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TRUMP vs RICARDO

Ricardo, au secours !

Dans un monde où les chaînes d’approvisionnement vacillent et où les tarifs douaniers pleuvent comme des obus, une voix du passé résonne avec une urgence presque prophétique : celle de David Ricardo . L’économiste britannique du XIXe siècle, apôtre du libre-échange et père de la théorie des avantages comparatifs, doit se retourner dans sa tombe. À l’heure où la Chine restreint ses exportations de terres rares et où Donald Trump brandit les tarifs comme une baguette magique, il est temps de crier : Ricardo, au secours !

La guerre des terres rares : un coup de poker chinois

Depuis avril 2025, la Chine, qui contrôle 70 % de la production mondiale de terres rares, a serré la vis. Samarium, gadolinium, dysprosium… ces métaux aux noms exotiques, essentiels pour les batteries, les éoliennes et les missiles, sont désormais soumis à des licences d’exportation draconiennes. Cette décision, une riposte aux tarifs américains imposés par l’administration Trump, a plongé les industries technologiques et de défense dans l’angoisse. Les usines américaines, japonaises et européennes risquent de tourner au ralenti, tandis que les coûts s’envolent.

Einar Tangen, commentateur économique basé à Pékin, ne mâche pas ses mots : les politiques de Trump, avec leurs tarifs de 10 à 25 % sur les importations, sont une “cascane de relations publiques” qui ignore les réalités de l’économie mondiale. En provoquant la Chine, Trump a déclenché une tempête qu’il ne semble pas comprendre. La Chine, elle, joue aux échecs, utilisant son quasi-monopole sur les terres rares comme une arme stratégique. Un accord à Londres en juin 2025 a certes permis une reprise partielle des exportations, mais Pékin garde la main, imposant des restrictions sur les métaux à usage militaire. Ricardo, lui, aurait prédit ce fiasco : rompre les chaînes du commerce mondial, c’est scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis.

Trump et le mirage mercantiliste

Au cœur de cette débâcle, une obsession : le déficit commercial américain, qui a atteint 1,2 trillion de dollars en 2024. Pour Trump, ce chiffre est une humiliation, la preuve que la Chine, le Mexique ou l’Europe “trichent”. Sa solution ? Des tarifs, encore des tarifs, toujours des tarifs. Mais Ricardo nous l’a appris il y a deux siècles : le commerce n’est pas un jeu à somme nulle. Quand les nations se spécialisent selon leurs avantages comparatifs, tout le monde y gagne. Les iPhones assemblés en Chine, les voitures allemandes vendues aux États-Unis, les terres rares extraites à Bayan Obo : chaque maillon de la chaîne mondiale crée de la richesse.

Trump, lui, semble lire un manuel d’économie du XVIIe siècle, celui des mercantilistes qui accumulaient l’or comme un trésor de pirate. Résultat ? Les tarifs de 2025, selon le Penn Wharton Budget Model, pourraient amputer le PIB américain de 8 % et coûter 58 000 dollars à un ménage moyen sur la durée de vie. Les consommateurs paient la note, l’inflation menace, et la croissance mondiale vacille, comme l’a noté l’OCDE. Tangen le martèle : Trump “court vers une falaise”, aveuglé par une vision simpliste où les tarifs résolvent tout. Ricardo, au secours !

Les banques dans la tourmente ?

Et pendant ce temps, les marchés financiers retiennent leur souffle. Les rumeurs d’une “fuite des banques” circulent, alimentées par la fermeture de banques en ligne en France, comme Ma French Bank ou Orange Bank, et par une méfiance croissante sur les réseaux sociaux. Si ces fermetures reflètent davantage une transition vers le numérique qu’une crise systémique, la volatilité économique mondiale n’apaise pas les esprits. Les restrictions chinoises et les tarifs américains créent un climat d’incertitude où même les institutions financières les plus solides, soumises aux tests de résistance de la BCE en 2025, doivent naviguer avec prudence.

Ricardo nous rappellerait que la confiance est le carburant de l’économie. En brisant les ponts du commerce mondial, Trump et ses homologues protectionnistes risquent de fissurer cette confiance, poussant les investisseurs à la défensive. La Chine, avec sa planification stratégique, semble mieux préparée à ce jeu de patience. Pékin a déjà diversifié ses partenaires commerciaux et réduit sa dépendance au dollar, tandis que les États-Unis s’enlisent dans une bataille tarifaire coûteuse.

Un appel à la raison

Alors, que dirait Ricardo s’il revenait parmi nous ? Peut-être nous supplierait-il de relire ses Principes d’économie politique : le commerce, lorsqu’il est libre, enrichit les nations. Les tarifs, en revanche, sont une taxe sur les consommateurs, un frein à l’innovation, un cadeau empoisonné aux populistes. La guerre des terres rares et l’escalade tarifaire de 2025 ne sont que les symptômes d’un mal plus profond : l’oubli des leçons du passé.

Il est temps de déterrer Ricardo, de dépoussiérer ses idées et de les brandir face à ceux qui croient que l’économie se gagne à coups de tweets et de barrières douanières. La Chine l’a compris, jouant sur l’interdépendance mondiale comme sur un échiquier. Trump, lui, continue de jouer aux dés, espérant un miracle. Ricardo, au secours ! Sauve-nous de ce chaos, avant que les terres rares ne deviennent le dernier clou dans le cercueil du libre-échange.

 


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7 réactions à cet article    


  • Com une outre 23 juin 19:47

    Les terres rares sont d’ailleurs une des explications données de l’intervention américaine en Iran. Les chinois ne les vendant plus pour l’industrie de l’armement américaine, les US ne pouvaient plus fournir rapidement de missiles « arrows » à Israël, mettant ce pays sous domination militaire iranienne, alors qu’il est déjà durement touché par les missiles hypersoniques iraniens sur ses infrastructures essentielles. Une façon de reprendre la main sur Bibi, malgré le lobby juif sioniste américain et d’arriver à des négociations. 


    • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 23 juin 20:03

      Ricardo nous rappellerait que la confiance est le carburant de l’économie.  

      Ce carburant est le FRIK , à jouer sur all-planet-MarKet.
      La mobilité des fonds est assurée par taxes, asphyxiant ainsi Economie par=pour en-sus Compétition. Tout le monde veut du Commerce, en biens physiques, first.

      Y’a un taf en cours Là en pdf : https://drive.proton.me/urls/TDTVNBAAPR#eFzHXlAeqgkK


      • sylvain sylvain 23 juin 20:37

        Le libre echange a toujours ete prone par la plus grande puissance industrielle mondiale. Du temps de ricardo, c’etait l’angleterre et ricardo etait anglais. Du temps de friedmann, c’etait les USA, et friedmann etait americain. Maintenant c’est la chine, et c’est bien normal : elle doit faire tourner son appareil de production monstrueux, exporter ses capitaux enormes... 

        Trump se plante surement, il n’a surement plus les moyens de sa politique, mais les USA ont bien evidemment raison de remettre en cause le libre echange, leur industrie n’a aucune chance dans ce contexte. C’est tout a fait cynique, ca met en lumiere l’immense hypochrisie de la com occidentale de ces 50 dernieres annees (avant aussi, mais sur d’autres themes) mais c’est aussi tout a afait logique.

        La Chine n’a pas accumulee sa puissance sur du libre echange, elle a protegee son economie, subventionnee son industrie... exactement comme l’avait fait l’amerique avant de projeter sa puissance sur le monde. La chine a meme l’audace de proner le libre echange en continuant de la proteger, son industrie : le libre echange avec la chine dans ces conditions, c’est un monde plus unipolaire que ce qu’on a jamais vu dans 10 ans, peut etre 5 .


        • Parrhesia Parrhesia 23 juin 21:22

          Cela commence à bien faire avec le Libre Échange.

          Puisque Ricardo est un apôtre du libre échange du XIXème siècle, ses disciples devraient avoir eu largement le temps de réaliser que le Libre Échange n’est qu’une foutaise socio-économique entre les mains du capitalisme exclusivement financier.

          Le Libre Échange, c’ est le système qui, entre autres choses, a permis à une minorité d’affairistes mondialistes de tous poils d’accumuler en une génération

          des fortunes inimaginables tout en faisant passer un pays ultra-dirigiste et ultra-protectionniste tel que la Chine de la queue de peloton au second rang économique mondial !

          Et celà au prix de la trahison volontaire et durable de la socio-économie de tout un continent, l’Europe ! Un continent au sein duquel une France particulièrement amoindrie sur le plan intellectuel par mai 1968 se distingue remarquablement

          par son indigence politique !


          • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 24 juin 11:43

            @Parrhesia

            La ville capitale de la France, sa tête, c’est Paris. Dans les extases elle est souvent appelée : « le Centre »

            un grÔs travail, pour compris des interventions, dans Le Respect de l’Ordre en place, est en cours sur France en particulier, et BCE via Valdaï, en pdf .
            tous documents libres de droit à la page . Diffusion-mail . Merci de votre collaboration . pour avis ?

          • Rinbeau Rinbeau 24 juin 08:34

            Le libre échange.. Fait le bonheur des banques.. Pas celui des ouvriers où des paysans.. Le travail a foutu le camp.. Et les paysans sont passés de 15 millions à la révolution Française à 400 mille aujourd’hui.. La France que vous traversez en vacances appartient aux fonds de pensions multiples et variés.. Donc aux banques !


            • Jason Jason 26 juin 18:29

              Le libre échange finit toujours à bénéficier à celui qui le propose. L’échange est nécessaire, certes, mais pas à n’importe quel prix.


              Si j’ai bonne mémoire, Ricardo favorisait les échanges avec le Portugal : les Britanniques fabriquaient des machines et les échangeaient contre du vin de Porto, très prisé en Grande Bretagne. Très bien, mais, cela confinait le Portugal à rester à cultiver ses vignes sans avoir accès aux nouvelles techniques de fabrication des machines de l’époque.


              Deuxième exemple de libre échange à la Britannique : au XIXème siècle, l’Inde était le premier fabricant de tissus de coton au monde. Les Britanniques s’emparèrent de l’appareil de production textile de l’Inde, interdirent aux Indiens de tisser le coton, et firent fabriquer des cotons tissés dans leurs usines pour les revendre en Inde ; bel exemple de libre échange.


              Troisième exemple : Pendant le début du XIX ème siècle la Prusse voulait établir une union douanière entre les différents états de l’Allemagne d’alors. Cela s’appelait le Zollverein ou union douanière. Mais les états plus puissants imposaient leur loi aux autres états. L’économiste List s’opposa à cette manière de faire du commerce qui ruinait certaines régions du pays.


              Le libre échange est un slogan, un mot valise qui n’a pas de sens pratique si on n’établit des règles équitables de commerce. Attention aux grands mots...


              Ce que Trump veut faire, c’est bouleverser l’ordre des échanges, souvent déséquilibrés, et reprendre la main sur nombre de marchés. Mais, on n ’est plus à l’époque de Ricardo, car la Chine, l’Inde et l’Europe lui font face. Reste la politique de la canonnière, très dangereuse à l’ère du nucléaire.

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