plus que la perspective d’une régression économique et sociale et d’une culpabilisation de la consommation - cette consommation dont eux-mêmes sont acteurs : téléphones portables, ordinateurs, appareils électroniques, etc.
mer-1.jpg
Le capitalisme se régénèrerait-il grâce aux contradictions du socialisme, soit essentiellement les contradictions entre la théorie politique et la pratique individuelle ? Entre la liberté de choix de vie et l’autoritarisme annoncé de l’écologie de gauche ?

On voit en France que les écologistes sont prêts à brader leurs convictions contre des sièges de députés (cela ramène de l’argent) tout en maintenant une opposition de principe, de façade, sur le nucléaire. Tout devient possible dans le règne de l’opportunisme politique.

Le problème est que la grille de lecture marxisante des écologistes vieille école ne fonctionne plus sans étaler ses propres contradictions au grand jour. Et que l’axe d’analyse de la société semble devenu si éloigné des préoccupations environnementales, n’ayant pas développé une véritable nouvelle grille de lecture, que les Verts ne sont plus qu’une sorte d’alibi de bonne conscience morale qui recycle de vieux systèmes de pensée du passé.

Pas de pensée nouvelle, de paradigme nouveau, de grille de lecture originale qui englobe l’environnement, l’économie et la société, pas de synthèse préservant le bien collectif et la liberté individuelle. Les Verts rouges n’offrent plus rien de nouveau et ne peuvent satisfaire que les anciens idéalistes qui croyaient en un monde nouveau et qui peinent à réaliser qu’ils sont incapable d’en proposer un, et quelques nostalgiques d’idéologies autoritaire.

La planète mérite pourtant mieux que cela. Depuis que la gauche a cessé de réfléchir, il manque quelque chose dans la société.


Moyenne des avis sur cet article :  2.14/5   (14 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • brandon_de_la_discorde brandon_de_la_discorde 21 novembre 2011 11:02

    EELV - FDG ?
    Mélanchon est pour la sortie du nucléaire, mais le FDG est fondamentalement contre. La CGT également.
    Déjà qu’Eva a eu des vapeurs la semaine dernière avec l’accord PS, il ne faut pas lui parler d’un rapprochement avec le FDG, elle va faire une syncope !
    Le problème des verts intransigeants est qu’ils n’ont pas compris qu’on ne peut pas réformer brutalement un pays. Etre révolté c’est une chose, prétendre gouverner c’est différent.


    • Melara 21 novembre 2011 11:32

      Pour être tout à fait précis : le Parti de Gauche de Mélenchon et Billard (ex-verte) est pour la sortie du nucléaire. Une partie du PC est contre. Donc le front de gauche qui les rassemble, est pour un référendum.

      Chez les écologistes (qui ne sont pas superposables à EELV), il ya ceux qui sont près à rejoindre les idées du PG. Pour d’autres, les communistes sont un épouvantail et donc ne peuvent se sentir proches du PG allié au PC dans le FDG.

      Eva Joly, je l’ai toujours entendue exprimer une opinion négative sur Mélenchon. J’ignore s’il existe maintenant chez elle un désir de s’intéresser à ce qu’il propose.



      • Melara 21 novembre 2011 11:11

        Je suis perdue dans toutes ces couleurs évoquées dans cet article.
        Faut-il comprendre que le capitalisme est l’avenir de l’écologie ?

        Je suis curieuse de savoir, comment le capitalisme qui prône, semble-t-il, une liberté sans frein et une consommation illimité qui serait source de croissance, va gérer la raréfaction des ressources sans faire appel à l’austérité et à la rigueur. Est-il possible de créer en la matière, des ressources virtuelles comme on crée de l’argent virtuel ?
        Faut-il croire que ce capitalisme qui fait appel à ces 2 mots pour résoudre la question de la dette va pouvoir inventer autre chose face aux crises environnementales ?


        • Robert GIL ROBERT GIL 21 novembre 2011 13:35

          Être écologiste c’est forcément être anticapitaliste. L’écologie est incompatible
          avec le capitalisme. Après avoir détruit une partie de notre environnement, la folle
          course au profit menace désormais les équilibres de la planète et les différents
          « Grenelle » sont seulement faits pour nous donner bonne conscience et leur
          permettre de faire du « business » vert.......
          http://2ccr.unblog.fr/2010/10/23/ecolo-ecolo/


          • hommelibre hommelibre 21 novembre 2011 22:20

            Robert,

            Pas d’accord. L’écologie ne doit pas avoir de couleur. Elle doit s’intégrer à tout système pour l’améliorer qualitativement. Elle ne peut pas privilégier le local au détriment de l’international, qui permet des échanges.

            Le local, c’est l’accordéon. C’est joli l’accordéon, mais j’aime aussi le djembé, la salsa, la bossa, les ballades métal, etc.

            Le local c’est la petite exploitation subventionnée. C’est la fabrication manuelle des ordinateurs sur lesquels nous communiquons ici.

            L’écologie n’a pas à être une gauche bis. Ce n’est pas la même grille de lecture. L’écologie n’est pas collectiviste, elle est chamanique (seule alternance radicale à l’hyperconsommation).


          • WINSTON WINSTON 21 novembre 2011 14:39

            OUI
            Plus la peine de se cacher que la structure EELV est aussi bloquée que le sont les gaz de schistes : prisonnier de son ancrage à gauche toujours ; et de son ancrage au PS.
            Les négociations ne sont qu’une pantomime.


            • titi titi 21 novembre 2011 23:58

              Bah fallait pas être grand clerc...

              Derrière chaque proposition de EELV, on retrouve la volonté de façonner l’humain vers un « homo ecologicus » qui ressemble à s’y méprendre à « l’homo sovieticus » proné dans les années 70.

              Les verts sont comme les pastèques : verts dehors mais rouges dedans.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès